Aravilan ouvrit le bal des hostilités, surtout quand il s'agissait d'orcs en face, il ne lui en fallait rarement plus.
Elle se déplaça adroitement jusqu'à avoir ligne de mire un peu plus rapprochée avec les individus et observa les orques avec un sourire mauvais en avançant avant de se stopper et de se tourner vers ses camarades, en se caressant doucement la poitrine:

« Hmmm, ça m'avait manqué... La trahison, il n'y a rien de tel! »

Elle lâcha alors quelques mots dans la même langue gutturale que celle qu'elle employait toujours quand il s'agissait de sa magie particulière avant d'en prononcer d'autres. L'air sembla vibrer, portant les mots prononcés puis se mit à tourner, de plus en plus fort, les mots frappant en écho sur les murs jusqu'à emporter tout ce qui était à portée, Sania et Tara y compris, tandis que l'elfe disparaissait en prononçant quelques mots, les 2 orques disparaissant avec elle...

Les vents se levèrent donc, en obéissant à celle qui leur donnait les ordres. Disparaissant, Aravilan laissa la tornade enfler et emporter ceux qui pensaient être ses amies. Le choc fut brutal, tandis que Sania et Tara s'entrechoquaient et percutaient les murs, propulsées dans tous les sens. Le mortier s'effrita et les portes à proximité cédèrent, causant encore plus de dégâts aux deux femmes tandis que les projectiles les percutaient. Les serviteurs à portée furent eux emportés en hurlant mais quelques chocs suffirent à les faire taire, faisant d'eux par la même occasion d'autres projectiles dangereux pour les deux femmes... Braid réussit à éviter de se faire happer et se jeta en dehors de l'escalier, loin de l'influence délétère des vents...

Alessa leva un bras pour se protéger le visage des débris qui volaient dans tous les sens, assistant impuissante à la danse macabre des corps ballotés comme des fétus de paille, les hurlements laissant vite la place à un concert de craquements sinistres. Un regard en direction de Fantine révéla ses deux tortionnaires qui s'évanouirent sans laisser la moindre, répondant à la sinistre imprécation de celle qui avait voyagé avec elle depuis des mois.

« Cette sale petite pimbêche ne perd rien pour attendre... »

D'une simple pensée elle se trouva aux pieds de la malheureuse servante, lui prenant doucement la main, et fouillant nerveusement de l'autre un repli de sa tenue en gardant un œil inquiet sur Tara et Sania qui semblaient mieux s'en sortir que les petites mains des cuisines. Elle n'avait aucune idée des étranges pouvoirs employés par l'elfe, mais elle était certaine que les autres s'en sortiraient le temps de s'assurer que les jours de Fantine n'étaient pas en danger.

La tornade continuait à enfler, emportant des morceaux des murs alentours, tandis qu'Alessa se précipitait vers la dénommée Fantine.

Dans la tornade, agir comme on le voulait était dur. Incanter l'était tout autant, peu importe les artifices utilisés. Ballotée par les vents, n'ayant pas réagit à temps, Sania ne réfléchissait pas à ce qui venait de se passer.
Nageant contre le vent, non pas vraiment, Sania réussit avec difficulté à attraper le poignet de Tara. Ou la cheville, elle ne prit pas le temps de vérifier. Puis elle les fit disparaitre, l'une et l'autre.

Elles allaient quitter la région et réaliser un buddytrip, probablement.
Non, en fait elles se retrouvèrent simplement dans les caves quittées un peu plus tôt.
Dans la confusion du vent et avec son déguisement magique, diffile de remarquer que Sania avait fait de la magie sans sa harpe. Même elle, elle ne s'en aperçut pas.

Pour se reposer un peu, elle se releva du sol sur lequel elle avait atterit un peu brutalement, relâchant Tara au passage, et se mit en tailleur.
« Et maintenant, on fait quoi nous deux ? »

Cette fois, ce fut au tour de Sania et de Tara de disparaître, laissant Alessa seule dans le couloir, avec Fantine. La tornade rugissait toujours, provoquant un bruit assourdissant et si l'alerte avait été donné, il n'y avait pas moyen de le savoir, même si la sorcière se doutait qu'elle serait surement la première informée...

