Linfëa avait l’air perplexe, peut-être que son choix en terme de second fut malavisé étant donné les intention belliqueuses de dame Elandora à l’encontre des chefs de guilde. Il tacha d’en savoir un peu plus: « Il est tout à fait normal pour le chef de la guilde des aventureux de rencontrer les chefs de guilde autour d’un dinner. Après tout, mon rôle comprend le maintien du moral de chaque guilde ainsi que l’assurance d’une direction sûre et avisée pour l’ensemble des guildes. Mais assez à mon propos, je perçois dans vos propos une certaine colère à l’encontre des chefs de guilde et je veux m’assurer que cette colère s’exprime uniquement parce que vous êtes confortable en ma présence ... il serait malheureux de créer un incident diplomatique avant même d’arriver à notre destination aux bords du lac Evendim ne pensez-vous pas? »

Elandora plissa les yeux en rétorquant :
« Un incident diplomatique ? Certainement pas, sans leur appui, tout notre projet tombe à l'eau ; or vous et moi savons pertinemment que la réforme économique que nous envisageons est la meilleure qui soit pour notre peuple et pour la guilde des aventureux. Ce que je veux dire, c'est que si certains d'entre eux ont été catapultés à la tête de leur guilde alors qu'ils n'en possèdent ni l'étoffe, ni les compétences... Ceux-là auraient tout intérêts à être "remplacés" par d'autres membres plus fiables. »

Linfëa plissa lui aussi ses yeux dans un match avec Elandora alors qu’il répondait: « Et quels sont les critères que vous allez utiliser pour juger de leur “étoffe” et “compétences?” Certains ont déjà commencé à se poser les mêmes questions à notre égard, le saviez-vous? »

13 Juillet 3319 SA au soir : Après la bataille de Bree

Les retrouvailles avec les civils suite à la bataille furent l'occasion d'un repos - trop court certes - mais bienvenu.
Avant l'attaque des orcs, Linfëa avait fait le tour des personnages les plus influents au sein des aventureux et des autres guildes pour s'assurer qu'il n'y avait pas de changements suite à la bataille. Aucune mort, fort heureusement, n'était à déplorer parmi eux ; il ne devrait donc pas revoir ses plans.
Il se saisit de sa pipe, la remplit de ce merveilleux tabac de Forostar qui viendrait trop vite à manquer et forma un rond avec sa bouche, pour propulser la fumer en cercle devant lui. Tout en contemplant ses œuvres éphémères, il songea à tout le labeur accompli jusque là, dans la tâche immense qu'était la sienne, de préparer au mieux la bonne marche économique du royaume.

Elendil avait toujours tenu en estime l'esprit chantant de Nindamos, c'est pourquoi il n'avait pas envisagé une autre personne que lui pour tenir les rennes de la guilde la plus importante des Edains. La profonde bonté, la jovialité et les principes vertueux qui animaient Linfëa étaient des qualités que le roi considérait à leur juste valeur. Toutefois, les aventureux, plus que tout autre pan de la société de Númenor, avaient profondément souffert de la corruption qui avait gangréné l'île. La guilde avait été au premier plan des ambitions martiales du défunt roi Ar-Pharazôn. Bien que les fidèles se soient largement démarqués du reste du peuple, s'extraire des modes de fonctionnement qu'ils avaient si longtemps connus pour redonner à la guilde une partie au moins de sa grandeur d'antan, représentait un défi considérable.

Fëaromen - pragmatique - avait émis des réserves quant aux capacités de Linfëa à évoluer dans ce qu'il qualifiait de "fosse aux lions". Non pas qu'il ne tenait pas son trésorier en haute estime ; il craignait seulement que celui-ci se fasse déborder par les ambitions de ses pairs. Or, si le bon fonctionnement économique du royaume était essentiel à sa survie, le respect des principes qui incarnaient l'essence même de ce qu'était les fidèles, à qui les Valar avaient accordé leur clémence, l'était bien plus encore. C’est pourquoi il était arrivé à la même conclusion qu’Elendil quant à la nomination de Linfëa.
Les Edain n'auraient pas de seconde chance…

