« Si 1000 hommes ne peuvent les transporter, ces caisses vont devoir être soit séparées en plus petites unités ou bien être ingénieusement chargées sur des chariots géants et tirées par des chevaux ou vaches ... quoi qu'il en soit il semble que l'aide des Noldor soit de mise ... peut-être que Gil-Galad et son peuple ont un moyen de nous aider? »

Sothor maugréa.

« Deux cents hommes à disposition, mais s'il font les cochers, ils ne pourront protéger personne. Et ils ont toute leur propre logistique à transporter.

Mais faites comme bon vous semble. »

Fëaromen planta fermement son regard dans celui du général, en répondant sans dissimuler son agacement :
« Général, ai-je dit que vos hommes seraient réquisitionnés à cette tâche ? En aucune façon. » Il tapa rageusement du poing sur la table.
« Cessez donc de geindre inutilement !!
D'autres réactions ? Un autre sujet à aborder ? »

Fëaromen regardait les autres conseillers, tel un fauve en cage. Il ne lui tardait rien d'autre que d'agir pour préparer le départ.

Lilith exposa le fruit de sa rapide réflexion.

« Avons nous besoin de procéder à un exode unique? Puisqu'il me semblerait que le plus judicieux serait de procéder dans un premier lieu à une reconnaissance de la route à emprunter, puis des lieux sur lesquels nous allons nous implanter. Cette reconnaissance peut être faite par des hommes à cheval ou bien grâce aux pierres si elles ont une portée suffisante. La deuxième chose à faire selon moi est de questionner les elfes du Noldor et les partisans de Círdan afin qu'ils nous révèlent ce qu'il y a à savoir sur ces routes, ou même nous mettre à disposition un guide.

Une fois que nous aurons déterminé un itinéraire et un point de chute, il nous sera impératif de déterminer nos capacités de transport et d'avancée. En fonction de ces données, nous pourrons évaluer le meilleur trajet avec le nombre de pauses à faire et dans quels lieux. Avec toutes ces données en tête, nous pourrons évaluer la taille des différents groupes des nôtres qui prendront le pavé.

J'envisagerais de séparer le peuple des Edains en plusieurs groupes pour qu'il soit plus facile d'organiser à la fois les déplacements et l'arrivée. Il faudra ensuite définir les priorités des arrivants pour organiser derechef l'évolution du premier domaine qui nous permettra de prospérer. Avons nous un inventaire des moyens de transport à notre disposition ainsi que les types de conditionnement des denrées à faire voyager? Je ne pense pas que nos moyens actuels soient suffisant, il faudra donc que nous demandions une nouvelle fois aux elfes de Gil-Galad de nous fournir leur aide.

Je veux bien me charger de ce dernier travail. »

Elendil était ravi, ses conseillers semblaient prêt pour remplir leur rôle. Il prit les devants, et en bon roi distribua les ordres : « Très bien, voilà ce que nous allons faire. Notre peuple ne se déplacera pas en une fois, en effet Lilith voit juste. Nous devons donc travailler à la préparation de ce voyage, pour cela voici les taches que je vous assigne.

Sothor et Linfëa, je veux que vous travaillez de concert pour explorer la route entre ici et le lac Evendim. Sothor est en charge et aux commandes, Linfëa apportera son expertise et ses marins pour le fleuve Baranduin. En effet, il me semble essentiel de suivre la grande route de l'est pour rejoindre le lac Evendim, je ne suis pas sur que nous voulons traverser les collines ... mais je vous laisse faire ce choix Sothor. Je tacherai de vous procurer des chevaux pour votre exploration.

Lilith et Khelekril, j'ai besoin que vous travailler comme diplomates : Khelekril, tu es chargé de parler avec les elfes du Noldor et les partisans de Cindar pour obtenir toute information relative à notre déplacement jusqu'à notre nouvelle cité (routes, dangers, possibilité d'avoir des guides, etc.). Lilith, quand à toi tu travailleras directement avec moi pour convaincre Gil-Galad de nous fournir une fois encore son aide, notamment en terme de logistique.

Fëaromen et Erika, il vous faudra travailler ici à la conception et la fabrication des moyens de transports que nous utiliserons pour nous rendre au lac Evendim : chariots, brouettes, remorques, soyez imaginatifs et tachez de trouver une solution au problème de taille que nous avons. »

Le roi laissa un peu de temps pour que ses conseillers encaisse les nouvelles, puis il ajouta : « Ce conseil est finit, nous nous verrons demain pour le conseil blanc et je pense que vous avez tous de nombreuses choses à faire maintenant. » Sur ce fait il se leva, prêt à quitter le conseil.

