La pluie diluvienne gâte considérablement la visibilité et sature de son fracas l'ambiance sonore.
En face d'H'elix se tiennent un homme et un demi-orc, passablement couverts de sang.
Par sa gauche (par leur droite pour le duo) approchent deux chevaux sans selle, dont un monté par un humanoïde emmitouflé dans une cape forestière.

Pas locaces, les lascars...
En scrutant les environs à la va-vite, H'elix aperçoit un indéfinissable monticule et se crispe. Le sang sur les vêtements des deux voyageurs coule au sol dans une flaque que le Halfelin ne connaît que trop bien. Le sang est frais. Trop frais.

« Tout va bien, messieurs ? Des ennuis ? Ou un petit accès de violence peut-être ? »

Trempé pour trempé, H'elix décide d'allouer moins d'attention à un potentiel refuge et plus à la détection d'une menace imminente. D'ailleurs, l'approche de l'équipage de chevaux pourrait signifier une aide providentielle autant que sceller son destin.

L'apathie à son encontre des deux... brigands, à priori, lui laisse entrevoir un échappatoire et il décide de tenter sa chance avec ce qui ressemble à un voyageur esseulé doté d'un fort pratique cheval en trop.

« Noble sir, que diriez vous de transporter un petit homme de carrure négligeable jusqu'à un abris bien mérité ? Je vous assure que je ne fatiguerai pas votre monture, svelte que je suis ! » tente-t-il de lui faire parvenir sous le fracas des larmes.

A peine à portée de vue, l'arrivant monté demanda à la cantonade :

« Non, rien de rien. On n'y voit goutte, ceci dit, et je viens tout juste de m'extraire des fourrés. La réponse de mes deux nouveaux comparses couvert de sang sera probablement plus pertinente, » prononce H'elix en scrutant péniblement les alentours.

H'elix prit un instant pour considérer la situation.

« Elle est importante cette caravane ? C'est la vôtre ? C'est vous qui l'avez attaqué ? Je ne juge pas, hein. Faut bien vivre, comme qui dit. »

« Si je vous indique où chercher, vous me rapprochez de la ville ? » tenta-t-il enfin avec un demi sourire ruisselant.

Lucan considera les trois inconnus gravement.

« Je ne sais pas ou se trouve cette caravane ni quelle est sa taille. Mais je crains a ma vue de votre allure que je ne trouve jamais a qui rendre son bien. Avez vous quelque chose a confesser a propos de cette caravane ? »

A l'approche des deux nouveaux arrivants et de la pluie battante, le demi-orc au chapeau à larges bords se retourne pour leur adresser ce qui ressemble à un début de sourire forcé.

« Ça ne vous dirait pas de vous mettre à l'abri le temps d'en discuter? On sera bien mieux que sous la flotte non? Allons sous le couvert des arbres d'où vous venez. Parce que oui, j'ai "croisé" un convoi endommagé. »

Et sans forcément attendre de réponse, il se dirige vers le bosquet d'un pas rapide afin d'y trouver l'arbre au feuillage le plus épais et étanche possible.

Elric peut aisément remarquer que le parler de l'orc et le ton de sa voix sont complètement différents de celui avec lequel il conversait jusqu'à maintenant. Il paraît aussi plus pragmatique qu'en quête de vengeance...

« hardi, allons à l'abri ! Je vais me permettre de vous accompagner un brin. Je pourrais peut-être aider si ces chevaux ne retrouvent pas leurs propriétaires, » annonce le halfelin d'un air malicieux avant de se mettre à gambader aux trousses de l'orc.

Lucan suivit le groupe nouvellement formé.

Il lança à l'Halfelin.

« Montez sur celui ci, ça m'évitera d'avoir à le tenir et disons que ce geste est un premier pas diplomatique pour faire en sorte que cette pause sous l'abri des arbres se passe bien. »

H'elix s'arrête net.

« Vous êtes bien aimable. Vous me semblez moins brigand à mesure que le temps passe. Espérons qu'il en soit de même pour les deux autres membres de ce petit attroupement. »

Sur ces mots, H'elix tente d'enfourcher le canasson avec souplesse.