Une fois rassemblés à Mithlond, les aventureux qui avaient survécu au cataclysme, en militaires de métier, avaient rapidement dressé un bilan de qui, parmi les membres les plus hauts gradés, avaient survécu. Ils avaient de fait reconstitué le conseil des dix de la guilde avec les membres qui occupaient auparavant les plus hautes fonctions. Linfëa avait été désigné par Elendil pour les diriger, lui qui figurait parmi ses proches conseillers et membre éminent de la résistance. Toutefois, le règlement de la guilde stipulait que le conseil - hors circonstances exceptionnelles - ainsi que son chef, devaient être élus, ce que nombre d'aventureux ne manquèrent pas de faire rapidement remarquer. Linfëa avait donc toute légitimité à exercer son autorité... jusqu'à ce que les Edain gagnent leur nouveau foyer.

L'esprit chantant de Nindamos n'était pas homme à aller à l'encontre des règles. Fallait-il que ses pairs lui manifestent sa confiance pour qu'il puisse continuer à exercer cette fonction ? Soit, il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l'obtenir, de façon loyale et honorable, ou bien il s'inclinerait. Lorsqu'Elendil lui avait fait part des responsabilités qu'il allait lui confier, il avait fait grandir en lui la conviction, que personne n'accomplirait ce dessein mieux que lui. La corruption des cœurs et des esprits avait mené le royaume de l'ouest à sa perte. Linfëa en était exempt et faisait un devoir de la combattre toujours et d'être valeur d'exemple. Il avait bon espoir que les qualités qui étaient les siennes, pèseraient tôt ou tard dans la balance en sa faveur.

Pour cela, il avait déjà commencé à manœuvrer au sein du conseil des dix, en faisant en sorte d'affaiblir certains de ses rivaux les plus ambitieux. En dehors de Briggs, son second, Linfëa pouvait compter sur le soutien de deux autres membres du conseil. Trois lui étaient plus ou moins ouvertement hostile : Galandor de Forostar, Belagund d'Orrostar et Gundor d'Emerië. En allant à leur rencontre en toute franchise, l’esprit chantant de Nindamos n’en était ressorti que plus convaincu que ces trois-là ne possédaient absolument pas les qualités requises pour ambitionner de prendre la tête des aventureux. Fort heureusement, ils ne pesaient pour l'instant guère dans la balance en comparaison de la dame de fer, la très influente Elandora, dont il se disait que n’était son statut de femme, elle dirigerait depuis longtemps la guilde. Les conversations avec Elandora ne firent que confirmer sa réputation. Un esprit oh combien brillant et déterminé entièrement dévoué à la cause de son peuple. Grâce à elle, Linfëa pris conscience des changements majeurs qui se dessinaient. La prédominance des aventureux n’étaient dû qu’à la propriété insulaire de Númenor. Sur le continent, les autres guildes allaient très rapidement s’affranchir de la tutelle des aventureux. A moins de leur couper l’herbe sous le pied, en réformant en profondeur l’assemblée des aventureux, pour donner aux autres guildes une place à la mesure de leur nouvelle importance.

Une telle réforme, bien que représentant la meilleure organisation économique possible, allait se heurter à de nombreuses réticences. Linfëa prit donc le parti de s’allier à Elandora, en lui proposant le futur rôle de second de la guilde. Un pari risqué qui toutefois, en cas de réussite, faisait de son plus grand rival, un allié de poids.
Les chefs de guildes se montrèrent très enthousiaste lorsque Linfëa leur présenta ses objectifs de réformes, ce qui lui permit de glaner de précieux soutien, en échange d'engagements forts qu'il faudrait tenir une fois arrivé au Lac Evendim.
En dehors des chefs de guildes, il restait maintenant à convaincre les aventureux du bien fondé de tels changements...

