Neave soupira puis commença a manger, tout en parlant:

« Bon, alors, nous allons suivre le tanneur jusqu'a l'endroit où a disparu Arondia, c'est ça? »

Alors que les compagnons se préparaient dans la plus ou moins bonne humeur à rejoindre le fils du tanneur pour l'exploration des lieux desquels Arondia avait disparu, ils entendirent une animation inhabituelle dans le village. Les villageois se regroupaient, et la clameur enflait... dans la direction de leur grange.

De quoi va-t-on encore m'accuser !
Zorck instinctivement se saisi de sa hache tout en trouvant un coin pour passer inaperçu.
Non, qu'il manqua de courage, juste l'habitude d'être tenu responsable à priori des problèmes pouvant survenir.
Il contait sur la diplomatie féminine pour apaiser tout cela bien qu'en fait il eut moult expériences où les filles déclenchaient des histoires pour des broutilles sans intérêts pour lui.

Quand on attira son attention sur les sons venus de l'extérieur, Flora cessa de jouer.

« Hum ? Eh bien, que se passe t-il ? »

La jeune ménestrel se leva avec souplesse. La clameur était inattendue, et Flora se dépêcha de sortir de la grange pour aller au devant des villageois.

« Que se passe t-il ? »

Devant la clameur, Krommigs saisit son sac et sa hache et suivit la jeune ménestrel. Il la laissa parler, tout en prenant sa posture de garde taciturne en léger retrait. Histoire de lever l'envie à quiconque de s'en prendre éventuellement à elle.

Pfff même pas le temps de manger.

La jeune femme enfila son équipement en vitesse puis ajusta son galurin avant de sortir à la suite de la barde.

Avec plus ou moins de méfiance, les compagnons sortirent alors qu’une petite troupe de villageois les approchaient. Sans agressivité, mais avec beaucoup de désespoirs et d’excitations mélées, plusieurs parlaient en même temps, mais Flora, en calmant ceux qui parlaient le plus fort, arriva à identifier l’auteur de ces troubles : Un certain Yon.
« Je viens de Rochelongue. J’ai entendu parler de votre passage dans les autres villages. Nous avons eu une disparition hier soir ! » dit-il, essoufflé.

« Rochelongue ? Il y a eu une disparition cette nuit. D'accord. Vous avez bien fait de venir.
Expliquez-nous, pour commencer, ce que vous savez. »

Une hésitation.

« Nous pouvons en discuter au calme, si vous voulez », rajouta Flora avec un geste vers la grange.

Ah! une disparition! Ouf! Le sentiment était peut-être déplacé, mais Wyvine s'attendait au pire lorsqu'elle entendit le vacarme dehors. Oui, une disparition, ils pouvaient aider.

« Oui, dites-nous tout ce que vous savez. Et si vous voulez discuter en privée, pas d'inquiétude, pas de crapaud ou de maléfice prévu pour aujourd'hui. »

La sorcière se racla la gorge.

« Urhmm! Enfin, bref. »

Neave n'etait pas sortie quand elle avait entendu la foule. Tout au plus avait-elle commencé a ranger ses affaires et surtout les provisions au cas ou ils auraient du partir precipitamment.

Mais au vu du ton employé, il ne semblait pas y avoir de danger donc elle continua sa tache plus calmement, ecoutant d'une oreille et reflechissant a leur prochaine destination

Rochelongue, Flora, Wyvine et Krommiggs avaient une idée de sa localisation : Ils étaient passés à côté, en allant vers Peyremale. Les voyageurs qu’ils avaient croisés allaient dans cette direction : Flora leur avait conseillé de s’arrêter à Peyremale, au pire à Rochelongue, mais ceux-ci semblaient vouloir continuer vers Horbourg de toute façon en bravant la nuit dangereuse.
Neave, en habituée des routes de la baronnie, savait aussi où se situait ce hameau proche de la route entre Cuvalier et le village de la mine d’or, qui présentait les mêmes particularités que Peyremale, Pistouléou ou la Seguinerie.

Yon n’accorda pas d’attention à la proposition de discuter au calme. Il s’exprima devant tout le monde : « Hier soir, Korane n’est pas rentrée des champs. Elle était accompagnée de son époux Riyan, mais elle s’est éloignée deux minutes pour ses besoins. Au bout de quelques instants, il s’est inquiété de ne pas la voir revenir. Nous avons fait une battue, mais nous n’avons rien trouvé : Comme si elle s’était volatilisée ! Puis la nuit est tombée. Nous sommes rentrés, et nous avons décidé de retrouver les enquêteurs dont on nous a parlé dans la journée. D’autres villageois de Rochelongue sont partis vers d’autres villages, parce qu’on ne savait pas où vous étiez. »

Flora hocha la tête, récapitula rapidement les informations.

