Valucius repartit de son rire contenu, les yeux grand ouvert et les deux poings devant la bouche :
« De l'audace ! Et quelle audace ! Voilà précisément ce qui a motivé m'a décision de ne pas vous tenir enfermé en cellule.
Mais attention, trop d'audace vous serait fatal... ne mettez pas ma patience à l'épreuve. » Il fronça les sourcils en pointant son index devant lui, comme s'il réprimandait un enfant.
« Vous n'avez pas besoin de tout savoir, uniquement ce que je jugerez utile que vous sachiez pour faire progresser MON enquête. Peu importe ce que j'ai déjà fouillé ou qui a déjà été interrogé. Tout ce que vous pourrez apprendre pourrait se révéler crucial, même si je suis déjà passé avant vous. Un détail aura pu m'échapper ou bien, des détails ne m'auront pas été révélés... Procédez discrètement, vous avez mon aval pour vous introduire partout où vous le jugerez pertinent. Mais ne vous faîtes pas prendre. Personne ne doit connaître notre petit arrangement et je nierai son existence si vous veniez à le divulguer pour tenter, sans espoir aucun, de vous sortir d'un mauvais pas dans lequel vous vous seriez mis. Et ne vous avisez pas de me cacher quoi que ce soit, cela vous coûterai très... très cher. Personne ne peut me mentir. Et certainement pas un honnête homme comme vous, n'est-ce pas ? » Il sourit à nouveau, se retenant de rire à sa dernière boutade.

Puis il tira vers lui un dossier soigneusement relié et attaché d'un nœud tout à fait complexe de sa propre façon. Son visage redevint des plus sévères et il conclut :
« Je dirai au capitaine et à son second que vous avez été emprisonné pour insolence. Tenez-vous en à cette version. Vous pouvez disposer. »

Déjà, il était plongé dans l'étude de ses notes.

« Bien. » Conclu Nas qui n'insista pas d'avantage.
Se relevant du fauteuil, il profita que le commissaire ait déjà le nez penché sur ses dossiers pour jeter un rapide coup d’œil sur tout document qui traînait sur le bureau. Il poussa le siège contre le meuble, et sorti de la pièce.
Au vu de la force de persuasion du commissaire, celui-ci avait certainement déjà missionné quelqu'un pour surveiller Nas, convaincu que sa proposition ne serait pas refusée.
Allons remplir notre devoir de matelot, et rassurer tout le monde sur mon sort dans un premier temps. Songea Nas par souci de précaution.
Il s’apprêta donc à se diriger vers le pont pour se mettre à disposition, mais sans se précipiter vers le second, qui lui devait des explications sur la disparition de l'or de sa cargaison.

Post édité pour prise en compte des jets de dés ! Désolé pour l'étourderie

Nas se fendit d'un coup d'œil risqué en direction des documents du commissaire Valucius, qui fort heureusement pour lui, se concentrait déjà trop sur sa prochaine tâche pour surveiller le regard de son "nouvel ami"... Le fidèle aperçut une page du livre, titrée au nom du capitaine Harol, et agrémentée d'un petit portrait, remarquablement réussi. Nas ne put lire autre chose que le titre, toutefois, il vit que toute la page était remplie d'informations et d'annotations. Il détourna le regard alors que Valucius se mit à tourner plusieurs pages, dévoilant d'autres fiches et évita de justesse le courroux du commissaire qui releva les yeux vers celui qu'il venait de congédier, qui était de dos en train de se diriger vers la superbe porte en chêne massif.

Nas fit les premiers pas de sa liberté retrouvée avec entrain, quoi qu'un peu courbaturé par son passage dans la peu confortable cellule.
Du haut du pont supérieur où se trouvait la cabine du second et celle du capitaine, il avait une vue imprenable sur tous l'Espadon et il aperçut sans difficulté Buckley, son imposante carrure n'avait pas son pareille, au pieds du mat de misaine, en train d'aboyer des ordres à tous les matelots qu'il avait rassemblait là.
Le vent avait reprit de la vigueur et il fallait en profiter. Depuis que les Numenoréens avaient plus ou moins perdu les faveurs d'Ulmo, les déplacements en mer étaient devenu plus lents et surtout plus dangereux.

