Le temps de l'action était fini et le temps de la réflexion pouvait s'ouvrir...
Comment reprendre une longueur d'avance ou du moins rattraper les sbires du prince ?
De toute évidence, c'est bien eux qui décident du tempo et eux ne sont dans les bagages de cette folie.

Le Magister Strongius attendait une réponse qu'il donna sans détour :
« Je n'ai qu'une parole et vous suivrai donc comme promis mais je ne sais si nous pourrons vous apprendre bien grand chose. »

Le demi orc aurait pu répondre par quelques forfanteries mais il n'y avait rien à gagner dans un combat puéril et stérile.

Neave n'était pas sur son territoire et, de fait, elle devait se soumettre à l'autorité des forces en présence. Elle n'aimait pas ça plus que quiconque mais elle n'avait pas le choix. Aussi, contre mauvaise fortune bon coeur, elle suivit le mouvement, en parlant à voix basse:

« Zorky, si ça recommence, on attend pas, on se précipite ici tant que la piste est chaude. »

Puis elle eut une idée. S'arrêtant sur place, elle se tourna vers l'officier:

« Ma demande va vous sembler étrange mais pourriez-vous m'écrire quelque chose, magister? Et le parapher? Dans l'éventualité où cet événement se reproduirait, cela pourrait nous aider à vous convaincre. Si vous acceptez, il serait bon que vous écriviez quelque chose connu de vous seul, cela afin que nous puissions vous convaincre de notre bonne foi plus rapidement...

Ce n'est après tout que la deuxième fois que cela se produit et, comme on dit... Jamais deux sans trois... ou, pour autant que nous le sachions, 47... »

Flora se déplace en souriant vers l'élégante épeiste, pour essayer de la décoller de son livre, tout en répondant à la naine avec une bonne humeur feinte.
« Oui Magister. Bien sûr Magister. Bonne enquête Magister.
Allez Nalya, allons voir comment s'en sortent les autres. »

À voix basse, tout en faisant mine d'entraîner sa collègue avec elle, Flora lui chuchote :
« Des cristaux de pure magie ? Tu crois que ça sert à quoi ?
Tu crois que ... c'est ce qu'on transporte, sur l'anneau ? »

Nahyla referma les livres qu'elle avait pris et montra les couvertures aux enquêteurs pour qu'ils puissent faire leur travail. Puis elle les mit dans son sac et fut entraînée par Flora.

« Je te pensais pas aussi entreprenante. » la taquina-t-elle en souriant avant de reprendre son sérieux. « C'est possible. Ma mère m'avait parlé de pierres du genre. Je crois qu'ils les transportaient dans des contenants en plomb... Pfff j'aurais dû les écouter plus sérieusement quand j'étais petite. »

« Hein ? Je .. tu as déjà Neave » bafouille Flora, prise par surprise.
Elle fronce les sourcils.
« Pour en revenir au sujet, ça veut dire qu'on doit faire encore plus attention à la boîte qu'avant. Et ... je ne suis pas sûre qu'elle soit si bien scellée que ça. Je me demande si ça ne serait pas elle, la responsable de notre .. problème. »

Pour Kaochi, Goku82
Nahyla et Flora se remémoraient leurs connaissances sur les pierres de pure-magie, ainsi que [url=donjonsetdragons.net/viewtopic.php?p=339077#p339077]les informations données par Madame de Laurencis[/url], mère de Néave, juste quelques heures plus tôt... mais c’était vrai qu’après deux cycles temporels, il y avait de quoi.
Ruyl étudiait les pierres de pure-magie. Il cherchait à mettre en lieu sûr toutes celles qu’il trouvait. Le livre que tenaient Nahyla et Flora était probablement une « mise au propre » de ses recherches au fil du temps plus qu’un ouvrage écrit d’un seul coup.

Pour Baloo, Keyradin, Greflechtin
Rassuré sur l’intention des compagnons, Strongtius fit signe à l’un de ses accolytes d’aller cherche Nahyla et Flora.
« Vous écrire quelque chose ? Vous soutenez toujours cette folle idée de retour dans le temps » constata-t’il. « C’est impossible, mais les évènements de niveau noir sont si rares… Pourquoi pas. Je vais y réfléchir » promit-il à moitié. « Nous verrons cela à la caserne. »

Pour tout le monde !
Le Magister Strongtius sortit sur la place avec Neave, Krommigs et Zork. Flora et Nahyla, escortées par quelques gardes, arrivèrent ensuite. Ensemble, précédés par la naine soldat, ils se dirigèrent vers la tour massive bien connue des aventuriers. Comme « avant », les rues étaient très animées lors de leur passage.
De l’autre côté de la porte monumentale de ce grand édifice rond de plus de trente mètres de haut, les aventuriers ressentirent la nervosité, certainement inhabituelle, qui l’habitait. De partout, des hommes et de femmes s’activaient.