Alors que Linfëa, perdu dans ses pensées, finissait de remettre de l'ordre dans ses idées en cette heure tardive de la journée, Briggs s’annonça, avant de pénétrer dans la tente du chef des aventureux :
« Linfëa, cher ami, me revoici... »
Il prit le temps de s'assoir sur un tabouret, en face de son compatriote.
« Quelle journée. Le camp est en effervescence avec tous les blessés qui sont pris en charge. Cela ne manquera pas de nous retarder, encore... Par les Valar, le temps se fait long pour rejoindre nos nouvelles terres. J'ai hâte que le périple se termine... et que nous puissions enfin tenir cette fameuse assemblée. »
Il marqua une courte pause, songeant à toutes les rumeurs qu'il avait encore entendu pendant la journée...
« Vos rencontres avec les chefs de guildes ne sont pas passées inaperçues. Vos rivaux cherchent à tous prix à connaître vos intentions. Un vent d'affolement plane sur la guilde ! Les hommes craignent les changements. Et certains, à coup sûr, profiteront de l'occasion pour attiser les craintes, dans l'espoir de glaner des soutiens... »

Linfëa acceuillit son amis avec un grand sourire. La journée avait été longue en effet et voir un visage famillier faisait du bien à l'esprit chantantde Nindamos. Tout en continuant de siroter son vin en s'adossant à la table qu'il venait d'utiliser pour étudier des documents concernant la guilde des aventureux, le grand Érudit du conseil du Sceptre d'Arnor dit:

« Cher Briggs, que je suis content de vous revoir. Craindre les changements n'aide que ceux qui ne gardent pas à l'esprit le bien de la guilde et de notre peuple! Peut-importe, rapportez-moi donc ces ragots que vous avez entendus après cette âpre bataille avant que je vous demande d'importante informations à propos des chefs de guilde qu'il nous faut encore rencontrer: Faroth de la guilde des chasseurs, Sogal de la guilde des herboristes et Miril de la guilde des orfèvres! »

Briggs balaya l'air devant lui dans un geste théâtral, s'inclinant légèrement comme pour signifier que toutes les gesticulations des aventureux étaient pesantes :
« L'alliance avec Elandora s'est révélé être, pour l'instant, un coup magistral. Mais penser que nos autres rivaux - Gundor, Belagund et Galandor - s'en retrouvent "hors course" me paraît désormais prématuré. Les réformes qui se préparent et dont tout le monde parle ont, semble-t-il, rebattu les cartes. Il semblerait que deux d'entre eux aurait conclu un pacte, un peu à l'image de ce que vous avez négocié avec Elandora. Pour autant, je ne sais pas quels en sont ni les termes, ni les protagonistes. Les chefs de guildes seront certainement en mesure de vous en dire plus à ce sujet.
D'autre part, la frange la plus "conservatrice" de notre guilde s'oppose fermement aux changements de statuts que vous envisagez, même si tout cela n'en est qu'au stade de rumeurs... Céder la majorité des sièges aux autres guildes est proprement inenvisageable pour eux. »

Linfëa mesura les paroles de Briggs pendant un long moment avant de déclarer sérieusement: « En effet Briggs, en effet ... de belle rumeurs que voilà. Il semblerait qu’ils nous faillent en apprendre autant que faire se peut à propos de cette alliance dont vous avez parlé. Pour ma part je tenterai d'en apprendre plus en parlant aux chefs de guildes restant. Quant à vous, tachez de garder vos oreilles à l'affut de quelconques brides d'information. »

L'esprit chantant de Nindamos déposa son verre de vin sur la table tout en se poussant de sa position accolée à ladite table à une marche en aller-retour devant Briggs. Il ajouta, pensant à voix haute: « Je souhaiterai vous demander un service spécial puisque nous avons appris les lieux et heures des rendez-vous prochain d'Elandora avec des chefs de guilde: Pouvez-vous essayer d'espionner ces rendez-vous ou bien tâcher d'y prendre part? »

Avant même que Briggs ait eu la chance de répondre, le trésorier du Conseil du Sceptre continua: « Qui plus est, je m'inquiète de cette frange conservatrice de notre guilde pouvant mettre à mal mes efforts ... il me faudrait aller à leur devant pour leur parler et tacher de les convaincre ... à nouveau ... Belagund, Galandor et Gundor ... focalisons-nous sur ces deux derniers en premier car pour ce qui est du premier ... » Puis il changea de direction en ajoutant: « Que savons-nous à propos de Galandor et Gundor et comment pourrions-nous les approcher à nouveau ... peut-être une discussion entre deux tentes, de manère officieuse ?! »

Toujours dans le même élan, Linfëa poursuivit: « En parlant de Belagund, il me faut retourner voir Handor pour lui poser plus de questions à propos de l'affectation de Belagund ... qui l'a choisi, pourquoi ce pont? Etait-ce une façon de se cacher des risques de la bataille ou bien une façon de protéger nos arrières de manière plus que justifiée? Finallement, que pouvez-vous m'apprendre sur les chefs de guilde que je m'apprête à rencontrer? »

Ce ne fut qu'après ce torrent de pensée que Linfëa s'arrêta une minute pour laisser à son second une chance de répondre!