Nas s’avança vers Buckley tout en observant les hommes qui s'agitaient en exécutant les consignes du second :
« Meilleures sont les caresses du soleil, que celles du bois de l'Espadon, surtout dans cette cellule. » Déclara Nas revêche.
« Quels sont les ordres ? »

Nas fut particulièrement vigilant dès sa sortie de la cabine du second.
Et il ne fut pas déçu. A peu près tous les marins qui croisaient son chemin s'attardait du regard sur lui. Son emprisonnement avait fait le tour du navire, pour sûr. Personne ne l'avait suivi et le Valucius n'était apparemment pas sorti de sa cabine pour scruter ses mouvements.
Nas surprit même le jeune mousse, perché en haut du mat le plus proche, en train de le regarder. L'adolescent avait arrêté sa tâche en cours et fit un brusque mouvement de surprise lorsqu'il s'aperçut que Nas avait remarqué qu'il le fixait.
Buckley sembla également surpris de voir son interlocuteur libre. Toutefois, il ne paraissait nullement impressionné ou gêné :
« Ravi de te revoir parmi nous matelot. Il ne fait pas bon s'éterniser enfermé là-dedans. Monte donc là-haut me secouer le mousse. Il rêvasse et peine à achever de déplier la grand voile. Le vent est en train de se lever, il n'y a pas de temps à perdre. »

Nas s'exécuta sur-le-champ.
Rejoignant le mousse haut perché, il lui adressa ses remerciements pour l'avoir servi lorsqu'il était en cellule, puis, avant même qu'il ne lui pose des questions, Nas prit les devants :
« Je t'avais dis que ça allait s'arranger. J'ai été victime d'un abus d'autorité ! Le commissaire m'a fait enfermer pour insolence... Ca n'ira pas plus loin, pas d’exécution, pas de malédiction tu vois ! » Il adressa un clin d’œil au jeune marin.

Le jeune hommes regarda Nas, médusé. Il semblait vouloir dissimulé sa réaction mais n'y parvint médiocrement pas.
Son visage s'illumina d'un sourire déformé d'une grimace qui se voulait être une sorte de réprimande :
« Tu as le verbe facile et sympathique, mais ça peut te jouer des tours, Velebor m'avait prévenu. Tu as eu de la chance. Ce commissaire... il va nous faire replonger dans la sombre ambiance qui n'a pas quitté le navire depuis la dernière traversée. » rétorqua-t-il en soupirant.
Il secoua la tête puis se remit à son travail.

Lorsqu'il eût fini l'unique tâche que lui avait confiée le second, Nas alla trouver une assise parmi les quelques caisses présentes sur le gaillard d'avant, et porta sa Flûte numénoréenne à sa bouche.
Il captait encore toute l'attention de l'équipage et ne pouvait donc pas se mettre à la recherche des livres de comptes immédiatement, mais il allait en profiter pour partager un des moments de détente favori des marins. De cette façon, il allait rassembler les plus enclins à danser et à pousser la chansonnette, et il montrerait à tous que son petit détour en cellule était déjà loin derrière lui.
Sur un air d'une chanson bien connue, qui comptait l'histoire de deux navires pris par la tempête, dont l'un, qui avait à son bord des marins peu vaillants, chavirait, et l'autre, dont l'équipage était valeureux et intrépide, s'en sortait sans aucune perte, il entama la musique.
Les couplets étaient plutôt mélancoliques, mais le refrain ,lui, était enjoué et incitait à faire quelques pas de danse.

Surpris par l'air enjoué qui se faisait soudainement entendre en pleine manœuvre, certains aventureux s'approchèrent, curieux et une petite ronde commença à se former autour de Nas. Mais le doux instant ne dura que très peu. Les hurlements de Buckley couvrirent rapidement la mélodie :
« Qu'est-ce que c'est que cette bande de tire-au-flancs !!!
On s’octroie un petit répit pendant les manœuvres ? On est fatigué peut-être ? »
Le second de l'espadon fulminait.
« Rejoignez-moi vos postes et plus vite que ça !!! »

Buckley n'eut pas à attendre longtemps avant que place nette soit faîte. Tous les matelots avaient déguerpi aussi vite que possible et faisaient maintenant mine de regarder ailleurs.
Nas, assis et quelque peu mal à l'aise, se retrouva seul sous le regard inquisiteur de Buckley.
« Non mais sur quel navire tu as officié toi ? Les geôles te manquent c'est ça ? » Buckley jetait toutefois des regards à droite à gauche, il ne semblait guère enclin à trop sanctionné Nas.
« Il est loin le temps où des musiciens officiaient pendant les manœuvres de la journée ! Tu pourras faire montre de tes talents après le repas du soir. File-donc te rendre utile ou bien je vais te trouver des tâches dignes d'une nouvelle recrue !! »