26 juin 3319 SA matinée
Khelekril opina de la tête et dit :
« Je m'en vais de ce pas voir Cirdan. Il se trouve probablement dans son atelier principal au port. Quand au roi, j'ai entendu dire qu'il tenait conseil avec ses capitaines dans la grande salle. »

Khellekril ne perdit pas une minute et prit la direction du port de Mithlond.

26 juin 3319 SA midi

Khelekril arriva dans l'immense hangar de bois qui servait d'atelier pour la fabrication des navires de Círdan. Le bâtiment en entier était un chef d’œuvre digne d'être chanté. Tout de bois, il était ornementé de pieds en cap. Les piliers étaient finement travaillés en spirales sur lesquelles étaient dessinées des feuilles. On aurait cru de véritables arbres vivants. Certains étaient couverts de plantes grimpantes qui se rejoignaient au niveau des poutres. De nombreuses fenêtres, teintées de vitraux représentant des scènes maritimes des temps anciens, illuminaient l'endroit. Une coupole de vitraux bleu constituait l'élément central de la toiture, sur laquelle était représenté Ulmo, le Vala de la mer, parlant à un elfe qui lui arrivait à peine à la cheville.



« Grandiose.... Prodigieux... » souffla Khelekril qui était ravi d'avoir enfin l'occasion de pénétrer dans ce bâtiment dont maintes louanges lui avaient été faîtes par ses proches depuis son arrivée.

A l'entrée se tenaient deux grandes salles bordant le couloir qui donnait sur une des rampes qui permettaient de mettre les navires en fabrication ici, à la mer. De nombreux elfes s'activaient là, dont certains procédaient à des réparations sur le bâtiment lui-même. A y regarder de plus près, Khelekril vit que la toiture et certaines ouvertures étaient endommagées. Il demanda où il pourrait trouver Círdan. On lui indiqua la grande pièce se trouvant à sa droite et il y pénétra en ouvrant une grande porte fermant une arche de bois de près de trois mètres de hauteur.

Le charpentier Teleri se trouvait là avec quelques-uns de ses assistants, debout autour d'une grande table carré tout aussi travaillée que le reste de l'endroit. Tous levèrent la tête et la voix grave et chaleureuse de Círdan ne tarda pas à retentir :
« - Bien le bonjour, héritier des Dúnedain. Que nous vaut l'honneur de votre visite ? »
D'un pas assuré et un sourire émerveillé aux lèvres, Khelekril répondit :
« - Tout l'honneur est pour moi, maître charpentier. On m'avait chanté la beauté de votre lieu de travail. La chanson étaient magnifique mais elle était loin de décrire à sa juste valeur l'enchantement que représente ce lieu. »
« - J'apprécie le compliment à sa juste valeur, pourtant, auriez-vous vu les ports d'Eglarest et de Brithombar que vous n'auriez pas trouver les mots pour les décrire. »
khelekril connaissait l'histoire du Beleriand englouti, ce qui lui remémora le triste sort de sa terre natale :
« - Hélas, faut-il que les plus merveilleuses choses en ce monde disparaissent contre notre volonté... Je viens à la demande de mon père, cher ami. Nous préparons le voyage en direction du Lac Evendim, c'est là le lieu que nous avons choisi pour fonder notre nouveau royaume. Nous redoutons les dangers et les obstacles qui pourraient se dresser devant nous. Vous connaissez ces terres bien mieux que nous, aussi je viens solliciter vos sages conseils. »
« - Sage initiative. Nous comptions bien vous donner ces renseignements lors du conseil de demain, néanmoins, cela vous permettra de mieux vous les approprier pour parfaire votre organisation, ainsi nous irons à l'essentiel lors de notre réunion. Tawartain, apportez-nous donc les cartes, je vous en prie. Rangeons les plans pour le moment, nous reprendrons nos réflexions plus tard. »

Les acolytes de Círdan l'aidèrent à faire place nette sur la table, sur laquelle était gravée un somptueux navire portant à sa proue un joyaux. Les nuances de couleurs du bois donnaient l'impression que de la lumière émanait du silmaril, car il s'agissait bien là d'une représentation du Vingilot, le navire d'Ëarendil, le plus grand de tous les marins et ancêtre, au demeurant, des Numenoréens. C'était la plus belle œuvre de Círdan et elle voguait désormais parmi les étoiles d'Elbereth, formant la constellation qui portait le nom de son capitaine.



