Ignorant l'intervention de l'elfe, le garde collecteur de taxes répondit au barde :
« Si ces elfes ne sont pas vos esclaves, c'est pas bien grave :
On peut fournir des colliers tous neufs pour vous en débarrasser et les offrir au Conseil de la Ville.
Mais les elfes non entravés ne sont pas admis à Ordulin. »

A mesure que le garde parlait, Ven l'observait, ainsi que le moindre de ses gestes et de ses mimiques. L'aversion que beaucoup de sembiens avaient pour les elfes était une chose connue... mais ce point de loi sur leur esclavage le laissait quelque peu perplexe.

Le garde percepteur au sourire narquois ne semblait pas plaisanter. Parader avec des elfes en guise d'animaux de compagnie était donc la nouvelle lubie des nobles et puissants orduliens...

Carahil aurait adoré cette histoire de collier. Il aurait certainement fulminé de rage en invectivant tout ce qui se serait trouvé à sa portée...

Il réprima un sourire à cette pensée et recentra son attention sur le moment présent. Ce pauvre Carahil devait, à l'heure qu'il est, être en train de dessécher au soleil, cul et ventre nus, délesté par des pilleurs de cadavre. Et ces voyageurs dont il ne connaissait ni le visage, ni le nom, semblaient, tout comme lui, vouloir entrer dans la capitale sembienne.

Ven haussa légèrement les épaules en plissant ses lèvres.

« J'imagine que serviteur sans solde et esclave sont plus ou moins synonymes. »

D'un nonchalant mouvement du bras, il désigna l'elfe derrière lui.

« Carahil servait la Compagnie de l'Aigle en tant que servant, chair à carreaux et éclaireur dispensable. D'où ses élucubrations de tout à l'heure sur les traques. En ces temps troubles pour ma compagnie, il devrait, en toute logique, passer sous ma responsabilité... »

Se retournant un bref instant, il fixa l'elfe en question dans les yeux, comme pour lui laisser le temps de se décider.

« Quant à l'autre elfe, j'ai cru comprendre qu'il servait de bras armé pour ces voyageurs. Je ne doute pas qu'il suivra la loi ordulienne comme il se doit. »

« Passez-moi donc un de vos colliers; après avoir échappé de justesse à la mort, tout ce que je souhaite c'est me reposer dans une auberge, que Carahil puisse me couler un bain. »

Assurément, Loradan se trouvait bien en Sembie. Cette province avait depuis longtemps une aversion pour les elfes. Pour tous les elfes. Et cela ne plaisait pas à Loradan. Mais son ordre l'avait envoyé avec une mission et il avait été mis au courant de la situation politique qu'il régnait dans ce coin. Il ne fut donc guère surpris de voir que ces gardes ne faisait en somme que leur ce qu'on leur demandait.

Après tout, il n'y peuvent rien d'être né sous la mauvaise bannière ...

Mais en y repensant, cette histoire d'esclavagisme envers les elfes pouvait être la marque d'une influence drow. Qui d'autres qu'eux pouvait arriver à ce genre de choses ? Les sembiens ... quelle couverture idéale en plus ...

Il jeta un œil vers le rôdeur du groupe et tentait de percevoir sa réaction, il ne le connaissait pas et cela lui était particulièrement difficile. D'autant plus qu'une idée un peu folle commençait à germer dans sa tête. Des paroles résonnèrent dans sa tête, des paroles maintes fois répétées, entendues et qui prenaient à présent tout leur sens à présent qu'il oeuvrait pour Shevarash. Que les serviteurs de Lolth meurent comme ils ont vécus : dans le secret et le silence. N'ai pas peur de la mort, La vengeance guidera tes pas jusqu'au dernier des Drows. Reste en alerte face aux hordes maléfiques.

Il jeta ensuit e un regard sur la troupe et, à ses yeux, il n'y vit qu'une solution : Dorm, le demi-orque, qui devait comme ses comparses de même race, avoir connu l'exclusion partout où il allait. Mais c'était sans compter sur le barde qui venait d'avoir le même genre d'idée.

« Ma vie est d'ores et déjà offerte à la Compagnie. Vous ou un autre m'est égal... »

Il avait tapé de son poing sur son cœur, signe de loyauté aux yeux des gardes, et de remerciement aux yeux de Ven.

« Si c'est pour votre usage, les colliers sont à vendre ... 25 couronnes pièce » répondit le garde goguenard.
S'il ne semble pas dupe de l'astuce des arrivants, il ne manifeste aucune intention de les empêcher d'entrer dans ces conditions,
tant que les voyageurs payent leur dû !

Que son petit subterfuge ait fonctionné ou non, Ven voyait surtout la cupidité briller dans les yeux du garde extorqueur.

Voulant entrer au plus vite, et comme pour continuer sur la pente de son mensonge, il tendit sa main en direction de l'elfe à ses côtés et dit sur un ton inexpressif.
« Carahil. Or. »

Lucan se tourna alors vers le père Euthane.

« Si vous souhaitez que je continue à vous servir en ville, il faudra bien nous y résoudre. »

(Lucan, tu es d'accord pour le RP que j'avais suggéré plus haut pour la bougie?)
Sans amusement et d'une voix bien plus dure que celle que ses compagnons lui connaissent:
"Garde! Un collier!"
Père Euthane tendit 25 pièce d'or (c'est bien ça les couronnes?)

