Tour 16

En cette belle matinée,
un splendide voilier cingle les côtes de votre domaine.

Vos habitants ont-ils jamais vu un navire aussi beau, aussi effilé, à la figure de proue aussi expressive ?
Probablement pas !

Et ces gens qui se pressent pour profiter du spectacle voient le navire mettre une chaloupe à la mer, pour venir accoster ...

Dans un verger, au bord de la mer

« Eh, est-ce que tu vois quelque chose en mer, là-bas ? »
« Où ça ? »
« Là. Au bout de mon doigt. Tu vois quelque chose dans cette direction ? »
« On dirait une baleine, non ? »
« Je sais pas. J'ai pas l'impression. »
« Bah, on verra bien. »

Dans le même verger, un peu plus tard

« Ça, c'est pas une baleine. »
« C'est une maison, non ? Tu crois qu'il y a des gens dedans ? »
« Sûrement. Il faut bien quelqu'un pour tisser ces immenses couvertures. Tu vas prévenir le maire ? »
« J'y vais. Tu restes ici ? »
« Ne t'inquiètes pas. Je veux juste en savoir un peu plus sur ces gens-là. Et puis, rien ne dit qu'ils viennent pour nous. »

Plus tard encore, au milieu du village de Rivedor


« Maire, maire ! Ça fait une heure que je vous cherche. On m'a dit que vous étiez à la ferme des Mulgans, puis au champ des Grugols, et puis ceux-là m'ont envoyé à .. »
« Viens-en au fait Dutan. »
« Oui maire. Tout de suite monsieur le maire. Alors voilà, j'étais dans le verger côtier, avec Lennue, quand on a vu une baleine à l'horizon. Seulement elle s'est approchée et ce n'est pas une baleine. C'est une maison flottante. »
« Une maison flottante, dis-tu ? »
« C'est ça, une maison flottante. Avec de grandes couvertures gonflées par le vent. On n'est pas sûrs qu'ils vont venir s'abreuver sur nos côtes, mais dans le doute on s'est dit qu'il fallait mieux venir vous chercher. Lennue est restée là-bas pour les observer. »
« Je vois ...
Écoute, Dutan ... toi et ta soeur, vous n'avez encore jamais vu la Pierre de Sagesse, je me trompe ? Nous allons rencontrer ces étrangers, si jamais ils s'arrêtent sur nos plages. Ca te fera une histoire à raconter à Ulmur quand tu le verras.
Allez, rameute le village, on va voir ce qui descend du navire. »

Sur la plage, un peu avant que le navire ne touche terre

« Tout le monde est là ? Bien. »
« Euh, en fait Mulgan l'Ancien n'a pas pu venir, il s'est tordu la cheville l'autre jour et est resté à la maison. »
« Tu apprendras, Dutan, que lorsque je dis "bien", il est trop tard pour discuter. Compris ?
Bien. Alors souvenez-vous les enfants, je veux de l'ordre, de la discipline, de la grandeur. Nous devons montrer à ces étrangers notre meilleur jour. Nous ne sommes pas des sauvages que diable. Montrons-leur que nous sommes un peuple fier. En avant ! »

Mais à peine les étrangers commençaient-ils à descendre du navire que la troupe bien rangée se morcela et c'était à qui examinait le plus attentivement et avec les commentaires les plus intéressants ces créatures bipèdes comme seuls les contes connaissaient l'existence. Et au milieu de cela, un vieux centaure tentait de remettre de l'ordre.

La Chaloupe aborde prudemment la rive, le capitaine Satrap debout, une botte posée sur la proue, la main gauche au côté, fière figure ....
Il bondit à terre dès qu'il lui est possible de le faire sans trop mouiller ses belles bottes cirées.