Surpris par les aboiements du second, Nas rétorqua gêné, en rangeant son instrument :
« Je jouais seulement pour moi... je ne pensais pas que cet air réunirait du monde ! »
Désormais, plus aucun regard ne pointait vers les deux hommes, les marins étaient pleinement concentrés sur leur travail. Nas profita des remontrances de Buckley et de la dispersion qui s'en suivit pour lui faire passer un message à voix basse. Se relevant de la caisse, il écarquilla les yeux en fixant Buckley :
« Aux cales. Dans une heure. Seul. »
Puis il prit la direction du bureau de l'intendant. Il était temps de fouiller le navire, et que l'Espadon lui dévoile ses secrets.
S'éloignant du second, il eut un petit rictus.
« Musicien ? Moi ? Je suis flatté ! »

Nas emprunta les passages couverts et les escaliers intérieurs, évitant ainsi la cohue des ponts, puis il ressorti pour rejoindre la dunette, et ralentit le pas lorsqu'il arriva devant la porte de la cabine supérieure, surveillant alentour les membres d'équipage présent à cet endroit.

Buckley parût interloqué par la consigne de Nas, il s’appéta à répondre en hurlant. En qualité de second, il était habitué à donner des ordres, pas à en recevoir. Il fronça les sourcils, et son air se fit menaçant l'espace d'un instant, ce qui avait de quoi impressionné étant donné sa carrure. Mais il se ravisa aussi vite qu'il aurait put proférer ses vociférations. Il grogna en hochant la tête, signifiant son accord. Lorsque Nas le nargua avec sa dernière réplique, il serra son poing de rage si fort qu'il en devint blanc.

Nas progressa aisément et discrètement sous les ponts de l'espadon. Il était toujours la cible de regards insistants, mais rien qui ne le fit se sentir en danger.
Pour accéder aux cabines du capitaine et de son second, il fallait impérativement remonter sur le gaillard d'arrière et emprunter un grand escalier d'une dizaine de marche, qui donnait sur la dunette. A cet endroit se trouvait le gouvernail, manœuvré par le timonier, les deux mains fermement ancrées sur la grande roue de bois. Il salua Nas d'un signe de tête, quelque peu surpris de le revoir par ici. D'autres marins étaient encore en train de déplier les voiles sur le mât d'artimon et de pavillon. Il était impossible à Nas de s'approcher des cabines de commandement sans être vu. De plus, le molosse qui lui avait presque refusé l'entrée sur l'espadon se trouvait en poste devant la porte de la cabine du capitaine et planta immédiatement ses deux yeux noirs dans ceux de Nas, dès qu'il l'aperçut.

Au lieu de repartir et de soulever des questions d'un comportement suspect, Nas s'approcha du garde.
Je l'aurais presque oublié celui là...
Il s'adressa à lui, sans simagrée car l'homme semblait se cantonner au seul rôle qui lui avait été confié et n'était pas ouvert à la moindre dérive.
« Le capitaine Harol est-il présent ? J'aimerai m’entretenir avec lui. »

D’un air de dépit et d’un ton agressif, le garde répondit :
« Et pourquoi donc irai-je déranger le capitaine pour un simple matelot qui a déjà inauguré les cellules ? »

« C'est justement pour éclaircir cette histoire.
Et j'ai payé le prix de mon insolence, nul besoin d'arrogance pour compléter ma sentence. » Ajouta Nas d'un ton toujours convenable, mais qui n'allait pas manquer d'agacer le colosse.

Lorlon ne répondit rien, d'un air presque satisfait, il se retourna en direction de la porte qu'il gardait et frappa trois petits coups. Il entra dès que la permission lui fut donnée.
Nas n'eut à attendre qu'une minute avant que le garde ne ressorte, la mine surprise et visiblement déçu. Il annonça :
« Le capitaine Harol accepte de te recevoir. Prends garde à ton attitude, Jensen » - il appuya particulièrement sur le prénom d'emprunt de Nas - « je t'ai à l’œil. »

Il fit un pas de côté pour laisser entrer Nas et positionna sa main sur le pommeau de sa rapière.

