Dorm émergeait lentement de sa trop longue torpeur. Il ouvrit un œil, alors que son esprit parcourait son corps afin d'analyser les dommages subis. Il tourna son visage de gauche et de droite. Il vit Lucyan et il lui semblait qu'une autre silhouette se déplaçait un peu plus loin.

« Il n'y a que nous qui ayons survécu? Qu'est ce qui s'est passé?

Au fait, je m'appelle Dorm. »

Mais la réponse tardait à venir ...
Lucyan, après tant d'efforts s'était-il perdu dans ses pensées ou bien ailleurs ?
La silhouette furetait en périphérie de leurs champs de vision, sans doute Tina cherchait-elle a reconnaitre son sac dans les amas épars semé par le chariot.

Les convoyeurs malheureux semblaient avoir tous désertés les lieux, abandonnant derrière eux l'intégralité de leur cargaison.

Dans l'aube naissante, la route s'offre, déserte, menant vers Ordulin ou retournant à Yhaune, au choix des voyageurs
tandis qu'un sentier serpentant s'attaque au flanc de l’éminence rocheuse qui surplombe l'endroit ...

L'air frais et les montagnes, la rosée de l'herbe qui mouillait ses bottes, la brume matinale qui se dissipait pour laisser place à une contrée nouvelle, et un magnifique chien blanc qui courait dans toutes les directions. Chacune de ces choses étaient une bénédiction pour le clerc.

Il marchait sur la route d'un pas vivant pour essayer de garder le rythme de son enthousiaste compagnon. Ce dernier aboya bruyamment lorsqu'il aperçu une petite taupe, laquelle se sauva dans son trou avant que la bête n'aies le temps de l'approcher avec son gros museau blanc.

La route était bien creusée par les roues de chariots. Elric se pencha pour observer un bout de bois droit et sablé qui semblait être le rayon d'une roue de char. Plus loin, un autre débris, et il en trouva de plus en plus jusqu'à ce que les sourcils de l'homme se froncèrent.

"Un véhicule s'est fait attaquer ici", pensa-t-il en préparant ses armes. "Mieux vaut prendre garde. Des bandits de route pourraient se trouver dans les parages."

Il continua son chemin en gardant l’œil ouvert, puis tomba sur ce qui confirma ses soupçons. La carcasse d'une voiture s'était fracassée contre des arbres après avoir perdu le contrôle. Des cadavres gisaient ça et là, dont nombre d'entre eux semblaient faire parti de la cargaison.

« Tout ceci ne me dit rien qui vaille. Reste près de moi, brave bête », dit-il à son compagnon qui avait les oreilles dressées sur sa tête comme deux voiles. « Il est possible que nous marchions droit dans une embuscade. »

Arme en main, l'homme en armure, flanqué de son chien blanc, s'approchèrent des lieux du sinistre carambolage.

Dorm reprend peu à peu ses esprits et toute sa luciditéDépense de 3 récupérations. Malgré tout, il n'est pas au mieux de sa forme et il a besoin d'un sacré repos pour avoir les ressources nécessaires et repartir d'ici.

Il se lève de près de son double mètre et avance lentement vers les restes du chariot qui l'avait transporté. Il doit toujours avoir la marque incrusté dans la joue d'ailleurs, vu le mal de tête qu'il se paye. Le cuir de son long manteau se tend sous l'effet de ses muscles, et le demi-orc en profite pour essuyer les traces de sang qui le recouvre. Il se dit qu'il ne va pas devoir trainer pour en changer. Dans son dos, son arc ne semble pas avoir été touché et ses flèches sont toujours là. Son chapeau démodé et vieilli orne toujours sa tête, tout comme le reste de son équipement. Ses yeux sont fatigués et avides de sommeil, le rictus qui déforme son faciès est peu engageant. Sa barbiche et ses cheveux noirs ondulent au rythme de sa marche, encadrant son visage tiraillé.

Il regarde les corps au sol et suit les traces du regard. il cherche d'éventuels ennemis qui pourraient encore se trouver dans les parages, mais également s'il y a des corps de demi-orc : il sait que Kerak et Grum ont participé à l'altercation. Il ne les trouve pas et se réjouit intérieurement. Ces deux là ont encore réussi à sauver leurs peaux. Il retrouve son arme dans les débris.Du moins je suppose

Dorm jette des regards aux alentours, pour s'assurer de la quiétude du lieu, puis entreprend de fouiller les restes de l'altercation pour en savoir un peu plus: avait il juste été au mauvais endroit au mauvais moment?