Khelekril attarda son regard dessus puis reprit le cours de ses pensées lorsque les cartes furent déployées. Alors, le fils d'Elendil écouta avec la plus grande attention les informations que lui donnèrent Círdan et ses suivants. Il posa maintes question et ce n'est que lorsque son estomac lui rappela que l'heure de déjeuner était déjà largement passée, qu'il estima avoir fait le tour de la question. Círdan l'invita à partager le repas avec lui, ce dont il ne se priva pas car cela lui permit, encore, de se rassurer sur tout ce qu'il avait appris.

Linfëa s'inclina lorsque le roi quitta le conseil, il s'empressa de se rendre auprès de Sothor et lui dit : « Général, je vous laisse l'exploration des terres, je me charge d'explorer le lac et les rivières à l'aide de mon Palantir. Si vous avez besoin de marins pour vos missions d'exploration, je me chargerai personnellement de vos fournir des hommes. » Puis il se dirigea vers Fëaromen pour signer son décret d'usage des pierres.

Une fois cela fait il prit sa soirée pour étudier sa pierre dans l'intention d'explorer les eaux du lac Evendim.

Linfëa rejoignit rapidement ses appartements, très curieux de faire par lui même l'expérience de l'utilisation de son palantir. Fëaromen avait complété son explication en lui remettant le mandat d'Elendil, pendant près d'une heure ! Il sortit la pierre de son coffre de bois dont la surface intérieure était doublée d'un métal très fin qu'il ne savait reconnaître. Il posa la pierre sur une table et s'assit de sorte à ce que sa tête se trouve à son niveau. Le palantir diffusait quantité d'images qui déjà fascinaient le marin. Des îles inconnues, des navires somptueux, se jouait-elle de lui ? Il resta ainsi une quinzaine de minutes à contempler ces images. Finalement, il se décidé à la toucher, non sans une certaine appréhension. Au début, il ne se passa rien néanmoins, à travers son bras il pouvait sentir comme un picotement, comme si le lien était prêt à être établi. Il tenta alors de faire apparaître l'endroit où il se trouvait et concentra toutes ses pensée là-dessus. Les images aléatoires cessèrent, des bribes de la pièces apparurent, puis les visions reprirent. Le manège dura bien cinq minutes avant que Linfëa réussisse à stabiliser le palantir, se contemplant de haut depuis le globe ! Il essaya alors de sortir au-dehors et l'opération lui demanda un grand effort. Il allait trop vite, ou trop lentement et avait perdu le compte de là où il se trouvait. Il dû s'y reprendre à plusieurs fois. Au bout d'une heure il avait trouvé son rythme et se rendit compte que déjà, des gouttelettes perlaient de son front sous l'effort de concentration. Finalement, il réussit à avoir une vision d'ensemble de la cité et commença à remonter le fleuve Lhûn. Il était difficile de rester concentré malgré son émerveillement devant les possibilités qu'offraient le palantir. Les paysages étaient somptueux, bien que ravagé près des côtes. En remontant le fleuve, il s'aperçut que celui-ci avait changé de cours en de nombreux endroits. L'ancien serpentait autour du nouveau de façon anarchique. Fëaromen remonta progressivement le cours en étant attentif à repérer des endroits que des navires conçus pour la navigation en eau douce ne pourraient franchir. Il repéra une grande chute sur l'affluent qui prenaient sa source dans les montagnes Evendim, à l'Ouest de la grande forêt qui en tapissaient le versant Ouest et que ce bras de rivière englobait. A l'endroit où l'affluent rejoignait le Lhûn se trouvait un grand marais qui se prolongeait sur les deux rives vers le sud . Néanmoins à l'Est de l'endroit où les deux fleuves se rejoignaient , le marais se muait en plainte avant que la forêt ne commence. Un endroit convenable pour débarquer.
Linfëa ne tenait plus, il força pour maintenir son contrôle sur le palantir, sans succès. Il avait obtenu de précieuse informations. Il regarda par la fenêtre, le soleil déclinait déjà. L'après-midi était bien entamée ! Il était complètement épuisé !

Sothor fronça les sourcils aux remarques de Linfëa. Qu'est ce qu'il n'a pas compris l'alcoolique notoire ? Elendil dit qu'il me met aux commandes et cet aventureux commence par me donner des consignes et n'en fait qu'à sa tête.
Ce sont de tels comportements qui ont mené notre peuple à chuter avec Al pharaon!!
Pourtant, il ne laissa rien transparaître et mit dans un coin de son crâne de régler ça plus tard avec cet être irresponsable.

