A voix basse, à l'elfe:
"Avant de commencer, savez-vous nous dire si l'intrus nous suit toujours?
Je pense qu'il n'a ni sa place dans vos forêts, ni au lieu funéraire de l'âme qu'il a tenté de souiller."

« Il attache ses pas aux vôtres ...
Quelles que soient ses intentions, il semble intéressé par les vôtres ... » murmure l'elfe en retour

Une fois arrivé à la clairière, Lucan annonça.

« Il va nous falloir trouver du bois et surveiller les environs. Un feu ne tardera pas à attirer l'attention. »

« Ce ne sera pas nécessaire ...
Concentrez-vous sur ce que vous avez à faire. » répond l'elfe d'un ton presque paternaliste

Sifflotant entre ses dents une étrange mélopée, il s'adresse aux buissons des environs d'où sortent une vingtaine d'elfes portant buches et brindilles de bois mort

« Vous ne pensiez quand même pas que j'allais vous laisser couper du bois ici ... »

Avec beaucoup de reconnaissance dans la voix: "Je pensais ramasser du bois mort, mais je vous remercie, vous et vos amis."

Leurs fagots déposés, les elfes se reculent vers les buissons, formant un cercle d'honneur autour du groupe.

Avec douceur, Père Euthane retire les fontes de Piété.
Ensuite la selle.

Tenant son Noble Destrier par la bride, il dirige Piété, boitante, jusqu'à l'amas de buches et de brindilles et l'arrête juste à côté.
Avec tendresse, comme une mère qui coucherait un enfant, il amène Piété à s'allonger sur le côté, sur le bois.
C'est certe une position très peu confortable pour un cheval, mais, malgré la douceur avec laquelle ils étaient donnés, Piété suivit les ordres de Père Euthane avec obéissance.

"Peut-être comprend-t-elle la situation" se dit Père Euthane.

Père Euthane s'allonge, alors, à côté de Piété et la regarde dans les yeux pendant quelques secondes.
De sa main, il caresse le visage du cheval tout en lui chantant l'oraison funèbre qu'il avait déjà entonné peu avant.
Il finit par prendre la tête du cheval dans les bras et une larme lui coula sur la joue. Larme qu'il tentait pourtant de retenir.

Père Euthane s'interrogeait:
"Pourquoi suis-je aussi touché? Ca ne me ressemble guère... du moins, quand mon oncle Heran est mort je n'ai pas ressenti la même peine... pourtant je l'aimais. Est-ce ainsi quand on a risqué sa vie autant de fois à côté d'un compagnon d'arme? Est-ce là la véritable peine? Celle de perdre un frère... ou une sœur? "

Après une étreinte qui semble sans doute trop longue pour les observateurs, mais trop courte pour Euthane, ce dernier se relève, laissant sa main sur le cou de l'animal pour lui faire comprendre que lui doit rester coucher.
Il bloque ensuite la bride de Piété en dessous d'une grosse buche pour évier qu'elle ne bouge.

En étant debout à côté de Piété, Père Euthane dégaina son épée.
Cette épée était considérée par l'Eglise de Kelemvor comme une lame de Justice.
"La Justice de ramener ceux qui se sont soustrait au Jugement du Grand Thanatocrate vers ce dernier.
Et, ici, la Justice d'envoyer un de ses représentants le rejoindre avant que son âme ne soit à jamais souillée." se disait-il.

Debout à côté de Piété, Père Euthane leva l'épée de Justice vers le ciel.

"Nombreux étaient ceux qui enviaient la tâche des Juges.
Pouvoir décider d'autorité ce qui arrivera aux autres, c'était un pouvoir que de nombreux hommes auraient aimé avoir.
Ce pouvoir était parfois jalousé et envié. Il était parfois décrié et détesté.
Le commun des mortels se disait qu'à chaque fois tout le poids des décisions était porté par celui qui était jugé. S'il savait comme il avait tord. S'il savait comme il était parfois difficile de rendre la Justice, celle avec un "J" majuscule, dans notre monde.
Les adeptes des Dieux Malfaisants avaient raison sur un point. Leur pouvoir, pourtant puissant, était facile.
Mais c'était ici dans toute la dureté du Pouvoir de Juge qu'Euthane, et Kelemvor à travers lui, rendrait la Justice."