Briggs haussa les épaules tout en rétorquant :
« Cher ami, vous avez déjà essayé de les convaincre une fois, il est à mon humble avis inutile d'essayer de vous frotter à nouveau à cet exercice. Vos divergences vont au-delà d'un point de vue différent. Ils cherchent à être nommés à la tête de la guilde, vous n'arriverez pas à les convaincre de quoi que ce soit.
Galandor est un capitaine et un guerrier de renom. Une réputation qu'il a gagné dans les combats contre les sudrons, au cours de son affectation dans les havres d'Umbar.
Belagund est le neveu du défunt seigneur d'Orrostar. Malgré les privilèges qu'auraient put lui conférer son ascendance auprès de notre précédent souverain, il a rallié notre cause et s'est avéré un appui précieux, en organisant et en finançant la résistance sur les Terres de son Oncle. C'est une personne qui accorde beaucoup d'importance dans le respect des protocoles. Peut-être parce qu'il n'est pas le plus à l'aise en société. Toutefois, il a su faire de sa discrétion un atout, comme on a pu le constater sur Numenor.
Gundor, pour sa part, avait réussi à infiltrer le plus important réseau de contrebande en provenance des colonies. Il n'est pas d'ascendance noble. Il est véritablement doué pour s'attirer les grâces d'autrui et pour forger des relations de confiance. C'est un véritable numéro d'équilibriste qu'il a joué durant ces dernières années. »

Briggs soupira, un lourd silence abattît quelques instants dans la tente du trésorier.
« Nos adversaires connaissent l'argumentaire que nous développons et que nous allons défendre au cours de l'assemblée. Ils vont construire le leur en conséquence. Il faudrait peut-être... trouver une parade ? » Briggs se mit à faire les 100 pas.
« Quel genre de compromis pourriez-vous songer à proposer ? »
Le second de Linfëa posait autant la question pour lui-même que pour son supérieur.
Le silence reprit sa place avant que Briggs ne le brise à nouveau :
« Ha j'ai oublié de vous répondre concernant le "service spécial" que vous me demandez. Je veux bien m'en charger, mais à vrai dire, je n'ai jamais pu me flatter de mes capacités à être discret - sur le plan physique j'entends - et ce, depuis mon plus jeune âge... Souhaitez-vous malgré tout que je tente ma chance ? »
Il sourit d'un air embarrassé.

Linfëa plongea dans ses pensées pendant une minute ou deux avant de répondre:
« Commençons par l'évident, non vous avez raison il ne vaut mieux pas tenter d'espionner notre alliée. Tâchons plutôt de traiter avec dame Elandora de manière diplomatique. Faite lui parvenir cette lettre qui demande si elle souhaite ma présence pendant ses pourparlers avec les chefs de guilde. J'y met les formes donc cela ne devrait pas la brusquer mais elle comprendra que je garde un œil sur ses actions. » Tout en parlant le Grand Erudit avait pris une feuille de papier et sa plume pour écrire une lettre succincte.


Ayant eu prit le temps d'écrire une courte lettre, Linfëa reprit sa discussion avec Briggs après lui avoir tendu la lettre cachetée:
« Maintenant, parlons de notre parade pour les plans de nos rivaux ...