« Bonjour Bonjour !
Salutation à vous tous ...
nous sommes de simples voyageurs ...
Venus envisager de commercer avec vous ...
que pensez-vous de l'idée ? »

« Il a dit quoi ? »
« C'est quoi ça ? »
« Vous croyez qu'il est malade ? »
« Ça expliquerait sa voix. »
« Ils sont vraiment petits. Les histoires le disaient, mais les voir en vrai, c'est quand même pas pareil. »
« Du coup il a dit quoi ? »
« Je crois qu'il a juste toussé. »
« Tu penses ? »

Les centaures s'excitent aux paroles de l'étranger. Pas de peur, pas d'inquiétude. Ce n'est que de l'excitation et un émerveillement presque enfantin. Les contes d'Ulmur et des ancêtres s'avèrent réels. Mais les étrangers parlent étrangement. Pas de sons de gorges, pas de grognements, ni de souffles. Personne ne les comprend. Personne ? Pas tout à fait.

Deux personnes les comprennent. Le maire du village saisit quelques brides de mots.
« Je crois qu'ils veulent commercer. Allez ! Retournez au village et ramenez de quoi accueillir nos invités. Des victuailles, je parie qu'ils en ont besoin. »
Et un centaure des plaines, retournant dans son troupeau après être venu quelques jours rendre visite à un cousin.
« Ils ont un fort accent, mais je pense pouvoir réussir à parler avec eux. Avec votre permission. »
« Essaye, au pire on parlera fort et on agitera les bras. »

Ce centaure, comme bien d'autres dans le peuple Ulmurate, ne ressemble que vaguement à un humain. Son visage est plus fin, plus chevalin. Mais c'est un porteur de parole, il connait les récits.
Avec quelques hésitations, il s'exprime, dans la langue autrefois connue de tous :

« Vous parlez une langue oubliée depuis longtemps. Nous sommes les Ulmurates, et nous vous souhaitons la bienvenue chez nous. Vous parlez de commerce ? »

Heureux de voir la tournure des évènements, le jeune homme s'approche de l'être mi-homme mi-autre chose,
avec un vaste sourire, en tendant la main ouverte droit devant lui
et en veillant à ne pas détailler l'individu en dessous de la taille (ce serait inconvenant et malpoli).
« Bonjour Messire,
Je suis le Capitaine Cossimo Satrap
et je viens en émissaire du Conseil des Marchands de Terrilville
pour envisager avec vous des contrats commerciaux. »

L'homme-cheval est ... perplexe. Il saisit la main et ce n'est pas ce qui le dérange. Ce sont les mots parlés qui le dérangent.

« Un .. contrat ? Je ne connais pas ce mot, je suis désolé. Peut-être qu'Ulmur saurait. Mais encore, peut-être non.
Les villageois sont partis chercher de quoi fêter votre venue. Ils pourront sûrement vous aider à remplir vos cales de victuailles. »

« J'adore les fêtes ! » S’enthousiasme le jeune capitaine. « Nous pourrons discuter de contrat et d'autres choses. Qui décide des choses collectives, chez vous ? Il serait utile que je puisse rencontrer cette personne. »

« A l'échelle du village, ce doit être le maire. A l'échelle de la nation, peut-être s'agit-il d'Ulmur.
Il vit dans la forêt, au nord. Je ne doute pas que des enthousiastes souhaiteront vous guider.
Mais demain. Il faut un temps pour chaque chose. »

On s'installa dans un champ qui n'était pas cultivé cette année et on fêta dignement l'arrivée des étrangers aux étranges tenues. Un grand feu de joie flamba jusqu'à tard dans la nuit, et ceux qui se blessèrent purent être facilement soignés. A la fin de la soirée, plusieurs centaures des villages voisins étaient venus. Il fallait pouvoir dire plus tard, j'y étais. Et même Mulgan le Vieux y était.

La nuit passée, chacun rentra chez lui, qui à son atelier qui à son champ.
Et le porteur de parole et deux jeunes du village partirent avec trois étrangers sur leur croupe, les menant à la rencontre d'Ulmur. Il leur faudrait plusieurs jours pour atteindre leur but.