Un homme vint trouver le Magister Strongtius et lui parla à voix basse à l’oreille. Celui-ci se redressa et répondit : « Oui, je suis au courant, j’ai rencontré la Magister Cyrillène. »
Il se retourna vers les aventuriers. « Je suis désolé, mais je vais devoir vous demander de vous prêter à l’expérience du casque. Cela ne prendra pas beaucoup de temps, mais nous devons appliquer ce protocole. En attendant votre passage individuel au casque, vous pourrez patienter dans la salle de réunion du rez-de-chaussée. Peut-être pouvez-vous m’indiquer des éléments particuliers que celui-ci va nous faire découvrir ? »

« Vous ne nous croyez pas, mais nous avons déjà utilisés ce casque pour vous assurer de nos connaissances et de notre bonne fois.
Nous pourrions vous décrire dans le détail ce que nous avons vécu mais qui sait nous pourrions répéter des choses entendus dans une taverne.
Passons par le casque et vous comprendrez que ce qui n'est pas possible a bien eut lieu ou alors je suis dans un rêve particulièrement étrange... »

Le demi-orc avait hâte que le temps avance pour soit rester ici et entreprendre de contrecarrer les plans du prince, soit repartir en arrière et changer ce qui pouvait l'être et trouver un moyen de re-stabiliser le réel.

« Elles n'avaient pas de lien avec le temps et l'espace », se rappela soudain Flora en se frappant le front dans un geste théâtral.
Elle s'était alors tournée vers Nahyla : « Maintenant j'en suis convaincue. Cette pierre est la source de nos problèmes. »


Après qu'elles aient rejoint leurs camarades, Flora ne dit pas grand chose, et quand ils arrivent à la forteresse, elle se contente de faire la moue. D'un ton fatigué, elle déclare :
« Retour aux incompréhensions. Alors, vous pensez que je serais encore la "cause" de l'événement noir ou ça sera quelqu'un d'autre cette fois-ci ? »

« Encore une fois... Bien, au moins, Anisteriade de la 3eme brigade avait ete gentille et aimable. »

Si Neave ne pouvait les convaincre, elle ne pouvait qu'espérer que cela irait plus vite.

« Magister Strongtius, meme si notre theorie est invraisemblable, le principe de la magie est de rendre possible l'impossible. Ecrire ce mot ne coute rien et si d'aventure nous avions raison, cela ne nous ferait que gagner du temps. »

Kromiggs suivait sans contester, en tant que garde cela lui était inconcevable.

« Magister, si nous vous décrivons par avance et précisement les pièces où nous allons nous rendre et le processus du casque, cela pourrait vous convaincre ? »

Devant l’insistance de quasiment tous les aventuriers à obtenir quelque chose de Strongtius qu’ils puissent ramener dans le passé, ce dernier prépara une lettre cachetée.
« J’ai moi-même cacheté cette lettre. Ne l’ouvrez pas si vous souhaitez que je crois à votre histoire dans le futur… enfin, dans le passé… »

Contrairement à quelques heures plus tôt… enfin, pour les aventuriers, parce que pour le Corps de la Magie, c’était il y a quelques heures en ce moment, si on peut parler ainsi… l’accueil et le passage sous le Casque furent nettement plus cordiaux. Les enquêteurs du Corps de la Magie obtinrent des réponses et se posèrent de nouvelles questions.

Nahyla et Flora eurent du temps pour feuilleter l’ouvrage (ou était-ce un gros carnet de notes ?) de Ruyl : Ce dernier semblait se focaliser sur l’histoire de la Baronnie, ou plutôt sur ceux qui s’y trouvaient quelques siècles plus tôt. Il recensait et décrivait les monuments et les lieux de leur facture comme ultime reste de leur héritage. Mêmes les elfes, arrivés dans la forêt au Nord d’Horbourg dans la période de la disparition de cette civilisation, n’avaient que peu d’informations sur elle, ce qui n’était pas forcément étonnant vu les contacts distants qu’ils entretenaient toujours avec les humains. Les nains n’en connaissaient pas plus, eux qui n’avaient ouvert les routes commerciales vers la Baronnie que lors de l’ouverture de la mine d’Or près de Cuvalier.
Par une note en marge, Flora compris que ceux qui auraient le plus d’informations seraient peut-être les habitants d’une cité du Nord-Ouest, dans les montagnes, au-delà de grands plateaux, et qui serait composée de gobelins, d’orcs, d’ogre et autres humanoïdes peu évolués. Mais Ruyl ne s’y était jamais rendu. Nahyla se rappelait en avoir entendu parler par sa mère, Runica, qui tenait l'information de l’année où elle avait vécu avec les gobelins, mais elle-même n’avait pas eu le privilège de se rendre là-bas.
Ruyl avait déterminé qu’un groupe d’une douzaine d’individus, démons et humains, avait constitué une sorte de « conseil » de ce peuple, des êtres dirigeants. Mais d’autres au sein même du peuple les combattaient farouchement. Il était probable que le « prince de sang », dont le nom apparaissait dans le chapitre concernant la Passe du Rocher Fantôme, ait fait partie de ce conseil, comme sa probable épouse, Itzli, dont le tombeau avait été retrouvé près de Noirolmen. Les compagnons pouvaient certainement confirmer à Ruyl cela, après avoir vu la fresque dans le temple près de Cuvalier, celle près du tombeau que Zork avait renoncé à piller.
Après les chapitres consacrés aux différents lieux de la Baronnie se trouvaient de nombreuses pages blanches. Ruyl n’en avait certainement pas terminé.

