mardi 25 novembre 2070 ,
1er campement, quelque part dans le Grand Nord, 06:25


Dans la nuit polaire, les hurlements des loups se répercutent dans la vallée.
Le vent ne parvient pas à se faire entendre dans un tel vacarme.

C'est donc dans un silence mal quantifiable que l'appareil se dirige vers son terrain d’atterrissage :
le confluent des 2 rivières gelées,
l'emplacement du campement des runners.


Pendant que l'appareil se pose sur les restes du campement,
Hearthbreker part seul avec un traineau, un attelage, et quelques ballots soigneusement choisis.

A peine l'appareil était en vue que le sergent lança ses chiens. Pleine vitesse en direction du fleuve, il déployait toute son expertise afin de surprendre par cette manœuvre les prédateurs. Attirant par la même occasion les plus stupides d'entre eux...

Là... Va falloir la jouer fine mon p'tit....

Estimant avoir mit suffisamment de distance entre le camp et son traîneau, le sergent enleva la sûreté de son fusil avant de tirer un coup en l'air.

« V'nez, sales cabots.... On va jouer à chat.... »

De violentes rafales de vent se déchainent ... Si les loups ne sont bien vite plus audibles, la conduite est rendue bien plus difficile !
Le traineau chasse de façon erratique et devient vite incontrôlable ...

refaire un jet de pilotage

La violence du vent fit sourire le militaire, la proximité avec la mort le poussait au mieux. Jouant habillement avec les rênes, il essayait de filer sur la neige comme une ombre. Plusieurs fois, des bourrasque faillirent le renverser, et seul un réflexe salvateur avait tiré le sergent de ce mauvais pas. Pourtant il n'en démordait pas, haranguant ses bêtes, il maintenait la vitesse. Laissant les chiens à leur plein potentiel.

Allez mes beaux... Montrez à ces putain de loup ce qu'est un chien de traîneau militaire...

Hearthbreaker savait malgré tout qu'a cette vitesse il ne pourrait pas se servir de son fusil, rangé dans un étuis de fourrure le long de l'arceau du traîneau, et qu'en cas de mauvaise rencontre il devrait se fier à son Manhunter pour dissuader rapidement....
Plus le temps passait, et plus le militaire mettait de la distance entre lui et le campement. Espérant que les bêtes avaient perçus sa fuite, son esprit tournait à plein régime. Soit les bêtes n'avaient pu se décider quelle proie choisir (et dans ce cas le groupe gagnait sur les deux tableaux), soit ils ne s'étaient pas laissés avoir, et l'un des deux partis allait avoir une mauvaise surprise. Chassant cette idée d'un revers de la tête, le soldat se focalisa sur son objectif.

Les heures passaient, et une pause s'imposait. Les chiens jappaient de joie et de faim, savourant ce court arrêt autant que leur maître... Après les avoirs nourris avec les poissons récupéré au camp, le soldat s'accorda un instant sur le traîneau. Il sortit de son gilet une étrange enveloppe, avant d'en épier le contenu...

Hin... Désolé Marvin... Mais ton dossier, c'est de l'intox... Je pouvais clairement pas laisser les AAA avoir nos infos... Si il n'a pas encore regardé, il va avoir une sacré surprise...

Cette pensée fit sourire Hearthbreaker, feuilletant les quelques pages les plus importantes des documents, il s'autorisa même un rire lorsque son regard se posa sur le magazine de charme dont les pages avaient remplacés les infos. Il imaginait la tête du runner devant la pose lascive de Kashil, une orque au physique ravageur... Un hurlement le tira malgré tout de sa... distraction... Au loin, les loups fonçaient tête baissés dans le piège, et l'arrêt devait prendre fin rapidement...
En quelques instant, le militaire siffla ses chiens, et se précipita sur les rênes. En quelque instant, le cortège filait droit vers la baie...

Il faut presque une heure à Hearthbreaker pour distinguer, entre ses cils plissés pour essayer de voir à travers la visière de son masque de ski mouchetée d'épais flocons collants, une trouée dans son horizon ... il arrive au fleuve !
Le virage effectué avec brio sur le seul patin de gauche est pris à vive allure et les chiens semblent s'en donner à cœur joie !

