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21 octobre 1466

Je suis assis dans la bibliothèque lisant un recueil d'histoire lorsque quelqu'un frappe à la porte. Je referme mon livre.

- Entrez.

Un domestique entre et se courbe devant moi.

- Une lettre est arrivée pour vous, Jeune Maître.

- Très bien. Laissez-la sur le bureau.

Il dépose la lettre et part en refermant la porte derrière lui.

Je m'approche du bureau et ouvre la missive pour en découvrir son contenu.

Les traits de mon visage se déforme en un sourire carnassier.

《Un petit chevalier à l'audace de m'insulter soit il est inconscient, soit intouchable.》

Mais je sais très bien que personne n'est intouchable. Si quelqu'un veut m'empêcher d'avoir ce que je mérite, il ferait mieux de jouer à un autre jeu.

Revenant de mes pensées, je chiffonne la lettre et la jette dans l'âtre. Je regarde, pensif, les flammes lècher le papier jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que des cendres.

Je dois maintenant réviser ma stratégie et acquérir de nouvelles informations. Savoir si cet impudent est un joueur ou un pion.

Je me dirige vers ma chambre en espérant que la nuit porte conseil.

22 octobre 1466

Je me réveille tôt comme tous les matins. J'ouvre les yeux et étire mes membres engourdis par le sommeil. Je m'habille de mes vêtements d'exercice et part dans la cour pour mon entraînement quotidien à la rapière.

Je reviens, couvert de sueur, prendre un bain et me changer. Bien vêtu, je me dirige vers les jardins voir ma mère.

Mon père est un bon seigneur qui prend grand soin de son territoire. C'est un homme de nature aimable et un fin négociateur. Ma mère, d'un autre côté, pourrait parraître idiote et superficielle, mais elle est une femme des plus intuitives et manipulatrices. Elle connait les relations et rumeurs de tout le monde. Elle pourra certainement me renseigner.

Je la trouve dans les jardins comme à son habitude, profitant de la belle matinée par une tasse de thé en plein air.

- Ah! Bonjour Hatomi.

- Bonjour Mère.

- Que viens-tu me demander?

L'intuition de ma mère est un des mystères les plus effrayants que je connaisse.

- Je viens me renseigner sur quelqu'un. Je veux tout savoir sur Ser dy Sanda.

« Ser dy Sanda ? » reposant sa tasse de thé, Mère défroisse délicatement du bout des doigts des 2 mains son front qu'elle n'avait pourtant pas plissé.
« Ce nom ne me dit rien ... peux-tu me renseigner un petit peu ? »
Hatomi tente un indice qui ne dévoilerait pas trop sa démarche « Valenda ? »
« Valenda .... Alors je sais pourquoi je ne peux pas te répondre.
Tout ce qui se passe à Valenda est sous la coupe et l'autorité sans faille de Joelana ... » Mère sourit.
Puis elle explique :
« Valenda était la capitale de Baocia du temps de la jeunesse de Joelana, la fille du Provincar.
Et, arrivée à l'âge de se marier, elle n'avait plus aucun frère de vivant.
Le Roya Ias n'a pas lancé beaucoup de campagnes militaires de son vivant, mais elles ont chacune été particulièrement meurtrières.
L'un dans l'autre, c'est un miracle que Joelana ait pu avoir son père pour la mener à l'autel.
Je ne sais pas très bien comment ça c'est négocié, mais Joelana est restée dans « son » château.
Contrairement à la tradition, au lieu de rejoindre son époux dans son domaine, c'est lui qui est venu s'installer à Valenda.
Et Enrike a pris la suite du père de Joelana comme Provincar de Baotia.
C'est très inhabituel, mais cette famille a toujours été assez proche du trône, ils ont du obtenir, d'une façon ou d'une autre, une sorte de dérogation spéciale. Joelana est alors devenue Provincara de Baotia, en Valenda.
Bien sûr, quand Joelana a marié sa fille Ista au Roya Ias, les liens entre ces deux familles se sont resserrés.
Et quand Enrike est mort au front, c'est leur fils Orlando qui a repris la charge. Mais pas le château de Valenda.
Plutôt que d'essayer de supplanter sa mère dans le château de son enfance, il a préféré déplacer la capitale de la province avec tous ses organes administratifs à Taryoon. C'est parfois difficile pour un fils de contredire sa mère. Il avait besoin d'avoir une certaine liberté pour pouvoir s’affirmer comme Provincar.
Orlando est Provincar de toute la Baotia. Mais, à Valenda, Joelana reste « La Provincara ».

