L'histoire précédant ce chapitre se trouve ici : dernier message du sujet : [RP]Ch1a Akallabêth : La chûte de Numenor, l'exil d'Elendil

20 juin 3319 SA soirée

Le vent n'avait pas faibli de la journée, le temps était propice à la navigation et Elendil en vint à penser qu'Ulmo et Manwë lui avaient accordé leur bénédiction.
En début d'après-midi, des exclamations se firent entendre sur le pont.
Les navires passaient au large de Forlond, le somptueux port sud du Lindon.



Coupoles de pierres, tours élancées suspendues sur des murs à flanc de falaise et parsemées d'escaliers qui descendaient jusqu'à la mer : l'architecture elfe, en harmonie avec son environnement, forçait l'admiration.

Les Edain avaient hâte de rejoindre Mithlond, laissant libre cours à leur imagination sur les merveilles qui les attendaient. Et ils ne furent pas déçus.

Il n'était point possible de discerner le port depuis le large, les hommes virent seulement que les navires voguaient en direction de deux collines élancées qui se faisaient face et entre lesquelles s'ouvraient une baie. Sur les alentours, le paysage était verdoyant, tantôt pins maritimes, tantôt garrigue.
Les navires manœuvrèrent pour se mettre sur une seule ligne, Gil-Galad en tête.
Lorsqu'ils franchissaient le bras de mer qui donnaient sur Mithlond, les Edain se figeaient dans la contemplation. On ne pouvait dire si la roche elle-même avaient été sculptée ou bien les pierres assemblées en colonnades, tout le contour de la baie était architecturé.
Derrière eux, le soleil descendait entre les deux promontoires montagneux, donnant une teinte orangée aux bâtiments de pierre blanche.
Malgré l'étendue de la cité, le port donnait un sentiment très chaleureux.
Il était parsemé de nombreuses petites criques d'arrimage en pierre blanche, recouvertes d'algues et de crustacés là où l'eau arrivait.



Gil-Galad, arrivé le premier, rejoint le navire d'Elendil et l'accueillit :
(en quenya) « Hilyaë esse mime nucúm martan »


De nombreux elfes attendaient les navires et aidèrent leurs semblables à guider les Edain vers les maisons et les salles qu'ils avaient préparées pour eux.
Elendil, voyant que tout se déroulait en bon ordre et que son peuple était en de bonnes mains, suivit avec ses conseillers le roi des Noldor dans son palais, en haut de la colline qui surplombait la côte.

Elendil et ses conseillers suivirent donc le roi elfe vers le point le plus haut de la cité de Mithlond. De spacieux escaliers de marbre gris permettaient d'atteindre le palais, et le groupe s'émerveilla de la qualité des ornements qui décoraient les façades, jouant sur les différents tons de blancs des pierres qui les constituaient. De nombreuses placettes faisaient la part belle à une végétation parfaitement entretenue, composée de différents arbres et plantes grasses. Pendant la montée, Gil-Galad s'adressa à Elendil :
« De nombreux sujets requièrent mon attention, car j'aurais aimé m'absenter dans de meilleures circonstances. Galdor va vous accompagner dans vos quartiers. Nous tiendrons conseil d'ici la fin de la semaine, si tout va bien. D'ici là, profitez de l'endroit comme si c'était votre demeure. Nous nous retrouverons chaque soir pour le dîner. »

Elendil était enchanté et charmé par tant de beauté : la citée Mithlond et son port étaient simplement époustouflants! Il s'était assuré que ses conseillers le suivait car il souhaitait s'entretenir avec eux brièvement avant de les laisser vaquer à leurs occupations.

Lorsque Gil-Galad lui transmit ses directives, le roi des Edain répondit prestement : « Certes, certes cher Gil-Galad. Nous comprenons parfaitement, mes conseillers et moi-même souhaiterions nous entretenir des affaires de notre peuple avant la fin de journée et probablement avant le conseil à la fin de la semaine. Je pensais utiliser l'un de vos jardins ou dois-je m'adresser à Galdor pour trouver un endroit approprié? » Le roi paraissait détendu et en sécurité, néanmoins soucieux du futur de son peuple.

Gil-Galad sourit :

« Bien évidemment, cher ami. Galdor va vous montrer tous les lieux propices pour tenir conseil. Vous pourrez vous installer où vous le cœur vous en dit. Je vous laisse avec lui. »

Le groupe venait d'atteindre le palais et Gil-Galad s'en fut en direction d'un couloir, leur signifiant un au-revoir d'un signe de tête.
Une grande pièce rectangulaire se trouvait devant eux. On y accédait par une volée de cinq marches de marbre, très larges. Au fond, de chaque côté de la pièce se trouvait deux escaliers. L'endroit était immense mais le raffinement des décorations et la végétation présente donnait toujours l'impression de se déplacer dans quelque lieu paisible et confiné.