Il salua son roi qui avait annoncé la fin du conseil puis fit comme aurait fait n'importe quel comploteurs ayant quelque chose à cacher et s'enferma au calme. Il en sortit la pierre qui les fascinait tous et décida à contrecoeur de l'utiliser.

Il essayait de percevoir le début de la route du Mithlond vers leur destination au lac d'Evendim, chose qu'il pourrait vérifier immédiatement après.

« Allez le caillou magique, montre moi la route et 5 lars à la ronde, dans toutes les directions, en partant depuis ici je te prie. Et je guiderai tes pas pour la suite. »

Lilith fit de même et s'esquiva poliment du conseil avec un palantiri dans chaque main.

Une fois que son esprit put se poser sans contraintes extérieure, elle posa lune des sphères face à une ouverture vers l'extérieur et elle garda l'autre dans sa main et extirpa la première de son champ de vision en se déplaçant.

Puis elle essaya de voir la seconde pierre grâce à celle qu'elle avait encore dans la main. Si cela fonctionnait, elle tenterait de voir au travers de la seconde pierre via la première.

Lorsque Lilith tenta son expérience, en tenant les deux pierres, une dans chaque main, il se produisit quelque chose qui ne lui avait pas encore été expliqué par Fëaromen, ou alors très légèrement. Son visage apparût sur les deux pierres, son esprit se retrouva comme flottant au-dessus de son corps. Elle n'était plus dans la réalité de la Terre du Milieu mais dans une salle noire, au début. Elle trouva qu'il faisait trop sombre et une douce luminosité s'installa. Elle trouva l'endroit trop froid et une chaleur agréable l'enveloppa. Elle comprit vite qu'elle pouvait modeler cet endroit, au moins dans une certaine mesure. Elle imagine un somptueux jardin et il apparut autour d'elle. Elle sentait que ses sens était différent ici. Elle pouvait sentir ses pensées s'exprimer facilement et vivement. Si elle avait un interlocuteur, elle aurait probablement pût communiquer avec lui sans avoir besoin de lui parler. Mais elle était seule, totalement immergée dans cet univers de la pensée.

Pendant ce temps là, Erika rejoignit le groupe d'artisan, dont le manque d'action les démangeaient.

Elle vit avec leurs représentants pour qu'ils se mettent à construire des chariots transportables par les hommes pour transporter le maximum de nourriture et d'outils.

Elle alla demander l'aide des Elfes pour obtenir les matières premières. Durant les jours qui s'écoulèrent, tous furent très efficaces et ils devraient être prêt pour leur départ.

Lilith semblait particulièrement déçue de ce résultat. Elle n'avait pas besoin des palantiri pour se plonger dans un monde onirique ou mental.

Elle quitta donc rapidement cette projection, récupéra la seconde pierre, puis une fois qu'elle en eut une dans chaque main, se concentra sur Gil-galad.

Lilith ne réussit qu'à interrompre très momentanément le fil d'images qui animaient les deux pierres et au prix d'un effort mental incommensurable, Gil-Galad apparût sur les deux pierres très brièvement.
C'était déjà un exploit car contrôler une seule pierre était déjà très ardu pour un non initié, mais elle ne pouvait mesurer à quel point.
Elle ne put le renouveler cependant, son esprit n'ayant plus les ressources pour reproduire un tel effort.

La fille d'Elendil comprit que ce qu'elle avait fait, même à titre d'expérience n'était pas forcément la façon la plus judicieuse d'utiliser les pierres. Elle se frotta les yeux pour recentrer ses pensées et accomplit un subtil exercice de respiration pour avoir l'esprit clair.

Puis, elle prit l'un des deux palantiri et se concentra à nouveau dessus, avec l'intention de voir Gil-Galad, qu'elle observerait une petite heure.