Comme tu le sais déjà, Ista a donné deux enfants à Ias. Iselle puis Teidez. Il y a une quinzaine d'années maintenant.
Mais Ias le Malhereux n'a jamais aussi bien porté son surnom qu'à la naissance de ces deux enfants-là.
Il s'est abondamment dit à la cour qu'Ista était complètement folle.
Et puis il y a eu le scandale avec Arvol dy Lutez, le grand conseiller du Roya.
Il aurait eu une aventure avec la Royana Ista. Ce n'est pas très clair mais toujours est-il qu'il est mort noyé dans le grand donjon et que personne ne peut dire exactement comment c'est arrivé : Arvol, Ista et Ias étaient seuls dans le donjon ce soir là, ils avaient congédié tous les serviteurs ...
Après la mort d'Arvol, c'est devenu encore plus compliqué : Ista était de plus en plus folle et Ias de plus en plus malheureux, à tel point qu'il est mort en moins d'un an, Teidez n'avait que quelques semaines aux funérailles de son père ...
Et là, je crois qu'Ista a fait preuve d'un éclair de lucidité : Aussitôt son royal époux inhumé, elle a quitté le Zangre pour aller se réfugier chez sa mère, à Valenda.
Depuis, plus personne n'a la moindre nouvelle ni d'Ista, ni de ses enfants.
Ias et Arvol sont morts, Ista est recluse, cette histoire est pour ainsi dire enterrée.
Et sans les portraits d'Iselle et de Teidez que leur grand frère le Roya Orico a commandé pour pouvoir les regarder de temps en temps, et que quelques malins ont réussi à faire copier et diffuser, [nous-même avons des copies de ces tableaux, je ne sais pas si tu les a vus], personne ne pourrait seulement dire si ces enfants sont encore vivants. »
reprenant une gorgée de thé avant de conclure
« Si ton Ser dy Sanda est à Valenda, c'est par la volonté de « la Provincara de Valenda ».
C'est tout ce que je peux t'en dire. »

《La Provincara de Valenda》

Une figure importante, influente, mais quelquechose me semble louche dans cette histoire.

Si Joelana a eu connaissance de ma lettre, pourquoi a-t-elle agi ainsi? Les insultes et les menaces peuvent entacher sa réputation, surtout de si flagrante. Elle aurait dû écrire la lettre elle-même pour faire pression avec son nom et ses titres.
C'est par sa volonté que ce chevalier est à Valenda, mais tout porte à croire qu'il ne travaille pas pour elle. Il faut que je tire cette histoire au clair.

Avec le festival de l'Automne magique qui arrive à grands pas, l'organisation d'un voyage en Baocia est impossible. Mon père m'a demandé de l'aider cette année pour faire de celui-ci une incroyable réussite. La solution se dessine alors dans mon esprit.

Je remercie ma mère et retourne à l'intérieur pour me rendre au bureau de mon père. J'arrive à sa porte et frappe.

- Entrez!

J'entre.

- Bonjour Père.

Mon père relève les yeux de ses rapports.

- Bonjour Hatomi. Qu'y a-t-il?

- Vous savez Père que la confiance que vous placer en moi me réchauffe le coeur et...

- Que veux-tu?

Il me répond sèchement et fronce les sourcils. Il déteste les flatteries et les gens qui tourne autour du pot.

- J'aimerais inviter la Provincara Joelana dy Baocia pour le festival de l'Automne magique.

- Compris Père.
《Et merde!》
- Je ne sais pas ce que tu as derrière la tête, mon fils, mais fait très attention où tu mets les pieds avec cette femme.

Elle reste dans son château avec toute l'influence qu'elle a, et sa famille aussi. Rester ainsi enfermer n'est pas pour le plaisir ou l'allure. Elle a peur. Elle a peur et se terre derrière ses murailles. Mais qui peut la terriffier à ce point? Quoiqu'il en soit, je dois faire d'elle mon alliée.

《Allons chercher des outils.》

- Merci Père. Au revoir.