Finalement donc, Nas avait obtenu un entretien avec le capitaine du navire.
Il découvrit une pièce trois fois plus grande, à minima, que celle du second qu'il avait découvert un peu plus tôt.
La pièce était bien plus richement ornée. Les meubles étaient façonné à l'effigie des aventureux : une grande table et ses nombreux sièges à sa droite, l'imposant bureau de chêne sombre au fond de la pièce sous l'une des trois fenêtres ornées de vitreaux, la bibliothèque à sa gauche, tout comme dans la cabine du second. Cette dernière renfermait de nombreux ouvrages de navigations ainsi que des registres propres à l'espadon, mais également d'autres diverses lectures, des trophées de pêche, des porcelaines fines de la capitale, des verreries d'orrostar... L'ensemble dégageait une impression de grande richesse et de pouvoir. A cela, rien de vraiment étonnant. Nas avait eu l'occasion de visiter d'autres cabines de capitaines et ceux qui s'illustraient par leur sobriété étaient de plus en plus rares parmi la guilde.

Harol portait l'un de ses uniformes officiels. Bleu sombre, veste avec col haut, brodé d'or - tout comme les manches et toutes les pièces rapportées. Aigle d'or agrafée à la poitrine.
Le capitaine arborait une barbe épaisse impeccablement et sévèrement taillée. Gris sombre, comme ses cheveux, le capitaine Harol n'était plus tout jeune et cela ne faisait qu'accentuer l'autorité naturelle qui émanait du personnage. Ses yeux noirs renforçaient l'image de sévérité qu'il renvoyait et son regard grave se fixa tout de suite sur le nouvel arrivant.
« Jensen... C'est bien cela ? » adressa-t-il à Nas. Il prononça son nom comme s'il était maudit et sans chercher à masquer qu'il le révulsait.
« Mon garde vient de m'informer de votre requête, sans pour autant être en mesure de m'expliquer précisément de quoi elle relève.
Hé bien, il n'est pas dans mon habitude d'accepter qu'on m'interrompe ainsi dans mes occupations, toutefois... Je vous écoute ? »

« Bonjour capitaine. Oui, je me nomme Jensenn, et je me présente à vous pour clarifier la situation.
J'ai eu vent du sort du précédent second, même si les raisons de son exécution restent encore obscures pour moi... et des liens trop faciles peuvent être fait avec nos noms, j'en tiens pour preuve l'ensemble des réactions de votre équipage. » Nas n'inclut pas le capitaine volontairement, même si son expression précédente confortait pleinement ses propos.
« C'est pour cela que je viens en personne vous exposer le motif de mon arrêt ordonné par le commissaire. J'ai fait preuve d'insolence envers Valucius. Mais, je dois dire qu'il a eu une réaction assez... excessive. » Nas guetta le comportement du capitaine sur cette critique.
« Quoi qu'il en soit, je tenais à vous dire que cela ne se reproduira plus. » Assura-t-il d'un ton ferme.

« Par ailleurs, sans vouloir abuser de votre temps, je compte rester un petit moment sur la terre du milieu, et j'aurai voulu en savoir un peu plus sur les cités portuaires qui la bordent, et notamment notre destination, Lond Daer Eneth.
Je suppose que votre poste vous accorde certaines rencontres privilégiées, peut-être même avec l’élite, et au vu des ornements rassemblés dans votre cabine je ne pense pas me tromper. » Nas jeta un coup d’œil circulaire dans la pièce, qui s’arrêta sur la bibliothèque, les trophées qu'elle contenait, mais surtout les registres.
« Je me demandais donc si vous ne pourriez pas me dévoiler le nom de quelques personnes notables à côtoyer pour faire prospérer un commerce dans les colonies ? »

Le capitaine ne remarqua pas que Nas concentrait son attention sur les volumes de la bibliothèque. Le jeune fidèle réussit rapidement à identifier l'endroit où se trouvaient les registres. Cela n'était guère compliqué car ils occupaient trois grandes étagères, près de son interlocuteur. Les registres étaient numérotés par années, et consistaient en de grands ouvrages, épais et reliés de cuir. Sur l'étagère la plus basse, le titre de chacun était parfaitement lisible, il s'agissait simplement de l'indication "Espadon - registre", suivie de l'année correspondant au volume. Le dernier volume était bien celui de l'année en cours. Mais le volume le précédent était celui d'il y a trois ans en arrière...

