La carcasse brisée de feu leur esquif ne lui disait rien qui vaille.

Malgré tout, Egile se joignit aux investigations du groupe, tout en portant une attention particulière à l'endroit où il posait ses pieds. Une mauvaise chute pourrait si vite arriver...
Tout en se touchant le front, il adressa une supplique silencieuse aux esprits de la nature, espérant ainsi attirer leurs faveurs en cette période particulière.

Ô Esprits de la Terre, assurez mes pas sur ce plancher instable.
Ô Esprits de l'eau, laissez-moi sillonner ce sol gorgé d'eau sans encombre.
Ô Esprits du feu, aidez mes yeux et mon esprit à trouver ce qui pourra nous être utile dans notre futur périple...


Nourriture, matériel d'exploration, machettes et couteaux... Tout ce qui pourrait les aider à traverser la jungle qu'il avait entraperçu en grimpant sur un de ces rochers serait le bienvenu.
Retrouver ses affaires lui donnerait du baume au cœur... mais il ne comptait plus vraiment dessus.

Vous avez probablement l'impression que, du moins dans mon humeur actuelle, je pourrais parler constamment.

« Ö, comme j'espère qu'on est sur l'île de Dadiche ...
J'ai voulu voir le phare de Dadiche depuis que j'ai entendu l'histoire: Le Maître Asservi, vous savez ? »
Je marche la longue de la plage, je parcours le sable des yeux, à la recherche d'épave plus utiles que le bois flotté, ou vivant.

« Non ? »

« Bon, je vais tous vous régaler ! » Une brève expression de déception traverse mon visage alors que je me mets à l'eau et mouille mes bottes. Puis, je continue l'histoire.

« Le maître éponyme était un magicien qui a fui Ellansdale.
Une fois j'ai entendu l'histoire, il avait incendié le meurtrier de son père, un comte maléfique nommé Bergen, peut-être.
Dans un autre récit, le magicien a brûlé un orphelinat et fuyait le crime horrible, mais les détails ont peu d'importance. »
Je patauge dans l'eau vers le corail, soulevant mon pantalon noir gonflé hors de l'eau.

« L'esclave est toujours un vagabond, un ivrogne et un toxicomane, un qui s'attarde sur Dadiche pour boire du thé à la rose bourbon, un enivrant qui crée une euphorie indolore dans le buveur. »

En racontant l'histoire, j'adopte la voix rocailleuse et bourru du magicien, et la voix lugubre et paresseuse du toxicomane.

« Chaque matin, le maître descendait du phare et disait : Réveille-toi, sot cloche, et accomplis tes corvées, ou je te grillerai les tripes »

« Et chaque fois, l'esclave roulait du lit au sol du phare : Comme vous le souhaitez, ô maître de la lumière, gentil maître de la lampe, puissant maître qui rivalisant Lu'Mnar lui-même ... rampant et flattant avant de s'enfuir pour accomplir ses tâches quotidiennes. »

Je marche avec précaution le long du récif de corail, ma voix infatigable résonnant tout le temps.

« Pendant la journée, le toxicomane prépare les mangeoires à nectar et s'occupe des vergers de fleurs et des extracteurs de nectar, s'assurant que les mangeoires sont pleines avant d'oser se préparer du thé à la rose bourbon. Ses tâches terminées et son opiacé consommé, il réveille enfin le magicien qui monte le phare avec un avertissement : la lumière est la mienne ! Dors maintenant, inepte ivrogne, et rappelles-tu qu'il est interdit de monter dans la tour pendant que j'appelle les lucioles. »
Je trébuche sur le corail et pose une main sur le bateau.

« Chaque jour au crépuscule, le maître montait, et un nuage de lucioles descendait vers les mangeoires à nectar, buvait à sa faim et retournait au grenier du phare, où il brillait sa lumière jaune pastel sur toute la Mer du Châtiment. »
Je grogne un peu en montant sur le côté du bateau.

« Certains disent que le toxicomane a renversé son thé à la rose bourbon dans les mangeoires un jour par accident ...
Mais je crois qu'il a défié l'interdiction du magicien, s'est faufilé dans les marches de la tour et a regardé le magicien se transformer lui-même en un essaim de lucioles. »
Je marche sur le pont incliné du bateau, et m'arrête brièvement pour reprendre mon souffle.