« Parlez-moi de vous, de votre peuple. De vos bateaux. Où les avez vous trouvé ? »

Le Jeune capitaine n'est pas en reste pour faire la fête et le cœur des marins en fin de soirée permit aux autochtones de découvrir la beauté des voix humaines et des mélodies joyeuses ou mélancoliques.

2 marins accompagnèrent le capitaine vers cet Ulmur qui devait parler pour son peuple.
Chemin faisant, le Capitaine accepta de raconter l'histoire des marchands. « A l'aube des temps, mon peuple s'est échoué sur le rivage avec un grand bateau, dont nous avons soigneusement dessiné et conservé les plans pour pouvoir un jour reprendre la mer. Le bateau d'origine a été trop abimé dans la tempête, il n'a pas pu être conservé. Il a fallu beaucoup de temps à mon peuple pour parvenir à en reconstruire à nouveau. Ces archives sont parmi les plus précieuses de notre civilisation. »

« Je .. comprends. Pardonnez-moi, mais je dois vous dire que vous avez vraiment un accent atroce. Ulmur, il connait la langue des anciens. Il était là lorsque les grands veillaient sur les peuples. Il est le premier d'entre nous.
Et aussi vieux que vous pouvez l'imaginer, hinhinhinhin. »


Après plusieurs jours de route, quittant le bocage pour la forêt sauvage, le petit groupe atteint la clairière de la Pierre. Ici comme ailleurs, un village de centaure. Mais celui-ci parait ancien, patiné par le temps. Il y a davantage de maisons que d'habitants visibles. Il y a peu de pèlerins ce jour-là. Peu de chasseurs. Les grandes cérémonies sont finies et les porteurs de la parole sont presque tous rentrés dans leurs villages.

Celui qui guide les deux jeunes et les trois humains depuis plusieurs jours se prénomme Murmut. Sa mémoire est grande et son envie de connaissance ne connait pas de limite. Après une conversation rapide avec un autochtone, il dirige son groupe vers une mare un peu à l'écart du village. Là-bas, ils découvrent un centaure à la longue barbe observe l'eau qui s'écoule. Un crâne de cerf sur la tête, il ne prête pas attention au groupe. Il faut que Murmut attire son attention pour qu'Ulmur se retourne et se lève.
Il est grand et musclé, malgré son âge son corps est conservé à la perfection.
Pour ce qui est de son esprit, mystère. Mais mystère ne dure guère.

« Maître, voici des explorateurs venus sur le dos d'un navire, comme dans les histoires anciennes. Ils souhaitent échanger des provisions avec notre peuple. »
« Des humains ? Ceux-là vivent encore ? Quelle belle nouvelle. »

Le vieillard s'exprime avec fluidité dans la langue ancienne, contrairement au porteur de parole. L'un est un étudiant du passé, le premier a vécu cette époque.
Ulmur se rapproche des humains et écarte grand les bras.
« Je suis, mon cher ami, très heureux de vous rencontrer. Parlez-moi de votre peuple. Comment vos ancêtres ont-ils survécus à la Chute ? Que cherchez-vous exactement ? »

« Nos ancêtres ont traversé la Fin des Temps sur un Navire, Messire. » dit le jeune homme en tendant la main bien à plat pour la serrer en salutation.
« Je suis le Capitaine Cossimo Satrap, représentant du Conseil des Marchands de Terrilville, venu visiter les contrées pour trouver des peuples survivants et envisager de commercer avec eux. » affichant un large sourire il ajoute « et je suis ravi de vous rencontrer ! »

