Tara resta interdite sur le seuil de la chambre face à l'elfe effrayée.
Elle laissa passer Aravilan, et enchaîna sur les explications des autres : « D'accord. Les filles, laissez lui un peu d'air la pauvre, elle est complètement en état de choc... »

Tara resta à bonne distance du lit et s'assura que son "masque" tenait bien sur son visage. Elle chercha ses mots un instant puis articula en désignant Aravilan et à l'attention de l'elfe allongée :

(en elfique) « Bonjour, je m'appelle Tara. Nous ne vous voulons aucun mal. Regardez, mon amie est une elfe, comme vous. Vous ne risquez rien ici. »

« Ara', tu la connais ? »

La belle leva les yeux au ciel, désabusée.

« Aenyr, sauveur de demoiselles en détresse... quelle douce plaisanterie. Il se donne décidément bien du mal pour soigner sa réputation auprès de ceux qui ne le connaissent pas autant que je le connais. J'imagine que votre chevalier blanc voyage avec les autres à l'heure où nous parlons. Mais vous-même, vous voyagiez avec cette jeune femme qui est partie, n'est-ce pas? Et pourtant vous ne l'avez pas suivie, ce qui me ramène à ma première question, que vous avez pris soin d'ignorer. »

Alessa croisa les bras, déterminée à avoir sa réponse.

« Que vous soyez encore là pour rester veiller sur ces gens, ou que vous songiez à nous accompagner au château, sachez que cela me concerne directement, aussi j'apprécierai de connaître vos intentions. »

« Aenyr n'est pas si horrible que vous semblez le penser. Même si je ne comprends pas son inimitié à votre égard.

Quand à ce que je compte faire, oui, je compte aller au château. Pourquoi? Cela vous poserait-il un problème? »

Braid observa Alessa pendant que la jeune elfe sur le lit répondait à Tara:

(en elfique) « Vous mentez! Vous nous traquez tous les uns après les autres pour nous envoyer chez les orques. Mais je vous préviens, je ne vous laisserai pas faire! Je préfère encore mourir! »

Elle se jeta alors sur la fenêtre, la brisant et atterrissant un étage plus bas dans un craquement sinistre...

Sania passa la tête par la porte alors que l'elfe sautait. Elle eut l'air intriguée, jusqu'à ce qu'on entende l'atterrissage, un peu brutal. Là, elle grimaça un instant.

« Une personne de plus à relever ? Ce village va finir par nous coûter cher. »

Elle sourit, contente de sa "blague";

Sur le point d'envoyer au Justicar une réponse bien sentie, Alessa resta pétrifiée d'effroi en assistant impuissante à la défenestration de leur nouvelle invitée, un frisson lui caressant l'échine en entendant les os se briser. L'instant d'après, elle avait disparu pour la rejoindre en contrebas, prenant sa main dans la sienne avec douceur tout en fouillant nerveusement de l'autre un repli de son vêtement.

(en elfique) « Chhht, restez avec moi, ça va aller. Personne ne vous renverra là-bas, vous avez ma parole. Ces gens ne cherchent qu'à vous aider vous savez, tout comme moi. Essayez de vous détendre, je vais m'occuper de vos blessures, ça ne prendra qu'un instant. »

Alessa resta penchée sur la jeune elfe qui, malgré les soins, resta sans réaction.

A l'étage, les soeurs Auraniel fusillèrent Sania du regard avant de se précipiter vers l'extérieur.

Aravilan soupira devant la réaction de l'elfe, elle n'eut pas le temps de l'amener dans sa chambre pour tenter de la calmer que cette dernière, en état de choc, se mit à sauter par la fenêtre.
(en elfique) « Mais c'est pas vrai... »

Elle regarda par la fenêtre, et sauta en faisant un peu plus attention avant de voir l'état de l'elfe pour la soigner.

Post édité pour éviter de faire un non-sens sur le sort de l'elfe. Je pensais vraiment qu'elle était morte sur le coup.

