A peine arrivée à la demeure familiale, les talents culinaires de la maîtresse de maison parvinrent aux narines des trois cousins. L'heure du repas n'allait pas tarder.

La mère de Chorune, Desba, était en conversation avec Falthryr. L'adolescente se précipita vers elle, pour lui tendre son cadeau : Le collier doté d'un pendentif rouge acheté plus tôt. « C'est un cadeau pour toi, maman! »
Elle répondit à la question de son oncle : « La journée s'est très bien passée...
- Chorune a dévalisé les boutiques. » taquina Laurende.
« Et je n'ai pas été convié aux essayages des robes... » renchérit Badin, provoquant le sourire de tous.
« Et vous ? Rien de grave, j'espère ... » demanda Chorune à Falthryr et Desba. La fébrilité de sa mère n'avait évidement pas échappé à la jeune fille.

Chorune était gênée des démonstrations affectives de sa mère, comme de la confiance affichée par son oncle.
« Heu… ben… y-z’étaient armés, quand même… » dit-elle, pour indiquer qu’elle ne s’était pas sentie tant en sécurité que ça. Elle ne continua pas plus dans ce sens, afin de ne pas affoler sa maman.
« La Maire ne nous demande que de nous montrer quelques jours. C’est pas dangereux. » affirma-t’elle, comme si elle en était sûre.
Heureusement, la conversation dériva sur un autre sujet. « Oui. Laurende et Badin m’entraînent au Dragon Rouillé. Je vais mettre cette robe ! » Elle déplia la tenue en question, en faisant tenir d’une main le haut au-dessus de la poitrine. Ainsi, la robe se déployait devant elle, épousant ses formes.
Une fois la robe validée par Desba, la famille se tourna vers le repas. Les cousins comptaient l’expédier, afin de se rendre au plus vite à la soirée, en espérant qu’il y ait un barde.

Chorune, excitée par sortir, elle qui ne le faisait que rarement, engloutit son repas. Puis elle partit dans la chambre de Laurende pour se changer. Sa cousine choisit une robe aussi belle que la sienne. Puis, elle maquilla Chorune malgré les protestations de la jeune fille « qui pensait ça inutile. Rien ne vaut le bon teint naturel. »
Enfin, ils furent prêts.
Pendant le trajet, sans qu’elle ne sache trop pourquoi, Chorune prit un peu d’assurance et de fierté en voyant les regards masculins glisser sur ses formes. Rassurée, elle chanta avec Badin et Laurende.

Ameiko prit une fraction de seconde de plus que d’habitude pour la reconnaitre, ultime preuve, s’il en était encore besoin, de sa transformation.
« Oui, nous allons rejoindre Béorn ! » dit-elle. Le nain qui parlait shoanti était un rude compagnon, beaucoup plus âgé que Chorune, mais accessible.

La suite dans le fil de Béorn.

La mère de Chorune l’accueillit comme si de rien n’était. Pourtant la jeune fille n’avait pas dormis dans la résidence familiale, et sa mère avait dû se faire un sang d’encre.
Ou Vic a tout arrangé ? Mentalement, elle envoya un remerciement à son cousin.
Chorune tenta un air tout aussi enjoué : « Bonjour maman ! Oui, c’était très drôle. J’ai rencontré plein de gens… » Et je ne me suis même pas enragée…
Evidemment, ses beaux atours étaient fripés, et trahissaient sa nuit toute habillée.
« Je vais me changer. Monsieur Aldern Ganrenard nous propose une partie de chasse dans les bois, pour nous remercier de lui avoir sauvé la vie, il y a deux jours. Il m’attend dehors… La ferme va bien ? »

Chorune était impressionnée de la quantité d'écrits formant les piles sur la table, et qui cachaient en partie la mairesse. Comment pouvait-on diriger une ville avec autant de papier ?

« Bonjour. Voilà, je viens demander si... Enfin, monsieur Ganrenard nous a proposé de faire une chasse dans les bois... Nous voulions savoir si si on y participe, est-ce-que ça remet en cause notre engagement. Voilà. Il restera quand même Annuel, Samuel et Héléa en ville... » demanda-t'elle maladroitement, espérant secrètement que la Maire de Pointesable ne l'oblige pas à formuler une demande écrite...

« Non, ne t’inquiète pas. Nous avons rencontré un sanglier, mais c’est le cheval de Mérisiel, tu sais, l’elfe, qui a pris le plus… et Mérisiel aussi, d’ailleurs. Heureusement, Héléa l’a soignée. »
Reprenant son souffle, Chorune expliqua, inquiète, la situation à sa mère, qui avait l'air d'aller bien : « Comme dit Vic, les gobelins se préparent à quelque chose. La Maire me demande de rester en ville. Il faudrait que tu y restes, je serai plus rassurée, parce que toi toute seule dans la ferme…
On pourra amener les animaux ici ? »

Plus fièrement, elle dit à voix basse : « Tu as entendu ? Vic est le chef de la garde, pour quelques jours. Hihi. » Son cousin se montrait digne de son grand-père. Et d'après tout ce que disaient les gens, elle aussi. Pointesable pouvait compter sur les Camovar, comme toujours.

Chorune était mécontente. Sa mère ne voulait pas rester en ville, malgré les dangers qu'il y avait à vivre seule à la campagne. Evidemment, les bêtes ne pouvaient être amenées en ville, et savoir ce qu'elles allaient devenir occupait l'esprit de sa mère. Heureusement, dans sa colère, Desba était montée dans sa chambre.

Falthryr avait demandé à Chorune d'empêcher Desba de faire une bêtise, mais elle ne savait pas comment faire. Elle ne pouvait tout de même pas donner des ordres à sa propre mère !
De toute façon, il n'y avait pas urgence : Desba était dans sa chambre, dans la demeure familiale au centre de Pointesable.
« Prévenez-moi si ma mère sort d'ici, d'accord? » dit-elle à Laurende et Badin. « Il faut que j'aille à la taverne d'Ameiko, pour retrouver les autres. »
« Et faites attention vous-même, hein. »
Des jours sombres venaient à Pointesable.

« Vu les évènements qui nous attendent, Borscht, je te propose de passer d'abord à l'armurerie. J'aimerai acheter du meilleur matériel, et peut-être que ça prendra du temps pour me le fournir. Autant le commander tôt... Si tu es d'accord, bien sûr... »
Chorune avait l'intention d'acheter une épée de meilleure qualité, au moins aussi bien équilibrée que celle que son grand-père possédait en son temps. Puis, une cuirasse, aussi, qui serait une bien meilleure protection que ce qu'elle portait.

« Bien sûr, je n'y vois aucun inconvénients au contraire. C'est même une bonne idée. Vu les ennuis qui se profilent à l'horizon, un meilleur équipement ne peut pas faire de mal. Allons à l'armurerie dans ce cas, Ilsoari ne va pas disparaître. JE te suis par contre, je ne connais pas le chemin. »

Borscht attendit que Chorune ouvre la marche.

« Chorune, je sais que l'académie se situe vers le centre sud de la ville. Où se trouve l'armurerie ou les armurerie s'il y en a plusieurs et à laquelle veux-tu aller le cas échéant? »

Borscht, ne s'étant pas trop balader en ville n'avait aucune idée de l'endroit où se situaient les armureries, il attendit donc que la jeune femme prenne une décision et se contenta de la suivre.