Je quitte la pièce et me rends à la bibliothèque. Je cherche dans les étagères et trouve un livre sur les familles nobles et leurs emblèmes. Un sourire malicieux se forme sur mon visage et un plan machiavélique, dans mon esprit.

Je cherche frénétiquement au travers des livres alors que des plans de plus en plus tordu s'empilaient dans ma tête. Je souffle un peu et me calme.

- Voilà!

Je tends la main pour prendre le livre sur l'étagère. Je tourne les pages en regardant les images des sceaux.

Je m'installe au bureau, recopie les dessins de mon mieux en y laissant quelques erreurs volontaires. Je continue ainsi tout au long de la nuit.

23 octobre 1466

Je me réveille sur le bureau dans la bibliothèque. Il est tard. J'ai veillé toute la nuit, par conséquent je reporte l'entraînement d'aujourd'hui.

Je monte à ma chambre et cache les dessins soigneusement. J'y prends ma vieille cape trop petite et des bandages. Je pars du château.

Je me faufille dans une ruelle jusqu'à la flaque d'eau sale au fond. J'y trempe mon visage, asperges mes vêtements et me couvre le visage de bandages. Je termine mon déguisement en déchirant des bouts de ma cape. Je sors de la ruelle et me dirige vers les quartiers pauvres rencontrer l'homme à la tête du crime de cette ville.

《Il est temps de se salir les mains.》

Les planches du débarcadère craquent sous mon poids. L’odeur de ces lieux m’insupporte. Vite fait de trouver le trou à ivrogne où se terre cette vermine. Un bâtiment semble plus bruyant sur la rue. Je m’approche. Cela me semble prometteur. J’entre ne faisant semblant de rien et j’observe autour comme si je cherchais quelqu’un. Je prends une table dans le fond de la salle et j’attends.
Quelques minutes plus tard, deux hommes viennent s’asseoir à ma table. Pas de doute possible, celui de gauche est grand et musclé tandis que celui de droite est habillé en pêcheur : le roi des mendiants d’Hervas. Simplement son odeur me suffit à l’identifier, il pue, il empeste.
- Et bien mon ami! Cette place est-elle libre?
- Bien sûr. Asseyez-vous.
L’autre reste muet.
- Toi, tu n’es pas du coin.
- Est-ce si évident?
- Plutôt. Que viens-tu faire par ici?
- Je viens pour affaire.
- Dans ce trou à rats?
- Je viens faire affaire avec un rat. Ou plutôt avec le roi des rats.
À ce moment-là, il avait deviné que je venais pour lui. Son visage est devenu plus sérieux.
- Je vois. Mais qui es-tu?
- Appelle-moi comme tu veux. Je viens requérir trois services. Plus j’obtiens, plus je donne.
- D’accord le Lépreux. Dis à ce bon génie tes trois vœux.
- Lépreux?
- Tu as dit que je pouvais t’appeler comme je le voulais.
Je suis un peu déconfis, il se paye ma tête.
- Je veux un orfèvre qui tient sa langue.
- Très bien. Quoi d’autre?
- Je souhaite répandre la rumeur que la Marche au Nord de Gudar est affaiblie.
- D’accord. Et finalement
- Savoir qui est à la tête des frères-soldats du Bâtard.
- Mais l’ordre du Bâtard n’existe pas.
Je le regarde dans les yeux, tends ma main et prends un ton grave.
- J’ai beau cacher mon pouce derrière ma main, j’ai encore cinq doigts. Le Dieu des espions et des secrets, il cache son jeu, voilà tout.
Je me lève.
- Et souviens-toi. Plus j’obtiens, plus je donne. Si j’obtiens tous ce que je veux, tu pourrais recevoir bien plus que des pièces d’or
- Quoi donc?
- Le trône pour les compter. Je reviendrai dans trois jours pour ta réponse.
Je quitte les lieux. Fini les caniveaux puants, retour au château. J’ai besoin d’un bain et d’un bon repas.
Je monte au bureau de mon père avec un plateau de service à thé. Il est encore là, ce bourreau de travail. Je frappe à la porte.
- Entrez.
J’entre dans la pièce, mon père est encore penché sur sa paperasse.
- Bonsoir Père.
- Bonsoir Hatomi. Que viens-tu faire ici?
J’approche avec le service.
- Je venais vous offrir du thé, la soirée a été longue.
- Et si j’en crois les deux tasses sur le service, elle le sera encore.
Toujours trop observateur. Je nous sers une tasse de thé chacun.
- Je t’écoute.
- Je veux aller en Valenda en début de décembre. Dans le genre visite surprise.
- Pourquoi tu viens me voir? Va.
- J’aimerais que soit officiel sinon ils peuvent me claquer la porte au nez.
- Joelana en aurait bien le culot. Quel est ton plan.
- Une lettre annonçant l’envoie de votre représentant pour le projet d’améliorer les routes entre Hervas et Valenda.
- Ça pourrait marcher. Je me demande bien ce que tu as derrière la tête. Ce voyage, ta sortie en ville de ce matin…
Je soulève un sourcil, étonné.
- Tu ne croyais tout de même pas que tu allais passer inaperçu en revenant sale et puant. Que faisais-tu en ville ce matin?
- Disons que je dressais des rats.
- Ne joue pas au plus malin avec moi.
- Je faisais des affaires. Si j’en dis trop, ce serait mauvais. Faîtes-moi confiance.
- D’accord pour cette fois, mais j’ai bien envie d’entendre ton plan.
Je souris.
- Bonne nuit Père.
- Bonne nuit mon fils.

