Les connaissances de Lilith en terme de médecine - ou de poison - étaient tout à fait limitées.
Tolsan avait croisé les bras dans un sourire ravi alors qu'il observait le jeune femme détailler de près les différents breuvages.
Voyant son regard circonspect, il se mit à rire et rassura la jeune femme :
« Allons allons, n'ayez donc crainte, vous ne risquerez pas votre vie à un tel exercice. Imaginez donc le sort qui me serait réservé si d'aventure, je venais à causer du tort à l'héritière du roi Elendil, ami de notre souverain Gil-Galad. »

Lilith continua néanmoins son observation. Elle se pencha tout d'abord pour s'intéresser aux couleurs des vins contenu dans les 3 coupes de cristal.
Le liquide aux reflets dorés était légèrement trouble et à bien y regarder, parsemé de minuscule grains qui avait la couleur de l'or. En regardant en direction du soleil à travers le verre, elle en fut presque éblouie, tant ces innombrables paillettes brillaient de mille feux.
Le breuvage qui ressemblait à s'y méprendre à de l'eau de source était parfaitement transparent et c'est celui qui ressemblait le plus au vin que Gil-Galad venait de lui offrir avant qu'elle ne s'éclipse.
Le dernier, sombre et écarlate ne présentait pas une couleur uniforme. Il était plus foncé à la base et de plus en plus clair, par phase, jusqu'à la surface.
Puis Lilith s'empara du premier verre et le porta à son nez. Immédiatement, une odeur intensément fruitée l'envahit, qui lui faisait penser à du raisin très mûr, mais également à des fleurs... Aeglos, Belladone et même de l'Athelas.
Elle reposa lentement le contenant puis s'empara du second, faisant frétiller ses narines dont l'odeur était encore imprégnées du premier breuvage.
Incontestablement, il s'agissait là du même vin que le roi des Noldor venait de lui servir, toutefois, il lui semblait étrangement plus fort, sans que cela n'ait de rapport avec un degré d'alcool. Celui-là évoquait les senteurs de la forêt, une fraîcheur en irradiait et Lilith fut convaincue qu'il s'agissait là d'une liqueur à base notamment de menthe mais il devait y en avoir différentes variétés pour que cela sollicite aussi diversement ses sens. De la menthe et... des baies, même si elle n'aurait sût dire lesquelles ? Comment pouvait-il y avoir des baies alors que sa couleur était totalement transparente ?
Restant sur cette interrogation, elle s'empara du troisième verre en reposant le second.
Celui-là lui sembla être le plus fort. Sa senteur évoquait également le raisin, mais de façon plus douce. Il y avait des notes de bois, et de fruits qu'elle imagina être des figues, des fraises ou des cerises... ou bien tout cela à la fois...

La fille d'Elendil tentait de graver tous les détails de ces breuvages, afin de se souvenir de ce que les Premiers-Nés étaient capables de produire dans le domaine de l'excellence et du raffinement. Elle sourit aimablement à Tolsan.

« Oh, je ne crains guère de me tordre dans de mortelles convulsions dans un si bel endroit. J'affinais simplement mon choix, car si le premier de ces vins imprègne trop mon palais délicat comme vous le souligniez, je n'aurais pas le loisir de jouir des suivants. »

Puis, d'un geste souple et élégant, elle prit le premier des verres présenté, celui aux reflets dorés et le portait à ses lèvres. Elle en prit tout d'abord une petite gorgée, pour habituer ses sens gustatifs une première fois. Elle reprit une deuxième gorgée, plus fournie, quelle conservait un peu en bouche pour en libérer l'arôme.

