La femme âgée se redressa, résumant la situation auprès de ses troupes dans un long monologue : « Nous avons affaire à une équipe d’hommes et de démons. Ce groupe agit pour un individu nommé « Prince de Sang », exilé plusieurs fois par les Compagnons de la Rune Blanche. Il tente un retour dans la Baronnie d’Horbourg, au-delà du Grand-Duché de Todert. Il compte pour cela utiliser des artefacts, dont l’anneau hautement dangereux dans cette boite en plomb. Ce groupe menace la sécurité de Mascar. Ils assassinent dans la ville, notamment un dénommé Ruyl qui détenait des informations capitales au sujet de ces artefacts.
Basileus, je veux tout savoir sur cette Baronnie d’Horbourg. Faubert, il nous faut des renseignements sur ce Ruyl, ce qu’il savait, d’où il vient, comment il vit, et ce qu’il a prit au petit déjeuner. Custide, tu t’occupes d’obtenir des informations sur ce Prince de Sang et ces Compagnons de la Rune Blanche. Dauphinia, vous emportez cette boite dans un lieu sécurisé et vous étudiez l’artefact. En particulier ses pouvoirs de téléportation ou de changement de plans. Emauryl, avec la description obtenue à l’instant, vous recherchez à nouveau des informations sur ce genre d’évènements de niveau noir. »
Après avoir presque aboyé ses ordres, la dame âgée se tourna vers les compagnons : « Je prends les choses en main. Je comprends votre souhait d’aider, mais vous avez une connaissance et des informations qui nous serons utiles plus tard, et je ne veux pas avoir à vous chercher dans toute la ville quand j’en aurai besoin. Vous resterez ici le temps que la menace soit écartée pour Mascar. »
Ne laissant aucune place à la contestation, la dame se retourna vers la porte, et…
Avec étonnement, les compagnons prirent conscience de leur environnement, tout autour d’eux. Ils en avaient une vision spatiale, même dans les directions dans lesquelles ils ne regardaient pas. Comme s’ils avaient une vision du monde dans sa complétude.
La réalité sembla se briser, comme un miroir. Les différents éclats de cette vision, comme autant de prismes de verre, présentaient toujours les images que les aventuriers voyaient quelques instants auparavant sur une face, mais des images très différentes apparaissaient sur les autres. Les éclats se recouvraient, se mélangeaient, s’éloignaient et se rapprochaient. Entre les éclats apparaissait une matière flou, luisante d’un bleu laiteux. Les déplacements d'éclats semblaient durer une éternité, au ralenti. Incapables de penser, la conscience des compagnons leur semblait survoler au-delà de cette vision. Flora perçut un regard inquiétant au coeur de ce bleu.
Les éclats se replacèrent, se jointant entre eux, formant à nouveau un décors cohérent, alors que la lumière bleue disparaissait.
Brutalement, les compagnons reprirent la pleine possession de leur corps. Ils se tenaient la main. Flora eut la même sensation étrange d’une perte de contrôle qu’elle avait ressenti lors du premier incident.
Les aventuriers perdirent l’équilibre. Ils se retrouvèrent au sol. Un étal détruit à côté d’eux laissait s’échapper des pommes, des poires et des fruits rouges. De l’autre côté, un autre étal s’écroulait, lançant en l’air des draperies colorées. Des gens apeurés s’éloignaient, d’autres restaient à observer, formant comme un cercle autour des aventuriers. Certains portaient leurs mains à leurs oreilles, comme pour diminuer un bruit trop important. De nombreux autres étals tenaient debout. Au-delà, des maisons de trois étages à la charpente chaloupée entouraient cette place d’environ soixante mètres de côté. Des ruelles partaient des coins dans toutes les directions. Les compagnons disposaient de tout leur équipement. Flora n'était plus entravée par les bracelets magiques que le Corps de la Magie lui avait mis.
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