Mais la nouvelle piste a beau être plus large, elle n'en est pas moins beaucoup plus pratiquée et peuplée !
Une bande de jeunes inuits déboule en traineaux sur le fleuve gelé.
Ils sont une bonne vingtaine et semblent faire la course entre eux ... une course bagarreuse où il est permis de mettre ses concurrents en difficulté !
Hearthbreaker se retrouve ainsi au cœur du peloton, entouré de chiens inconnus qui réagissent bruyamment à l'arrivée des intrus ...

La vue des inuits surprit Hearthbreaker. Il ne s'attendait clairement pas à se retrouver en plein d'une course initiatique ! Riant de bon cœur, il se rendit vite compte de l'aubaine qui s'offrait à lui. Il connaissait les traditions de ce peuple, il les avait étudié longuement avant d'être envoyé ici. C'était un excellent moyen pour lui de se dissimuler dans la population, et d'attirer les faveurs des anciens de la ville...

« Okay les jeunes... On va voir s'que vous avez... Huss ! T'chuss ! »

Les petits cris excitèrent ses chiens, déjà tout heureux de voir d'autres camarades canidés, ceux-ci (du haut de leur fierté canine) ébranlèrent le traîneau si fortement que le sergent failli lâcher prise. Surpris par enthousiasme de ses bêtes. Ensemble, ils remontaient le peloton de course, dérapant parfois de justesse sur la glace, sous le regard ébahi des jeunes hommes qui à leurs tour lancèrent leur âme dans la course.

« Allez mes beaux ! »

C'était un instant de grâce, l'espace d'un moment, Hearthbreaker vit le temps se ralentir. Son souffle résonnait en lui, ne faisant qu'un avec celui de l'attelage. Ils glissaient entre les concurrents, prenant de gros risques, les éléments se mêlant aux hommes et aux bêtes... Au détours d'un chemin, un gigantesque arbre s'était abattu sur la voie ! Ne laissant d'autre choix au sergent que celui de se baisser au dernier moment, manquant de le désarçonner de peu. Une fois de plus, ses réflexes ralentirent légèrement le temps, laissant au soldat le loisir d'admirer l'écorce gelée de trop près à son goût... Alors qu'il riait de ce pic de peur qui l'avait envahi, le bruit étouffé d'un jeune n'ayant pas réussi à franchir l'obstacle le fit souffler de répit. Il ne l'avait pas esquivé, lui...

Oh putain... c'est pas passé loin ça... Y'sont fous ces clebs... ou ils veulent ma mort... au choix...

La course serpentait le long du fleuve, mettant à l'épreuve aussi bien les pilotes que leurs chiens. Le militaire se retrouva bientôt à batailler dans le trio de tête, alors qu'a l'horizon se dessinait les lueurs de la ville. Il lui fallait jouer en finesse une dernière fois. Et avant de pouvoir profiter de l'hospitalité de ce peuple, il lui restait encore une ligne d'arrivée à franchir...

suite du RP à écrire par le pro ...

La ligne d'arrivée n'était plus très loin, au cœur même de de la ville. Une foule d'habitants s'était mise en place pour accueillir les jeunes hommes, ignorant tout du nouveau compétiteur... Pendant ce temps là, un trio de tête se chamaillait pour la première place. Deux coureurs tenait la tête, et juste derrière eux, un sergent aussi harassé que ses chiens. Les trois filaient sur la glace à vive allure, prenant de la vitesse sur la dernière grande ligne droite, une longue bande plate s'étendant à l'horizon, un lac gelé, une mer de glace.

L'arrivée dans la ville se fit presque en dérapage pour le groupe, éclaboussant de neige son public pour la plus grande joie des enfants. Épuisés, les pilotes descendaient fébrilement des traîneaux, et c'est avec joie que les attelages s'étalèrent au sol pour se reposer en profitant de la neige. En nage, le sergent se tourna vers les deux jeunes inuits avec qui il avait débattu, ils affichaient un grand sourire approchant du soldat pour le féliciter avec de grandes accolades. Surpris un premier temps, le militaire se laissa aller avant de se présenter devant la ligne d'ancien qui le regardait en silence. Se découvrant, Hearthbreaker s'inclina un instant devant les aînés avant de parler.