Galdor montra à chacun les appartements qui lui étaient réservés. Tous se situaient dans l'aile ouest du palais, au deuxième étage. En bas, la grande salle principale était somptueusement meublées. De nombreuses tables en bois étaient disposées dans un agencement pratique. Il y avait également des tables à l'extérieur, dans les jardins cloisonnés par de grandes haies d'arbustes en tout genre.

Galdor s'inclina :
« Je vais maintenant vous laisser vaquer à vos occupations. Vous avez vu mes appartements, alors n'hésitez pas à me solliciter. Les gens du roi seront aussi à votre service. Des collations sont à disposition en bas, dans la salle du trône. »

Les conseillers et Elendil retournèrent dans la grande salle admirer le trône qu'ils n'avaient pas vu lors de leur premier passage. Il était de bois blanc et somme toute assez sobre au regard du personnage qu'incarnait Gil-Galad.

Le trésorier du conseil du Sceptre récupérait encore de ses excès de la veille ... se tenant l'estomac et devant prendre appui contre les murs pour tenir il s'exprima rapidement entre ses lèvres presque fermée : « Devons-nous vraiment discuter maintenant? La journée a été longue pour nous tous ... et puis d'abord de quoi devons-nous parler? Des échanges vifs entre Erika et Sothor? Ou du manque de préparation de Lilith avant de partir pour rencontrer les natifs? »

La gueule de bois rendait Linfëa acerbe et critique ...

Fëaromen réagit calmement mais avec fermeté :
« Si conseil il y a, nous nous passerons de votre présence car il est évident que vous avez besoin de repos. Je pourrai aussi mettre à l'ordre du jour la conduite à tenir en présence d'éminents représentants de nos alliés les plus précieux mais le principal intéressé ne serait pas là, je le garde néanmoins en tête pour le prochain conseil auquel je l'espère, vous serez en mesure d'assister. ».

Fëaromen sourit pour adoucir son propos.
« Allez donc vous reposer tout de suite, votre présence n'est pas indispensable. » Le conseiller du roi se tourna vers les autres.

« Le sujet principal sera de commencer à préparer le conseil avec les elfes, c'est à dire refaire un tour d'horizon des possibilités d'implantation qui s'offrent à nous. »

21 juin 3319 SA matinée

Après que Linfëa soit parti, Fëaromen suggéra néanmoins à Elendil de reporter la séance au lendemain afin que tout le monde ait pu se reposer.

C'est donc sur une des majestueuses tables de granit des jardins extérieurs qu'Elendil retrouva ses proches conseillers le lendemain matin.

Elendil arrivait vers la table mais il entendit bien avant de les voir que ses conseillers debattaient déjà d'un sujet.

C'était la voix de Sothor qui était arrivé un peu en avance et y avait retrouvé Linfëa.

« J'espère, mon cher Linfëa que votre tête va bien mieux qu'hier sinon je me ferais un plaisir de remettre vos idées en place et notre roi ajoutera à l'ordre du jour " les échanges vifs entre Linfëa et Sothor". Voyez-vous ce dont je parle ou bien dois je vous rafraîchir la mémoire ? »

Il tenait dans une main une carafe de vin mise à disposition par Galdor pour permettre aux proches d'Elendil de se désaltérer durant leur conseil.

Linfëa avait le sourire aux lèvres, il n'en attendait pas moins de Sothor mais il avait lui aussi de la ressource. Il répondit sur un ton plaisantin : « Cher général, il est vrai que j'ai abusé de la boisson lors des festivités mais je n'ai pas abusé de mon autorité ou embêté quiconque il me semble? Qu'en est-il de vous et Erika? »

Puis, voyant le soldat s'empourper, il ajouta avant de lui laisser le temps de s'énerver : « Mais avant toute chose je vous dois tout deux des excuses, veuillez pardonner mon comportement. Mes paroles hier soir étaient déplacées et loin d'avoir le respect qu'Erika et vous méritez ... bien qu'ayant une part de vérité. »

Sothor hochait machinalement la tête, comme s'il donnait une semi approbation au chef des aventureux. Il n'en était rien. En réalité, le général comptait le rythme des paroles de Linfëa. Puis, tel un métronome qui oscille, sa main qui tenait la carafe vint heurter la tête de Linfëa.

Celui-ci fut sonné par le coup mais Sothor n'y avait pas mis tout son coeur, mais suffisamment cependant pour déformer le contenant, le rendant impropre à sa destination, dans un lourd bruit métallique.

Lorsque la tête de Linfëa revint dans sa position initiale, des étoiles plein les yeux, le général en profita pour donner son avis.