Euthane abattit l'épée de Justice sur le cou de Piété avec toute la force qu'il avait afin d'offrir la mort la moins douloureuse possible.
Le cou fut tranché, net, mettant ainsi fin à la souffrance de Piété et envoyant son âme vers le Dieu de Justice.

"Piété... Repose en paix"

(J'ai tout joué descriptivement. Veux-tu que je lance des dés, Souricette? )

Les elfes s'étaient tenus silencieux et immobiles tout le temps des préparatifs d'Euthane.
A peine la tête de Piété fut-elle tranchée qu'ils entonnèrent en cœur un sourd chant funèbre qui s'éleva dans la nuit.

Couvert par le chant funèbres elfiques, Père Euthane retire le mors de la bouche de Piété et soulève la buche afin de récupérer sa bride.
Il mit le matériel dans son sac à dos.

Reconnaissant pour l'ode des elfes, Père Euthane laisse le chant continuer.
Il regarde ensuite le premier elfe qu'ils rencontrèrent pour voir si celui-ci l'incitait à poursuivre son rituel, ne sachant pas si ce chant avait pour but d'accompagner la parole ou d'être l'intermédiaire entre deux phases du rituel mortuaire.

Manifestement l'elfe laisse Euthane mener le rituel à sa guise et le clore au moment et de la façon qu'il le souhaite.

Sur le son du chant des elfes, il proclame les paroles rituelles.
Celles qui introduisent le mort dans le Royaume de Kelemvor.

Il fait des recommandations à l'âme quant à la route à prendre et quant aux dangers présents sur le chemin.
Il prodigue des conseils à l'âme sur sa présentation face au Grand Juge. Sur la modestie à avoir sans se sentir insuffisant. Sur la fierté à avoir sans tomber dans la vantardise.

Au moment où des proches peuvent prendre parole pour rappeler les souvenirs du défunt, il se tait quelques secondes puis prend la parole:

"Piété,

C'est à ta naissance que nos chemin se sont rencontrés. Je venais d'être accepté au sein de l'église du Grand Thanatocrate depuis seulement 6 mois quand tu es venue au monde.
Auprès des nôtres, c'est très tôt que l'on choisi et que l'on entraine son futur compagnon de route.Et celui qui allait m'accompagner si longtemps, c'était toi.

En toute jeune jument, je commençais à te former. Ce ne fut pas chose aisée car je n'avais pas encore, à ce moment-là, beaucoup d'expérience dans la monte et encore moins d'expérience avec toi.
Tu ne fus pas le cheval le plus dur à dresser, mais pas le plus facile, non plus.
Je repense encore, le sourire au lèvre, à la fois où tu m'avais envoyé par dessus ton dos me faisant atterrir dans la boue juste face au Père Supérieur que j'essayais d'impressionner.
Je t'en ai voulu ce jour là, mais tu t'es bien rattrapé depuis.

Quand on eut appris à se connaître, notre duo fut efficace.
Tu fendais, de ta course, le vent du champs de bataille alors que je fendais, de ma lame, les ennemis de notre Seigneur.
Dans une bataille, alors que j'avais été jeté au sol par un ennemi, ta crinière fut la corde qui me permit me relever, ton flanc fut le mur sur lequel je pus m'adosser et ta présence fut la force qui m'aida à aller jusqu'au bout du combat, malgré mes blessures... malgré nos blessures.

Tu as toujours su te relever de tes blessures jusqu'à la dernière, celle qui menaça ton âme.
J'ai moi-même du mettre fin à ta vie... et ma crainte la plus grande est que tu te sois sentie trahie...
Ta présence en ce monde m'était précieuse et elle me manquera plus que tout.
Néanmoins, je n'ai pas peur car tel est le Grand Equilibre.
Je sais que tu seras accueilli avec l'honneur qui t'es dû auprès de celui pour lequel tu t'es battu. Je sais aussi qu'un jour mon moment viendra et que je t'y rejoindrai. J'espère que tu ne m'en voudras pas trop.