Lilith fut tout d'abord envahie par une sensation de chaleur, qui toutefois n'arrivait pas jusqu'à être brulante. Non, c'était une chaleur douce qui développait, une fois qu'on s'était habitué à sa sensation, toutes les saveurs que Lilith avait pu augurer à l'odorat, le tout développé comme à l'infini. Lilith se retrouva comme transportée en pensée au milieu d'une prairie fleurie dont les arômes lui remontaient aux narines. Elle se sentait incroyablement bien et détendue, elle tendait les bras vers un arbre dont les fruits étaient mûrs à point... des pêches. Elle pouvait les sentir. Mais alors qu'elle s’apprêtait à croquer un des fruits, elle se retrouva assise sur un fauteuil, à nouveau dans la pièce de la demeure de Tolsan, qui souriait. Celui-ci lui demanda alors :
« Dîtes-moi, fille d'Elendil, quel serait donc votre souhait le plus cher ? Ce qui vous anime et ce qui vous guide chaque jour ? »
D'ordinaire, Lilith aurait été offusquée par une telle question, posée si discourtoisement par un quasi-inconnu, mais sous les effets du breuvage, elle se sentait en confiance, et ne ressentait presqu'aucune crainte à livrer le fond de sa pensée.

Alors que son esprit voguait au milieu des champs de pêchers et que l'entièreté de son être goutait au plaisir des sens révélés par le vin de Tolsan, Lilith éprouvait une sensation qu'elle n'avait pas apprécié depuis trop longtemps : la quiétude, la sérénité. Comme au temps où tout allait bien.

Mais la question de Tolsan, bien qu'enjolivée par les effets de son vin, ne ramena que trop durement la fille d'Elendil à la réalité qu'elle vivait en ces heures sombres avec son peuple. Elle répondit autant avec son cœur que son esprit.

« Nous sommes non pas les héritiers mais une branche rejeté d'une civilisation aujourd'hui décadente et anéantie par ses propres fantasmes. Et en tant que tels, nous sommes aujourd'hui des apatrides, des réfugiés, des perdus. Donc je vous le dis sans détour Tolsan, mais ce qui motive mes pas, mes actes et toutes mes pensées est désormais la recherche d'un foyer, comme avait pu l'être l'île de Numénor il y a de cela des décennies.
Et par foyer, je n'entends pas seulement quatre murs et un toit dans lesquels un feu de cheminée réchauffe l'atmosphère. Je veux dire que des gens auxquels on tient peuplent les terres alentours,que chaque son ou odeur nous procure le même sentiment que celui que votre vin a actuellement sur moi. La plénitude. Je veux me sentir rassurée lorsqu'à la tombée de la nuit je me sente en sécurité, droite dans mes bottes. Un lieu où je pourrais aimer, haïr, rire ou pleurer sans crainte d'être jugée ou considérée comme paria. Un lieu qui partagerait mes peines, mes joies, mes amours, mes déchirures, mes pensées aussi nobles que les plus profondes.
Et après toutes les épreuves que les Edains ont traversées, je ne peux que vouloir la même chose pour eux. »

Ses yeux se perdirent un instant dans le vague comme si elle savourait les paroles qui venaient de sortir de ses lèvres, et une ébauche de sourire béat vint ensoleiller son visage. Elle reprit néanmoins:

« A plus long terme, je rêve de grandeur pour les Edains et la lignée de mon père par voie de conséquence. J’œuvre dans le but que d'ici quelques générations, les miens soient considérés comme le plus grand peuple des Terres du Milieu ainsi que des autres contrées de ce monde. Ar-Pharazon aurait pu atteindre ce but, mais ne s'y ait pas pris correctement : aucun royaume ne rayonne par l'écrasement physico-militaire des autres. Cet état de fait doit être indiscutable. Il faut être les meilleurs en tout, ni plus ni moins. Les autres peuples n'ont pas à être nos esclaves, mais nous devons devenir leurs modèles. Je veux porter les Edains au pinacle du summum de la perfection, à tel point que les enfants des autres peuples disent à leurs parents que quand ils seront grands, ils voudraient devenir Edain.

