Au matin, la lueur moribonde du soleil filtra à travers les rideaux tendus devant les fenêtres. Une petite dragonne s'éveilla et mordit le nez de sa compagne pour l'éveiller avant qu'une voix mélodieuse ne résonne à travers les chambres, preuve qu'Alessa était levée et se préparait pour un bon bain...

Sania s'agite, vaguement éveillée. De la main, elle cherche à éloigner ce qui la dérange. C'est écailleux, ça bouge, c'est pas bien gros.

« Oh, c'est toi. T'as faim ? On va aller se chercher à manger. »

Sania se leva, ramassant ses affaires et s'habillant rapidement. Enfin, aussi rapidement qu'on peut quand on vit avec une armure sur le dos. Et ce n'était pas la légèreté toute relative de l'armure en question qui y changeait grand chose.
Une fois apprêtée convenablement, elle fit disparaitre sa protection hors de la vue du commun, les vêtements réels accompagnant l'illusion. Comme toujours.

Il faisait bon. Une belle journée s'annonçait. La barde barbare était vaguement ennuyée de la mort de quelques passants qui n'avaient rien à voir dans l'affaire, mais puisqu'on semblait l'avoir oubliée hier, elle s'en satisfit. Ce n'est pas Sania qui allait leur rappeler ces menus détails. Elle n'était pas Duke, leurs motivations étaient bien différentes. Mais elle n'allait pas manquer une minute de sommeil sur la mort de personnes qu'elle ne connaissait pas. Et après quoi ? On allait lui demander de faire qu'une famille de lapins vive en harmonie avec un blaireau ?
Oh, en parlant du lapin, où était-il ? Ah, le voilà. Il doit avoir faim lui aussi, vu comme il grignote le pied du lit.

Dragonne sur l'épaule et lapin au bras, Sania descendit dans la salle à manger.

Dans la salle à manger, sania fut accueillie par les matinaux qui prenaient un frugal petit-déjeuner avant de partir travailler. L'aubergiste avisa sa cliente et envoya une serveuse qui déposa un bol de gruau fumant et un bout de pain devant la jeune femme. La dragonne regarda le bol puis porta son regard sur le lapin, se pourléchant les babines, provoquant un recul du lagomorphe jusqu'à provoquer sa chute et sa fuite au milieu des clients.

Témoignant de sa bonne humeur à tous les résidents de l'auberge, Alessa s'était levée avec les premiers rayons du soleil et s'affairait depuis à sa toilette. Traînasser des heures durant dans un bon bain tiède était de loin son activité favorite, et elle comptait bien en profiter à la moindre occasion. Elle s'amusait à répondre au piaillements et gazouillis des oiseaux qui passaient devant sa fenêtre, fredonnant inlassablement tout en se prélassant avec insouciance.

Ce n'est qu'une fois la matinée bien avancée que la jeune femme, une fois coiffée, parée, parfumée et pomponnée fit son apparition en haut de l'escalier donnant sur la grande salle, un sourire radieux parachevant cet état de grâce.

« Oh, déjà réveillés? La nuit a été bonne? »

Tara ne tarda pas à rejoindre la salle à manger elle aussi. L'air soucieux, elle traversa la salle et vint s'installer à la table de Sania en jetant un regard amusé au manège du lapin et de la dragonne.

« Bien dormi oui... Hum... Quelqu'un a vu Brent ce matin ? Au pire il nous rattrapera en route. »

La baronne avait gardé son attirail de la veille pour dissimuler son visage : châle enroulé sur les épaules pour masquer le bas de son visage et capuche rabaissée sur le front.

« Il n'était pas avec toi? » répondit la sorcière avec une parfaite innocence.

« Le temps de manger et de préparer les chevaux, il a encore le temps de se lever. De mon côté, je vais aller me dégourdir les jambes avant le départ, je n'ai pas très faim de toute façon... je vous retrouve un peu plus tard, le temps d'une petite inspection comme convenu ensemble hier. A toute à l'heure. »

L'appétissant petit déjeuner qui leur était servi devrait attendre. S'ils devaient reprendre leur route un peu plus tard, l'heure d'une petite visite à la demeure familiale Auraniël s'imposait.

Le temps passa et toujours aucun Brent à l'horizon. Alessa repartit donc à l'étage, croisant Braid dans les escaliers avec un broc vide. Celui-ci, avisant le duo restant à table, se rendit près d'eux après avoir donné le récipient au tavernier:

« Les autres ont du partir très tôt ce matin, suite à de récentes informations. Quand vous serez prêts, faites-moi signe, je m'occupe de notre invitée en attendant. »

Il repartit alors vers l'étage, récupérant un plateau avec divers denrées dessus.

C'est après seulement quelques minutes qu'Alessa descendit une fois de plus dans la grande salle, bredouille.

« J'ai encore des difficultés à me repérer dans la région, je vais attendre qu'on progresse un peu plus. Une fois l'édifice visible depuis la route, ce sera plus facile. Il nous reste une petite trentaine de kilomètres à parcourir c'est bien ça? Une petite journée de voyage et nous serons à destination. »

La sorcière jeta des regards dans la grande salle, semblant chercher des visages connus.

« Les autres sont-ils prêts à partir? Je peux aller les tirer du lit s'il reste quelques lève-tard, ce sera avec plaisir. »

« Il ne reste que vous 3 et Aravilan. Les autres sont partis à l'aube, suite à certains événements récents. »

L'homme avait lâché les mots avant de remonter à l'étage.

