« Non, non, vous comprenez pas. On a pas le droit de vous parler... Vous êtes recherchée... »

L'homme recula et sursauta tandis que la porte s'ouvrait en grand, laissant apercevoir ce qui semblait être des gardes:

« Où se trouve l'enfant blessée? »

Des gardes qui arrivent juste après qu'on ait entendu que Tara été recherchée. Classique. Le maître des lieux aura sûrement purgé la garde de ceux dont il n'est pas sûr.
Sania agit donc avec toute la réflexion qu'elle connaissait et empoigna sa lyre et un truc dans son sac.
« Dans ta face. »

Qui avait cru que Sania avait toujours les bonnes idées ?
Cette personne avait tort.

Les tentacules apparurent donc, saisissant les gardes et les broyant manu militari. Des cris résonnèrent quelques instants à l'extérieur mais s'arrêtèrent dans un bruit spongieux. Ceux qui étaient restés dans la taverne commencèrent alors à s'enfuir vers la porte arrière, vidant la salle en quatrième vitesse...

Soldats réduits en charpie et auberge vidée en quelques secondes. « C'était un peu trop efficace je crois là Sania... »

Cela dit, Tara bascula des tables et un vaisselier contre la porte avant, fit de même avec celle de derrière, s'assura que les issues étaient ainsi bloquées de sorte à leur laisser quelques minutes de répit avant que d'autres gardes ne viennent les importuner, et fila à l'étage rejoindre le reste du groupe.

« Changement de plan, la discrétion, ça ne marche pas bien. Quelqu'un a une idée brillante ? Les villageois ont dit que les orques étaient déjà au château, le mieux serait de commencer par là-bas... Comment vas-tu Alessa ? »

Sania se leva et pointa son doigt sur Tara. « Eh, ça c'est un plan ! Je vous laisse, je pars attaquer le château !
Faites attention à vous. »

Elle se dirigea vers la porte de derrière, celle de devant étant occupée par des tentacules dangereux.

« Blrgbloup... »

La fillette gargouilla un début de phrase inaudible, battant faiblement des paupières avant de finir par s'évanouir sous l'effet de la douleur. La peluche qu'elle serrait échappa à sa main inerte, glissant mollement à son côté.

« Minute Sania ! Quitte à revenir ici, j'aimerais éviter qu'on tue trop d'innocents. Un bain de sang pour annoncer le retour de la famille Auraniël, c'est pas vraiment ce que j'avais en tête. »

Elle compléta aussitôt pour éclaircir son propos : « Je ne dis pas de ne pas en faire baver aux orques qui ont pris possession de la baronnie. Ceux là, tu en fais ce que tu veux. Je veux simplement qu'on évite de massacrer des gens qui n'ont peut-être pas eu le choix au moment de choisir leur allégeance. Entendu ? »

Sania s'arrêta nette et se retourna.
« Oooh. T'es sûre ? Je comptais tuer personne hein. Juste casser quelques portes et m'enfuir en courant. Ou quelque chose du genre. En tout cas, je ferais mieux de pas rester avec vous trop longtemps je pense, après ce qui vient de se produire.
Et faudrait mettre le lapin et la dragonne qui refuse de se choisir un nom aux abris, aussi. »

Oriane leva les yeux au ciel, atterrée. Ces gens-là valaient-ils mieux qu'Aenyr qui avait attaqué la gamine, pour que l'une d'entre eux massacre sans préavis les gardes qui avaient sans doute été prévenus par un badaud ? Elle se tourna vers Tara, et lui demanda d'un ton ironique:

« Ça finit toujours en carnage, autour de vous ? Juste histoire d'anticiper le prochain... »

Elle ne désignait pas la baronne spécifiquement, mais l'ensemble de son remuant entourage. Elle s'adressa ensuite à Braid:

« Je crois qu'on peut commencer à comprendre pourquoi la Cour n'a plus de nouvelles du coin, non ? Vous voulez enquêter davantage sur la situation pour faire votre rapport, je suppose ? »

La baronne poussa un soupir de lassitude et répondit à Orianne : « Nous avons eu des mésaventures assez fréquentes ces derniers temps, pas le temps de vous raconter dans les détails, mais entre les nécromanciens, les démons, les dragons zombies et nos têtes qui sont toutes mises à prix ou presque, il y a de quoi rendre paranoïaque. Cela dit, c'était une erreur d'attaquer aussi fort ces gardes, je n'ai pas d'excuse pour ça. »

L'excuse n'en était pas vraiment une, mais que dire de mieux ? La faute ne pouvait-elle pas être imputée en partie à ceux qui avaient envoyé les gardes à leur poursuite ?

« Pour ce qui est de votre enquête, maintenant que vous avez étés vus en notre présence, il y a fort à parier que vous soyez recherchés et poursuivis vous aussi. Soyez prudents si vous voulez vous aventurer seuls en ville. »

Aravilan n'avait rien vu venir quand le "soldat" ou ne savait quoi avait blessé Alessa, du moins c'était la seule raison logique vu qu'il se trouvait face à elle au moment de l'entaille alors qu'il n'avait pas bougé de sa place.
Tout comme Béryl, elle se mit à ses côtés pour étudier la plaie pendant que le nain faisait de son mieux pour la guérir sans résultat jusque là.

Entre temps, l'irruption des gardes calmés par Sania, lui fit encore une fois soupirer face à une situation qui ne connaissait aucun calme Décidément, le calme de la forêt me manque... avant de reconcentrer ses esprits sur la "fillette".


