Lilith vit sa patience mise à rude épreuve. A chaque groupe de femmes qu'elle sollicitait, il lui avait fallu de longues heures de discussion pour obtenir ce qui pouvait s'apparenter à une réponse. Lorsqu'elle posait, mot à mot, la question qu'Elendil avait transmise à ses conseillers, il s'en suivait au moins une heure d'explications pour rassurer les épouses et mères de Numenor. L'évocation des Edain Noirs provoqua en effet un véritable effroi. Il fallait bien mettre un nom sur chaque ennemi néanmoins, déjà accablées par l'épreuve que le peuple des fidèles venait de subir, chacun mettait de l'espoir dans la renaissance et l'avenir sur cette nouvelle Terre. L'avenir ne semblait plus aussi serein pour ces femmes, qui apprenaient que la menace qu'elles venaient de fuir existaient toujours, menace qu'elles connaissaient mal et s'imaginait immense. Bien entendu, certaines avaient vaguement entendu parlé des Numenoréens Noirs, et elles y allèrent toutes des anecdotes qu'elles avaient pu glaner de ci de là, grâce à leurs maris, enfants ou bien par les elfes. Lilith devait systématiquement recentrer la discussion plusieurs fois avant de pouvoir noter des réponses qui pourraient se révéler utile.
Au bout de trois jours, Lilith parvint aux conclusions suivantes.
La rumeur de l'existence des Numenoréens Noirs s'étaient répandue comme une trainée de poudre et les Edain ne parlaient plus que de ça.
Les femmes n'étaient pas rassurées néanmoins, leur détermination à braver les dangers était forte. Lilith vit en elles cette forme de courage qui apparaît au désespoir, lorsque de sombres événements s'enchainent et contre lesquels il n'y a pas d'autre choix que de faire face.
La priorité pour elles étaient de retrouver et recréer un foyer, non de s'engager dans de nouvelles luttes, vengeresses, qui ne rimaient qu'avec la mort de leurs proches et de leurs enfants. Laver un affront ne signifiait pas grand chose pour elles qui n'aspiraient qu'à une vie meilleure. Elles attendaient de leur roi la protection et une gestion sans faille de ces menaces, afin de leur offrir l'avenir promis aux Fidèles, dont elles faisaient parti. L'avenir pour lequel elles avaient tout quitté et déjà bravé maints dangers.
Sothor, pour sa part, fit face à une drôle de réaction de la part de ses troupes. Les soldats n'étaient points habitués, ni formés, à s'interroger ou bien à ce qu'on sollicite leur avis, en dehors des sphères des hauts gradés. Pendant cinq bonnes minutes, il n'y eut aucun mouvement. N'osant rompre leur formation, les soldats néanmoins, bougeaient la tête de gauche à droite, espérant voir l'un de leur frère d'arme oser prendre position en premier. Il n'en fut rien, finalement, l'un d'entre eux, au désarroi au au premier rang, leva le bras pour demander la permission de parler.
Sothor hocha la tête.
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« Général, je vous demande la permission de pouvoir en discuter entre nous. »Dans un silence de plomb, tous attendaient la réponse de leur commandant, soulagés de pouvoir au moins jusque là, arrêter d'être la cible des regards de leur hiérarchie.