Tandis qu'il suivait nonchalamment la troupe des gentlemen visitant les lieux, William essayait de redessiner mentalement le plan de l’hôtel particulier du comte. Il ne put s'empêcher intérieurement de relever le luxe vaguement décrépi de la demeure. Les lieux étaient propres certes, et bien ordonnés, mais quelques réparations et rafraichissements auraient été nécessaires ça et là.
La visite se clôtura par un passage dans le jardin. William, en bon anglais des colonies, ne trouvait absolument aucun charme à ces volutes et taupières par trop ordonnées. Il leur préférait nettement le foisonnement faussement chaotique des jardins dits anglais. Ces lieux où l'harmonie et l'expression artistique végétale n'était pas dans l'ordre strict mais dans le rappel à une nature sauvage et triomphante.
Néanmoins, il fallait le reconnaitre, le maître des lieux - le jardinier ici présent - avait un certain talent dans son domaine.
Lorsqu'ils arrivèrent à la roseraie, William y perçu avec une certaine satisfaction, un peu de ce frais désordre qu'il appréciait. La fragrance des roses en cette fin d'après midi s'exprimait dans sa plénitude, un parfum puissant qui faisait comme pétiller l'air tiédi par le soleil du printemps.
Pourtant, ces roses évoquèrent autre chose chez William, alors qu'il quittait les lieux à la suite du Comte. Apparemment, le jardinier - Müller - était resté un peu en arrière. Avait-il eut, lui aussi, une intuition concernant ce lieu ?
Pourtant William ne parvenait pas à mettre le doigt sur le sujet de ses préoccupations. Cela évoquait un conte ou une histoire... "La belle au bois dormant" ? non, mais quelque chose comme cela.
Ces préoccupations du moment furent soudain balayées par la vue du cadran de l'horloge de bronze du petit salon.
« Par Saint Georges ! » Lâcha t il soudain
« Mon cher Firmin, il n'est de bonne compagnie qui ne se quitte, à tout le moins temporairement. »William attrapa ses vêtements dans le placard du hall avant que le majordome ne réagisse. Depuis son plus jeune âge et son passage par les états de la confédération il ne supportait qu'avec peine de se faire servir ou vêtir par d'autres hommes.
Il remit son par-dessus ...
« Ce gala perturbant notre emploi du temps, il me faut rejoindre mon domicile afin de préparer une malle, y jeter quelques affaires et tenter de me vêtir correctement. »... et vissa son Stetson sur ses cheveux roux grisonnants aux tempes.
« Il me faudra bien tenter de briller un peu au bras de ma cavalière, bien que - vous serez de mon avis - l'éclat solaire de sa beauté ne pourra qu'éclipser la primitive lumière de votre serviteur. »Il avisa sa montre chronomètre.
« Je retrouve la baronne chez moi à 20h et nous vous rejoignons pour partir de concert ? »Il arrêta Georges d'un sourire.
« Inutile d'appeler un cab Georges, je vais marcher un peu. Je trouverais bien un cocher vers la trinité je pense. »« Monsieur le Comte. Messieurs. A ce soir sans doute. »Sans plus attendre, William quitta les lieux.
Message secret pour Viadoq.Pourtant, contre toute attente, il ne se dirigea pas vers le sud comme il l'avait prétendu mais remonta vers le nord et la rue Mont Cenis. Prés de la maison de Mimi pinson, il savait trouver une bande de gamins des rues, des titis, des rouges gorges qui pourraient bien lui être de quelque utilité.
Usant de ses contacts, William va recruté quelques gamins pour surveiller discrètement l'hôtel du Comte et glaner des renseignements avant de rejoindre ses appartements.