26 octobre 1466

J’ai passé les deux derniers jours à suivre une routine quotidienne à base d’entraînement à l’escrime et de travail de bureau, les préparations pour le festival ne manquent pas. Je pars du château et enfile mon déguisement de malade. Je me faufile à travers les taudis jusqu’au trou à rat où j’avais rencontré le roi des mendiants. J’entre silencieusement et pars m’asseoir à la table du fond. J’attends quelques minutes et comme la dernière fois, Izokin et l’autre viennent à ma table. Je le regarde.
- Ta réponse?

Izokin, « Le roi des mendiants » d'Hervás est un homme prudent.
A gestes mesurés, il se glisse à la table du quémandeur. A voix plus mesurée encore, il répond posément .

« Maître Gretolvin Parabrien est l'orfèvre que tu cherches.
Sa boutique n'accepte pas les rognures dans notre genre, mais l'atelier donne sur l'arrière-cour et, si tu parviens à te faufiler jusque là,
il est prévenu de ta visite.
Comme tu ne m'avais pas donné ton nom, tu devras te présenter à lui sous le blaze que je t'ai donné l'autre jour. »

« Concernant ta rumeur, j'ai fait passer le mot : « la Marche au Nord de Gudar est affaiblie. »
Mais j'ai eu des questions : « affaiblie en quoi ? » « affaiblie comment ? » « affaiblie à quel point ? » « Qu'est-ce qui s'y passe ? »
Les gens qui profitent de ce genre d'information programment leurs actions en fonction des opportunités.
Ce n'est pas la même chose si la zone manque de main-d’œuvre, de matériel, de soldats, de discernement dans le commandement ou autre ...
Si tu veux que ton message arrive à bon port, va falloir hameçonner mieux, en remettre une couche avec plus de détails et d'infos.
Et, personnellement, j'apprécierais de savoir la part de vrai et de faux dans cette rumeur. »

« Et pour ta troisième demande ... l'Ordre du bâtard n'a officiellement pas d'armée. Mais en me renseignant pour toi j'ai appris qu'il y avait bien en ville un « Maître des Chuchoteurs ». Si tu veux, je peux te le faire rencontrer. »

Je regarde Izokin.
- Merci pour l’orfèvre. Je n’aurai aucun problème à y aller, même si je dois me déguiser en noble. Pour la rumeur concernant la Marche, il s’agit d’un manque de troupes. En vérité, tout est faux. La Marche se porte à merveille. Je n’ai pas besoin de diffuser de vrais rumeurs, elles se diffusent toutes seules.
- Mais pourquoi?
- Qui peut tirer profit de cette information? Ceux qui veulent attaquer la Marche. Ils enverront un espion qui ne pourra pas confirmer la véracité des faits. Tout cela nécessite du temps et des ressources. Au contraire, s’ils attaquent sans vérifier, ils se confrontent à une forteresse très bien défendue. Un coup dur pour eux, sans parler qu’ils ont dévoilé leur jeu.
- Je ne te croyais pas patriote.
- Et pourtant. Pour le «Maître des Chuchoteurs», Je le rencontrerai ce soir. Un personnage de marque mérite quelque chose de spécial. Tu viendras avec lui, lavez et bien habillé.
- Quoi?!?
Il me regarde avec des yeux exorbités. Je continue.
- Tu m’as bien compris. Tu vas te présenter avec lui au château d’Hervas.
- Le château!?! Ils ne nous laisseront jamais entrer sans rien dire.
- Annoncez-vous comme Sergaii, marchand de Baoccia et son serviteur. Je me charge du reste.
- Pas certain que notre homme accepte.
- Un homme qui aime les mystères et les secrets, il va accepter. Crois-moi. On se revoie ce soir.
Je me lève et sors. Direction le château.