« Non attendez ! ... » hurla Tara, sans avoir le temps de réagir. La hauteur de chute et le craquement des os qui retentit quand l'elfe toucha le sol laissaient de sérieux doutes quant à la possibilité de la soigner.

Tara serra les dents, refoula les larmes qui lui montaient aux yeux et rejoint les autres en bas, près du corps sans vie. Sa voix était étrangement rauque et le ton presque... agressif.

« Ca suffit, il est temps d'aller régler leur compte à Phelam et aux orques... »

Le regard sombre, ses yeux étaient fixés sur l'elfe, attendant la fin de l'examen d'Aravilan.

Pendant ce temps, elle prit ses sœurs dans ses bras et les serra contre son cœur :
« Marion, 'Mina, vous ferez attention à papa et maman, d'accord ? Nous reviendrons vite. » puis s'adressa à ses comparses : « Nous partons dès que vous serez prêtes. J'en ai assez de laisser mon peuple souffrir... »

Alessa baissa finalement les yeux dans un constat d'impuissance, avant de clore ceux de la pauvrette.

« Préférer la mort à un retour là-bas... j'ai peine à imaginer ce qu'elle a dû endurer.
Mettons un terme à tout cela, je suis prête à partir si les autres le sont. »

Aravilan secoua la tête après son analyse et rectifia les deux humaines.
« Vous seriez aimable de l'enterrer une fois que je l'aurais soigner si vous voulez bien.
Le craquement que nous avons entendu c'est sa jambe, pas son cou, elle est vivante mais inconsciente, dans tous les sens du terme.

Tara, je veux bien un peu d'aide pour... remettre sa jambe dans un sens un peu plus convenable afin que je puisse la soigner. »

En effet, Tara n'avait pas imaginé que l'elfe soit encore en vie ! Obéissant à Aravilan, elle vint se placer à son côté, prête à l'assister.

« A trois. Un. Deux. Trois. »

Ca risquait faire mal. Très mal. Mais au moins, l'inconnue ne pourrait plus se lancer du haut d'une auberge pendant un moment.

La jambe fut remise en place et l'elfe se réveilla sous le coup de la douleur avant de sombrer de nouveau dans l'inconscience. Aravilan guérit alors jambe et laissa sa jeune consoeur se reposer entre les mains de Marion et Elmina.

Braid arriva en bas, portant son sac à dos:

« Maintenant qu'elle va mieux, on part quand vous voulez... Mais elle risque de remettre ça en se réveillant, si personne n'est là pour lui parler et la calmer. »

Aravilan hocha la tête, soupirant à l'idée.
« Sans compter qu'elle a peur de tout ce qui est non elfique, et qu'elle ne parle pas un mot de commun... J'ai l'impression que la personne qui doit rester va être toute désignée... »

L'elfe pesta en silence, elle ne voulait pas trainer, trop de choses étaient en jeu, et cette épine n'arrangeait rien... Mais elle n'aimait pas laisser les siens surtout si elle a été affectée par ces foutues peaux vertes.
« Je vous rejoindrait aussi vite qu'elle sera calmée par mes propres moyens... Nous n'avons pas le choix et ne devons trainer. j'ai juste besoin d'une idée de distance et ça ira.

N'oubliez juste pas, s'il vous plait, que je cherche un maximum d'informations sur Kil'Pat et Mor'Lid... Si vous pouvez leur faire cracher les informations avant leurs tripes cela m'arrangerait, et je n'ai rien contre m'occuper de la seconde partie...

Bonne route, et à bientôt. »

Alessa avait suivi les trois femmes en silence jusqu'à la chambre, inclinant finalement la tête à la décision d'Aravilan. Elle regrettait d'avoir à perdre une alliée de plus pour l'épreuve qui les attendait, mais son choix était bien naturel.