• Galandor de Forostar prétend être un meilleur guerrier et capitaine ... mais il oublie que la guilde des aventureux ne conservera pas son statut militaire maintenant que nous sommes en terres du milieu! Il me semble évident que nous pouvons jouer cette carte contre lui. Bien que la guilde sera militarisée dans les premiers temps, et de manière justifiée au vu de la menace des orcs, sur le long terme la guilde a besoin d'une vision qui va au-delà des prétentions belliqueuses et s'installe dans la durée avec le développement du commerce avec les villages et villes alentours sans parler du contrôle du fleuve Brandevin et de notre accès à la grande mer! Je vais m'assurer que cette vision pour la guilde reste à l'esprit de notre souverain et de par ma position il m'est évident que je suis le mieux placé pour cela.
• Belagund d'Orrostar pense que je ne suis pas digne d'occuper le poste de par mon tempérament joyeux ... voudrait-il une mine austère quand notre peuple a besoin des distractions que je peux lui offrir en ces temps troublés ! L'exemple du repas récent avec notre performance, maitre Luthan et moi, en est la preuve parfaite. Néanmoins, je souhaite approfondir le cas de son affectation durant la dernière bataille d'abord auprès d'Handor puis directement avec Belagund. Briggs, vous dites qu'il s'est allié avec nous, mais n’était-ce pas à son avantage au vu de sa position familiale? Il y a gagné à s’allier avec nous lors de notre résistance sur Numenor ... non sans risque je vous l’accorde mais peut-on lui faire confiance pour autant ?!
• Gundor d'Emerie n'apprécie pas le choix de s'installer ailleurs qu'en bord de mer du fait de la nature maritime de notre guilde ... oserait-il remettre en question les choix de notre roi ?! Car il me semble qu'avant tout notre exile loin des flots bleus n'est pas de mon fait mais du fait des traitres qui ont renié les dieux ! Mais au-delà de tout cela, il me semble bien plus important d'utiliser Gundor et ses talents de diplomate qu'il a prouvé mainte et mainte fois encore pour le bien de notre peuple durant les premiers temps lorsque nous aurons à négocier notre survie avec les villages et villes alentours ... mais aussi au-delà de ces premiers temps troubles lorsque nous aurons à sécuriser des alliances importantes avec les nains et les hommes des terres du milieu. Pour cela il ne peut être chef car nous aurons besoin de lui sur les routes du royaume et au-delà pour défendre nos intérêts.

 »

Cela lui semblait une ébauche de stratégie valide même si l'éclat chantant de Nindamos savait qu'il allait lui falloir revoir ses plans avant l'assemblée générale des Edains.

Briggs leva conjointement ses 2 bras à mi-hauteur au dessus de la petit table autour de laquelle Linfëa et lui s'étaient installé, tout en arguant :
« Je pense que - vis à vis de vos trois rivaux - vos raisonnements sont fondés et votre argumentation également. Gardez-les en tête pour le jour de l'assemblée et si je n'ai qu'un conseil à vous donner, ne vous laisser pas entrainer sur le terrain de ce qui relève des situations et jugements "personnels". A mon humble avis, même s'ils se le sont permis lorsqu'ils se sont retrouvés en tête à tête avec vous, eux-même ne s'y risqueront pas, ou quand bien même le feraient-ils le jour de l'assemblée, cela les desservirait, ne croyez-vous pas ?
Nous surveillerons Belagund, toutefois, le roi a choisi lui-même chacune des personnes qui seraient autorisées à prendre les navires depuis Numenor. Il a choisi avec encore plus d'attention les capitaines des navires. Je ne pense pas que nous ayons à craindre une trahison de sa part. Mais nous pouvons toujours garder l’œil ouvert. »

Briggs marqua un nouveau temps de réflexion d'un bruyant : « mmmm... hé bien... »
Puis poursuivit :
« Quand je parlais de parade, ou de compromis, je songeais plus aux réformes que vous proposez de mener. »
Il formula presque mathématiquement :
« Entre : "ne rien changer"
et...
"réformer très profondément" la composition de l'assemblée...
différentes alternatives existent. »

Linfëa fut surprit de la remarque de son ami et le lui fit savoir: « En ce moment les aventureux ont 72 des 100 sièges à l'assemblée alors que chacune des 14 guildes 2 seulement ... nous ne proposons que de réduire ce chiffre à 44 pour que chacune des guildes ait 4 sièges et que les aventureux perdent la majorité à l'assemblée des Edains. Réalisez-vous que nous pourrions donner le même pouvoir à toutes les guildes et diviser les 100 sièges de manière égale : avec 15 guildes en incluant les aventureux cela ferait 6 sièges par guilde (soit 90 sièges) et les 10 sièges restant aux aventureux ?! Voilà l'extrême que nous devrions peut-être présenter en premier lieu. Après tout, pourquoi est-ce que les aventureux resteraient-ils les meneurs de dance alors que notre peuple repart de zéro dans un nouvel environnement sans même un port ! En effet, peut-être serait-il bon de faire peur au conseil des dix et de leur faire prendre conscience que la concession de 72 à 44 sièges est bien moins que ce que les autres guildes seraient en droit de demander après tout ...