Piété, Tu continueras à resplendir dans le monde des morts comme tu as su le faire dans celui des vivants.
O Kelemvor! Juge des Morts, Dieu du Destin, je dirige l'âme de Piété vers toi.
Reconnais une de tes plus fidèles servantes et accueille la auprès de toi comme celle qui s'est sacrifiée pour tes Valeurs et pour ta Gloire.

Il est une vérité qu'apprennent souvent à connaître des partenaires de malheurs. C'est dans les moments les plus durs, sur les champs de batailles les plus mortels, que naissent les liens les plus forts.
Nous ne partageons pas le même sang, mais c'est sans aucun doute sur la vérité de mes sentiments que je peux dire que tu étais comme une sœur pour moi.

Ainsi laisse mes paroles t'accompagner: "Repose en paix, ma sœur." "

Pour finir, Père Euthane ferme le rituel en rappelant à tous de se battre pour la vie sans pour autant rejeter la mort et, d'au contraire, pouvoir l'accueillir quand le moment sera venu.

Alors qu'il prononce ces propos, peut-être inconsciemment, il regarde les deux membres de son groupe en s'arrêtant plus qu'il ne le voudrait sur H'elix.

Père Euthane demande que du feu lui soit amené et, après un coup de main de ceux qui lui propose leur aide pour hisser au mieux Piété sur le sommet du tas de bois, il allume le brasier.

C'est une fois que le brasier a bien consumé le corps que le rite s'arrête.


Père Euthane se dirige vers les elfes et les remercie un par un, après avoir appris comment dire "merci" en elfe.

Il rejoint son groupe qu'il remercie aussi.

"Merci à vous deux de m'avoir laissé le temps. Je vous suis reconnaissant."

Se tournant vers l'elfe:
"Messire... Je ne connais même pas votre nom...
Encore merci à vous et aux vôtres. Je vous suis reconnaissant et si je peux faire quelque chose pour vous, je le ferai avec plaisir."

Aux deux autres :
" Il en va, bien évidemment, de même pour vous, Seigneur Lucan, Seigneur H'elix. "

"Très bien, Messire.
Y a-t-il un portion de bois où nous pourrions résider sans occuper vos bois?
Manifestement, nous ne sommes plus les bienvenus en ville... "

(Souricette, dans tout ce rituel, on a eu 5 minutes pour un "repos court"?)

« Nous vous avons laissé le temps de conduire votre monture pour son repos éternel. » dit l'elfe
« Mais vous n'êtes pas les bienvenus en nos bois pour autant.
Et vous avez toujours après vous cet indésirable qui vous suit... » il adoucit ses derniers mots en poursuivant :
« Nous ne vous porterons pas atteinte ... tant que vous vous dirigerez vers la sortie ...
Le plus court chemin est facile à trouver : c'est par là que vous êtes arrivés... »

Père Euthane se rendait bien compte de la menace qui planait au dessus de leur tête, mais telle est la décision des elfes et il devait la respectée.
Grâce à eux, il a pu réaliser quelque chose qu'il ne croyait pas possible : Offrir une cérémonie funéraire décente à Piété en plein milieu des bois et en moins d'une heure.
Rien que ça représentait beaucoup pour lui.

Il prit la parole:
"Je vous remercie au nom de notre équipe pour la Bonté dont vous avez fait preuve.
Il est vrai que nous vous avons déjà demandé beaucoup de chose et je peux comprendre les raisons qui vous poussent à éviter les ennuis que nous emmenons avec nous."

Se permettant une pointe d'humour:
"Je vous souhaiterais bien "au revoir", mais je ne pense pas que c'est ce que vous voudriez."


Plus sérieux:
"Qu'il en soit ainsi! Que le fil de votre Destin vous mène vers la Paix!"