« Je vous salue, aînés... Je me nomme Cœur-brisé, Hearthbreaker, je suis un guerrier fantôme. Qui se bat contre des monstres à visages humain... Je suis désolé d'avoir interféré avec cette course, et je tiens à souligner la bravoure de chacun de vos jeunes hommes. Je vous demande humblement un asile temporaire. Je suis traqué, poursuivit par les monstres que je chassait. Des loups surnaturels qui errent dans vos terrains de chasse... Je suis là pour la source de ce mal, qui se trouve au cœur de la montagne là-bas... Anciens, aînés, veuillez m'accordez votre bénédiction... »

La main sur le cœur, Hearthbreaker attendait la réponse du conseil de sage. Ils étaient les seuls à pouvoir décider de leur bienveillance, ou de l'hostilité...

(en athabaskan) « Detat enunciglu venarino, ntus mbinisid mioni orstea son » dit l'un
(en inuit) « Amu ctuset feses comibasi mburat mugeioni cumemu stirin gophracault sarn ibut nti lene ammbomb sarn ibut sifas » ajoute l'autre

« Ha.... Oui... hum... Mon inuit est un peu rouillé... »

L'embarra du sergent fit rire des enfants, qui percevaient mieux que quiconque ce genre de chose. et après un court instant de réflexion, le sergent réitéra son discours, hésitant malgré tout sur chaque mot....

(en inuit) « Aecoc... Aecoc andonip asian, lami... Aecoc ca steges E, Acoluiset, aecoc vemama ngnone horfe peanambrc. Stirin qum a lerendivi feses ntastrfa sarn len rarodo... Aecoc vemama atatiti seum'corif stere aersumule tiner o, lene aecoc ntus sarn qudimencuui amu deso pu veflistia pu sadar on mburat. Privibu ed, lene privibu viho vit, stumu dmnte.. qudem... erfamefaner.... Aecoc andonip dibleane de ngnone metaer ccidetigit. Aecoc vemama vigipago, eroniphid suia ipe ntastrfa gone aecoc naserphi. Feses daculca ibo... munen stirin nemm hatatumuan sadar plulcco pu cre... Aecoc vemama etisim er amu i pu sequmim arss, stirin qum e nones es pu amu dir ltuatistisi... Tesopess, doni, lin con'at qun mamnisunterelp... »

Espérant ne pas avoir écorché tous les mots de leur langue, le soldat attendit en silence la réponse des aînés...

Le plus vieil inuit reprend la parole :
(en inuit) « O codequ flelen, As. Ipe Permede odi i ibut mariflat. Psusius odi ipe mburat mila qum anqumuon et.
An ipe Permede mel qum detrnemi stisipe i amu rfea feses orgum.
Fegus'peg o ntusuos er fegus'psusius qua odi ? »

Les inuit respectaient énormément les esprits, c'était une part de leur vie de les cotoyer. Aussi, il ne fut pas plus surpris lorsque l'aîné le questionna, et c'est sans douter qu'il reprit la parole, mais cette fois, il était plus à l'aise. Les rudiments revenant avec la pratique.

(en inuit) « Sadar eae stumu aenti, lami, ipe Permede mel qum detrnemi amauncti. Lene aecoc cecacco vesumaemate amu mespemm stirin ipe pumunti taetrp sarn ca arnopuo... Lami, ngnone lem pu anss e pumunti ramur hatatumuan ipe contin. Nttime lem e'mugeioni di aersumule gntacituand es dumans pu miaregen, ign miaregen acudobis er iprniti stirin mel stumu stisipe pu qure e... Aco e'mugeioni etes ngnone atem tat, lene e'mugeioni imenonece pu tadopum, feses mburat stirin sprece gorg miaregen, an stirin emuminiaten sie qum diamin...
As mugeioni anss mide, Lami, aecoc vemama il sarn ont vin,
an aecoc nset andacop nttime lem pu mos ngnone se...
Aecoc iongni gone nttime lem sarn vibapr qum Diamin...
Lene fegus'aco qum ler seum'peneca er qum onondons...
Aco a pumunti o, aco ipe pumunti taetrp sarn denis feses meis, psara orn sarn sifl'mugeioni...
Aecoc mel andonip muipulinurt stisipe, ana aecoc sifl'convis vi, aecoc vemama ngnone qudimntaessineatem.
Aecoc ca a hatatumuan sifl'auitt, lene aecoc itim hatatumuan sifl'auitt.
Aecoc ara, ige tig qurfadi andonip cabula rnet culecocunesevi aersumule ipe Diamin, an aecoc vemama suantrun sarn andonip feosobu trio nos... »
Il savait que la sincérité était un jeu dangereux, mais le peuple inuit est encore plus attaché à ses traditions.
Et si quelqu'un jouait avec leurs Esprits, il allait le payer cher...