Certes, cela semble être une idée de grandeur comme vous avez du en voir des centaines d'autres, mais ma volonté ne fléchira jamais. Aucun obstacle ne m'empêchera d'aller le plus loin possible pour ce but. Et si pour cela, nous devons passer temporairement par le status de peuple le plus honni du Deuxième Age, je n'ai pas peur d'en être la Dame Noire. Car ce projet ne verra pas le jour avant la naissance des enfants de mes enfants. Il nous faudra des générations pour y parvenir.  »

Le sourire candide qu'elle affichait pouvait être des plus déstabilisant puisque Lilith avait révélé tout cela sans arrière pensée, disant à Tolsan quel était le comburant qui faisait bruler le feu de son âme. Et comme un enfant en bas-âge, la diplomate des Edains disait en souriant qu'elle était prête à charmer pas moins de tout le monde connu pour atteindre un but que seuls les Valars avaient tutoyé jusqu'alors.

Tolsan ouvra de grands yeux aux dires de la dame des Edain puis il sourit et répondit :
« Voilà de très grandes et nobles intentions ! Nobles elles resteront du moins, tant que vous n’oublierez pas ce qui vous distingue d'Ar-Pharazôn et qui l'a, comme vous l'avez très justement fait remarquer, mené à sa perte lui et presque tout son peuple ! »
Le maître vigneron balaya l'espace de son bras droit et reprit :
« Mais oublions tout cela, vos petits secrets resteront entre nous, et pardonnez-moi pour ce petit tour qui a produit plus d'effets que je n'en escomptais ! C'était là le meilleur moyen de vous montrer les effets que peuvent produire mes breuvages. Ces effets sont, par ailleurs, encore plus prononcés sur les hommes et plus généralement tous ceux qui ne sont pas des premier-nés.
Auriez-vous choisi la deuxième coupe, les sensations ressenties auraient été bien différentes... »
Tolsan montra d'un signe de sa main le liquide qui ressemblait à s'y méprendre à de l'eau d'une rare pureté.
« Vous vous seriez probablement endormi dans une sorte de rêve éveillé qui vous aurait emporté dans un sommeil profond, et réparateur. Mais la réalité se serait estompée peu à peu, se mêlant au rêve, si bien qu'à votre réveil, il vous aurait été bien difficile de distinguer ce qui relevait du rêve, et ce qui était bien réel... Donner cela à un barde expérimenté, et lorsqu'ils entamera un conte, vous aurez tout simplement l'impression d'en incarner le personnage principal, ou bien d'être le spectateur des évènements qui sont décrits, voyez-vous ? »
Enfin, il pointa de son doigt le dernier verre de cristal, qui contenait le vin aux couleurs non uniformes...
« Celui-ci est particulièrement recommandé pour les personnes les plus timides. Quelques gorgées seulement et vous êtes pris d'une envie de danser presque insoutenables. Les plus réticents à cet exercice se livre alors avec entrain. »

Tolsan sourit avant de conclure :
« Vous l'aurez compris, il ne s'agit pas là de simples vins à usage de divertissement. Ils peuvent s'avérer d'une toute autre utilité en matière de diplomatie... au sens large du terme. »
Tolsan croisa les bras, pas peu fier d'avoir une auditoire inattendue, et de la plus haute lignée.

A la fois surprise d'une telle audace, fascinée d'une telle prouesse et honteuse d'y avoir succombé, Lilith mit quelques instants à recouvrer ses esprits. Encore sous le choc, elle ne lâcha qu'une unique phrase :

« Ne craignez vous pas l'incident diplomatique entre nos deux peuples pour un tel tour? Ou bien avec vos autres alliés si tant est que vous ayez déjà produit ce test? »

Concrètement, la réponse lui importait peu, ou plutôt elle se doutait que Tolsan lui confirmerait qu'il ne faisait cela qu'avec parcimonie et des personnes choisies ou bien des elfes insensibles à ces effets. Mais au moins, elle gagnerait quelques secondes pour retrouver toutes ses facultés.