Lilith dû chercher Gil-Galad dans le grand palais, car le Palantir n'était pas capable de se diriger de lui-même vers une personne. La pierre n'avait pas d'intelligence propre, elle ne faisait que suivre les intentions de la personne qui la contrôlait. Le roi des Noldor ne fût pas difficile à trouver car il se trouvait, seul, dans ses appartements. La vision qui s'offrit à la fille d'Elendil était pour le moins impressionnante. Gil-Galad faisait face à un autel rempli d'eau et il était entouré d'un halo bleu. Ses vêtements flottaient comme portés par un léger vent tourbillonnant. Ses pupilles rayonnaient du même bleu qu'un anneau, brillant d'un éclat presque aveuglant et qu'il portait à sa main droite. En approchant sa vision, Lilith put voir que la surface de l'eau, elle, restait parfaitement immobile et elle diffusait des images que Gil-Galad regardait. On y voyait un pont, sur lequel se trouvaient des guerriers. Lilith n'eut pas le temps d'identifier de quel type d'armée il pouvait s'agir. Puis, l'image changea et la surface de l'eau montra un homme, grand, qui avait l'allure d'un Numenoréen, Lilith se serait même avancée à dire qu'il était de la lignée d'Elros tant sa stature était impressionnante. Les autres hommes à qui il s'adressait étaient tous de moindre taille et il était apparemment leur chef. Finalement, tout s'estompa en un éclair alors que le roi se retournait pour écouter Galdor qui venait lui annoncer quelque chose, mais la pierre ne permettait pas d'écouter, seulement de regarder. Les deux elfes discutaient gravement.

Linfëa décida de se reposer, l'usage des pierres l'avait fatigué bien plus que ce qu'il avait imaginé bien que Fëaromen les aient prévenu, rien ne pouvait les préparer à supporter la charge mentale liée à l'utilisation d'un tel artefact !

Après un bonne et longue sieste, il s'en alla d'abord s'assurer que les marins avait le moral au beau fixe : il passa deux bonnes heures dans les tavernes autour du port à discuter pour rassurer ses hommes. Il leur assura qu'ils auraient leur quota de travail à contribuer pour le royaume, bientôt les Edain auraient besoin d'une marine forte pour leur défense, exploration et même production de matière première - le lac Evendim représentant une manière parfaite de transporter le fruit des carrières qu'ils auront dans les collines adjacentes vers leur nouvelle cité -

De retour dans ses quartiers il tenta à nouveau d'utiliser son Palantìr mais en se concentrant sur le lac et peut-être son affluent si il en avait les forces.

Sothor vit une image de loin de ce qu'il avait demandé au palantir au prix d'un gros effort. Il interrompit au bout d'une heure d'observation qui ne lui avait rien vraiment révélé de probant. Il grogna. En conséquence, il lui fallait faire à l'ancienne et laissa choir le palantir au sol. Il rebondit et s'arrêta. Faëromen le leur avait bien dit, ce genre de chose ne se casserait pas facilement.

Il prit donc une carte et des rouleaux de parchemins, de l'encre et une plume pour y coucher sur le papier ce dont il avait besoin. Un compas, une règle, des pelotes de laines, des aiguilles et il était paré à sa réflexion qui mènerait les Edains jusqu'au lac Evendim. La pression sur ses épaules était terrible; au-delà même des deux mille vies qu'il aurait entre ses mains, il s'agissait de la destinée de tout un peuple, qui pouvait potentiellement s'éteindre en cas d'une malheureuse attaque d'orques. Et ils n'avaient plus que quelques jours pour quitter leurs hôtes elfiques.

Le premier point qu'il avait besoin de définir était le trajet qu'ils allaient devoir suivre. Il commençait par placer sa première ficelle avec une aiguille sur la carte, à Mithlond, là où ils étaient tous. Plusieurs itinéraires étaient possibles, mais l'un d'eux se dégagea très rapidement car il présentait le moins de risques pour ses concitoyens tout en alliant une bonne facilité de déplacement : La grande Route de l'Est. Ainsi ils éviteraient les déplacements dans des milieux compliqués à appréhender, surtout avec les convois qu'ils représenteront. Environ 75 lars sur une routeJe suis parti sur 3 lars par hex en moyenne et 36 lars en longeant la rivière.

Compte tenu des difficulté inhérentes à un tel voyage, Sothor estima à 5 lars par jour la vitesse de déplacement d'un convoi, qui ne serait qu'une partie de la population, mais à partir de cette vitesse moyenne, il pourrait définir la stratégie générale de déplacement. Mais il faudrait environ 20 à 25 jours de marche... Cette déduction lui mina le moral. Un nouvel exode, mais au moins celui-ci serait terrestre.

La première difficulté serait donc d'évaluer la quantité de nourriture qu'ils pourront prendre et transporter pour nourrir deux mille âmes, à réduire en fonction de ce qu'ils seraient capable de fourrager durant le trajet. Car en effet, plus de nourriture à transporter signifiait plus de logistique alors que profiter des bienfaits de la nature au fur et à mesure de l'avancée ne surchargeraient pas les migrants avec de la nourriture.