Lorsque Dorm étudie ses entourages, il ne manque pas de voir les silhouettes d'un homme et son chien s'approcher de la scène depuis la route.
L'homme, masse d'armes et bouclier en main, marchait d'un pied lourd mais sûr, suggérant le poids d'une armure pesant sur ses épaules.
Ses longs cheveux blancs et sa barbe fournie se mariaient bien avec l'animal qui l'accompagnait. Ce dernier, un canin au pelage immaculé, s'approchait d'un air hostile avec les crocs visibles et la queue tendue. L'odeur de la mort le rendait nerveux.

Le clerc ne fit aucun effort pour se faire discret, il marchait ouvertement au milieu du chemin. Il préférait faire ses rencontres avec assurance et autorité plutôt que par la furtivité et la lâcheté d'un brigand de route.
L'homme remarqua en un instant qu'une panoplie de cadavres et de débris jonchaient la route, et qu'une large silhouette coiffée d'un grand chapeau se tenait au milieu des funèbres décombres.

Le prêtre s'arrêta fermement à portée de voix de l'énorme et sombre individu qui se trouvait au centre de la sinistre scène. Il examina d'un regard sévère, de gauche à droite, l'étendue morbide qui s'offrait à lui en prêtant une attention particulière à tout autre signe de vie.

Il s'exclama d'un ton autoritaire envers l'inconnu:

« Stop, reste où tu es. »

Il prit un moment pour toiser son interlocuteur de façon plus détaillée.
C'était un colosse à la peau sombre et sale, ses amples muscles tendaient le cuir de ses habits, il semblait être armé jusqu'aux dents et couvert de sang.

« Es-tu le responsable de ce massacre? »

Le chien se tenait, tendu, à côté de l'homme en armure. Il grognait férocement à l'égard du semi-orc.

Voyant l'hostilité du nouvel arrivant, Dorm prend un visage dur et sans équivoque : lui aussi répond de façon pas très accueillante. Avant de répondre, il sort un grand arc de son dos et tient la flèche en main, sans l'encocher. Il fixe son regard sur l'homme, puis le chien, puis l'homme à nouveau. Il ne tourne pas la tête vers Tina et Lucyan pour ne pas trahir la présence des autres survivants alors qu'il s'adresse au nouveau venu. Celui-ci est trop loin pour être efficace avec son arme ou son chien dans l'état actuel.

« Non. Je suis une victime chanceuse. Et toi? »

Le commun des mortels aurait immédiatement sauté à la conclusion que ce monstre, aux apparences dangereuses et aliénantes, mentait pour couvrir les meurtres qu'il venait de commettre. Dans la ville natale du clerc, des gens sont quotidiennement exécutés par simple suspicion d'avoir commis un crime. Elric tente d'imaginer, pendant un bref instant, les rares possibilités dans lesquelles un semi-orc pourrait être acquitté après avoir été trouvé couvert de sang, au milieu d'une pile de cadavre. Puis il rejette cette pensée ridicule: le prêtre avait lui-même apporté des bandits à la justice pour moins que ça.

Mais dans la situation présente, quelque chose le tracasse. Quelque chose qui ne tient pas debout. L'instinct d'Elric le retient de porter un jugement hâtif.

Le colosse semble être à bouts de forces. Le mélange de sang frais et coagulé sur son visage semble être le sien. Ses habits sont lacérés de coups de bâtons et de fouets. Il se tient d'une posture épuisée et chaque geste pour empoigner son arc semblent laborieux. En étudiant son regard éreinté, Elric devine que l'individu prends les armes par obligation plus que par choix. Dans une tentative désespérée de défendre sa vie malgré les épreuves qu'il avait subi, le semi-orc se tient debout en faisant preuve d'une bravoure rarement vue chez les êtres humains.