Tolsan sourit sournoisement :
« Vous avez tout à fait raison, il y aurait des raisons de s'offusquer pour quiconque se trouverait être abusé par l'emploi de telles méthodes. Toutefois, mes breuvages elfiques sont principalement destinés... à ceux qui sont de mon peuple. Les effets sur nous sont considérablement atténués et il nous faut en consommer de bien plus grande quantité avant de ressentir à ce point les tourmentes dans lesquelles vous avez été prises... Un effet toutefois qui est bien évidemment recherché par ceux qui participent à une fête. Une sorte d'ivresse elfique, voyez-vous ? Un peu comme celle que les vôtres apprécient en consommant des vins ou des bières de plus sommaire qualité !
Toutefois, il est arrivé que de telles stratégies soient employées à des fins "diplomatiques", dans le simple but d'obtenir des informations cruciales contre l'ennemi. Mieux vaut cela que la torture, n'est-ce pas ? Nous abhorrons la torture. Et de tels usages pour mes breuvages restent extrêmement rares. Car mis à part les Edain, qui eux-mêmes ne nous côtoyaient guère plus depuis fort longtemps, les autres peuples nous évitent, ils nous redoutent et toutes sortes d'histoires fantaisistes courent à notre sujet. Quand aux créatures du mal telles que les orcs, je ne peux imaginer les effets que mes liqueurs produiraient sur eux. Elles agiraient sur eux probablement comme une sorte de poison ? » s'interrogea-t-il.

Lilith avait profité de la réponse détaillée de Tolsan pour recouvrer ses pleines capacités. Elle en profita pour éluder la question précédemment soulevée et recentrer le débat sur le sujet qui l'avait originellement menée ici.

« Je vous avoue être très impressionnée des effets de tels breuvages. Et je suis forte aise que vous n'en réserviez l'usage que dans une certaine intimité... Et de fait honorée d'avoir pu y gouter.
Et je souhaite vous rassurez tout de suite: je garderais pour moi tout ce qu'il s'est passé ici, et vous n'aurez à craindre nulle plainte diplomatique de ma part.

Cependant, je n'étais pas venue dans le but de me divertir en égarant mon esprit,mais plutôt pour savoir si nous pouvions conclure un quelconque accord marchand : Du vin que vous pourriez nous fournir en échange d'une quelconque autre denrées, ou service. Bien entendu, il s'agit d'une demande pour la prochaine récolte , j'imagine bien que vous n'avez pas encore un trop fort excédent actuellement.

Et bien entendu, je n'attends pas des vins de la qualité de ceux devant moi, mais des plus ordinaires, que nous pourrions offrir à des dignitaires elfiques, nains ou humains. »

La fille d'Elendil poursuivit sa demande d'une voix plus feutrée.

« Je suis néanmoins intéressée pour récupérer lune bouteille de l'un de ces breuvages, à titre plus personnel.

Et si vous le souhaitez, je pourrais en tester les effets sur les orcs et vous en faire le compte rendu si cela peut satisfaire votre curiosité... »

Pitit jet de Persuasion qui me semble approprié.

Shortless lance 1d20+7+1 et obtient 18 (10)

Et pour le plaisir un jet d'Intuition pour connaître un peu l'état d'esprit de Tolsan

Shortless lance 1d20+8 et obtient 22 (14)

