Neave et Nahyla concentrèrent leurs attaques sur le démon ailé. L'arme de la bretteuse ripa sur le cuir épais du monstre sans lui faire de blessure, mais l'archère planta sa flèche dans son épaule.. Flora prodigua quelques soins à Ruyl, bien mal en point.
Pendant ce temps, l’homme-rat, en partie masqué par la brume magique, avait fini de mettre le feu aux livres de la bibliothèque sur le côté droit de la pièce. La température commençait à monter dangereusement. Il alla de l’autre côté de la pièce pour faire de même avec d’autres étagères. Dans quelques instants, il ferait trop chaud pour survivre ici.

(en Abyssal) « Prona crbúbúk : Búk shobuk nath. Shak pa uatugum-ish' bum gl'dur ai nazg' urobazg » répondit la démone ailée à ceux qui avaient fini le combat, en bas.

Le grand démon rouge prit la peine d’achever Ruyl, qui s’effondra, le crâne brisé, avant de se tourner vers Nahyla. « Tu m’as appelé comment, déjà ? » Il semblait connaitre la langue des humains. « Je vais peut-être vous faire prisonnières toutes les trois, j'ai grande envie de violer de la chair fraiche... »
Chez Ruyl

« Pas ce soir, j'ai la migraine. »

Neave banda son arc une fois de plus et tira.

Flora prend une grande inspiration. Puis elle hurle, cri de peur, cri de dégoût, cri chargé de magie.
Le mage était mort, en dépit de ses tentatives de le sauver. Elle avait tout fait ce qu'elle pouvait, et maintenant elles allaient mourir ou pire ou les deux et le monde allait peut-être recommencer encore et encore ou peut-être que ça serait la fin pour de faire et ...
Dans tous les cas, c'était trop de pression pour la pauvre ménestrel, qui par ce cri expulse sa terreur et ses doutes.

L’homme-rat finissait de mettre le feu aux bibliothèques de Ruyl. Satisfait, il sortit de la pièce : (en Abyssal) « Shobuk nan-ghagu ».
Perturbé par le cri de Flora, le démon ailé remis à plus tard ses envies de galipettes. Il sortit à la suite de son compagnon.
Il était évident que les ennemies des aventurières les attendaient de l’autre côté de la porte, prêts à massacrer la première qui sortirait du bureau de Ruyl.
La fumée s’épaississait. Elle n’était plus d’origine magique, mais des couleurs étonnantes éclairaient la brume lorsque certains parchemins prenaient feu. L’oxygène se raréfiait. Les poumons brûlaient, sans compter la température qui s’élevait. Piégée, sans aucune bonne solution, la fin était proche pour Flora, Nahyla et Neave.

La fumée. La chaleur. Neave n'aimait pas ça. Son instinct animal la poussait à fuir le feu mais...

Nahyla.

Elle ne pouvait pas l'abandonner derrière elle. Elle commença alors a entoner une prière. Aussitot, une fine pluie se mit a tomber dans la pièce. Elle espérait que cela réduirait les flammes voir les éteindrait. Et avec de la chance, créerait assez de vapeur pour les camoufler en attendant de trouver une solution. Elle pouvait faire cela toute la journée, ou jusqu'à ce que, avec un peu de chance, tout cela ne recommence.

Flora est épuisée, paniquée, perdue. Si Neave n'avait pas appelé la pluie, elle se serait sans doute jetée dehors en dépit du bon sens, se serait fait dévorer par les démons.
Heureusement pour elle, la pluie ... aide à se calmer un peu ? Non, pas vraiment, mais au moins elle ne court pas toute seule en dehors de la pièce.
Elle se contente de gémir sur place.

Nahyla suffoquait mais heureusement Neave fit pleuvoir ce qui lui permit de récupérer de la voix. Elle hurla à l'intention du démon sorti de la pièce : « Ça veut violer et ça se bat comme une fillette. Même les anges ont plus de couilles que vouuuuuuuuuuuuus. »

Elle s'approcha de Flora et se tint prête à frapper si les démons revenaient dans la pièce même si elle n'y croyait guère.