Autant louable soit la hardiesse de ce géant, Elric ne perds pas ses moyens et prends vite contrôle de la situation:

« Alors je t'invite à ranger cette flèche si tu veux que ta chance ne tourne. Si ce que tu dis est vrai, tu n'as rien à craindre de moi. Mais je m'intéresse à ce qui s'est passé ici. Es-tu le seul survivant? »

Dorm plisse les yeux. Le ton de cet homme ne lui plait clairement pas. il attend quelques longues secondes. Puis il décoche sa flèche pour qu'elle tombe quelques pas devant le chien de l'homme en face de lui. Et il en encoche une autre.

« Pourquoi devrais je ranger mes armes alors que tu me menaces ouvertement et gardes les tiennes? Je te transformerais en cactus avant que tu ne m'atteignes.

Range les tiennes en premier en guise de bonne foi. Et dit au clébard de rester sage. J'ai pas franchement envie de tuer une brave bête.

Je ne suis pas le seul survivant. Il y avait au moins deux autres demi-orcs dont je n'ai pas retrouvé les corps. Si tu ne les as pas vu c'est qu'ils sont quelque part autour de nous.

Sais-tu qui sont ces hommes? »

Sans dépareiller de sa posture défensive, Dorm montre d'un signe de tête le corps de l'un de leurs tortionnaires à Lucyan, Tina et lui pour l'indiquer à Elric.

Ne reculant point devant l'opposition du semi-orc, Elric reste bien planté là où il est.

N'a-t-til simplement pas vu le symbole sur mon bouclier ou suis-je tombé sur un endroit à ce point reculé?

Le prêtre rectifie sa posture pour mettre son bouclier en évidence, du même coup démontrant qu'il ne sera pas impressionné par une flèche. Sur son écu est peint un soleil doré dont des pointes de lance font office de rayons. Depuis la nuit des temps et jusque dans les contrées les plus reculées, ce symbole est reconnu comme celui d'Amaunator, la Divinité Majeure de la lumière, de la justice et de la vie.

Les Temples du Dieu Soleil se trouvent partout sur Toril et les festivals en son honneur sont célèbres dans leur expression de fertilité et d'abondance. La réputation des clercs d'Amaunator parle de justice et de vaillance, mais aussi de bonté et miséricorde. Il est très rare qu'Elric ait à justifier ses intentions puisque le commun des mortels reconnaît le symbole qu'il porte comme un signe d'auguste bienfaisance.

De son autre main, qui tient une masse d'armes, Elric baisse son arme pour la placer autour du chien dans une accolade calme et protectrice. Le chien cesse de grogner mais continue de guetter le colosse alertement.

« Les Dieux sont témoins de ma bonne foi, mais aussi de ma prudence, » dit-il d'un ton solonel.
Montrant son bouclier: « Ce symbole devra te suffire pour l'instant, car mon arme est ma foi et même la mort n'a pu m'en séparer. Comme j'ai dit, tu n'as rien à craindre de moi à moins que tu me donnes une raison de te châtier avec la colère des Dieux, avec ou sans masse d'armes. »

Vers l'homme que Dorm a montré d'un signe de tête, Elric fait un premier pas mesuré en s'assurant que l'orc allait le laisser faire.

« Je ne crois pas avoir rencontré cet homme mais, avec ta coopération, je vais m'en approcher pour mieux l'étudier. Si son âme n'a pas encore quitté son corps, je me ferai un plaisir de lui faire reprendre conscience. Je suis sûr que tu aimerais lui poser quelques questions. Mais nous devons faire vite avant qu'il ne passe... »

Dorm n'aime pas le baratin des hommes, des elfes, des halfelins ou quiconque d'autre d'ailleurs. Mais l'homme qui lui fait face n'a pas l'air d'être son ennemi pour le moins. Au moins, lui communique, contrairement aux...autres.

Il abaisse son arc, tenu par la main au gantelet et range sa flèche sans bouger ses pieds

« Fait ce que t'as à faire avec eux. J'ai rien à leur dire. »

Quelle est la première impression qu'à Elric lorsqu'il s'approche de Moche 2? Semble-t-il, à première vue, mort ou inconscient?

L'homme est au sol, face contre terre, sans mouvement notable.
Ses vêtements en cuir souple et sombre présentent une coupe très ajustée tant au niveau des chausses que du pourpoint.
Ses bras étendus loin devant lui au dessus de sa tête laissent à penser qu'il a du se maintenir à quelque chose qui le tirait vers l'avant et qu'il a du finir par lâcher.