L'elfe agenouillée auprès de l'enfant invoqua sa particulière magie pour tenter de la soigner.
« Ner ur`h dakthil wirra Saerhtu grim kayhrba ! »

En effet, les plaies de l'enfant commencèrent à se refermer rapidement, mais elle restait dans un état fragile. Tout le monde se regardait en chien de faïence, ne sachant trop que faire ou dire, pour le coup...

Soulagée de voir que cette magie faisait effet malgré le bloquage engendré par l'attaque. L'elfe redoubla d'efforts pour soigner Alessa.

« Quelque chose semble bloquer sa régénération... C'est pour ça que vous n'aviez pas pu la soigner avec votre potion Béryl »
Elle rassembla sa réfléxion en une phrase au language si particulier. Avant de puiser dans le peu de connaissances divines qu'elle avait.

« Drah knha bert Yrshu vOr pmuristx. »

La magie deletere se dissipa et la petite fille put reprendre des couleurs. Ouvrant les yeux, elle tomba sur Aravilan et Béryl, penchés sur elle et les autres derrière eux, affichant un soulagement certain. Sauf le lapin de Sania, passablement contrarié...

La petite toussota doucement, observant ses sauveurs à ses côtés l'air un peu perdue avant d'articuler faiblement.

« ... Aenyr? »

Aravilan soupira de soulagement, accompagné d'un rare sourire, face à Alessa reprenant un peu vie.
« Parti... et pour le moment ce n'est pas plus mal. Attends un instant. »
Elle vu à la réaction de la fillette que son état n'était pas au meilleur de sa forme et poursuivi un peu les soins.

« Ner ur`h dakthil wirra Saerhtu grim kayhrba ! »

« Voila, tu devrais te sentir mieux maintenant. »

Alessa se releva doucement alors que ses forces lui revenaient, rendant son sourire à l'elfe avec gratitude.

« Merci, je me sens encore un peu vaseuse, mais je sens que c'est en train de passer. »

Se remettant enfin sur ses pieds, elle afficha une mine désemparée en constatant l'état de sa tenue toute tâchée et collante, elle devait faire peur à voir. Mais la gène passa bien vite lorsqu'elle aperçu les corps sanguinolents éparpillés à l'entrée de la grande salle, qu'elle désigna d'une main tremblotante.

« Euh... il a fait ça aussi? »

« Non, ça, c'est votre amie... Camalle, c'est ça ? »

Oriane était passablement exaspérée. Heureusement, "Jeanne" avait su refermer les plaies de la fillette, qui était maintenant à nouveau sur pied. L'éclaireuse avait la ferme intention de soutirer quelques explications supplémentaires à Braid sur l'attitude d'Aenyr. Mais ce n'était ni le lieu, ni l'endroit.

A vrai dire, elle venait prendre des nouvelles de la baronnie pour la Cour, et elle se trouvait au milieu d'une auberge, en compagnie de deux fugitifs hautement recherchés, avec un nombre certain de cadavres à ses pieds... Elle soupira, et reporta son attention sur Tara, une fois de plus. Elle ne comprenait pas. Elle et son compagnon étaient recherchés pour meurtre, et cependant, Célia avait fait équipe avec l'homme. L'archère connaissait peu la paladine, mais sa brève expérience dans la forêt avait suffi à lui enseigner qu'il s'agissait d'une femme qui agissait par idéal. Elle la voyait mal s'accommoder de la compagnie d'un criminel. Aussi demanda-t-elle à la baronne:

« Vu la situation, je pourrais assez facilement me douter de la réponse, mais comment se fait-il que votre tête a été mise à prix pour meurtre ? Et vous comptez faire quoi, maintenant ? »

Elle jeta un coup d’œil vers les pauvres gardes.

Il faudrait au moins donner une sépulture décente à ces gens...

Tara étudiait la chasseresse du regard, visiblement elle hésitait à répondre directement à la question qui lui était posée. Lentement, comme si elle pesait ses mots, elle répondit :

« Pour meurtre ? Ils n'ont rien trouvé de mieux ? Brent et moi appartenions au culte de Fureur, avant d'en être excommuniés, ce qui nous vaut aussi d'être recherchés par les armées de Sanctuaire... »

La jeune femme lança un regard au lancier, l'air mi-exaspérée, mi-amusée.

« Toujours est-il que la tolérance pour les "infidèles" ne fait pas partie des qualités du clergé de Céloth. Apparemment, ils ont réussi à faire promulguer une loi traitant spécifiquement des gens comme moi. Comment c'était déjà ? ... Ah oui : "tout dirigeant de domaine appartenant a la couronne dont la foi ne va pas Celoth se verra retiré ses pouvoirs et sera jugé en place publique pour haute trahison envers la Couronne et l'Eglise." Et vu que ma baronnie a été rattachée à Vigil il y a une vingtaine d'années, le texte s'applique parfaitement à mon cas. »

Le regard de la baronne se posa sur l'homme qui accompagnait Oriane, avant de revenir sur celle-ci : « Devons-nous comprendre que vous avez des liens particuliers avec le clergé de Céloth en plus d'avoir été mandatés par la couronne ? »

Elle lança à l'attention de ses amis, dans une langue gutturale :
(en orque) « Ils étaient avec Aenyr, vous croyez qu'ils ont un lien avec le Talion et Rose ? »