Tara se releva en massant ses membres endoloris.

« Je serais tentée de te dire qu'on commence par retrouver notre elfe pour lui refaire le portrait... J'en reviens pas, il doit y avoir une explication... » son visage se ferma et la jeune femme poussa un soupir.

« Tu peux nous amener près d'Alessa avec tes pouvoirs ? La tornade finira par se calmer, mais autant ne pas perdre de temps et rattraper Phelam tant que nous le pouvons... Pour l'effet de surprise par contre je crois que c'est râpé. »

« J'ai aucune idée de la taille de ce vent, alors non. »
Sania se releva.
« Bon, un peu de magie, un peu d'autre magie...j'espère que tu ne tiens pas trop à ce château, je vais aller faire un gros trou dedans. Je reviens dans une minute. »

« Qu'est-ce que tu entends pas gros trou... ? J'aimerais si possible éviter de trop endommager les fortifications, on en aura besoin quand les armées orques vont se retrouver ici pour affronter celles de Sanctuaire. Et j'aimerais qu'on évite les dommages collatéraux pour une fois. »

Sania marquait cependant un point : quitte à sortir affronter leurs ennemis, les prendre par surprise avec une attaque massive pourrait leur donner un avantage décisif.

La sorcière soupira doucement avant de saisir les poignets de la servante et de l'entraîner à sa suite.

« On va se mettre à l'abri un peu plus loin le temps que ça se calme, d'accord? Nos deux amies en ont fait de même, et on sera plus tranquilles pour parler chiffons toutes les deux. »

Un coup d’œil par la porte entrouverte derrière elle ne révélant aucune présence inquiétante, elle amena sa protégée à l'abri de la tempête qui se déchaînait de plus en plus avant d'épousseter ses vêtements avec un sourire satisfait.

« Ici ça devrait aller pour le moment. On dirait que ces brutes n'y sont pas allées de mainmorte. Essayez de vous détendre, je m'occupe du reste. »

Pour l'heure, sa prévenance prenait le pas sur l'amertume...

« Et moi je te dis que ça c'est un avant-goût des armées qui vont arriver du GoUnTha. On aura besoin d'une place forte pour fixer le conflit. Tu n'as rien de moins destructeur pour le fort et d'aussi violent pour ceux qui s'y trouvent ? »

Passablement excédée par l'insistance de Sania, Tara finit par hausser la voix elle aussi :

« Enfin bon sang Sania, ce n'est pas une question d'ignorer ou de se moquer de qui que ce soit ! Moi aussi j'ai envie de les massacrer ! Si ça ne tenait qu'à moi, je lancerai ton sort moi-même. Et je décapiterais Phelam séance tenante. Mais ce n'est pas aussi simple que ça. »

Sania, piquée, ouvrit la bouche pour répondre. Elle hésita. La referma et ne répondit qu'après avoir pris le temps de réfléchir.
« On sait toujours pas où sont ces putains de gosses, en plus.
Bon, vu qu'on a manifestement pas besoin de moi, je te ramène auprès des autres puis je me casse. Pt-être que je casserais quand même une tour au passage. »

« Je peux me débrouiller toute seule. » répondit Tara.

« Fais comme tu veux. Faudrait savoir quand même. On t'offre de quoi te défouler sur tes ennemis, avec des gens qui comptent sur toi, et ça ne te va pas... Qu'est-ce que tu veux Sania ? De l'or ? Retourner au GorUnTha ? Je t'assure que si tu restes ici quelques jours, c'est lui qui viendra à toi. »

Le ton de la baronne se voulait plus calme, une pointe de déception perçait dans sa voix.

Sania regarda Tara d'un air dépité, ou profondément ennuyé. Ou un peu énervée. Ou les trois.
D'une voix forcée pour la maintenir calme, la fausse rousse, qui laisse tomber sa dernière illusion et ne conserve que sa teinture, répond à la "baronne".
« C'est pas dans mes habitudes de compter sur d'autres. C'est pas dans ma culture de compter sur d'autres. Et j'ai déjà été bien sympa de vous accompagner tout ce temps, à aller d'emmerde en emmerde. Me défouler ? Mais pour calmer mes nerfs aujourd'hui détruire un château suffirait même pas.
Si je veux de l'or ? Oui ! Toujours !
Est-ce que j'en ai parlé quand j'ai accepté de faire un détour avec vous pour un coin bordelique comme ici, au lieu de m'occuper de la seule chose pour laquelle je suis payée, chose qui reste à faire et qui EST au GorUnTha ? Non.
Et tu sais pourquoi ?