Cependant, il lui faudrait déléguer une tâche d'exploration en amont avec un double objectif : repérer d'éventuels dangers ou agresseurs et les zones permettant de fournir de quoi se sustenter aux vagues qui arriveraient ensuite. Pour cela, il pensait envoyer une équipe de dix hommes en avance d'un ou deux jours. La moitié avancerait, la seconde s'occuperait du repérage et dépasserait la première qui se chargerait d'explorer la deuxième zone. Ainsi, il créerait un roulement qui permettrait de garder contact entre eux, trouver la nourriture et si besoin faire retraite en cas de danger pour prévenir les groupes plus importants qui suivraient. Cette tâche devrait être assez facile tant qu'ils resteraient sur la route de l'Est mais se gâterait dès qu'ils la quitteraient. Pour communiquer avec les groupes suivants, les éclaireurs devraient laisser des marques remarquables pour indiquer les dangers et les zones de nourriture.

Cette solution n'était pas la meilleure, et ne garantissait en rien la réussite de l'opération mais elle était nécessaire et devrait assurer la sécurité de son peuple. Sothor fit une petite pause pour boire un verre d'eau, se frottait les yeux et s’attaquer à la suite des opérations. La répartition des groupes et leurs différentes fonctions.

Tout d'abord la première équipe, la plus importante et celle à laquelle Sothor pensait se joindre : ceux-là seraient en charge de déblayer les chemins un peu délicats, éliminer les menaces éventuelles et amener les premières structures qui devraient être prêtes lorsque les derniers ou suivants arriveraient. Il fallait donc que ce premier convoi soit composé de suffisamment de soldats et d'artisans. Surement que cent soldats et deux cents travailleurs et chasseurs-cueilleurs permettrait d'accomplir ces tâches efficacement.

Ensuite, le second convoi. Lui devrait s'occuper de ceux qui ne pourront pas fermer la marche et apporteront une aide mineure aux premiers qui auront déjà accompli une grosse partie du travail. Surement des femmes, des enfants et les plus anciens. Bien sûr, une partie des soldats les accompagneront pour les défendre et des "récupérateurs de nourriture". Elendil pourrait être le responsable de ce convoi, le plus à l'abri d'une attaque par l'avant qui serait passé au travers de la première équipe ou de l'arrière après s'être défait de l'arrière garde. Le roi était le cœur de ce peuple, il devait donc être protégé. Et sa présence galvaniserait les plus faibles des Edains. Sothor estima que ce convoi représenterait environ un millier d'hommes et de femmes.

Enfin, le dernier convoi avec les matériaux les plus précieux, les derniers soldats et tous ceux qui ne seraient pas dans le premier ou second cas. Sept cent cinquante personnes qui bénéficieront de l'ouverture du trajet par les deux autres et termineront d'amener les victuailles et objets de finitions. Pour que ce dernier tiers soit sous bonne garde, Faëromen, Lilith et Khelekril pourraient les accompagner et les diriger : un représentant du peuple et les héritiers devraient réussir à maintenir l'autorité parmi tous ces homes et femmes.

Dans cette configuration, Erika et Linféa accompagneraient certainement Elendil pour assurer la cohésion de l'important second groupe. Son regard se perdit dans le vague une seconde, le temps qu'il reprenne ses esprits à nouveau après cette réflexion. Ses yeux parvinrent jusqu'au palantiri. Il y vit une bonne opportunité de les utiliser : en effet, même s'ils ne leur permettraient pas forcément de communiquer efficacement ils devraient autoriser à vérifier que les autres convois avançaient normalement.

En partant avec un ou deux jours d'écarts, il ne devraient pas y avoir de gros temps mort, ni de mauvaises surprises puisqu'en cas de problème, un groupe repartirait en arrière pour en rejoindre un autre, ce qui arriverait en moins de deux jours.

Fort de ses réflexions, le général en profita pour rejoindre lle roi, sa fille et Faëromen et leur indiquer les différents détails de son plan de voyage. Avec ses éléments, ils devraient pouvoir aviser auprès de Gil-Galad lors de leur entrevue pour savoir ce que le peuple des elfes pouvait une nouvelle fois offrir aux Hommes pour accomplir cette tâche. Puis il se tint prêt à leur retour afin qu'ils n'aient pas laissé de points d'ombre et qu'ils puissent en parler sereinement au roi des elfes.