Lilith remarqua aisément que Tolsan semblait surpris pas sa dernière question.
De nature bavarde, l'elfe ne paru pas gêné par le fait que la fille d'Elendil recentre le débat sur des aspects plus "terre à terre", commerciaux. Il s'approcha d'elle, l'enjoignit à prendre son bras et l'accompagna vers le jardin intérieur, derrière la demeure ; jardin qui était entouré par les autres propriétés alentours et partagés avec elles.
« Voyons voyons, Gil-Galad vous aura-t-il mal renseigné ? » Par un escalier en colimaçon tout orné de gravure à l'effigie de la vigne, Il emmena Lilith sur le toit de lsa demeure. Perchés au troisième niveau, ils se trouvaient désormais tous deux à l'ombre d'un grand cep de vigne dont les feuillages avaient été guidés par des fils tendus, de sorte à ce qu'il offre un abris des plus agréable contre le soleil.
De ce point de vue imprenable sur le reste de la cité, Lilith remarqua que la demeure de Tolsan était la plus finement et richement ouvragée des bâtisses de la rue.
« Vous n'aurez pas manqué de constater que l'ensemble de mes confrères producteurs, que dis-je, façonneur de breuvages et inventeurs merveilleux, se trouvent dans la même rue. Car, chère et tendre fille du roi des Edain, tous mes breuvages relèvent de la qualité la plus exceptionnelle qui soit et sont donc destinés aux être les plus illustres de ce royaume. Je ne suis donc pas certains que cela corresponde à vos recherches mais mes confrères pourront certainement mieux répondre à vos attentes. »
Tolsan poursuivit :
« Je vous donnerai volontiers une bouteille de l'un des breuvages que vous avez expérimenté, pour vous remercier de m'avoir fait l'honneur de votre visite. »

Lilith se laissa conduire, s'appliquant dans l'esthétique de ces mouvements, en toute connaissance des préférences pour l'élégance de son hôte.

Lorsqu'il eut conclut son discours, elle le gratifia d'une parfaite révérence.

« Votre offre est de celles qui ne se refusent pas, et au delà de ça c'est avec une joie non feinte que je l'accepte.

Pour les échanges possibles entre nos peuples, j'oeuvrerais ainsi auprès de l'un de vos confrères et j'ai toute confiance quant a la qualité et l'efficience de l'échange qui se profile.

Si les jours présents sont sombres, ils augurent un avenir radieux pour nos peuples respectifs, si nous agissons de concert. Et je fonde de grandes espérances sur ces premiers accords pour être les prémices du renouvellement d'une amitié de longue date.

Avec cet objectif en ligne de mire, vers qui m'orienterez vous? »

Tolsan inclina légèrement la tête lorsqu'il reçut une marque de reconnaissance. Il répondit ensuite :
« Hummmm.... Allez donc voir Fingol. Sa demeure se situe au bout de l'allée. Vous la reconnaitrez aisément, ses armoiries - une grappe de raisin entourée de 7 étoiles, sont gravées sur la grande arche qui marque l'entrée de son domaine. Il est l'un des plus grand producteur de la cité, il fournit la majorité des auberges à destination des étrangers de passage. »
Tolsan se tourna et se dirigea vers l'un des nombreux casiers dans lesquels il rangeait les ingrédients lui servant à confectionner ses précieux breuvages.
Il préleva 3 feuilles sur un rameau précieusement empaqueté qui se trouvait là. Elles avaient la couleur de l'argent. Il se saisit d'une petite bourse en cuir, qu'il doubla intérieurement à l'aide d'un carré de tissu blanc et les plaça à l'intérieur, avant de la refermer à l'aide d'une lanière.
« Prenez ceci et donnez le lui de ma part. Il se pourrait que cela vous aide dans vos requêtes. Et dîtes-moi, sur lequel de mes breuvages se portera votre choix ? »

La nièce d'Elendil avait désormais recouvré ses esprits, du moins suffisamment pour conclure les évidences de cet entretien. Il était désormais temps pour elle de prendre congé de Tolsan et poursuivre ses pérégrinations vers un autre artisan vigneron.

« Le breuvage dont j'ai eu le privilège d'appréhender les effets me semble le plus approprié. Car je l'ai justement déjà expérimenté moi-même.

J'irai donc à l'encontre de votre confrère, et je vous remercie d'avoir choisi la personne la plus appropriée à ma requête. Je lui remettrai le présent comme demandé.

Encore une fois, je vous remercie de cet entretien ô combien instructif et productif et vous laisse à vos occupations. Mais je reste persuadée que nous aurons à nous revoir dans quelques temps. » conclut elle dans un sourire franc.

Après avoir écouté les derniers hommages de rigueur, Lilith se dirigea sans tarder vers la demeure du Fingol en question afin de poursuivre ses demandes, espérant amorcer un renouement commercial entre les elfes du Lindon et les siens.