L’arrivée de la femme âgée, chef du Corps de la Magie, n’apporta pas plus d’informations qu’avant, même si les Magister commençaient - afin de n’écarter aucune hypothèse, bien sûr - à envisager l’impossible : Que les évènements de niveau Noir soient constitués d’anomalies temporelles…

Il se faisait tard dans la soirée…

Avec de moins en moins d’étonnement, les compagnons prirent conscience de leur environnement, tout autour d’eux. Ils en avaient une vision spatiale, même dans les directions dans lesquelles ils ne regardaient pas. Comme s’ils avaient une vision du monde dans sa complétude.

La réalité sembla se briser, comme un miroir. Les différents éclats de cette vision, comme autant de prismes de verre, présentaient toujours les images que les aventuriers voyaient quelques instants auparavant sur une face, mais des images très différentes apparaissaient sur les autres. Les éclats se recouvraient, se mélangeaient, s’éloignaient et se rapprochaient. Entre les éclats apparaissait une matière floue, luisante d’un bleu laiteux. Les déplacements d'éclats semblaient durer une éternité, au ralenti. Incapables de penser, la conscience des compagnons leur semblait survoler au-delà de cette vision.

Les compagnons perçurent un regard inquiétant au cœur de ce bleu, les regardant intensément.
Les éclats se replacèrent, se jointant entre eux, formant à nouveau un décors cohérent, alors que la lumière bleue disparaissait.

Brutalement, les compagnons reprirent la pleine possession de leur corps. Ils se tenaient la main.
Flora eut la sensation désagréable d’avoir carrément foiré, que les choses n’auraient pas dû se passer ainsi.

Les aventuriers risquèrent de perdre l’équilibre. Un étal détruit à côté d’eux laissait s’échapper des pommes, des poires et des fruits rouges. De l’autre côté, un autre étal s’écroulait, lançant en l’air des draperies colorées. Des gens apeurés s’éloignaient, d’autres restaient à observer, formant comme un cercle autour des aventuriers. Certains portaient leurs mains à leurs oreilles, comme pour diminuer un bruit trop important. De nombreux autres étals tenaient debout. Au-delà, des maisons de trois étages à la charpente chaloupée entouraient cette place d’environ soixante mètres de côté. Des ruelles partaient des coins dans toutes les directions.
Les compagnons disposaient de tout leur équipement. Mais de lettre du Magister Strongtius, point. Malheureusement, celle-ci n’avait pas encore été écrite.

Retour au début. Surprise alors qu'elle était assise, Flora ne sait plus comment se tenir debout et tombe les fesses par terre.

« Il faut foncer ! Vite ! »

Elle essaye de se relever et cette fois-ci, elle n'attendra pas de discussion. Maintenant qu'ils connaissent le chemin de chez Ruyl, il faut essayer d'arriver à temps pour lui sauver la vie.

L'arrivée surprit le colosse qui se serait sûrement vautré au sol s'il n'avait eut sa fidèle Croc-noir pour lui servir de troisième jambe.

Zorck pris le temps de jauger cette nouvelle réalité pour savoir ce qui serait différent cette fois avant de reprendre son discours en l'adaptant au mieux :

S'adressant à la foule des curieux anxieux, il avisa un type qui pouvait ressembler à celui qui avait demandé si la garde était avisée la dernière fois sans lui laisser le temps de s'exprimer pour lui intimer l'ordre suivant ;
« Toi mon gaillard, par ma voix, Uthgar le puissant t’ordonne de dire à la garde de Tyr qui va bientôt arriver que nous agissons au mieux des intérêts du royaume pour contrer la magie d'un démon nommé "prince de sang".
Le Magister Strongtius va venir et vous lui direz de nous rejoindre chez l'ambassadeur de la Baronnie d’Horbourg de l'autre coté de ce pâté de maison.