Hearthbreaker sortit de son gilet une carte plastifiée, la même dont il s'était servit plus tôt avec ses camarades. L'étalant devant les anciens, il désigna plusieurs point, marqué par des pastille rouge.

(en inuit) « Mmumumeo, doni, etisim sequmim e ngnone odm, qur'mugeioni etisim seum'atigisiuis aecoc sti, andonip a ispesurobulaerfer petis feses ssis pu amior, sintamua sequmim stirin andonip mugeioni amunt, aco te'a pumunti ssetenis stirin andonip gntacituand efeatrti... Ngnone o psara orn, rnet chasem, ngnone psim odm sarn hi mustis, qure phibae sifl'pumunti peron pe miomio... » Il indiqua par la suite son objectif, caché dans la montagne. (en inuit) « Etisim, qum eltipei ipe mburat gone aecoc cre, enefent ssesiondore ltuatistisi. Ngnone quonqu, aco atereritu suia et monfe gntacituand mulim stirin a arani... Qure te'orbiamomesonamntas stisipe pu res, er mel stisipe gntacituand munegumnt rnet mulim, an aco atereritu gone mumiuit te'mugeioni se rnet sequmim aulace... »

Au fond, il espérait sincèrement que cet échange allait au moins lui assurer un moment de repos. Attendant le verdict, il fit une petite grimace aux enfants qui observaient en riant, il les voyait jouer avec ses chiens. Qui pour leur part, profitaient allègrement des attentions des bambins...

L'ancien grimace devant la carte ... scrute les emplacements des divers points ... hoche la tête ...
« Le Conseil va devoir se réunir ... » concède-t-il
« Rentrez-vous à l'abri, homme blanc, vous tournez bleu, il me semble ...
Le Conseil vous entendra avant la Soupe. »

Un sourire se dessina sur le visage du soldat. Au moins, il n'allait pas geler dehors. Après s'être respectueusement incliné, il salua les anciens avant de s'occuper de lui et de son attelage.

(en inuit) « Es, doni. »

Après quoi, il libéra les chiens dans un concert de joyeux jappement. Ils avaient apprécié la course autant que lui, et étaient affamés... Aidé par les enfants, le sergent nourrit et félicita son groupe, profitant de la relative sécurité du lieu. Jusqu'à ce que le conseil délibère, il était un hôte, ce qui le mettait en relative sécurité. Malgré tout, il disposa de son matériel de façon à pouvoir partir rapidement. Prévoir, ça restait sa profession...

De plus, il allait devoir contacter le reste du groupe sous peu, ils avaient dû se trouver un coin sûr depuis....

A l'arrivée de la course, un festin de « vraie viande » est offerte dans un enclos aux chiens participants à la course, et aux coureurs lors d'un banquet autour du feu. Le tout sur une esplanade en bordure de l'hydroport du village.
C'est ouvert à tous les vents et les autochtones ne semble éprouver aucune difficulté, ni pour parler en extérieur, ni même pour se découvrir partiellement ...

Ici, l'empreinte occidentale cède peu à peu le terrain à une nouvelle forme d'organisation urbaine.
Les vieilles installations en béton n'ont visiblement pas enduré le froid et tombent en ruine, remplacées ça et là par de grandes bâtisses lambrissées de bois, sous une inégale couche de peaux superposées.