Une fois le collier reçu, il l'enfile à Lucan.
"Il est bien solidement attaché!"

Aux Gardes:
"Comme vous l'avez remarqué nous sommes voyageurs. Y a-t-il un codex de loi que nous pourrions consulter? Je ne désire pas enfreindre aux lois de cette ville."

Le garde prend les pièces, les compte et les vérifie.
Puis, une fois satisfait, il les empoche et fait signe à son collègue qui extrait un collier

Pièce jointe :

Collier.png

de sa besace et le tend au paladin.
« Vous avez une laisse ou vous en achetez une ? »

. . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . .

Surpris par la question, le garde chargé de la collecte des taxes confirme au paladin :
« Oui, il y a bien un « codex des lois ».
Vous pouvez demander à le consulter au Greffe du Conseil, aux heures d'ouverture.
Sinon vous pouvez aussi louer un « guide de civilité », qui vous accompagne et vous indique les choses qu'il vaut mieux éviter ou qui vous exposent à des amendes. C'est plus pratique. »

D'un ton énervé:
"La loi demande une laisse ou suis-je, moi humain, réputé capable de contrôler mon elfe?"

"J'irai aux greffes du conseil!"

Sans hésiter, Loradan pris les 25 couronnes de sa bourse de ceinture. C'était cher payé pour une telle humiliation mais l'argent n'était ni un soucis, ni d'une grande importance à ses yeux. Il avait appris au sein de son ordre à vivre de façon austère, afin de ne jamais subir les aléas des missions qui se passaient mal.

Il donna l'argent à Ven et fit un signe de la main pour indiquer s'il fallait prendre une laisse, ou continuer à payer d'autres couronnes pour d'autres raisons plus ou moins valables.

« Maître ? »

Sans hausser le ton, mais fermement, le garde rétorque :
« Les elfes ne sont pas admis en ville,
sauf s'ils sont tenus en laisse et correctement équipés de leurs colliers d'esclaves.
C'est la loi. »


Benoitement, son collègue ajoute
« Pour la laisse, c'est 5 couronnes.
Pour le guide, c'est 1 couronne par jour. »

D'un air agacé et impatient, Euthane tend 5 couronnes supplémentaires +1 pour un guide.

"Nous n'en aurons besoin qu'un jour. Nous l'attendrons à l'intérieur."

Une fois la laisse reçue, il l'attache au collier.

A Lucan d'un ton énervé:
"En avant toi! Nous avons perdu assez de temps comme ça!"

Le garde collecteur collecte, vérifie, approuve.

Le second garde fournit la laisse, assortie au collier.
Puis, il émet un long sifflement modulé qui doit être un signal quelconque.

Une fois que Ven et Loradan se furent arrangés pour payer la seconde laisse, les gardes s'écartent pour laisser passer le groupe.

Ils gratifient les voyageurs passant le porche fortifié d'un « Bienvenue à Ordulin, Messieurs » qui semble leur faire bien plus plaisir à eux qu'à leurs interlocuteurs.

Père Euthane avance à l'intérieur de la ville en tirant son prétendu serviteur derrière lui.
Il s'arrête à l'abri des oreilles des gardes pour attendre leur guide.

A Lucan:
"Désolé, Sir Lucan."

A la troupe:
"J'ai pris un guide pour nous amener jusqu'aux greffes du conseil, afin qu'on ne puisse pas nous mettre je ne sais quel délit sur le dos en chemin. Je peux bien imaginer que nous ne sommes pas tous intéressés par les lois avilissantes d'Ordulin, aussi j'essayerai de me hâter.

D'ailleurs, j'y pensais. Par souci de discrétion, j'aimerais que, tant que nous sommes à Ordulin, vous m'appeliez "Ethane".
C'est d'ailleurs sous ce nom que je m'adresse à vous, Sir Ven. Si j'ai bien retenu votre nom."

Au Guide:

"Ainsi le petit peuple peut marcher librement, ici, à Ordulin?! Très bien! Ne nous perdons pas en civilité. J'aimerais être amener aux greffes du conseil au plus vite pour consulter le codex de lois. Sont-elles ouvertes?"

Saluant d'une courbette fort civile, le guide répondit :
« Le petit peuple est le seul ici à pouvoir circuler en toute liberté.
Et la hiérarchie des pouvoirs est bien complexe, même pour les plus experts en entrelacs d'entre nous.
Le Greffe du Conseil n'est ouvert au public que le samedi de 14 à 15h.
Outre le fait que les demandes autrement plus importantes qu'une simple consultation du codex seront prioritaires à la votre,
il y a généralement une attente considérable et les plus courageux commencent à s'aligner dès l'aube devant la porte.
Nous sommes « mardi » messires. Je vous invite à vous satisfaire de mes services pour le temps de votre séjour. »

Le chaos organisé et ritualisé... L'ordre commence le samedi à 14h et s'arrête à 15h. En dehors de ça, il est réservé à l'élite.
Le Maître avait raison. Ses terres sont bien loin de la Justice.
Que Kelemvor me protège!

S'adressant à Broron:
"Tiens, que pensez-vous de tout ça?"