« Pis il a eu l'idée: mettre le thé dans les mangeoires !
La prochaine nuit-là, le magicien s'est transformé en nuage de lucioles et a bu le thé à la rose bourbon, toute sa douleur, son inquiétude et sa colère ont disparu. Totalement satisfait, tous les désirs, tous les efforts et tous les plans ont disparu, le magicien est resté à jamais un nuage de lucioles, entretenu par le toxicomane alors qu'il vivait lui aussi heureux pour toujours. »

Si tu écoutais, tu te sens maintenant étrangement motivée.

« Parfois nos vices peuvent être nos plus grands atouts. » Dis-je, didactiquement.

Adam s'allia volontiers au groupe pour fouiller le navire. De toute manière il l'aurait fait avec ou sans leur aide. Une fois à bord il entama les recherches sous les déclamations de Rosa.

Une fois qu'elle eut terminé, l'homme la regarda avec un rictus.
« Et bien mademoiselle, merci... on va dire que c'était... pour le moins inattendu... »

Tout le monde pénètre dans le navire par la proue éventrée à la recherche d'équipement divers voire même de ses propres affaires. En prenant son temps et en n'ayant pas peur de se mouiller un peu, chacun retrouve ses effets personnels ou un équivalent ( pour simplifier, vous n'avez rien perdu de votre équipement, bourse inclus ).
La chambre du capitaine située au niveau de la poupe ( arrière du navire ) est quasiment inondée.
Avec les cales , ce sont les parties les plus immergés dans l'eau...
Brand constamment à l'affût du moindre mouvement suspect jette un oeil rapide derrière lui, il remarque alors une figure humanoïde se tenant loin derrière eux, en hauteur, sur la falaise surplombant la crique où ils ont échoué. La silhouette , plutôt imposante ( à cette distance impossible d'en savoir plus ), disparaît ensuite, s'éloignant du bord de la falaise. Depuis combien de temps est-elle là à vous observer ? ....

Adam est le premier à monter sur le ponton, et il y découvre un marin mort, une flèche dans le dos. Quelconque l'examinera pourra déterminer que la flèche ne vient d'aucun carquois provenant du bateau.
Un autre corps de marin, noyé, flottait dans les cales. Les caisses de nourriture et autres tonneaux de boissons semblent avoir été vidé. La cage de prisonnier, comme il en existe sur tous les gros navires est entrouverte.

« Égile, si je me trempe à nouveau, pouvez-vous me sécher à plusieurs reprises ? » Chuchote-je avant de descendre dans le navire.

Dans le bateau, je trouve mon armure et mon bouclier et je les mets. Puis, je me dirige vers la chambre du capitaine : il y avait un trio de poignards ornés que j'avais vu. Peut-être que je pourrais les prendre ... Chaque fois que j'arrive à un coin ou un porte, je grogne "Yoo hoo", d'une manière ludique, une main sur ma corne et l'autre accomplis un geste astucieux avec ma main.

Illusion mineur S/M

Je donne une cible à quiconque attend dans une embuscade potentielle avant de me franchir la porte ou de faire le coin : l'image d'une étrange statue d'un homme fait des légumes.

Sheni prend le temps d'inspecter et de rassembler son matériel dans le dortoir sous le pont. Avant d'enfiler sa cote de mailles elle fouille et appelle sa mule, jusqu'à s'immerger pour trouver le corps. En se demandant un peu trop tard si la magie d'Adam peut faire effet à volonté. Elle ressort de nouveau trempée, s'essore rapidement en appelant l'intéressé pour lui quémander un nouveau séchage. « Je cherchais Tisson. Tu sais, mon âne... Tu l'as vu pendant le voyage. Je sais pas où il est passé », fait-elle avec une moue triste pendant qu'elle se hisse sur le pont pour le rejoindre. Elle s'arrête net en voyant le corps fléché, le visage glacé. Puis finit son mouvement, et passe rapidement sa cote de maille sans attendre que la magie ne fasse effet. Elle se penche ensuite par l'ouverture pour monter le reste de son paquetage. Ses armes sont étalées sur le pont : une vouge, un arc, une poignée de javelots.

« Les vivres ont disparu. Ça pue les naufrageurs, ou les pillards opportunistes au nez creux. Mais j'ai vu personne en bas. De vivant, je veux dire. »

Le corps noyé était celui d'un marin ?
La cage était occupée avant le naufrage ?

Adam passa en revu les cabines, il avait fini par récupéré ce qu'il avait avant d'échouer... même si certains objets n'était pas à proprement parler les siens...


