Ankhorn connaissait la plupart de ses hommes, au minimum de vue et il ne tarda guère à retrouver, au sein de la partie du campement qui leur était réservée, celui avec qui il avait partagé des soins après sa fuite éperdue depuis Tharbad.
Findir s'entrainait au tir avec le groupe dît des "chasseurs" au sein des rôdeurs. Il répondait aux consignes de Sigund qui prodiguait à chacun, tour à tour, des conseils pour parfaire leur technique.
Lorsqu'Ankhorn approcha, Sigund dît à ses hommes de poursuivre l'exercice et il marcha à sa rencontre. Inclinant la tête en signe de respect, le poing sur le cœur, il l'accueillit d'un sobre :
« Capitaine. »

Ankhorn apprécia le geste de respect de Sigund et le salua à son tour.

« Je vois que vous prenez à coeur votre rôle de maitre d'arme. Vos recrues progressent elles bien ? »

Il attendit sa réponse puis poursuivi.

« J'ai besoin de m'entretenir avec un de vos membres, Findir. Si mes yeux et ma mémoire ne me font pas défaut, il me semble qu'il est dans vos rangs. Pouvez vous le quérir ? »

Sigund acquiesça :
« J'ai à cœur de maintenir notre réputation d'archer. Nos arcs nous serons plus que précieux dans les temps à venir. Nos hommes n'ont rien perdu de leur talent. Mais il convient de le maintenir et cela passe par un entrainement assidu, comme vous le savez capitaine.
Je vais chercher Findir. »

Sigund ne tarda pas à revenir avec l'intéressé et il resta à ses côtés pour entendre ce qu'Ankhorn avait à voir avec lui.

Il salua l'homme de Lond Daer Aneth puis se tourna vers Sigund
« Merci Sigund. Vous pouvez retourner à votre activité. »

Il fit signe à Findir de l'accompagner et commencèrent à marcher tout en discutant.
« Findir, je n'ai pas eu le temps de vous revoir depuis notre escapade mais j'ai besoin de vos connaissances.

Nous allons bientôt mettre un pied à terre et oeuvrer à la construction de notre cité mais l'Ombre n'est pas loin et elle pourrait arriver depuis le Sud, Tharbad ou Lond Daer Eneth.
Je me souviens que vous m'aviez dit que vous n'étiez pas passer loin de reprendre la main sur cette dernière mais l'intervention du régent de Tharbad avait tourné le vent en notre défaveur.

Auriez vous encore un contact à Lond Daer Eneth auprès de qui nous pourrions nous rapprocher pour essayer diriger la résistance ? »

Findir regarda Sigund s'éloigner avec regret et, alors qu'il comprit le sujet que son capitaine souhaitait aborder, il désigna du doigt celui qui était en train de s'éloigner :
« Haeum... » fit-il en se raclant la gorge,
« C'est-à-dire que, justement, il serait intéressant que Sigund se joigne à notre conversation Capitaine. Comme vous le savez certainement, il a toujours occupé un rôle plus important que moi dans la résistance. Il sera certainement de meilleur conseil. Avec toutes les précautions que nous prenions pour ne pas nous faire arrêter, je n'étais finalement en contact qu'avec peu des nôtres. La plupart ont réussi à fuir ou sont morts au combat en essayant. Il me reste de la famille à Lond Daer Enedh, mais je ne sais quel crédits leur accorder hélas... Sigund était mon contact privilégié et il a fédéré les fidèles de Tharbad et de Lond Daer Enedh depuis l'extérieur des cités, grâce aux déplacements fréquents qu'il était en droit d'effectuer en tant que chasseur de renom. J'ai eu la chance de pouvoir me joindre à certaines de ses grandes chasses et c'est ainsi qu'il m'a convaincu de rejoindre la résistance. C'était il y a bien longtemps. »

« Bien capitaine. » répondit Findir, visiblement légèrement mal à l'aise.
« Comme je vous le disais - et j'imagine qu'il s'agit là des consignes venant de votre part ou même de plus haut - nous ne connaissions en propre que peu d'entre nous afin de limiter les risques lorsque l'un des nôtres venait à se faire arrêter. A Lond Daer Enedh, la proportion de fidèles n'était guère différente que partout ailleurs dans le royaume. Même si c'est une chose difficile à estimer, je pense que moins de 10% de la population œuvrait dans la résistance. Comme vous le savez, quelques jours avant... la submersion... nous avons reçu la consigne de nous préparer à partir. Il était dit que le signal serait évident. Et comment ! Nous ne pouvions imaginer à quel point. Les hommes du roi, grandement affairés à préparer les derniers convois pour la grande guerre qui devait se livrer à l'ouest, n'entravèrent que peu nos préparatifs. Ils ne se rendirent pas compte, en tout cas, de notre projet. Lorsque la colère des Valar s'est déchainée, un vent de panique s'est abattu sur la cité. Nous en avons profité pour faire évacuer en premier lieu nos familles, qui pour la plupart, se trouvaient déjà à l'extérieur de la ville. Au sein de la cité, les dégâts furent considérables. Le port était ravagé, les quelques navires qui n'avaient pas dû rejoindre l'armada avaient sombré - leurs sinistres épaves hantaient au matin les eaux peu profondes du port - ou bien se trouvaient en piteux états, rejetés comme de vulgaires bouts de bois sur les côtes, qui elles-mêmes semblaient avoir été modifiées... De nombreux bâtiments étaient submergés, ou partiellement détruits.
L'impact fût considérable sur le peuple. Bon nombre firent le lien avec les agissements d'Ar-Pharazôn, interprétant la tempête comme un signe de défaite et l’incarnation même du terrible courroux des Valar. Nos cœurs se trouvèrent alors balancés entre le fait de s'en tenir à notre plan initial, ou bien d'en profiter pour défaire les hommes du roi en provoquant un soulèvement... »

Ankhorn écoutait avec attention son interlocuteur
« Et comment, sur le moment, aviez-vous envisager les choses ? Avant votre départ, quelles étaient les effectifs connus sur place ? »