« Je vois ! »
Vexé, le gendarme se tourne vers votre hôte
« Monsieur le Sénateur ... »
« En d'autre situation ... »
« Je pourrais me plaindre d'obstruction ! »
« Mais je suis un homme civilisé, Monsieur le Sénateur.
Si vos invités prétendent qu'ils n'ont rien vu et ne savent rien ...
Avec vos gens qui étaient presque tous partis en goguette ...
Alors évidemment ...
personne n'a rien vu ! »

Tout civilisé qu'il se prétende, cette tirade devait faire office de salutation
puisqu'il part aussitôt sans attendre de réponse
... grognon qu'on l'aide si peu ...
Son pas est aussi raide que sa nuque.
Il part à pied mener son enquête, en rêvant que quelqu'un, quelque part, sache quelque chose ...
dimanche 28 octobre 1900, 19h15

« Le dîner est servi .... » annonce un valet


à vous de jouer !

Adrien, avec précautions : « M. le Duc, je suis désolé de ce vol, si nous pouvions vous aider? »

« C'était ma boite à bijoux personnelle. » répond le Duc, contrit.
« Je ne possède pas grande joaillerie.
Mais cette boite contenait des pièces rares qui ont plusieurs siècles d'âge ...
et constituent une sorte de patrimoine familial qui se transmet, intact ou augmenté, depuis nos origines. »
Il vous conduit au salon où la table est dressée
« Sans compter la boite elle-même,
qui était une merveille de marqueterie fine,
offerte à mon aïeul, par Louis le 14e en personne... »[/hide]

Adrien : « M. le Duc, j'ai admiré vôtre connaissance du milieu local et la manière simple dont vous vous adressez aux gens. »

« Je suis d'un naturel simple. » répond le Duc
« J'ai appris l'apparat et les protocoles dès mon plus jeune âge.
Mais je n'étais pas enfermé au château ... je jouais avec les gamins du village ... »

Lorsque le serviteur veut entrer dans sa chambre, Eustache accède immédiatement à sa requête.
« Je vous en prie. Je comprends tout à fait l'urgence de la situation. »
Il l'aide à fouiller toute la chambre, notamment en ouvrant bien grand sa valise et en déballant toutes ses affaires sur le lit pour qu'il puisse y regarder à son aise.

Une fois habillé...

« Je vous remercie beaucoup. Vous êtes vraiment efficace dans votre travail. Grâce à vous, me voilà bien mieux paré que je n'aurais su le faire tout seul. Merci infiniment. »

Eustache se rend dans le grand salon...

Lorsque le commandant lui demande s'il n'a rien remarqué, Eustache répond :

« Désolé, Mon Commandant, je n'ai rien remarqué du tout...
Mais, vous savez, avec mon grand âge et la fatigue d'un long voyage, mes sens ne sont plus très aiguisés... »

Une fois à table, Eustache s'adresse au Duc.

« Veuillez m'excusez si je vous parle franchement, Votre Seigneurie, mais quelque chose m'intrigue... Déformation professionnelle, sans doute, puisque comme vous le savez, je suis à la fois greffier dans un tribunal et journaliste d'investigation ; les enquêtes titillent donc toujours mon esprit... C'est bien à vous que la boîte à bijoux a été dérobée, n'est-ce pas ? Pourtant, le Commandant semblait sous-entendre que vous faisiez obstruction à sa tâche... Comment peut-il imaginer une seule seconde que la victime d'un vol veuille ralentir l'enquête sur ce délit ? »
Eustache utilise tout son savoir faire en discussion pour obtenir la réponse la plus sincère et la plus claire possible.

« Et bien ... » répond le Duc
« Personne n'a rien vu, rien entendu, rien remarqué ..
Si ce n'est que cette boite était à sa place ce midi quand nous sommes partis à la fête,
et qu'elle n'y était plus quand nous en sommes revenus. »

« Sans doute cet homme aurait-il préféré que nous ayons pris le voleur la main dans le sac
et qu'il ne lui reste plus qu'à l'arrêter,
ou mieux, qu'il soit préalablement saucissonné. »

« Je le comprends ...
Je n'ai pas d'ennemi notoire dans les environs ... »

« Vous l'avez vu à la fête,
les gens sont amicaux avec moi et savent qu'ils peuvent venir me trouver sans détour. »

« De ce fait, je suis dans l'incapacité de fournir une liste de suspects potentiels
Ce qu'il appelle « obstruction » est surtout une « absence d'informations » utiles.... »

« Il doit enquêter, et pour l’instant personne n'a pu lui fournir le moindre indice ... »

« Je comprends sa mauvaise humeur, » rétorque Eustache.
« Mais, bon, c'est tout de même son métier d'enquêter lorsqu'il n'y a pas d'indice apparent...
Enfin, je suppose qu'il fait de son mieux et qu'il a de nombreuses autres affaires en cours.
On oublie souvent que les policiers, contrairement aux héros romanesques, doivent traiter simultanément plusieurs enquêtes à la fois...
Ce qui est loin de leur faciliter la tâche ! »