« Je suis sure qu'elle appréciera une présence secourable à son réveil. Je reviendrai vous trouver une fois notre tâche accomplie. Du reste, faites attention à vous. Si ses craintes sont avérées, certains voyageurs qui passent par ici pourraient être animés de mauvaises intentions. De notre côté, nous veillerons à ne pas oublier les vôtres lorsque l'heure sera venue de réclamer justice. A très bientôt. »

Elle ponctua sa phrase d'un sourire bienveillant à l'attention des deux sœurs Auraniël avant de revenir à ses compagnons de route et à Braid.

« Tâchons de ne pas faire attendre Phelam, je vous retrouve dehors quand vous serez prêts à partir. »

Tara acquiesça également à la proposition d'Aravilan, bien qu'à contre-coeur.

« Rejoins-nous dès que tu le pourras. » Elle sera ensuite une
nouvelle fois ses soeurs dans ses bras en leur demandant d'assister au
mieux Aravilan.
Elle passa ensuite dans la chambre de ses parents pour les embrasser
et leur recommander la plus grande prudence, au vu de ce que lui avait
raconté Braid la veille, et leur jura de ne revenir qu'en bonne santé
et après avoir repris Ebelern.

Tara retrouva donc les autres dehors, les yeux légèrement rougis sans doute à cause de la poussière, et tous purent enfin partir vers Ebelern. La journée se passa tranquillement, sans interruption, jusqu'à apercevoir au loin les murs de la forteresse. D'aussi loin, on pouvait estimer les créneaux comme culminant à 5m de haut et encerclant un donjon de bonne taille, celui-ci étant visible malgré la hauteur des murs. Braid demanda alors:

« Vous voulez faire ça comment, alors? »

Tara scrutait les fortifications, les paroles de son père bien en tête.

« Je pense que ce serait une mauvaise idée d'attaquer de front. Quelle que soit la force des gardes nous finirions probablement par succomber sous le nombre... »

Elle désigna un point vers l'est de la forteresse.

« Il y a peut-être un moyen de rentrer discrètement dans les caves du fort par là bas. Mon père m'a raconté avant de partir qu'il y avait un tunnel autrefois, qui reliait Ebelern à un caveau dans le cimetière du village voisin. Il n'est qu'à une petite heure de marche, encore moins à cheval. »

Elle attira de nouveau l'attention du petit groupe sur la forteresse :

« Nous ne sommes que trois pour le moment. Autrement dit, suffisamment pour se faire repérer si nous voulons entrer par la grande porte. En revanche, si nous voulons tenter de nous infiltrer
discrètement, c'est parfait. Qu'en dites-vous ? Il n'y a qu'un seul risque : le château a été reconstruit après l'attaque de Marlak il y a vingt ans, il est possible que le souterrain soit bloqué. Ou pire, que Phelam en ait découvert et piégé l'accès. Mais j'aimerais tenter ma chance de ce côté.

Alessa, je sais que tu peux rentrer dans la ville sans te faire repérer... Mais Phelam et ses alliés ont peut-être des moyens magiques pour ça ? »

La jeune femme détaillait à son tour les murs menaçants de la citadelle et le petit bourg à ses pieds, pensive.

« Si Phelam a su bien s'entourer, il est possible que le donjon soit protégé mais pour la ville en contrebas, je ne pense pas. Ce serait beaucoup d'efforts pour peu de choses. De toute façon, nous n'aurons par à nous en soucier si nous empruntons le souterrain, n'est-ce pas? En espérant que ni le temps ni les orques ne l'ait condamné, c'est sans doute notre meilleure chance.

Quant à la garnison au château, je ne vois pas grand chose d'ici mais je pourrais aller jeter un œil de plus près. S'il y a des campements militaires de l'autre côté du château, ça nous donnera une estimation des forces en présence. »

La belle s'étira avec soulagement, l'heure était venue de se dégourdir les ailes. Après des heures contrainte par sa tenue à chevaucher en amazone sur une selle inadaptée, ça sonnait comme une véritable délivrance.