« Sans aucun problème. »

Le nain reposa son sac. « Lorsque vous vous reposerez je pourrai monter la garde si besoin est. »

Et donc ainsi le groupe passa une dernière soirée tous ensemble, suivie d'une nuit calme et reposante. Le lendemain matin, Ichabod et Justine accompagnèrent le groupe jusqu'à la sortie de la ville naine et leur souhaitèrent bon voyage avant de retourner vers l'intérieur. Seul le vent était audible à l'extérieur et ce fut Héléna qui brisa le silence:

« Bien, direction Ebelern, donc? »

« Direction le Sud, par le refuge de la Rose, puis nous obliquerons vers l'Est et Ebelern. Ca ne nous fait pas vraiment faire de détour. »

Tara regarda autour d'elle un moment, cherchant à se repérer, puis ajouta : « C'est par là ! »

« Je vous suis. »

Béryl était partagé entre la curiosité de visiter le sud qu'il n'avait jamais vu et l'inquiétude vis-à-vis de ce qui était arrivé à cette ville qu'il quittait.

Le groupe partit donc en direction du sud, suivant les conseils de Tara qui les guida du mieux qu'elle put. La saison était encore fraîche et leurs vêtements pas vraiment adapté à un tel périple mais Béryl se révéla être un atout considérable pour eux, ayant grandi dans ces régions inhospitalières.

Le temps passa donc ainsi, à marcher, escalader, descendre en rappel et ce fut donc au bout du troisième jour que tout le petit groupe parvint à revenir en terre de Vigil. Désormais arrivés en territoire humain, tous purent constater que les choses n'allaient pas pour le mieux. Certains villages s'étaient coupés de l'extérieur, sous la férule de prêtre dévot, d'autres ne regroupaient plus que femmes, enfants et vieillards tandis que leurs hommes étaient partis au combat, hameaux pillés et incendiés par les brigands de tout poil...

Il leur fallut plus d'une semaine pour rejoindre l'ancien repaire de la Rose, désormais vide, puis ils bifurquèrent en direction de l'est. Ils virent également nombres de soldats et de militaires durant leur périple mais constatèrent aussi avec effroi que des ordres avaient été donné, concernant l'édification de structures défensives autour de tous les petits patelins, non seulement pour ralentir la progression des orques si ils parvenaient à pénétrer les terres des hommes mais aussi pour ralentir l'armée illégale de Sanctuaire, qualifiée de tentative pitoyable d'invasion par nombres de membres du clergé. Les rumeurs aussi allaient bon train, surtout celle concernant les deux personnes recherchées par les forces de l'ordre. Une rumeur disait qu'ils avaient été capturé et brûlé, une autre qu'ils se tenaient à Ebelern à la pointe de la défense, d'autres racontaient qu'un seul des deux avaient été trouvés tandis que les plus farfelues mentionnaient que les deux avaient tout simplement quitté le métier des armes pour aller élever des chèvres dans les collines.

C'est donc ainsi qu'un soir, alors que tout le monde se restaurait dans un relais, Aravilan et Béryl cachant ce qu'ils étaient pour ne pas attirer l'attention, qu'ils entendirent parler de la première échauffourée au nord face aux troupes de l'archonte. Les forces humaines avaient mis en déroute les éclaireurs orques mais le premier sang avait été versé, la guerre était officiellement lancée...

L'ambiance était pourtant joyeuse dans le relais, du moins jusqu'à ce qu'un groupe de soudard n'intercepte Marion pour lui demander une petite "danse". Une gifle fut donnée, une riposte assurée et c'est donc dans tout ce fatras qu'une bagarre fut déclenchée!

Ayant grandi à Nanda Parbat Béryl n'était pas habitué à cette violence soudaine.

Toutefois la surprise passée son calme revint très naturellement. Il se tint prêt au combat.

Sania, elle, avait l'habitude des combats de taverne. En voyant les soldats entrer, elle s'était tout de suite méfiée. Ils pouvaient s'avérer d'excellente compagnie, ou bin peut-être faudrait leur arracher les yeux. Cette fois-ci, c'était le second choix qui prévalut.

Le sang de Tara n'avait fait qu'un tour quand le groupe de soudards chercha à attirer sa soeur avec eux. Déjà elle se levait de son tabouret, dans une colère noire. Le tabouret dans les mains, prête à l'envoyer à la tête du premier qui oserait toucher à l'une de ses soeurs adorées.

Aravilan observa la scène, le visage suffisament camouflée par une capuche pour protéger ses caractéristiques physiques.
Profitant du brouhaha ambiant, elle ne manqua pas de rappeler au nain sur la situation.

« cher Beryl, n'oubliez pas que vos actions risquent d'être assez mal perçues dans les environs. »

Toujours tendue face à ce genre de situation, elle se tenait néanmois prête.

Le flottement. C'était souvent la sensation exprimée par les combattants avant que les choses sérieuses ne démarrent, l'instant où tous les détails devenaient plus précis, le temps semblait se figer dans l'observation du moment, avant que le chaos du combat ne prenne le pas. Cet instant où tout le monde hésitait avant de se jeter dans la lice.

Mais fort heureusement, Sania, plus habituée aux bagarres de taverne, avait toujours eu la bonne idée de profiter de cet instant où tout le monde hésitait pour démarrer les choses. C'est que plus vite l'adversaire était au tapis, plus vite il était aisé de revenir se mettre à table. Rapidement suivie par Tara qui se jeta dedans à grand coup de chaise, Aravilan et Béryl sur les talons. Ne restait que Mina et les parents en retrait, cherchant à éviter le combat. Non par lâcheté mais parce qu'ils ne trouvaient déjà pas très sport ce qui allait arriver à ces pauvres soldats...