Ils se dit que les autres eux, pouvaient peut-être faire une belle découverte.
« Hé ! Vous m'entendez ? Vous avez trouvés quelque chose d'intéressant ? »

Brand trouva ses affaires éparpillées à l'intérieur des cabines du bateau. Il en profita pour enfiler sa cote de maille, sangla son bouclier dans son dos, remit son épée dans son fourreau et ceint ses deux hachettes à sa ceinture. Il trouva même ses maigres recettes de mercenaires, quelques piécettes tout à plus. Puis voyant que le bateau avait déjà été pillé, semblait-il, il laissa le soin aux autres de fouiller de fond en comble la carcasse si ils le souhaitaient.

Il répondît à la jeune femme Sheni : « effectivement le bateau a déjà été fouillé avant nous... »

À ce moment, en jetant un œil au dessus de son épaule en direction de la plage, Brand aperçut une silhouette au dessus de la falaise surplombant la plage. « Regardez la bas. » dit-il à ses compagnons sur le pont. « Soit il s’agit d’un voyageur peu enclin à nous aider, soit je dirais bien que cette personne en sait un peu plus sur ce qui est arrivé ici. » Puis la silhouette disparut au loin.

« Rassemblons nos affaires et essayons de remonter de cette plage. Nous devrions rester sur nos gardes, nous ne serons peut être pas seul dans cette jungle... »

Au bout d'un certain temps et après quelques recherches minutieuses, certaines humides, chacun a pu récupérer l'ensemble de ses effets personnels. Il semblerait en effet que le bateau ait été dépouillé de tous les éléments alimentaires.
Roza confirme bien qu'avec beaucoup de patience, de temps, et une certaine expertise le bateau peut être remis en état. La jungle peut vous fournir tout le bois nécessaire, mais en avoir les compétences est une autre histoire.
Sortant du navire par la proue , le petit groupe de naufragés remarque un attroupement d'oiseaux de mer volant en rond et plongeant soudainement au sol derrière un tas de rochers.
Franchissant le bloc de rochers, vous apercevez une dizaine de mouettes en train de picorer le sac en bandoulière d'un marin mort de toute évidence, une flèche plantée dans le corps.
Des traces de pas enfoncés légèrement dans le sable se dirigent ensuite dans la jungle. Impossible d'en déterminer le nombre, cela peut être aussi bien 3 personnes comme 10.
Vous n'avez ni vivre, ni eau, et le soleil est descendant, d'ici quelques heures il fera nuit.

Sheni dépose son arsenal et son sac à dos sur le sable, puis se gratte le menton, pensive.

« Il faudra bien aller s'enfoncer dans la jungle pour y trouver de l'eau, a minima. Et si on veut s'abriter du vent, on aurait plus vite fait de dormir en lisière que de construire un abri sur le sable. Ce sera plus discret, aussi. »

Elle porte son regard vers la jungle devant elle. « J'aimerais autant aller voir ce qu'il en retourne. Suivre ces traces un moment : elles pourraient bien nous mener à une source, à une menace que j'aimerais autant surprendre en plein jour, ou dans le pire des cas, à rien, et on saura que l'on ne dormira pas à une volée de flèches de naufrageurs... »

Elle s’accroupit pour saisir sa vouge et ses javelots. « Qui me suit ? »

Brand, habitué a choisir un emplacement de campement de par son expérience et ses nombreuses pérégrinations en solitaire, annonça à Sheni et au groupe :

« Remontons au moins à la lisière de la jungle. Nous pourrons y établir un campement et s’assurer que la zone est sans danger. Je pourrais également plus facilement nous trouver de la nourriture et de l’eau en cherchant dans la jungle. »

Puis il emboîta le pas de sa camarade.

« Ö, je pensais que j'allais y pêcher... » Dis-je en montrant la mer. « J'ai une recette pour l'espadon poêlé qui ne provoque généralement pas de catastrophes gastriques. »

Ne souhaitant pas être seul contre le monde, je vous suis tous dans la jungle, bavarder constamment avec Brand. « T'as l'air d'être très expérimenté dans la chasse. J'ai entendu des histoires des chasseurs légendaires comme Orion et sa ceinture tordue. Puis-je me joindre à toi pour regarder un maître jouer son métier ? »

Adam prend un air bougon. Il ne répondit pas à Sheni mais reconnu qu'elle avait probablement raison...