Pour Nahyla, Flora et Neave :

La fumée était suffocante, et la pluie de Neave peinait à éteindre tous les feux de façon efficace. La température montait. Il n’y avait pas d’issue sûres. Quelle que soit la solution envisagée par les compagnons, rester griller dans la pièce ou foncer pour mourir l’arme à la main, la fin était inéluctable. Peut-être que le démon ailé, ricanant, répondrait à la moquerie de Nahyla, mais cela ne ferait qu’accélérer la conclusion. Egalement, des gens en provenance de la place viendraient combattre les démons, mais, en arrivant trop tard, ils échoueraient à les sauver.
La mort vint cueillir les trois femmes, les unes après les autres.

Pour autant, leurs esprits ne s'éteignirent pas complètement. Au moment de sombrer, sans plus aucun étonnement, les trois amies prirent conscience de leur environnement. Elles avaient à nouveau cette vision spatiale, même dans les directions dans lesquelles elles ne regardaient pas. Comme si elles avaient une vision du monde dans sa complétude.

La réalité sembla se briser, comme un miroir. Les différents éclats de cette vision, comme autant de prismes de verre, présentaient toujours les images que les aventuriers voyaient quelques instants auparavant sur une face, mais des images très différentes apparaissaient sur les autres. Les éclats se recouvraient, se mélangeaient, s’éloignaient et se rapprochaient. Entre les éclats apparaissait une matière floue, luisante d’un bleu laiteux. Les déplacements d'éclats semblaient durer une éternité, au ralenti. Incapables de penser, la conscience des compagnons leur semblait survoler au-delà de cette vision.


Pour Zork et Krommigs :
La conversation ne semblait qu’à ses débuts, mais elle fut terminée aussi étrangement qu’elle avait commencée. Les éclats de réalité revinrent les enfermer, les isoler de la matière floue…


Pour tous :

Les éclats se replacèrent, se jointant entre eux, formant à nouveau un décors cohérent, alors que la lumière bleue disparaissait.

Brutalement, les compagnons reprirent la pleine possession de leur corps.

Flora eut la sensation étrange d’avoir rencontré ses compagnons dans la zone bleue, de leur avoir parlé. Mais les réponses étaient ambigües, incohérentes, et elle ne s’en souvenait d’ailleurs plus. Etait-ce réellement elle, ou une autre ?

Neave et Flora risquèrent de perdre l’équilibre. Un étal détruit à côté d’eux laissait s’échapper des pommes, des poires et des fruits rouges. De l’autre côté, un autre étal s’écroulait, lançant en l’air des draperies colorées. Des gens apeurés s’éloignaient, d’autres restaient à observer, formant comme un cercle autour des aventuriers. Certains portaient leurs mains à leurs oreilles, comme pour diminuer un bruit trop important. De nombreux autres étals tenaient debout. Au-delà, des maisons de trois étages à la charpente chaloupée entouraient cette place d’environ soixante mètres de côté. Des ruelles partaient des coins dans toutes les directions.
Les compagnons étaient à nouveau cinq, en parfaite santé, et disposaient de tout leur équipement.

Zorck s'était cru mort et avait discuté avec...

Le retour au marché le surprit et il se serait sûrement vautré au sol mais par un réflexe d'une scène déjà vécue il s'appuya sur sa fidèle Croc-noir qui lui servir de nouveau de troisième jambe.

Encore !

Zorck pris un instant pour jauger cette nouvelle réalité pour savoir ce qui serait différent cette fois avant de reprendre son discours en l'adaptant au mieux :

S'adressant à la foule des curieux anxieux, il avisa un type qui pouvait ressembler à celui qui avait demandé si la garde était avisée la dernière fois sans lui laisser le temps de s'exprimer pour lui intimer l'ordre suivant ;
« Toi mon gaillard, par ma voix, Uthgar le puissant t’ordonne de dire à la garde de Tyr qui va bientôt arriver que nous agissons au mieux des intérêts du royaume pour contrer la magie d'un démon nommé "prince de sang".
Le Magister Strongtius va venir et vous lui direz de nous rejoindre chez l'ambassadeur de la Baronnie d’Horbourg de l'autre coté de ce pâté de maison.

As tu compris ? »

Sans attendre que l'homme acquiesce, Il prit d'un pas décidé la ruelle permettant de rejoindre au plus vite les appartement de Ruyl.