Le capitaine Harol haussa les sourcils, surpris par l'audace du jeune aventureux. Mais il les abaissa rapidement et répondit posément :
« Les ornements ? Tous ces trophées et objets personnels ont été acquis à la sueur de mon front et récompense la carrière de toute une vie. Il y a longtemps que vous n'avez pas réalisé de traversée, je ne me trompe pas ? Ou bien vous ne me demanderiez pas ce qui relève du sens commun. Hé bien, puisque vous me le demandez. Lond Dear Enedh est la capitale des colonies, cela au moins, vous devez le savoir. Diverses cités de moindre envergure ainsi que des villages se sont développés le long du Gwathlo, mais aussi du fleuve Isen et dans les terres alentours, particulièrement au Sud du Gwathlo. Tout cela dans un but principal, pourvoir en ressources Numenor afin d'approvisionner les immenses besoins de la flotte. La grande armada qui ne tardera pas à partir à la conquête de Valinor. Du bois, il nous faut du bois. Toujours plus de bois. Et cela n'est pas sans entraîner des problèmes en Terre du Milieu. Les sauvages qui vivaient dans les forêts ne cessent de nous attaquer, ce qui explique l'importante présence militaire. Nous sommes d'ailleurs chargés de rapatrier une partie d'entre eux en vue de l'invasion à venir. Enfin bref... »
Harol balaya toutes ces informations d'une main comme s'il avait passé trop de temps à les donner.
« Je ne suis pas surpris des excès de comportement du commissaire Valucius. Ceux qui comme lui, occupent les "postes de confiances" du roi, sont délétères. Sa venue ici n'augure rien de bon mais cela permettra peut-être, du moins je l'espère, de resserrer les liens entre les membres de mon équipage... et de faire disparaître les traîtres. Il a eu des soupçons sur vous mais vous a libéré. Soit. C'est une bonne chose pour vous. Je vais avoir besoin d'hommes de confiance. Reste à me prouver que vous en êtes. »

« C'est une véritable chasse aux traîtres qui se joue sur votre vaisseau capitaine ! » Lâcha Nas d'un air faussement surpris.
« Mais cela n'est-il pas néfaste pour votre équipage, vous qui le souhaitez soudé ? »
Il laissa un instant s'écouler pour que la question prenne tout son sens, mais avant que Harol n'y réponde, Nas poursuivit :
« Pour être honnête, et si cela peut conforter votre opinion envers moi, j'ai pu constater les effets de cette traque ; sur moi évidement, car mon nom n'est pas passé inaperçu, et a soulevé bien des questions et des craintes, mais si je dois mettre le décès de mon homonyme sur le compte de la traîtrise, je comprends naturellement leur réactions. C'est bien de cela qu'il s'agit n'est ce pas ? »
Voulant confirmer ces propos face au premier concerné, Nas sonda les traits du visage du capitaine, pensant y apercevoir de la haine ou des remords, puis repris aussitôt :
« Mais j'ai aussi observé vos hommes, et la suspicion et la psychose guette vos rangs capitaine, et elles sont largement amplifiées par l’enquête en cours, vous vous en doutez. On ne peut pas dire que le moral soit au beau fixe, ni que tout cela va resserrer les liens entre les membres de votre équipage, sans vouloir vous offenser.
Alors, à moins de trouver ces fidèles rapidement, et ainsi calmer ce cher commissaire, comment puis-je vous servir autrement ? »

Harol continuait de jauger son interlocuteur. Il conserva un visage sévère et fermé, sur lequel Nas ne put rien lire d'autre que de la méfiance, voire de la suspicion.
« Pour compter sur un équipage soudé, faut-il encore que tous mes hommes souquent dans la même direction. Quand tous les traîtres auront été éliminés, tout cela ne sera qu'un mauvais souvenir.
Votre nom évoque celui d'un traître et si j'avais moi-même examiné votre demande de transport, je n'aurai jamais accepté que vous montiez à bord. » Le regard du capitaine lançait des éclairs au souvenir de son ancien second.
« Jensen avait cela pour lui qu'il était homme charismatique, pour les vauriens qui prêtaient oreilles à ses discours mielleux, et il a bien failli provoquer une mutinerie sur mon navire. Maudit chien galeux. ! Il cachait bien son jeu et je n'ai pas réussi à mettre la main sur ses complices... pour l'instant. Rares sont les hommes en qui je peux me fier ici. Et certainement pas le nouveau second qui m'a été imposé. Cet arriviste grossier de Buckley, un rustre qui a gravi les échelons par je ne sais quelles menaces et tractations. La guilde est tombé bien bas alors qu'elle en arrive à mettre sous surveillance un honorable serviteur du roi comme moi. Mais, j'ai les épaules solides. Je ne laisserai personne entacher mon honneur et ma réputation.
Vous voulez m'aider ? Prouvez-moi d'abord votre loyauté. Ouvrez les yeux et les oreilles. Rapportez-moi tout ce que vous pourrez apprendre sur les agissements de Buckley et de Valucius. Informez-moi de tout ce qui pourra vous paraître suspect venant des autres membres d'équipage. Ensuite, nous aviserons. »