La nièce d'Elendil s'éloigna, à pas mesurés - les effets des breuvages uniques qu'elle avait eu l'honneur de goûter s'estompant très lentement - de la somptueuse demeure de Tolsan. Elle parcourut à nouveau avec plaisir l'avenue des Vignerons, parsemée d'ornements sculptés, entremêlés de véritables ceps de vignes, qui grimpaient le long des arcades qui ponctuaient la route et formaient à certains endroit de véritables couverts, grâce à la végétation grimpante.
Elle finit par atteindre le fond de l'allée et reconnut aisément les armoiries qui lui avaient été décrites par Tolsan : une grappe de raisins verts entourée de 7 étoiles dorées. L'emblème figurait au sommet d'une grande arche qui ouvrait sur un important... entrepôt ? Si l'endroit ne pouvait guère rivaliser avec l’œuvre d'art que constituait tout entière la cave de maître Tolsan, la structure du bâtiment - des poutres de bois entièrement sculptées en forme de sarments torsadés - forçait malgré tout l'admiration.
De nombreux elfes s'activaient là, mais pas que, remarqua rapidement Lilith. Il y avait également quelques nains et humains, affairés à inspecter des tonneaux et à griffonner sur des parchemins. L'arrivée de Lilith fut remarquée par un elfe, occupé à charger des tonneaux en direction d'une charrette qui se trouvait de l'autre côté du bâtiment, visiblement à une autre entrée.
Il s'approcha d'elle et l'interpella, se fendant d'une légère mais gracieuse révérence :
« Gente dame des Edain, que nous vaut l'honneur de votre visite ? Puis-je vous aider ? »

Même le plus basique des ouvrages elfiques présentaient des marques évidentes de finesse et de raffinement. Bien que la situation était grave pour l'ensemble du peuple des Edains, Lireliémiliath s'égara à profiter des splendeurs simples qui l'entouraient. Elle avait avancé machinalement jusqu'à destination, absorbée par les merveilles dans lesquelles elle évoluait.

Elle fut tirée de sa rêverie par les premiers regards qui se tournèrent sur elle et fit un rapide tour d'horizon de ceux qui avaient levé la tête


Elle salua en retour l'elfe qui était venu l’accueillir d'un élégant mouvement de tête, faisant basculer sa natte par dessus son épaule.

Le regard vigilant de Lilith s'assura que personne n'essayait de l'admirer en secret.
Car admirer, oui, tel était bien le terme qui désignait au mieux les regards que portèrent les "hommes du milieu" en direction de la nièce d'Elendil, qui cessèrent un instant leur conversation d'affaire.
Parée de sa somptueuse robe jaune qui laissait ses épaules nues, la chevelure couleur or, nouée en une fausse tresse épinglée par d'élégants bijoux de la même couleur, relevée de pierres précieuses... il y avait de quoi être impressionné, d'autant plus qu'en s'approchant d'eux, les hommes purent se rendre compte que Lireliémiliath était au moins aussi grande que le plus haut d'entre eux.
Les nains eux, parurent moins étonnés même si leurs regards convergèrent également en sa direction. Il interpellèrent rapidement les trois hommes avec qui ils étaient en affaire, les obligeant à se reconcentrer et surtout, à détourner le regard de la gente dame, qui aurait aussi bien put s'en offenser.

Voyant que Lilith se sentait à ce point scrutée qu'elle n'avait pas encore pu lui répondre, l'elfe qui s'était avancé vers elle poursuivit :
« Que ma dame pardonne la grossièreté de nos autres hôtes humains. » son regard confirmait sa lourde désapprobation, toutefois, il se fit plus indulgent
« Ils sont arrivés ce matin et n'étaient guère au courant de la venue des Numénoréens en notre royaume. Ils ont fait une longue route pour arriver jusqu'ici. Leur chemin est passé à travers les montagne grises, aussi, les événements survenus à Númenor leurs sont étrangers. A vrai dire, ils ne connaissent les vôtres qu'au travers de rumeurs, qui viennent de trouver avec vous une vérité... retentissante. » Il s'inclina en une révérence d'admiration.