Ulmur hésita quand le capitaine Cossimo tendit sa main, mais il la prit et la serra.
« Ils sont plus timorés que dans mes souvenirs. Mais après ce qu'ils ont vécu, c'est peu étonnant », commenta le grand centaure à l'intention de ses compatriotes.
« Si vous venez en quête de richesses matérielles, alors vous serez déçus. Ces choses-là n'ont pour nous qu'un intérêt passager. Mais si vous êtes venus en quête de connaissances, vous avez trouvé le bon endroit. Notre peuple a de la mémoire, notre peuple engrange le savoir. Et je suis la mémoire de notre peuple.
Contez-moi votre parole, je vous conterais la notre. Un ... échange .. de savoir. »

« Ce qui est « richesse » pour les uns peut s'avérer « sans valeur » pour les autres, et réciproquement. Et nous cherchons tout commerce possible. Un échange de savoirs me semble la base d'un accord tout à fait profitable pour les deux parties, et ce sont les meilleurs accords possibles. Les accords où chacun y trouve avantage. » affirme le jeune capitaine récitant la leçon serinée par le Conseil des Marchands.

Et accord il y eut. Des années passèrent et des échanges eurent lieu. Des chèvres et leurs produits étaient transportés des terres Ulmurates vers ... l'endroit d'où venaient les humains. Eux revenaient avec des moutons et énormément de laine, car bien qu'ils appréciaient de petits cadeaux, c'était de laine que les centaures avaient besoin. Les nuits étaient fraîches sous la lune.

Des humains vinrent et étudièrent l'anatomie, la science de la médecine basée sur le corps. Bien sûr, les centaures étaient bien différents des humains, mais toutes les créatures étaient les mêmes, à l'intérieur. Et les centaures connaissaient la chasse. Ils connaissaient la médecine. Et le savoir ne se perdait pas.

En échange, un humain était venu et essayait, à grand peine, d'apprendre aux centaures les secrets de la fabrication du verre. Il faudrait encore des années pour qu'ils n'en fassent quelque chose d'utile, mais leurs débuts étaient prometteurs.

Terrilville a délégué en Terres des Centaures une dizaine d'artisans : 3 verriers, 2 tanneurs, 1 Scribe-Calligraphe accompagné de son apprenti ainsi qu'une boulangère Avec eux, deux chercheurs plus théoriques sont venus compléter la délégation.
Ces gens se sont installés là où il le leur a été indiqué.
Le savoir ne se perdrait pas. Ils étaient là autant pour apprendre que pour enseigner.
Mais les centaures peuvent constater que chacun veille à consigner énormément de choses et à en noter le plus possible.

Les choses ne s’arrêtèrent pas là. Les humains exprimèrent un intérêt dans la magie des centaures. Ces demandes rencontrèrent des réticences. La magie était chose capricieuse, puissante et dangereuse. La magie avait été la fin des anciens, après avoir été leur vie. Était-ce sage d'enseigner aux deux-pattes une chose aux risques immenses ?
Autrement dit, les centaures devaient-ils demeurer les seuls à manipuler les flots de mana ?
Et à cette question, la réponse était non.

Aussi Ulmur, après bien des débats, accepta de prendre des étudiants. Peu de centaures maitrisaient suffisamment la langue ancienne et la magie pour pouvoir servir de professeurs, et beaucoup de ceux-là avaient leurs obligations. Mais on entreprit d'apprendre aux humains ce que l'on pourrait. Il leur faudra sans doute longtemps pour maitriser la magie, mais si on les guidait pour éviter les accidents ... sans doute cela était mieux que les laisser expérimenter sans cadre.

Sur une autre note, les premières maisons aux fenêtres vitrées virent le jour à la fin de cet âge.

moutons + élevage = ressource Mouton + produits dérivés dont on à la tech, acquises, et multipliables
+
chèvres + élevage = ressource Chèvres + produits dérivés dont on à la tech, acquises, et multipliables

donc + 1 ressource pour chacun de nous deux.

ok ....
pour le comptoir commercial ... maintenant que les règles sont validées ...
quels produits désires-tu mettre en vente ?
quels sont ceux que tu souhaites acheter ?