« Korane, avec Riyan, disparue en une minute, à Rochelongue. Chaque fois un village différent.
Est-ce que Riyan a parlé d'un bourdonnement ? Un bruit d'insecte ? »

Il allait sans doute falloir se séparer encore. Quelques personnes ici, pour regarder. La plupart là-bas, à Rochelongue, où la piste était fraîche. Non ? Peut-être tous y aller.
Une semaine, encore une semaine.
Flora attendit la réponse à sa question. C'était important. Mais peut-être qu'il faudrait aller la poser directement à l'époux de la dernière disparue.

Le demi orc qui n'avait rien manqué de ce qui venait d'être dit proposa :
« Ne perdons pas de temps, prenons juste quelques instants avec Naeve pour voir si contre toute attente, il pouvait y avoir quelques traces de quelque chose ici et puis allons le plus vite possible à Rochelongue où la piste sera plus fraîche et où nous serons plus utiles. »

Krommigs refit le point, il n'aimait pas agir dans la précipitation mais suivre une piste fraîche, avant que la scène de l'enlèvement ne soit piétinée, était une bonne idée.
Il s'adressa toutefois aux villageois rassemblés d'une voix bourrue.

« Hum, personne dans ce village n'a quelque chose à nous apprendre sur la disparition dont ous avez été l'objet avant que l'on se mette en route ?
Toute information, même anodine, peut nous aider à retrouver ces filles; »

« Vous pourriez y aller », avança Flora, « et je vous rejoins avec Calico.
Peut-être qu'une seconde personne pourrait rester avec moi, mais à cheval, je serais plus rapide que vous pour me rendre à Rochelongue. Et je voudrais voir où Arondia a disparu. »

« Mmmh... » fit Wyvine en posant un doit sur ses lèvres pensives. « Ça me semble être un bon compromis. Ça serait bien que quelqu'un avec des talents de pisteur reste en arrière aussi. »

Les yeux de la sorcière se tournèrent lentement vers le couple Neave-Lahyla. Ne sachant pas encore laquelle des deux était la plus... euh, "sauvage" entre la fausse louve qui avait tous les airs d'une chasseuse et le vrai nobliau qui ne ressemblait en rien a une aristocrate.

« Mmmh... vraiment difficile. »

« Zorcky, tu ferais mieux de rester avec Flora pour explorer la piste. Tu es aussi bon pisteur que moi et tu pourras veiller sur elle au cas où. »

Se tournant vers les autres, elle ajouta:

« Il vaut mieux que j'aille a Rochelongue tout de suite, avant que les odeurs ne se dispersent trop. »

A nouveau, le groupe se scinda en deux : Flora et Zorck resteraient à la Seguinerie afin de suivre la piste d’Arondia, et rejoindrait plus tard les quatre autres, partis à Rochelongue avec Yon pour enquêter sur cette nouvelle disparition.

Pour Flora et Zorck, la suite dans le chapitre I.3.
Pour Kromiggs, Neave, Nahyla et Wyvine, la suite dans le chapitre I.4.

En provenance des chapitres I.3 et I.4.

Neave, Nahyla et Wyvine avisèrent l’arrivée de leurs trois compagnons, en même temps, dans le bosquet. Au cœur d’une clairière, elles devisaient autour d’un dard trouvé au sol, et d’une écharpe placée trop haut dans un arbre pour avoir été laissée là par la victime. Cinq villageois observaient leurs réflexions, attendant leur verdict.

Wyvine se mit à jouer avec une de ses boucles d'oreilles, prenant par là le temps de bien réfléchir à la question de Nahyla.

« C'est… possible, oui. Ce n'est pas un poison fort après tout. »

La véritable question était combien de temps cela prendrait? Cela dépendait du moyen utilisé pour neutraliser le poison. Il y avait la magie bien sûr, mais la sorcière ne connaissait pas de sort qui protégeait contre les poisons. Il fallait âpres tout une certaine expertise qu'elle, a son grand chagrin, ne possédait pas tout à fait encore.

« Je pourrais potentiellement nous créer des antitoxines pour accroitre notre résistance au poison, ou des anti-vermines pour nous protéger contre les piqures de ces guêpes… mais pas sûr que ça marche contre des guêpes géantes. Mais, les composants ne sont pas peu chers. Je préfère vous prévenir. »

La belle brune eut un petit sourire sardonique. Les arts mystiques n'étaient en effet pas à la portée de tous. Était-ce pour le meilleur ou le pire? Qui sait, cela lui importait peu.

Par contre, un antidote. En voilà une idée intéressante. C'était possible qu'une autre plante puisse neutraliser le mal. Ou du moins, allégez les symptômes. Mais laquelle? La question méritait être creusée.