Profitant de ne pas (encore) être le centre de l'attention, Sania laissa tomber son déguisement entièrement, dans le temps qu'il fallait pour battre un cil. Et par entièrement, cela signifiait ses cheveux, visiblement noirs, mais également l'armure à lamelles qu'elle portait par-dessus son habit magique à peu près tout le temps.
Puis pour s'amuser, elle changea la couleur de ses yeux en violet.

Maintenant qu'elle était moins connaissable, il était temps de s'inviter dans l'aventure. Avisant un type à l'air un peu plus belliqueux que les autres et pas trop loin d'elle, elle éclata de rire. Et lui jeta un sort.

Béryl n'avait jamais quitté Nanda Parbat auparavant et ignorait donc tous des éventuelles conséquences de ses actes ou de l'aversion que pouvaient avoir les humains envers les races non humaines.

Il écouta toutefois le conseil d'Aravilan et décida de ne pas trop se mettre en évidence. Toutefois il ne pouvait pas rester les bras croisés tandis que les gens avec qui il voyageait étaient attaqués.

Il choisit alors une solution intermédiaire, à savoir aider ses alliés sans se faire trop voir.

« Pardon m'sieur dame ! »

Lança une Tara furieuse en lançant du même coup sa chaise à la tête du larron qui avait osé toucher à sa sœur. « PATRON ! Les dégâts seront pour ces messieurs ! » Hurla-t-elle en enfonçant son poing dans la mâchoire d'un second soudard.

« On vous a pas appris que les filles savent se défendre bande de larves ? »

L'on se rappellera longtemps cette journée, dans la taverne du voyage paisible. Le jour où à cause d'une gifle rendue, plusieurs soldats perdirent des dents, un fut transformé en lapin(crétin?) et où nombres d'entre eux réalisèrent que rester au sol était sans doute la meilleure des choses à faire, tout ça à cause d'un trio de furie, rousse, brune et blonde, accompagnée d'un nain adepte du fameux croche-patte en traitre.

Mais si les choses s'étaient arrêtées là, encore, c'eut put être une situation normale mais par le plus grand des hasards, on compta également nombres de blessés dans les rues, sans doute expulsés de la taverne, deux maisons brûlées et un poulailler saccagé(dont on cherche encore le coupable, d'ailleurs).

C'est donc avec toute l'amabilité qui la caractérise que la populace de Vigil se mit en quête des troubles-fêtes pour leur faire passer un sale quart d'heure mais la garde était déjà passée par là...

C'est donc avec des bleus et courbatures que Tara, Sania, Aravilan et Béryl se réveillèrent le lendemain matin tandis qu'on leur amenait un bol de gruau tiède:

« Allez, hop, on s'réveille, mesdames. »

- Gneiiiih, gueule de bois moi. Gnescequichepache ? Core dormir ....

Puisque la destiné de Sania n'était pas de dormir encore un peu, elle se leva.
- Barreaux. Cellule. Prison. Qu'est-ce que je fous en prison ? Bordel, je devais avoir carrément trop bu. Moi en prison, c'est comme un morshleg dans une salade. Pas que je sache ce qu'est un morshleg ou une salade.

Elle est où la dragonne ? Et le lapin ?

Eh, manges pas le lapin !!

Sania tenta de communiquer par la force de son esprit avec la dragonnette qui n'avait toujours pas de nom. Réalisant ensuite ce qu'elle venait de faire, elle se prit la tête entre les mains et gémit « Mais c'est pas vrai, ces lézards géants vont me rendre fou, fou !! Ou folle je sais même plus. Peut-être que je suis un papillon qui rêve que je suis Sania en fait ?
Mal à la tête moi ... »

Mais avant de se rendormir, elle mangea quand même le bol infâme.

Le nain observa le geôlier et prit un des bols : « Merci brave homme. »

Il mangea le gruau tiède puis posa l'assiette vide à côté de lui. En attendant la suite des événements il décida de méditer pour voir s'il arrivait à joindre quelqu'un.

« Aïe. »

Les oreilles bourdonnantes et les muscles endoloris par les coups qu'elle avait pris, la baronne se réveilla à son tour. « Merci... » elle trempa la cuillère dans le bol de gruau, observa la mixture et se ravisa.

« On va devoir rester combien de temps ici ? » demanda-t-elle au garde avant qu'il ne se retire.

La honte d'avoir eu à passer une nuit en cellule était bien présente, de même que l'inquiétude d'avoir perdu la trace de sa famille ainsi que de ses affaires.

« Le temps que la populace se calme un peu. Disons qu'on tient à ce que les gens soient en sécurité et vu ce que vous avez collé aux soldats hier soir, m'est avis que vous laissez vous ballader pourrait être plus dangereux pour eux que pour vous, si ils vous mettaient la main dessus...

Bon, juste une question: Est-ce que l'un de vous s'en est pris à un poulailler, cette nuit? »

Sania ressentit une petite pointe de satisfaction en entendant parler du poulailler, mais était-ce elle qui avait ce sentiment?

« Un poulailler ? Pas que je me souvienne non. »

Elle marqua une pause avant d'ajouter.

« Même avec la gueule de bois que je me tape maintenant, je vois pas ce que je serais allée faire avec du poulet. Ils ont été frits dans la graisse ? »