Éloïse redescend de son petit nuage, la hâte est compréhensible mais il y a quelque chose dans son attitude qui cloche. Et après tout... la médisante pouvait avoir d'autres alliés. La jeune femme se rapproche du comptoir et touche la bouteille de vin qu'avait commencé à saisir leur hôtesse. Elle n'est pas sure que don agisse ainsi mais elle a l'impression que ses visions se déclenchent plus aisément si elle utilise une sorte de médium du type image ou objet la reliant à ce qu'elle tente de voir. Peut-être la bouteille pourrait la guider vers les intentions immédiates de sa propriétaire.

Jusqu'à maintenant, les visions d’Éloïse étaient venues sans qu'elle ne les aient vraiment provoquées. Son esprit se mit à fonctionner tout seul, mettant bout à bout des pièces d'un puzzle dont elle n'avait pas le modèle.
Justin lui avait dit qu'elle (Éléonore Doupré) était morte dans un accident dans les années 50, la lettre de Tom Degriveay datait du 3 août 1952.
Il devait avoir alors plus de 70 ans, la Josette devait avoir entre 65 et 75 ans grand maximum.
Peut-être l'avait-elle connu enfant ? A moins que ce ne soit son mari, Michel ? était-elle ou Ils attendus ?

Les contours de la bouteille semblaient devenir flous annonçant peut-être une vision à venir quand Josette pointa le bout de sa frimousse :

« Désolée la coquine n'était pas dans le bon tiroir. »

Trop tard. Elle est soulagée de voir la femme revenir. Mais rien ne l'aurai empêchée de passer un coup de fil. On verra bien. Mettant facilement de côté des soupçons qu'elle n'avait plus moyen de vérifier et qui était de toute façon assez loin de sa nature spontanée, Éloïse retourna son attention sur l'objet de leur visite. « Pas de souci, voyons voir cela! » s'exclame la jeune femme en tendant la main, prête à recevoir sa correspondance. « Vous avez connu ce fameux Tom? Je serai curieuse d'avoir un témoignage direct héhé. »

Ah bah ?! Albert échangea un regard interrogatif avec Magalie, tous sourcils en décollage immédiat.
Mais devant l'absence d'urgence ou d'impératif, il finit par écarter les mains en haussant les épaules.
Interruption momentanée de l'échange... et de la dégustation promise !
Mais, bon ! Eloïse menait cette danse, et, finalement ils étaient tous là pour ça, enfin, pour elle; même si de son côté, il aurait bien goûté aux productions locales avant de passer au reste.

L'enveloppe est bien blanche ! se dit immédiatement la jeune femme alors que leur hôtesse absorbée par le remplissage des verres prenait manifestement tout son temps pour répondre.
« Le vieux messieurs, il me fessait un peu peur quand j'étais enfant, il habitait au château, je ne l'ai jamais vraiment rencontré. »

« L'enveloppe semble récente. Vous l'avez changée? » Demande innocemment Éloïse en guettant la réaction de l’hôtesse et en attrapant l'opinel dans son sac pour ouvrir l'enveloppe.

Josette répondit d'un aplomb impressionnant et sans s'inquiéter semblait-il qu'on puisse mettre sa parole en doute :
« Tient, vous avez raison, je n'avais pas fait attention. »
S'il y avait eu substitution (et manifestement, il ne pouvait en être autrement), la vigneronne n'y était manifestement pour rien ou alors elle était rudement bonne comédienne*.
Avec l'incision de l'opinel, l'enveloppe fut rapidement et proprement décachetée mais point de lettre à l’intérieur!

Un ange passa, des regards interrogateurs furent échangés et une saleté de mouche traversa la pièce comme elle devait le faire avant sauf qu'on n'entendait maintenant plus qu'elle.
Elle eut l’outrecuidance de se poser sur le verre d'Albert alors qu'un 4X4 noir se garait nerveusement la cours.

« Hum... Cette enveloppe vierge est neuve ET vide. » Éloïse lance un regard perplexe à son hôtesse. « Vous ne vous êtes pas trompée? » Elle se fout complètement de moi. Et la voilà qui passe l'enveloppe vide à ses camarades comme pour les rendre témoin.

L’hôtesse en question était gentiment en train de reculer derrière le bar en direction d'une porte afin de probablement s'esquiver.
Moins à l'aise mais d'un aplomb notable, elle marmonna :
« Mais, je ne comprends vraiment pas. »
Par la fenêtre, nos quatre comparses purent voir les portières du 4X4 s'ouvrirent sur deux types genre ouvriers agricoles endimanchés.
Le conducteur, un quadra barbu assez costaud semblait-il, se dirigea vers le coffre rejoint par son passager qu'ils n'avaient pas eut le loisir de détailler car caché par le véhicule.

La jeune femme fronce les sourcil - ça commence à sentir le roussi - et fusille la femme du regard et entreprend de la suivre. « Vous travaillez pour la Médisante? »