« D'après moi, Erika a fait de l'ingérence en donnant des ordres à mes hommes, ce qui aurait pu perturber notre mise en place.

Et il en est de même pour vous, laisser moi régler mes comptes avec Erika.

Je veux bien que vous m'accusiez d'en faire de même avec vous, mais la prochaine fois, je vous laisserais vous aviner suffisamment pour réussir à ruiner une amitié millénaire dont seul l'avenir de notre peuple dépend. »

Il laissa la carafe ainsi déformée en face de l'aventureux avant de prendre place à son tour.

Elendil arriva sur ces entrefaits et rejoignit ses conseillers en s'asseyant au bout de la table de marbre. Ayant entendu les dernières brides de la conversation, le roi éclata d'un rire profond et joyeux. À bout de souffle à force d'avoir rit, il dit : « Quel culot Linfëa, vos plaisanteries m'ont toujours fait rire ... ahhh ... Mais soyez prudent, il semblerait que vous vous êtes blessé durant votre beuverie. N'oubliez pas que vous avez faillit nous ridiculiser lors des festivités et que Sothor fut votre sauveur en m'apportant lui même le cadeau pour Gil-Galad! »

Quel joyeux drille ce Linfëa, cela nous promet de bon moments ... mais qu'en est-il de Sothor et Erika ? Je ne peux laisser des tensions mettre à mal notre objectif, tachons d'aller au fond de cette affaire maintenant. Tant de choses à faire et nous sommes contraint de passer du temps sur ces détails mineurs ... mais je ne laisserai rien de côté qui puisse compromettre mon peuple, certainement pas les égos de ses dirigeants, fut-ce le mien!

Les yeux du roi des Edain n'étaient pas durs ni froids, mais justes. Il reporta son regard sur Sothor et Erika en ajoutant : « Bien que notre conseiller soit fautif par son ébriété et ses paroles, il n'en a pas moins la sagesse de s'excuser et de reconnaître ses fautes ... quand il s'en souvient. J'ai eu vent de ce qu'il s'est passé entre vous deux Erika et Sothor ... voulez-vous chacun me donner votre version des faits? »

Je m'occuperai de l'excès de violence de Sothor après le conseil ...

Il n'y avait ni jugement ou dureté dans la voix du monarque, ses conseillers pouvaient voir qu'il souhaitait sincèrement savoir ce qu'il s'était passé de la bouche des principaux protagonistes avant de se décider puis de procéder au véritable ordre du jour pour le conseil.

Fëaromen ne rit pas. Il regardait Linfëa durement, se voulant réprobateur.
Mettre en défaut quelqu'un qui vient juste de vous rendre un grand service, voilà une bien triste attitude. Le général Sothor aurait pu s'emporter bien plus. Je me serai emporté bien plus. Mais point de la même manière. Il faudra que j'en touche deux mots à Elendil à l'issue du conseil.

Il prit la parole pour donner son avis sur la résolution du point à l'ordre du jour :
« Nous touchons un point essentiel de notre fonctionnement. L'organisation et les hiérarchies qui auront foi au conseil sont un enjeu crucial pour l'efficacité de la gestion du royaume. Ce sujet est donc primordial, c'est bien pour cela qu'il est source de tension. D'ailleurs il n'y a rien d'anormal à cela, d'autant plus que nos conditions d'arrivée ont été difficiles.
Nous n'arriverons peut-être pas à un accord définitif aujourd'hui mais l'idée est que chacun expose son point de vue sur la question, dans le cadre de la résolution de cette altercation bien sur, mais au-delà également, vous l'aurez compris. La décision finale reviendra bien sûr à notre roi. Il en va de notre devoir envers le peuple.
Je tenterai de ne pas prendre partie et je réserve mon avis pour la fin, si le roi le permet. »

« Cela me semble raisonnable en effet. » Dit le roi attendant que ses conseillers s'expliquent.

Erika pris la parole a la demande de son souverain et la suite de Sothor,

« Mon Roi, ce conflit est né d'un malentendu. Après notre arrivée sur la terre, j'ai mis à contrbution les moyens humains à ma disposition, sans faire de distinction entre les marins, les soldats, les médecins, les nobles ou les hommes du peuple, afin d'aider les plus en détresse.
Notre général des armées n'a pas accepté cet état de fait et je l'ai laissé prendre la main sur ses soldats.

Pour ma part, dans quelques temps, j'aurais oublié les raisons de cet incident.