C'est avec plus d’acrobatie que de souplesse que le semi-homme parvient finalement à se hisser sur sa monture

H'elix s'installe de son mieux sur la vaste monture. Ça glisse un peu, avec cette pluie et, petit comme il est, il n'est pas tout à fait sur de s'en sortir dignement en cas d'incartade du cheval.

« Pour tout avouer mon bon monsieur, il m'a semblé apercevoir un étrange monticule, la ou nous nous sommes croisés. Si on y ajoute deux inconnus couverts de sang, on peut imaginer quelques déboires de voyageurs. Vous avais-je précisé que je viens moi aussi tout juste de les rencontrer ? Je m'en voudrais qu'on me confonde avec de vulgaires détrousseurs; si c'en sont, j'entends. »

H'elix gamberge un peu et hésite. Il ressent l'imperieux besoin de se protéger au plus vite des torrents qui le trempent mais rester aux côtés de Lucan en cas d'entourloupe des inconnus ensanglantés lui semble tout aussi primordial. Au diable la pluie! Je jure de ne plus jamais sortir de chez moi par temps humide ! se retient-il de formuler à haute voix.

Tels deux sentinelles sous l'averse torrentielle, Elric et Dorm, flanqués d'un chien blanc, discutaient entre eux lorsqu'un semi-homme arriva d'un côté, et un cavalier à deux chevaux de l'autre. Le rescapé et le prêtre se trouvaient soudainement à la croisée des chemins de toutes ces âmes.

Des questions s'ensuivirent, mais l'attention de l'homme de foi se portait sur son compagnon animal qui s'était soudainement mis à grogner dans la direction d'une silhouette au loin, sur la route.

Qu'est-ce qui peut bien t'agiter autant, brave bête? pensa-t-il. Pourquoi est-ce que ce vieux hère en lambeaux au loin attire son attention plus que les hommes et chevaux qui viennent d'arriver?

Non seulement cette créature canine mystérieuse l'avait guidé hors d'une prison immatérielle, mais son instinct et empathie surnaturelles lui donnait un crédibilité mystique non négligeable aux yeux d'Elric. Lorsque cet animal portait son attention sur quelque chose, mieux valait voir de quoi il en retourne.

Un frisson parcourra la moelle épinière du Porteur d'Aube lorsqu'il rapporta son attention au groupe. Dorm entama le pas vers le bosquet le plus près, puis le groupe suivit pour se mettre à l'abris. Lorsque le prêtre remarqua l'allure des chevaux, ses sourcils se plissèrent pour assombrir son visage dans une expression de sévérité inquiète.

Je crois savoir d'où viennent ses chevaux..., cogita-t-il silencieusement en rejoignant le groupe jusqu'à l'abri. Des explications s'imposent à la première occasion.

L'animal au pelage immaculé s'approcha à contrecoeur du bosquet, en gardant la queue droite et ses yeux fixés sur la silhouette du loqueteux.

« Ne poursuis pas ta pénible progression, papi ! Prends place avec moi puis prend abri parmi les pauvres trempés que nous sommes ! Je suis sûr qu'un de ces aimables compagnons d'humidité t'aidera à monter à cheval derrière moi. La bourriche est solide, on tiendra bien à deux. Ça devrait te faciliter un tant soit peu le chemin, » balance H'elix en direction du voyageur arthritique.

Remarquant son manque de convenances, il ajoute à l'attention de son voisin cavalier: « j'imagine que ça ne pose pas d'inconvénients. Le pauvre est à l'agonie. »

L'homme s'arrête à l'injonction du tout petit cavalier.
Se prenant les reins pour tenter sans grand succès de se redresser,
il lance un regard interrogatif aux arrivants.
Il a l'air de ne pas être certain d'avoir compris ce qu'il a cru entendre ...

Le chien s'approche du loqueteux et se frotte aimablement contre sa jambe en gémissant pour mendier une caresse.
Malheureusement l'homme ne peut se baisser jusqu'au dos de l'animal, il compense en le flattant de quelques claquements de langue.
Manifestement, l'animal comprend et compatit avec quelques gémissements supplémentaires sur un ton différent.