Est-ce que tu le sais ?

Moi, j'en .. je n'en ai pas la moindre idée.
J'en ai marre.
J'ai envie de tout brûler. »
Un regard de défi.

« Les habitudes ça se change. » répondit, cinglante, Tara.

« En tout cas, je pensais pouvoir compter sur ton aide encore un peu ici avant que tu n'ailles faire ce pour quoi tu es payée. C'est peut-être bien pour ça que tu es restée d'ailleurs, si tu veux mon avis. Parce que l'or ne te suffit pas. Et que pour une fois tu as l'occasion d'aider des amis qui te le revaudront au centuple. »

Le défaut principal de Tara quand elle professait comme chasseresse de sorciers était cette difficulté qu'elle éprouvait toujours à ne pas s'attacher à ses partenaires, à ne pas témoigner de son amitié et sa fidélité envers eux. Vingt ans d'épreuves et de tentatives de se couper des autres n'avaient pas changé son caractère.

Elle soutint le regard de Sania en silence, ne sachant trop si le défi qu'elle y lisait devait être relevé la lame à la main. La jeune femme avait été élevée au GorUnTha, c'est le peu que Tara savait, ou croyait savoir, d'elle. Peut-être ne comprenait-elle que le langage des poings ?

« Tu veux tout brûler ? » releva-t-elle avec un soupçon de malice « Ça laissera les murs intacts. Je ne te retiendrai pas. »

« Ne rigole pas avec ces choses-là. Je peux vraiment le faire. C'est les murs qui comptent pour toi ? Pas les gamins disparus ? Pas les serviteurs du château ? Peu importe les moyens tant qu'on conserve les cailloux à la fin ?

Bon ... arrêtons avec ça avant que l'une de nous ne dise quelque chose qui sera regretté. Je te soigne, puis on part les rejoindre. On marchera un peu à la fin, mais je n'ai pas envie de retourner dans ce vent. »

Sania sortit de son sac le sceptre qui lui avait été donné par Aravilan, il y a de nombreux mois et en usa sur Tara.

Un simple haussement d'épaules et un soupir de dédain accompagnèrent la réflexion de Sania quant au devenir des résidents du château et du village. Tara avait suffisamment souvent demandé au groupe d'éviter les blessés et les morts inutiles, même parmi la garde du château, pour ne pas ressentir le besoin de le rappeler une fois encore.

« Crame les orques. Pas le reste. » murmura-t-elle pendant que la "bardesse" sortait sa baguette.

Elle attendit patiemment la fin des soins, acceptant de fait la trêve proposée. Le crêpage de chignon pourrait reprendre une fois la capture de Phelam et la conquête du château assurées.

« Merci. Bien, pas la peine de faire attendre Alessa plus longtemps. Je peux compter sur toi encore un peu ? Le temps qu'on reprenne la place ? »

« Je préférerais un accord. Ou un contrat.
Mais ouais, tu l'as. Mon aide.

Je peux pas crâmer avec distinction tu sais. Je suis trop barbare pour m'abaiser à de telles choses. Ne pas massacrer tout ceux qui croisent mon chemin ? Et puis quoi d'autre ? »

Sania les ramena à la salle où elles avaient tendu une “embuscade“, non loin des cuisines.

Heureuse de pouvoir continuer à compter sur le soutien de Sania, Tara n'objecta pas d'autre réponse. Elle se contenterai de protéger elle-même les gens qui se trouveraient sur le passage de la barbare.

Arrivées près des cuisines, Tara se risqua à un coup d'oeil vers la zone qu'avait dévasté la tornade d'Aravilan, espérant que le sort se serait dissipé entre temps...

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Si c'est le cas, j'avance pour rejoindre Fantine et Alessa, sinon, Tara évaluera la distance à vue de nez et essaiera de passer avec une balade d'ombre si elle pense que ça passe.