Par contre, en aucun cas je ne ferais l'impasse sur les propos tenus par Sothor, indignes de son rang et envers quelque personne de notre peuple, que je ne répèterais pas devant cet assemblée.
Nous ne sommes dans un des ces établissements mal famés qui se développaient sur notre ancienne terre, ou chacun se faisait justice lui-même de manière primaire. Comme nous avons encore eu une preuve à l'instant. (elle s'arrêta et aida Linféa à se lever)  »

Sothor ne répondit rien, ne défiait personne des yeux et ne baissait pas la tête... Il attendait la fin du débat au coeur duquel il était.

21 juin 3319 SA matinée

Sothor ne souhaitant apparemment pas réagir pour le moment, Fëaromen se tourna vers Elendil, attendant son intervention. Lui-même ne se manifesterait que sur l'aspect purement organisationnel.

Elendil hocha la tête, comprenant maintenant les tenants et aboutissants de cette affaire, il reprit en disant : « Je vois, Sothor et moi discuterons après ce conseil. Revenons aux affaires pressantes : définissons les tâches de chacun. »

Se tournant vers Fëaromen, il ajouta: « Faisons de cette réunion le premier conseil du Sceptre en Terre du Milieu, pour nos archives Fëaromen voulez-vous bien ?

Linfëa, vous êtes notre trésorier et en charge de nos effectifs maritimes. Je veux connaitre votre état d'esprit quand à cette tâche. De plus, il vous faudra aussi vous occuper des savoirs de notre peuple ... vous avez du travail pour tous nous convaincre de votre sagesse ...

Sothor, vous en notre général, en charge de nos armées terrestres. Pourriez-vous nous décrire la façon dont vous envisagez de remplir votre tache?

Erika, vous avez toute latitude pour sélectionner ma garde rapprochée. Travailler avec Sothor pour recruter les 10 meilleurs soldats de l'armée pour former cette unité d'élite dont vous aurez l'entière responsabilité et autorité. Mais attention, vérifiez bien la valeur et allégeance de ces soldats, de plus il doivent être volontaires.

Lilith, vous serez notre diplomate et responsable de l'intelligence du royaume. Quelle sera votre approche ma chère fille?

Khelekril, mon cher fils, votre rôle est encore à trouver mais jusqu'alors tachez de vous rendre disponible quand le besoin s'en fait sentir, exactement comme vous l'avez fait jusqu'à présent.

Finalement Fëaromen, mon cher ami, vous avez la lourde tache de conserver nos traditions, décrivez-nous comment vous allez vous y prendre? »

Le roi regardait Sothor, attendant de celui-ci qu'il prenne son tour de parole.

Sobre et visiblement peu intéressé par le reste des débats, Sothor dit tout simplement:

« Et bien il semblerait que nous n'ayons pas de territoires à conquérir ou de d'offensive à mener, mais plutôt sécuriser les terres que nous allons coloniser.

Donc la mise en place de structure défensives me semblent appropriées. Egalement nos hommes et les recrues seront formées à l'utilisation de l'arc et de la lance qui sont de bonnes armes dans cette optique. C'est mon objectif pour les prochains mois. Si toutefois notre royaume s'agrandit, je formerai dans un second temps de quoi chasser les créatures que sont les orcs et gobelins. Et si notre armée est trop importante pour que je la gère entièrement moi-même, je délèguerai en nommant des gradés.

Voila mon plan général pour les années à venir. »

Fëaromen, soucieux de ne pas laisser une situation à demi résolu, demanda des clarifications :
« Et pour ce qui est de la garde rapprochée du roi, dirigée par ce qui au conseil de Numenor se nommait "un protecteur", poste pour lequel Erika semble tout indiquée, qu'en est-il ? Voyez-vous cette garde comme une partie de l'armée sous votre commandement ou indépendante ? Manifestement Erika aura besoin de vous pour répondre à la demande du roi de recruter les meilleurs hommes pour cette fonction. J'aimerai que nous tranchions cela dès à présent. »

Fëaromen marqua une pause et regarda les deux protagonistes :
« Vous avez tous deux de grandes qualités et poursuivez le même but : la sécurité du royaume et du roi. Je ne voudrai pas que votre malentendu nuise à vos relations à l'avenir et viennent entraver le bon fonctionnement du conseil. Allons, dites-moi comment vous souhaitez vous organiser. »

Fëaromen jeta un coup d'œil en direction d'Elendil pour voir sa réaction.

Sans un mouvement de sourcil, Sothor exposa la chose telle qu'il la voyait.

« Tel que je l'ai compris, notre roi a été clair: Erika prend les 10 meilleurs de mes hommes qui passent sous sa juridiction exclusive.

Quand voulez-vous procéder à ces recrutements ? Il faudra le faire en deux fois puisqu'avec les rotations de postes je ne saurais mobiliser la totalité simultanément. » demanda-t-il à Erika.

Tout au long de son discours, il avait parler de façon neutre et professionnelle.