« Réveille-toi ! »Aaricia me réveille comme tous les matins. Je suis toujours "réveillé" avant qu'elle n'arrive mais j'adore sentir l'odeur de ma mère adoptive s'approchait lentement puis, tout en m' écartant mes longs cheveux fins comme des cheveux d'ange ( d'après ma mère ), me déposer un doux et tendre baiser sur le front :
« Alinoë, il est l'heure de se réveiller mon chéri. ». Ma maman ne le sait pas mais je ne dors pas. Je suis plutôt plongé dans un doux et paisible rêve, bercé par les nuances de bruits, d'odeurs, et de souffles qui m'entourent.
Lorsque je me lève, Thorgal mon père adoptif, est déjà bien souvent parti chasser ou travailler les champs, tandis que ma jeune soeur Louve, elle, est dans les jupes de sa mère. Bien que Thorgal et Aaricia m' aient adopté il y a bientôt 2 ans, Louve n'a toujours pas totalement adopté ce frère sorti de nulle part, comme apparut par enchantement le même jour où l'on a enterré son frère Jolan, emporté par la maladie. Cela m'attriste un peu, mais je sais qu'un jour elle aussi m'adoptera.
Après avoir pris mon petit déjeuner composé de blé d'avoine, je pars étudier sur les bancs de l'école à la ville, à Haute-Colline. Car en effet, ma famille habite au bas de la colline, là où le froid des sommets commence à se faire sentir. Je ne connaît rien de cet endroit, et ma mère a préféré que j' aille m'instruire un peu avant d'aider mon père le reste de la journée (lorsqu'il a besoin de moi )
Thorgal, Aaricia, Louve, et Jolan, mort depuis emporté par la maladie.
« Qui vas-tu chercher aujourd'hui ? »Hier, Thorgal, mon père, comme il le fait de temps à autre, m'a laissé l'après-midi pour moi afin que je puisse moi aussi faire mes propres expériences et apprendre de la vie. Ainsi je suis allé à la petite cascade qui se trouve à flanc de colline derrière un bosquet d'arbres épais et recouverts de piquants. Peu de gens connaissent cet endroit, voire peut-être même personne car je n'y ai jamais vu quelqu'un d'autre que moi. J' aime y rencontrer
Rafhina et l'écouter chanter. Rafhina est une jeune fille, un peu plus âgée que moi....elle est si belle avec ses longs cheveux marrons, et sa voix est si douce. Bien qu'elle ne soit pas toujours fidèle au rendez-vous, je la considère comme ma meilleure amie. Il faut dire que les autres élèves de ma classe me trouve bizarre. Il faut dire qu'avec ma longue chevelure verte je ne passe pas inaperçu, et ils me disent tout le temps que j'ai la tête en l'air, dans les étoiles même. Si seulement ils savaient, ou comprenaient plutôt, car ils savent, mais ne veulent rien entendre. ( cf mon pouvoir ). Bref.... C'est grâce à elle que j'ai demandé à mon père de me confectionner ma petite flûte, car ainsi je peux accompagner le chant merveilleux de Rafhina. Je n'aime pas trop la ville et son brouhaha, je préfère le calme et la quiétude des terres qui l'entourent ( même si celles-ci bougent constamment ).
Ah au fait, j'ai oublié de vous dire, Rafhina a la moitié du corps en forme de queue de poisson. Un jour elle m'a dit être une sirène. Je ne sais pas ce que c'est exactement, mais je m'en moque, car Rafhina est mon amie, qu'importe ce qu'elle est et d'où qu'elle vienne.
« Tu es un rêveur, mais ce que tu rêves n'arrivera jamais ! »Pour le moment ma vie est calme et tranquille, bercée par la routine quotidienne, mais lorsque je grimpe dans les arbres et que de leur sommet je vois les collines par delà le lac couler les unes sur les autres, les arbres déracinées marcher comme les hommes avec leurs jambes, je me dis que j'ai encore beaucoup de choses à découvrir. Je ne connais pas la ville non plus. Elle est très grande, et n'importe qui pourrait s'y perdre facilement. Il y a tellement de gens différents là-bas, tellement de bâtiments à l'architecture incroyable, mais tellement de bruit aussi, que j'ai peur de m'y rendre, peur de rencontrer ces gens tantôt gentils tantôt méchants, qui se battent pour de petits objets ronds de couleurs variées qu'ils appellent "pièces ou écus".
Peur est un bien grand mot ceci dit, je n'aime pas ça plutôt, cela m'attriste plus qu'autre autre et je ne veux pas y être confronté. Ma plus grande peur serait plutôt de ne plus rien voir, sentir ou entendre, d'être couper du lien particulier que j'ai avec la Nature ( avec un grand N oui ).
J'aimerais donc pouvoir découvrir tout ceci: la ville, un peu, mais pas seul, et au-delà du lac, là où la Nature est plus vivante que jamais. Mais je crains de quitter mes parents qui m'ont recueilli et aimé, je ne veux pas les faire souffrir, pas une encore une fois après la mort de Jolan, leur premier enfant.
« Veux-tu visiter le conteur avec moi cet après-midi ? ! »De temps en temps, je brave mon dégoût d'aller à la ville pour aller écouter les histoires merveilleuses du Conteur sur la grande place. J'ai cru comprendre qu'il est seul rescapé de l'ère d'avant le Sommeil des Dieux. Pourquoi seulement lui, n'y en t-il pas d'autres comme lui au-delà du lac ? Ces questions, je me les ai suis posé, mais apparemment personne n'a osé le lui demandé. Il ressemble à un homme d'âge honorable avec sa vieille barbe blanche et ses rides pleins le front, mais quel est son âge réel pour accumuler autant de savoir ? Ses histoires sont-elles vraies d'ailleurs ? Certaines le prennent pour un fou, un vieil idiot, qui ne racontent que des sornettes. Moi, vraies ou fausses, ses histoires j'adore les écouter. Tout particulièrement celles concernant la nature et les animaux.
Je m'en souviens d'une, c'est peut-être une de mes préférées: elle parle d'un petit peuple si petit que ses habitants ne sont pas plus haut que deux ou trois pommes. Ils portent tous un chapeau pointu rouge et les femmes un chapeau pointu vert. Le petit peuple est invisible à celui qui n'a pas le coeur pur, et il est donc très rare de le voir. Ils vivaient près des montagnes où coule la lave des volcans, mais pour ceux qui peuvent les voir, on peut en voir de partout, peut-être y en t-il à Haute-Colline, peut-être pas. Pour voyager de grandes distances ils montent sur des oies blanches. Ils sont très réputés pour leur forge, et ils possèderaient la Clé pour accéder au Royaume des Dieux. Autrefois on les appelait les Nains, mais pour eux ils sont le petit peuple.
J'espère en voir un jour....et dorénavant je ne regarde plus les oies blanches de la même manière...car peut-être il s'y cache un chapeau pointu rouge ou vert dans ses plumes.