Ley finit par se lever, réveillée par la sonnerie de son commlink. Elle fut un peu déboussolée pendant un moment, perdue. Il lui fallut quelques instants pour qu'elle se rappelle où elle se trouvait, ce qu'elle y faisait, et comprendre que oui, pour une fois, son bidule électronique avait bien voulu fonctionner.
Elle sortit de sous la couette en grognant, alla chercher ses vitamines chez le Doc', et prit un bon repas. Un vague mal de crâne lui rappelait qu'elle était toujours en manque de sommeil, et que cette petite sieste n'avait pas suffit à la remettre tout à fait sur pied. Néanmoins son esprit était un peu plus clair et ses mouvements plus fluide. L'excellent métabolisme de la guerrière combinée à son côté dure à cuire et sa forte détermination lui permettait de rester sur la note positive de cette matinée. Elle gardait en tête les mots du Doc', et se motivait intérieurement en excitant sa tendance naturelle à l'acharnement.
Elle savait également qu'elle aurait l'occasion cet après midi de faire plus ample connaissance avec les deux militaires, et avec Marvin qu'elle connaissait encore peu. Il était temps de communiquer beaucoup plus, et de devenir plus rigoureux. Ce furent les pensées qui lui vinrent, alors qu'elle terminait son repas, repensant au début de leur mission. Pressés par les autres militaires et leur guide, ils s'étaient enfoncés très rapidement dans un milieu particulièrement hostile - mortel, à vrai dire. Mais ils n'avaient pas su s'adapter aussi rapidement. Chacun tentant de survivre et de se débrouiller de son côté, ils avaient avancés tant bien que mal côte à côte, mais pas vraiment ensemble.
Une part de ce manque de communication était dû à l'environnement qui ne leur avait pas permis de communiquer aussi facilement que d'habitude ; une autre était due à un manque d'adaptabilité et de professionnalisme - ou du moins était-ce ainsi qu'elle percevait les choses.
La pause dans cette base était clairement une étape, un point de repère, un moment pour faire table rase de ce qui n'allait pas et recommencer avec de meilleurs bases. Et elle ferait en sorte que ça arrive, quitte à se mettre plus en avant s'il le fallait. Elle n'avait jamais eu l'habitude de cela : que ce soit du temps de son gang ou du temps de son passage chez les mercenaires, elle ne s'était jamais vraiment mise en avant. Elle avait toujours consacré plus de temps et d'effort à être une excellente exécutante qu'une bonne
leadeuse. Mais s'il fallait prendre les devants pour survivre à cette mission, elle le ferait.
Son objectif n'était cependant pas de se mettre à commander, à donner des ordres, ou à établir une hiérarchie au sein des runners. Ce serait à la fois ridicule, prétentieux, inutile, et contre-productif. Mais elle pouvait, et probablement devait, se mettre à les fédérer. S'il y avait déjà un problème de communication au sein du groupe initial, l'arrivée de Marvin - un inconnu - allait ajouter à celui-ci, et le travail en coopération avec des militaires - qui auraient probablement une longueur d'onde complètement différente de l'elfe punk, et visiblement de Marvin également - ne faciliterait pas plus les choses. Si personne n'arrivait à faire le pont, à souder ces personnes si différentes en une même équipe, les problèmes d'échanges ne feraient qu'empirer - et il en serait de même pour leurs conséquences.
Mais il n'y avait pas que ça. Il ne s'agissait pas seulement de coordination, de travail d'équipe, ni même de tactique. Il s'agissait également de chaleur humaine. C'étaient les paroles du Doc', ainsi que son cauchemar, qui avaient permis à Ley de parvenir à cette réalisation. Les maux physiques et leurs adversaires ne seraient pas leurs seuls ennemis : ils devraient également lutter contre leur propre stress, contre leurs propres peurs, qui semblaient tout aussi démesurés que le froid en cette région. C'était un nouveau défi, quelque chose d'inconnue pour la Panthère. Mais maintenant qu'elle en avait conscience, elle comptait bien faire en sorte que tout le groupe parvienne à passer cette épreuve. Il faudrait s'ouvrir, faire confiance, rassurer. Même si on ne se connaissait pas, ou peu. Parce que la survie de chacun pouvait en dépendre.
Il fallait oser. Oser, oui : c'était le mot qui se gravait dans sa tête alors qu'elle se dirigeait vers la salle de réunion, après s'être occupée des chiens avec l'aide de Marvin. Oser parler de soi. Oser affronter le froid. Oser poursuivre et achever cette mission, jusqu'au bout. Elle s'assit sur une chaise, en attendant que tout le monde finisse d'arriver et de s'installer pour commencer la première partie : faire le point sur ceux qui restent et ceux qui partent.
Oser : c'était pour elle un mot d'ordre, une règle de vie. Elle ne savait pas encore qui partirait, mis à part pour X.Y. qui ne serait probablement pas en état. Mais en ce qui la concernait, il n'y avait aucun doute : elle restait, et elle irait jusqu'au bout.
► Afficher spoilerIl me reste 3 cases de cochées, du coup mon compteur de fatigue n'est pas réinitialisé ! Va falloir tenir l'après midi. :)