La nièce d'Elendil effaça rapidement la petite ride qui barrait son front, indiquant sa réflexion, pour se recentrer sur le Noldor qui s'était adressé à elle. Elle lui sourit élégamment.

« Il n'y a pas de mal, leur réflexe est tout à fait compréhensible. Et vous avez raison, nous autres Edains sommes arrivés il y a peu.

Je souhaiterais m'entretenir avec Fingol, pour des échanges commerciaux. S'il est disponible, pourrait il m'accorder quelques instants je vous prie? »

L'élégant elfe s'inclina à nouveau :
« Dans ce cas, je vous prie de bien vouloir me suivre, gente dame. »

Il prit la direction de l'entrée opposée à celle par laquelle Lilith était arrivée. Ils passèrent donc devant le groupe de nains et d'hommes qui avaient appuyé leurs regards sur la nièce d'Elendil. A son passage, gênés, ils s'inclinèrent maladroitement mais humblement, se forçant immédiatement ensuite à se focaliser sur les tonneaux de vin objet de leur négoce.

Le guide de Lilith traversa plusieurs rangées de tonneaux parfaitement alignés, sur lesquels figuraient des inscriptions soigneuses en Sindarin.
"Ioer gwîn", Vieilles Vignes traduisit-elle mentalement ;
"Falas Beraidh", Côte Escarpé
"Glawar", Lumière du soleil
"Miruvor", Tiens-donc s'étonna-t-elle, S'agit-il du breuvage des Valar ou du simplement de la boisson que les elfes consomment pendant les fêtes ? s'interrogea-t-elle. Certainement le second, étant donné le nombre de tonneaux en présence.

L'elfe qui l'avait accueilli la mena dans un grand bureau, situé à l'un des angles du bâtiment et bénéficiant largement de la lumière du soleil.
Il toqua et annonça Lilith :
« Maître Fingol, la nièce du roi Elendil nous honore de sa visite. Elle est venue s'entretenir avec vous. »
D'une dernière révérence, son guide signifia à Lilith qu'elle pouvait s'avancer :
« Entrez, Entrez, dame des Edain, que nous vaut l'honneur de votre visite ? »
Lilith franchit gracieusement la porte pour découvrir son hôte. Ses longs et fin cheveux bruns étaient ornées de deux tresses entremêlées de fils d'or. Il portait un long manteau bleu aux épaules parées de blanc cousu dans des motifs rappelant les branches de vigne. Il porta sur elle ses grands yeux bleus qui reflétaient la bienveillance.

La "gente dame" telle qu'elle fut nommée emboita le pas à son interlocuteur pour le suivre au travers de la demeure jusqu'à rencontrer le maître de maison. Elle s'était rapidement présentée peu après le passage devant les tonneaux nommés afin de ne pas paraître impolie. Elle ne l'avait pas fait avant car un détail lui trottait dans la tête.

Elle se clarifia l'esprit en gardant ses questions dans un coin et se recentra sur son hôte et l'intérêt de sa venue en ces lieux. Après une révérence à hauteur de sa lignée, elle engagea la conversation d'une voix douce et claire :

« Très honorée de vous rencontrer Maitre Fingol. Lireliémiliath-Lorelenemilor Niénor, l'une des représentantes du Conseil des Edains, et comme annoncé, je suis la nièce d'Elendil, notre roi.

Je me suis permise de venir à votre rencontre suite à mon entretien d'il y a peu avec votre confrère Tolsan. Il m'a été recommandé par Gil-Galad, à qui j'avais fait part de mon souhait d'entamer une proposition d'échanges commerciaux entre nos deux peuples.

Après notre entrevue, votre confrère m'a redirigée vers vous car vous seriez le plus à-même des vignerons de Mithlond à répondre à nos demandes. »