As tu compris ? »

Sans attendre que l'homme acquiesce, Il prit d'un pas décidé la ruelle permettant de rejoindre au plus vite les appartement de Ruyl.

Kromiggs, comme ses compagnons, s'attendait à ce que le phénomène se reproduise mais c'était toujours dérangeant pour le nain, peu à l'aise avec les phénomènes arcaniques. Toutefois, ses réflexes et son pragmatisme prirent le dessus, et il s'attendait à être déstabilisé lorsqu'ils réapparurent au marché. Il ne perdit donc point l'équilibre. Il n'attendit même pas l'injonction de Fiona pour foncer, motivé pour empêcher le meurtre, et conscient que du fait de sa taille, il serait le moins rapide.

Neave avait été surprise par la translation temporelle, sans doute à cause de ses sens exacerbés et pas parce qu'elle flânait à humer le parfum de Nahyla. C'est donc les fesses par terre qu'elle se retrouva mais ni une ni deux ne perdit de temps à attendre, se mettant à la suite des autres, accroissant sa vitesse pour ne pas se faire distancer. Elle prit toute fois le temps de lancer à l'assemblée des badauds


« Si vous voyez quelqu'un de la garde, dites leur de se precipiter chez l'ambassadeur Ruyl de la Baronnie »

Elle prit aussi le temps de vérifier si la pierre était toujours là et si la lettre de strongtius était présente.

Cette fois-ci, l’apparition en début d’après-midi au beau milieu d’une place de marché de Mascar ne surprit plus les aventuriers. Ceux d’entre eux au sol se relevaient, pendant que le prêtre d’Uthgar donnait des ordres secs à un badaud. Celui-ci saurait-il répéter ce qu’il avait dit ? Il ne chercha pas à s’en assurer et s’en alla vers la maison de Ruyl, précédé de Nahyla, en tête, et Krommigs. Suivaient Neave et Flora qui s'étaient faites surprendre et se relevaient après un atterrissage difficile.

« C’est un prêtre d’Uthgar. » « Qu’est-ce qu’il a dit ? » « Heu… la garde… elle va certainement arriver… Le Mage Scronius… » « Depuis quand les magiciens se téléportent n’importe où ? C’est interdit en ville ! » « Ils étaient combien ? J’en ai vu trois… »
Les aventuriers avaient fait vite : Les spectateurs, confus, n’avaient pas une vision complète de la situation. Les mots se faisaient distants au fur et à mesure qu’ils fendaient la foule et s’approchaient de la maison de Ruyl. A côté de la porte d’entrée, les armoiries de la famille d’Horbourg gravées dans la pierre ne laissaient aucun doute sur le lieu : Ils étaient bien au bon endroit.
Ils allèrent frapper à la porte d’entrée quand celle-ci s'ouvrit sur Alfredus. « Qu'est-ce qu'était ce bruit ? » demanda-t'il, avant de réellement voir les aventuriers. « Vous aviez rendez-vous avec Maître Ruyl, peut-être ? »

« Bonjour, Alfredus. Je suis Neave de Laurenciis et mes compagnons et moi-même venons voir sire Ruyl avec un message de la plus haute importance. Pourriez vous nous mener a lui au plus vite, c'est une question de vie ou de mort. Tout porte a croire que sa vie est menacée et nous sommes la pour veiller a ce qu'il ne lui arrive rien. »

Neave alla droit au but. Elle n'allait pas bousculer ce pauvre majordome mais elle savait que le temps était precieux.

Kromiggs laissa la jeune fille parlementer mais en cas de refus il était prêt à donner un coup d'épaule et de bouclier au majordome pour le pousser et se frayer un chemin. Une telle pensée heurtait son côté respectueux des règles et des convenances, mais il s'agissait dune question de vie ou de mort. enfin, dans ce continuum-ci vu que l'ambassadeur était mort dans d'autres. enfin, bref, Kromiggs se comprenait. Plus ou moins.

« Les démons sont arrivés par la rue... »
Zorck parti au petit trop pour leur tomber dessus s'ils n'étaient pas encore dans les lieux.
« J'hurle s'ils sont là, allez voir Ruyl »
Les démons avaient du être téléportés en même temps qu'eux mais où...

Après s'être tue puisque Neave parlait et que celle-ci savait ce qu'elle voulait, et qu'une cacophonie n'aiderait en rien leurs desseins, Flora se sent obligée de bousculer un peu le majordome. Pour ne pas le bousculer pour de vrai.
« On est de la baronnie d'Horbourg », ajoute Flora. « Sa vie est en danger ! »