Un peu à l'écart de l’attroupement médusé, le colosse s'assura que ses compagnons suivaient pour entamer une discussion :
« Nous avons le temps de discuter mais pas tant que ça.
Avez vous une idée pour que tout ce cirque s'arrête ? »

En ... encore ?
Ça ne finira jamais.

Au moins cette fois-ci, l'actrice se rattrape dans sa chute, roulant pour se relever aussi vite qu'elle est tombée.

Flora roule encore, des yeux cette fois, quand Zorck part en courant. À toute vitesse, après avoir délivré -encore- un message long qui ne sera pas retenu, il a bon espoir. Elle tente de renforcer le message de son camarade, annonçant à la cantonade.
« Dites au magister que des démons s’apprêtent à tuer Ryul d'Horbourg. On va tenter de gagner du temps mais s'ils traînent, ils ne trouveront que nos cadavres. »

Elle se met ensuite à courir sur les traces de Zorck. En y mettant tout le peu d'entrain qu'elle est capable de rassembler.

Neave tomba. Encore. Elle se rappelait la fin, elle contre Nahyla, leurs derniers instants cote a cote. Toute cette tristesse, cette colère...

C'est ce qu'elle éprouvait en se rattrapant, une rage pure et sans équivalent. Ces salauds avaient tué Nahyla, elle comptait la venger.

Elle se mit a courir a la suite de Zork, allongeant ses foulees et faisant appel a l'esprit du cerf pour ne pas se laisser distancer.

Kromiggs sut se réceptionner, car malgré l'étrangeté de ce qui leur arrivait, une certaine routine s'installait et le nain avait une affinité atavique avec cela.

« Il faudrait amener Strongtius jusqu'à chez l'ambassadeur nous-même.
Naeve, tu es humaine et noble, tu es la plus à même de le convaincre.
Tandis que nous on fonce pour retenir les démons. »

Sans attendre de réponse, il se mit en route vers la maison de Ryul, aussi vite que ses courtes jambes lui permettaient.

Flora se tourne pour crier à Kromiggs :
« Non ! Cette fois on reste groupés ! »
Et elle recommence à courir.

Tout en discutant, Zorky adapta sa vitesse à celle du guerrier nain.
« J'ai discuté avec une démone qui semblait avoir la voix de Flora. »dit-il en jetant un œil à la troubadoure.

« On n'a pas bien eu le temps de se chipoter le bout de gras mais je pense avoir compris qu’empêcher la mort de Ruyl ne mettra pas fin à cette sorte de boucle temporelle...
Tout tourne autour de la pierre et peut-être de la volonté du prince de pacotille de ne pas laisser en paix l'âme de son épouse décédée. »

Le colosse laisse aux autres un temps pour réfléchir comme il le faisait lui-même avant d'ajouter :
« Qui porte la pierre ? »

« C'est moi. »

Neave continua à courir. Se séparer n'était pas une bonne idée mais en l'état, ils étaient bloqués dans une boucle sans fin, sans information ni moyen de s'en sortir.

Et voila que, selon leurs ennemis, sauver Ruyl ne servait a rien? Que pouvait-il faire d'autre?

Flora continue de courir. Et tente de discuter en même temps, ce qui allait finir par l'essouffler.

« Comment ça qui avait ma voix ? Elle m'imitait pour te troubler ?
Et qu'est-ce que ces démons savent de la pierre, d'abord ? »

Aucunement surpris, les aventuriers conservèrent leur équilibre lors de leur nouvelle « chute » dans le temps, leur faisant gagner quelques précieuses secondes. Les informations se bousculaient dans l’esprit des aventuriers alors qu’ils courraient de concert vers la demeure de Ruyl. Derrière eux, les badauds avaient à peine retiré leurs mains de leurs oreilles à cause du bruit qu’ils répétaient les mêmes phrases futiles d’incompréhension. Mais aucun des compagnons ne les écouta, il y avait autre chose de plus urgent à faire, et chaque seconde comptait.
Alfredus ouvrit la porte d’entrée de la maison-ambassade d’Horbourg quand les aventuriers y arrivèrent. « Qu’est-ce que c’était que ce bruit ? » demanda-t’il.