Un grand bâton de marche presque en bon état, un sac éventré rempli de babioles diverses, quelques armes éparses ici et là… Egile avait réussi à amasser une pile conséquente de bric et de broc qui lui servirait éventuellement par la suite.
Avant de quitter le navire délabré, il posa un genou à terre, trempant une de ses mains dans une flaque d'eau de mer, et ferma les yeux l'espace de quelques minutes.

Esprits de l'eau.
Vous nous avez épargné lors de votre dernier déchaînement de colère.
Je vous en remercie.

Il rejoignit ensuite les autres sur la plage, profitant de l'occasion pour mettre à profit la relative maîtrise qu'il avait réussi à forger avec les éléments…



Il finit ensuite par se retourner et par observer leur navire échoué et éventré.

« Remettre le navire en état ne sera pas chose simple... »
« J'ai pu mettre la main sur quelques outils, et la région ne semble pas manquer de bois. Mais la tâche me semble être plus qu'ardue. »

« Et c'est sans compter sur ce qui pourrait se terrer dans cette jungle... »

Il ponctua ses derniers mots d'un geste ample de son bras, désignant les traces de pas marqués dans le sable.

Egile dispose d'outils de bricoleur et les maîtrise, si quelques menus travaux doivent se faire à l'avenir...

Sheni et Brand allaient pour partir, mais les autres restent campé à discuter.

« Ouais... Les plans sur la comète, on verra ça demain. La priorité c'est de boire, manger, dormir sans se geler ou se faire attaquer. Réparer un bateau, et le naviguer sans rien y connaître ni savoir où nous sommes, on verra plus tard. »

Elle était patiente, mais pas du genre contemplative.

« Qui vient explorer avec nous ? »

Elle a déjà récupéré son matériel et piétine en attendant que les volontaires se signalent.

La forme n'y était pas, mais le fond était juste.
Egile releva lentement la paume de sa main droite dans la direction de son interlocutrice en signe d'assentiment, et gagna la lisière de la jungle.

Un abri et de quoi manger. Aussi simples soient-ils, leurs besoins les plus primordiaux devaient être contentés avant que la nuit ne les enveloppe dans toute sa noirceur et sa froideur…

Remontant la vingtaine de mètres de sable rougeâtre qui vous sépare de la lisière de la jungle, vous vous enfoncer dans celle-ci à la recherche d'eau et de quoi manger. Même si la majorité d'entre vous est capable de tenir facilement un jour sans manger ni boire, cela reste un besoin vital, surtout en terres inconnues.
La jungle devient rapidement très dense. Une végétation verte et humide recouvre les arbres, le sol est spongieux. Même s'il n'est pas habitué à ce genre de végétation, Brand a parcouru bon nombre de terres seul et dans l'obligation de se nourrir avec ce que la nature lui proposait sur le moment. Même sans point d'eau, il se dit que récupérer de l'eau grâce à un piège à eau ne sera pas un problème tant le fond de l'air est humide.
Très vite vous remarquez q'une légère brume résiduelle enveloppe le sol de la jungle, comme un tapis de nuage à perte de vue. La brume n'est pas très haute, vous arrivant jusqu'aux genoux maximum, mais elle a cependant pour effet de vous empêcher de voir le sol lorsque votre regard se porte à plus loin de 10-15 mètres de vous. Les arbres sont hauts et camouflent la lumière du soleil couchant. Quelques rayons de lumière rouge ( effet de la morne lune rouge sur les rayons du soleil ) arrivent de temps à temps à percer, vous laissant entrevoir des myriades d'insectes volants aussi divers que variés. Une grappe d'oiseaux s'envolent sur votre passage, là peut-être un bruit de froissement de végétation, plus loin un insecte vient vous piquer... bref, la jungle quoi
La jungle est plutôt silencieuse là où vous êtes pour le moment ( rien d'anormal ceci dit ). Le fond de l'air est chaud mais pas suffocant.
Accompagné de Roza qui a souhaité vouloir voir ses méthodes de chasse, Brand s'enfonce un peu plus loin de la jungle, tandis que les autres vont préparer un campement de fortune. Avant de partir il leur conseille de faire en sorte de ne pas dormir directement sur le sol à cause de la brume et des insectes rampants.

Je ne sais pas de combien vous voulez vous enfoncer dans la forêt.... J'ai compris que le plus urgent pour vous est de trouver à boire et à manger, la forêt subviendra au couchage avec de la préparation.