En opposition à ce tableau extrême de la perte de pouvoir des aventureux à l'assemblée des Edains, certains peuvent penser à une diminution du nombre des sièges de la guilde plus réduite. Ainsi, les 14 autres guildes pourraient recevoir 3 sièges chacune et laisser 58 sièges aux aventureux. Mais cela leur laisserai la majorité donc quelle concession est-ce donc ?! Sans même parler du fait qu'aucun chef de guilde ne supporterai ce changement qui n'en n'est pas un.

Il me semble important de souligner le besoin d'apaiser les autres guildes car quand bien même l'assemblée des Edains soit contrôlée par les aventureux, il n'est pas acquis que les chefs des 14 autres guildes acceptent un résultat qui ne leur convienne pas lors de notre prochaine assemblée. Ils pourraient simplement en appeler au roi en affirmant ne pas accepter l'hégémonie passée et maintenue des aventureux quand bien même l'assemblée choisirait ce scénario ! »

Le capitaine Briggs acquiesça tout en ramenant les mains à lui, comme dans un geste de défense :
« Vous prêchez un convaincu. Mais mon cher ami, nous avons beau être certains du bien-fondé de ces réformes, si l'assemblée les refuse, non seulement vous ne serez pas reconduit à la tête de la guilde, mais cela risque de jeter un froid entre les aventureux et les autres guildes. Cela entraverait la bonne marche économique du royaume, enfin bref, vous connaissez le tableau.
La nouvelle mesure que vous proposez ne sera jamais acceptée. Elle serait même vécue comme un affront. Non, non, il vous faut simplement parer à toute éventualité. Une de ces éventualités est que les aventureux pourraient bien refuser de ne plus être majoritaire à l'assemblée. »

Et Briggs d'enchainer :
« Je suis bien d'accord avec vous, il va falloir trouver une façon d'en parler aux guildes. Pour la simple et bonne raison que vous ne pouvez pas prendre d'engagements, que vous ne pourriez tenir. Si nous restons cantonnés à des positions qui ne sont pas suivis, c'est bien simple, un autre candidat portera un autre projet...
Je ne suis pas en train de vous dire que vous devez renoncer à mener la réforme telle que vous l'envisagiez. Peut-être faudra-t-il y venir en deux temps. Restons flexible, préparons un projet qui constitue un compromis acceptable.
Pour le conseil des 10, puisqu'on y revient, la problématique est la même. A mon sens, il ne peut être que le reflet de l'assemblée. Il faudrait donc établir une règle en ce sens. Qu'en pensez-vous ? »

13 Juillet 3319 SA en fin d'après-midi

Briggs acquiesça et ne perdit pas de temps. Après avoir passé quelques instants à parler de sujets de moindre importance, il se faufila au dehors.
Elandora se présenta au chef des aventureux peu avant midi, en cet avant-dernier jour de repos avant que les Edain ne se remettent en route vers leur nouvelle terre.
Elle franchit la devanture d'un pas assuré :
« Capitaine Linfëa, bonjour. Votre second est passé m'enquérir de votre désir de me voir. Cela tombe bien, j'ai également plusieurs sujets à discuter avec vous. Peut-être, par la grâce des Valar, s'agit-il des mêmes ? Allons, je vous écoute. »

Peu surprit de voir Elandora ne pas dévoiler ses cartes en première, Linfëa se contenta d’en dire peu pour inciter la dame de fer à en dire plus :
« Bienvenue ma chère Elandora, votre présence est toujours un plaisir. Je voulais m’enquérir de vos progrès avec les chefs de guildes, ainsi que vous parler d’un sujet majeur en préparation de l’assemblée des Edains. Mais pas d’empressement, dite-moi donc ce qui est ressorti de vos rencontres avec nos confrères ainsi que des autres sujets dont vous vouliez vous entretenir. »