« Pas fâché d'arriver avant qu'la nuit soit là. »
Dit l'homme des bois en se dirigeant vers la ferme fortifiée sans plus de précautions.

« Hé du calme l'ami. t'es sûr qu'il n'y a personne dans la cambuse ? »
Le soldat scruta les bâtiments à la recherche d'un signe de vie

Les cheminées fument, quelques lumières éclairent des fenêtres au rez de chaussée. L'endroit est manifestement habité.

« Des amis surement. Enfin, espérons-le, pour eux. »

Berich rit de son petit trait d'humour avant de suivre Ricardo. Sa hache en main étant la seule précaution nécessaire.

« Des amis !?... Ouais c'est ça, t'as qu'à croire... »

En chemin, des images de l'endroit étaient revenues à l'esprit de Joaquin, en même temps qu'un goût amère de bile lui emplissait la bouche. Il regrettait à présent de pas avoir pioché dans le tonneau du moine.

« Va dire ça aux moines d'en face. A c't'heure, le monastère est pus qu'un tas d'pierres gelées au milieu desquelles les moines ont connu leur dernier extase sur un pieu roknari. » Un sourire cynique étira le coin de ses lèvres répondant à l'air choqué du frère Brassin. « J'parle d'extase du martyr mon frère. »

Joaquin regarda autour de lui comme s'il essayait de se repérer.
« On m'a dit aussi qu'd'ici part un chemin plus ou moins secret mais sacrément vachard jusqu'à Gotorget... Jamais put l'trouver mais y doit être quèque part par là. »

Puis il fixa à nouveau la ferme fortifiée.
« Quant à ça, m'est avis qu'on a plus de chance de tomber sur une bande de roknaris de mauvais poils plutôt que sur une ch'tite famille de joyeux paysans et qu'on va manger plus d'acier que d'tourte à la citrouille. »


Par précaution, Jaoquin vérifia que sa rapière était à portée, il sortit ensuite son arc et y encocha une flèche.

Ceux qui s'apprêtent à en découdre peuvent profiter de leur message de préparation pour lancer leur initiative

« La nuit ne va pas tarder, on adopte quelle stratégie? »
Dit le soldat tout en préparant son arc et en se dissimulant derrière ce qu'il pouvait.
Il fut immédiatement imité par son compère.
« Ou alors on envoie frère Brassin en éclaireur... » ajouta son comparse sans que l'on sache si c'était de l'humour.

L'homme des bois était visiblement contrarié de s'être laissé emporter par la perspective d'une soirée tranquille.
Il bougonna dans sa barbe un truc du genre :
« Putain de Roknaris. »
Tout en armant sa lourde arbalète.

... à vous ...

Les précisions de Joaquin ne semblaient pas surprendre Berich qui lui répondit:

« Les moines sont avec les dieux maintenant. Libérés de leurs souffrances physiques. Réjouis-toi! Si ce sont bien des Roknaris qui se terrent là-dedans. Nous aurons l'honneur de les venger. »

S'avançant toujours aussi nonchalamment, il répondit à la question de Stefano:

« Si ce sont des amis, on parle. Sinon, on les massacre. »

Une stratégie on ne peut plus simple et efficace, il devra bien en convenir.

« C'est qu'la porte est solide. C'est du bon bois dur de par chez nous.
Il faudrait pas qu'y s'mettent à arroser d'puis les meurtrières le temps que tu la défonce ».

Le soldat brun compris qu'il était vain de trop discuter avec Berich.
« Va pour le massacre mais faudrait voir à ce qu'ils ouvrent juste la porte si possible.
Avançons à deux/trois détendu et les autres peuvent être en renfort sans trop se montrer... »

Suivant le mouvement général, Joaquin s'avança doucement sur le plateau enneigé. Il n'était pas très à l'aise. La neige renvoyait bien trop la lumière vespérale, la croûte gelée craquait sinistrement sous leurs pieds et ils étaient bien trop nombreux à son goût.

« Tu parles de renards approchant du poulailler ! » Railla t il « On a plutôt l'air d'une bande de chiens affamés rôdant autour d'une poubelle. »

Le seul espoir à ses yeux, rejoindre rapidement l'abri de l'arbre. Pendant ce temps, Joaquin essaya d'affiner leur stratégie.

« L'idée d'envoyer Brassin est p'têt' pas si con.... Et pi si Berich veut bastonner il pourrait lui servir d'escorte. Les autres vous restez à portée de tir la plus courte possible, pour intervenir au corps à corps si qu'on est débordés. » Devant le visage déconfit du moine à l'idée d'aller frapper à la porte d'un escadron de roknari, Joaquin lui lança un de ses sourires carnassiers.
« Ouais, j'y vais aussi frérot. Après tout c'est moi qu'ai cette idée d'taré et faudra ben quelqu'un pour aider c'te grand dépendeur d'andouille de barbare. »

Joaquin rangea son arc et dégaina sa rapière.