« Peu importe ... » répond le Duc
« Maintenant qu'il est chargé de cette affaire,
sa hiérarchie va insister pour qu'il en fasse sa priorité absolue »

il soupire
« Le malheureux ne va plus pouvoir dormir, ni manger,
avant que cette enquête ne soit résolue. »
Le Duc semble sincèrement peiné pour le Commandant Albert Fradin.
« ... et il ne faut surtout pas que je m'en mêle.
Cela ne ferait qu'empirer sa situation. »

Manifestement, le personnel de cuisine a décidé de prolonger la fête de la châtaigne sur le menu du dîner
Il n'y a pas un plat qui ne soit une déclinaison du fruit phare de la saison et de la région
même le pain est confectionné à la farine de châtaignes...

Adrien : " Je comprend tout à fait M. le duc. Maintenant, si je puis me permettre une question, pourquoi nous avoir invités, nous, de parfaits inconnus? "

« Et bien ... » répond le Duc en se tournant vers Eustache puis Adrien
« Au ministère des Affaires Étrangères,
j'ai plus ou moins entendu parler de votre expédition récente à travers l'Europe et l'Orient ...
Mais les motifs ne m'en ont pas été dévoilés, quoiqu'ils semblaient ... »

« ... extrêmement lourds d'enjeu et dénués de visées touristiques ! »
« J'ose espérer que vous y avez trouvé néanmoins quelque agrément »

« En essayant d'en apprendre davantage sur vos personnes,
j'ai découvert que vous étiez des lettrés. »
Il sourit en se radossant au dossier de sa chaise
« Cette traditionnelle chasse d'automne est pour moi l'occasion de réunir chaque année des érudits
qui peuvent ici se détendre et échanger entre beaux esprits. »

« Et j'avoue que votre périple a éveillé ma curiosité.... »

« Nous serons rejoints par Monsieur Georges Musset, qui est secrétaire général perpétuel
de l'« Académie des belles-lettres, sciences et arts de La Rochelle » depuis une décade, »

« Ce monsieur, que je connaît mal, m'a expressément enjoint de convier Monsieur Raphaël Trépanier à ce rendez-vous annuel,
« pour discuter avec lui de ses avis sur le dernier ouvrage qu'il a publié. »
jusqu'à me donner le jour et l'heure de son arrivée en France.
Il m'a semblé pertinent, puisque j’invitais l'un, de convier également l'autre. »
D'un petit signe de tête, il salue Raphaël attablé avec vous
« Je me suis procuré cet ouvrage, mais je l'ai trouvé ... particulièrement austère et rébarbatif.
J'espère qu'il ne rend hommage à son auteur que par la précision de ses synthèses et l'exhaustivité de ses sources .... »
« Monsieur Trépanier est arrivé hier, fraîchement cueilli à la descente de son transatlantique,
et n'a presque pas lâché ce recueil depuis son arrivée.
Il aura ainsi matière à répondre à son auteur en cas de sollicitation. »

« Monsieur Georges Musset devrait arriver demain à la mi-journée.
II ne pouvait pas prendre trop de congés, mais j'ai pensé qu'il serait judicieux qu'il ait un petit temps d'adaptation
avant l'arrivée mardi du « Comte et de la Comtesse De Breuil de Roffignac de Sannat » comme ils souhaitent se faire appeler… »

« Ceux-là sont de miens cousins lointains qui se sont presqu'invités eux-mêmes. »

« Charles-Antoine est assez lunatique, il peut être charmant, poli, voire particulièrement odieux,
et changer d'humeur d'une minute à l'autre.
Je vous présente ses excuses par avance pour ses écarts éventuels. »
« Marie Charlotte est ... particulière.
Elle a tendance à se donner « des airs d'évanescence »
Elle se dit « médium », elle est assurément portée sur le spiritisme, et je gage qu'elle s'est abondamment documentée sur le sujet.
Nul doute qu'elle ne nous propose « une séance » avant la fin de leur séjour.
Je ne pourrais pas y échapper, mais pensez à vous forger une excuse qui vous exempterait si nécessaire.
A moins que vous ne soyez enclins à participer à ces choses. »

Adrien : "M. le duc, en tant qu'anthropologue, je suis toujours intéressé par ce genre de rituel. Je vous remercie de ces précisions. En effet, notre séjour en orient n'a pas été que de pur agrément. Il a été particulièrement instructif et, globalement, pas déplaisant. Sinon, avant de me considérer comme un érudit, j'ai encore beaucoup à apprendre. Je ne doute pas que, pour la chasse à courre proprement dite, vous ayez invité des gens des environs à se joindre à vous ? "

Adrien : " Cela s'avère passionnant. M. le duc, est ce que les festivités sont terminées, ou bien se poursuivent elles dans la soirée? "