Message secret pour Goku82, Macros, Keyradin.Cette fois-ci, ce fut Oriane qui prit la parole. En arrivant dans le camp, elle avait ôté son masque, dévoilant son visage. Elle avait été aussi surprise de ce qu'elle voyait ici - mais en l'occurrence, c'était surtout l'absence du chef qu'elle avait déjà rencontré qui la tracassait. L'immortué, comme il se nommait lui-même, était certes quelqu'un de peu banal - mais ici, tout ce qui l'intéressait, c'était la possibilité d'éviter un massacre sanglant.
« Béryl, les elfes et les humains sont en guerre depuis... longtemps. Vingt-cinq ans à peu près. Croyez-moi, ça ne va pas se régler si facilement, je le crains... même si, j'en suis sûre, le mariage d'Elloë contribue à faire avancer les choses vers l'apaisement. »
Se tournant vers leur hôte, elle se présenta.
« Je m'appelle Oriane. On m'appelle aussi parfois la Lune-Verte. Et pour ma part, je n'aurais aucun problème à vous promettre de défendre les nôtres contre les gens de Vigil. Après tout, c'est déjà ce que je fais depuis que je suis capable de tenir un arc. »
Son regard était franc et dirigé droit dans les yeux de son interlocuteur. Son discours pouvait surprendre, mais à y regarder de plus près, il était vrai que son équipement et sa façon de se vêtir ressemblaient davantage à ceux des elfes qu'à ceux du royaume humain. Cela était confirmé par la fluidité de son elfique, tandis qu'elle parlait le commun avec un léger accent...
« Pour vous parler franchement, j'ai l'impression que les choses sont compliquées chez les humains. Leur église est généralement intolérante, c'est vrai - et je ne donnerais pas cher de nos compagnons garous qui étaient là tout-à-l'heure si les rigoristes avaient leur mot à dire. Mais si je comprends bien leur politique, il y a une frange parmi eux, et pas les plus mal placés, qui sont maintenant bienveillants à l'égard du peuple de la forêt, le roi le premier. Leur grand-prêtre - ils appellent ça un "justicar", je crois - m'accompagnait sur la première partie de ma mission. Et l'homme qui vient de nous quitter en fait aussi partie. Tous deux appartiennent apparemment à une cabale qui, pendant que leurs fanatiques multipliaient les bûchers, essayait de sauver ce qui pouvait l'être... »
L'éclaireuse soupira. Tout cela était bien compliqué.
« Le problème, c'est que là, on n'a pas vraiment le temps de faire de la politique. Les orques arrivent. Les hommes sont assez mal préparés, et les nôtres se font massacrer. Le refuge le plus proche d'Ebelern a été décimé et des fumées inquiétantes s'élèvent au-dessus de la forêt. Célia dit que le gros de l'armée ne doit pas être à beaucoup plus qu'une journée de marche de ce refuge. Seuls, nous n'avons aucune chance, et sans aide, je ne parierais pas sur l'avenir de Vigil non plus. Ensemble, on a peut-être une chance de survivre. »
Un demi-sourire s'étira sur les lèvres de la jeune femme.
« Après, je pense que les gens du peuple sont des gens pragmatiques. Ils me semblent pleins de préjugés, mais je serais prête à parier qu'ils se contrefichent de savoir si ceux qui se battent et évitent les massacres, pillages et rapts des peaux-vertes vénèrent Céridwen ou Céloth, s'ils ont des oreilles rondes ou pointues ou une pilosité plus développée que la normale. Je pense que tant que vous ne vous en prenez pas à eux, il y a davantage de chances qu'ils évitent votre présence par crainte plutôt qu'ils viennent vous agresser. Ceux de la Cour vous feront mourir d'ennui à coups de questions et de cérémonies guindées. Je craindrais plutôt les fanatiques du culte... »
Elle fit un geste de dépit qui montrait bien ce qu'elle pensait de ces gens-là.
« Bref. Elloë m'a envoyée vous dire que si vous voulez vous réfugier en Vigil, vous êtes bienvenus. Et que si vous voulez vous battre contre les orques, deux forces coordonnées auront plus de chances de survivre que si elles restent isolées chacune dans leur coin. Je ne sais pas ce qu'en penserait Fal'arven... Il ne lui est rien arrivé, j'espère ? »