L'elfe était réveillée depuis l'aube, une habitude de ne pas souhaiter plus dormir que de raison. Elle réfléchit aux évènements récents et tiqua quand Alessa fit allusion au vrai nom de Celoth.

Elle se mit à murmurer dans sa langue étrange pour aider à sa concentration et tenta de voir ce qui pouvait être associé à ce nom

Tara engloutit son petit-déjeuner, elle n'avait que peu mangé la veille au soir, ayant préféré dîner seule dans son coin pendant les festivités.

« Parfait. On ne change pas une équipe qui gagne pas vrai ? » lança-t-elle en mâchant un bout de pain. « Il faut juste espérer que nous ne manquerons pas de bras pendant la bagarre... Je vais réveiller mes parents et mes soeurs, dès que tout le monde est prêt, nous partons pour Ebelern ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait : la baronne grimpa à l'étage et réveilla tout ce beau monde de la façon la plus douce qui soit. En tambourinant aux portes. « Allez, on se lève ! Départ pour la maison dans vingt minutes ! »

Tara grimpa à l'étage et vit Braid rentrer dans la chambre d'Aravilan. Elle frappa à toutes les portes pour réveiller tout le monde.

Braid quitta la chambre d'Aravilan à peine une minute après être entré et dit à Tara:

« Inutile de les réveiller, ils ne nous accompagnent pas. Si nous échouons, vous tenez vraiment à les apporter sur un plateau à Phelam et aux orques? »

Alessa arrivait elle-même en haut des escaliers à ce moment là, sur le point de rassembler ses dernières affaires. Elle haussa un sourcil suspicieux en voyant Braid sortir de la chambre de l'elfe.

« Je crois qu'ils sont déjà réveillés de toute façon, après les efforts enthousiastes de Tara. Même s'ils devaient rester en retrait pour les préserver du danger, je suis sure qu'ils ne manqueraient pas de revoir leur fille une dernière fois avant les épreuves qui l'attendent. Et puis du reste, nous accompagner ou rester les regarde pour autant que je sache... ce n'est pas à vous d'en juger, très cher.

Et qu'en est-il de vous d'ailleurs, souhaitez-vous vous joindre à nous? Après le mystérieux départ de la moitié des nôtres pour un motif qui leur est tombé dessus en pleine nuit, et qu'ils n'ont partagé qu'avec vous semble-t-il, nous aurions grand besoin d'une lame supplémentaire. D'autant plus que vous ne semblez pas très confiant sur nos chances de succès après avoir vu nos forces ainsi diminuées. »

La jeune femme, qui ne savait pas qu'elle s'adressait au premier archonte, n'aimait pas vraiment l'idée de laisser les Auraniël sous la seule garde de cet individu douteux, quitte à le garder près d'elle pour le reste du voyage.

« Ca va aller, Alessa. Il a raison, il vaut mieux qu'ils restent à l'écart de la bataille. En revanche, Sire Braid, je vais quand même les embrasser avant de partir. »

Ceci dit, Tara entra dans la chambre de ses soeurs, après s'être annoncée d'un simple « J'entre ! »

Tara pénétra dans la chambre de ses soeurs et les trouva au chevet d'une jeune femme, ou plutôt d'une jeune elfe recroquevillée dans un coin du lit et les regardant avec frayeur, celle-ci sursautant et se plaquant encore plus au mur en voyant rentrer la rousse. Les deux sœurs se tournèrent vers leur aînée plus jeune qu'elles et ajoutèrent:

« La finesse, ça n'est toujours pas sa spécialité. »
« Comme cette fois avec la baronne de Murdi, où elle lui avait demandé si ça lui avait fait mal de cuire autant. Tu te rappelles, Marion? A cause de sa peau foncée. »
« Si je m'en rappelle... Père a du se plier en quatre pour arranger ça au niveau diplomatique... Faut dire que la Murdi, c'était pas un cadeau... »

Aravilan quitta sa chambre à ce moment, Braid lui indiquant la chambre des deux soeurs:

« Elle est là. »

Aravilan entra suite à l'indication de Braid, hésitante jusqu'à ce qu'elle entende du bruit, enfin surtout Tara.

La vue de l'elfe appeurée l'intrigua et aussi osa-t'elle demander aux soeurs en rabaissant sa capuche en arrière pour montrer ses origines.

« Qui est-ce ? Que fait-elle ici ? » Mais que se passe t'il en ce moment...

(en elfique) « Bonjour, je suis Aravilan Tassandre. Que t'es t'il arrivé ? De quoi as-tu peur ? »

(en elfique) « Vous... Aidez-moi... Je me suis réveillée et ils étaient là... Je ne comprends rien à ce qu'ils disent, je suis sure qu'ils veulent m'empoisonner... Mais... Pourquoi êtes-vous avec eux? »

Braid répondit aux questions soulevées par Aravilan:

« Aenyr l'a trouvé à quelques kilomètres et l'a amené ici. Elle était fébrile et délirante mais a dit que les orques sont arrivés jusqu'à son camp... Si je ne m'abuse, il faudra compter au moins 4 ou 5 jours de voyage pour qu'ils y arrivent. Du coup, les autres sont partis au plus vite pour aller aider autant que faire se peut mais je crains qu'ils n'arrivent trop tard... »

Ce fut Marion qui enchaîna:

« Elle s'est éveillée il y a une heure et Braid est venue nous chercher... Elle est effrayée, j'ignore pourquoi... »

Sania négociait des histoires de viande et de lapin et de dragonne quand elle n'entendit rien de particulier. Aussi continua t-elle de manger le gruau jusqu'à racler son bol.
Se retrouvant seule, elle monta à l'étage rejoindre les autres.