J'arrive devant les gardes à la porte.
- Ce soir, un marchand de Baoccia du nom de Sergaii devrait venir. Vous l'emmenez dans le salon des invités et envoyer quelqu'un me prévenir.
- Très bien jeune maître.
Je repars vers ma chambre pour me préparer à une soirée.

Je vois que tu maîtrises la situation. Je te laisse poursuivre. Seule surprise dans ton plan : le maître des chuchoteurs est en fait le secrétaire de ton père.

Je suis à mon bureau en plein travail lorsque quelqu’un cogne à la porte.
- Entrez.
Le secrétaire de mon père entre dans la chambre.
- Le marchand Sergaii est arrivé au château. Il est dans le salon pour les invités.
- Parfait. Merci beaucoup.
Je me lève et pars vers la salle. Juste avant d’entrer, j’entends des rires. Curieux, j’ouvre la porte. Je suis étonné de voir Izokin et mon père rire et converser si ce n’est pas du manque de puanteur du roi des mendiants.
- Oh Hatomi! Que fais-tu ici?
- Et vous Père?
- J’accueille notre invité. Je vous en prie Sergaii, continuez votre histoire avec ce Lépreux.
Je les regarde déconcerté. Izokin est complètement mal à l’aise dans ses vêtements trop serrés. Je regarde Izokin dans les yeux.
- J’ai moi aussi de bonnes histoires avec un lépreux.
Il est choqué. Je crois qu’il a enfin réalisé qui j’étais.
- Raconte mon fils.
- Mieux vaut garder ces histoire pour le repas. Et vous Sergaii, vous êtes marchand. Comment vont les affaires?
Il cherche une réponse quelque peu paniqué.
- Très bien. J’ai même eu une surprise aujourd’hui. Je devais livrer une marchandise à un magasin de la ville. Lorsque je suis parti à l’entrepôt, on m’a répondu que la marchandise était déjà chez le client.
Je n’en revenais qu’à moitié. Le maître des chuchoteurs est déjà dans le château. Tout fait sens. C’est le meilleur endroit pour espionner. Mon père nous regarde en plissant des yeux.
- Combien de temps cette mascarade va-t-elle encore durer, Hatomi? Je sais que c’est toi qui a invité Sergaii. De plus, Sergaii est un très mauvais comédien. Vous n’êtes pas du tout marchand.
- Vous avez raison Père. Sergaii, ou plutôt Izokin, n’est pas marchand, c’est un homme que j’ai engagé pour m’amener un autre invité.

- Basti! Vous n’êtes pas assez discret.
- Désolé Maître.
- Père, cessez-la mascarade. J’aurais dû me douter que le maître chuchoteur était un homme à vous.
- Si tu me confiais les détails de tes plans, je n’aurais pas besoin de t’espionner.
Je sens le regard inquisiteur de mon père se poser sur moi. Il est vrai que je ne lui avais encore rien dit de mon plan.
- Si vous souhaitez tant à le savoir mon objectif est de devenir le conseiller du Roya.
- Une ambition démesurée, je te reconnais bien là, mon fils. Si tu crois que c’est si simple, tu es complètement fou. Je te ferai enfermer. Je préfère que tu me haïsses, plutôt que te savoir mort. Izokin, mon brave, n’aillez jamais d’enfants, ils pourraient chercher à se tuer.
Malgré son ton blagueur, je sais très bien que mon père est inquiet pour ma sécurité.
- J’ai pris la décision de courtiser la Royesse Iselle dy Chalion.
Tous les trois me regardent, abasourdis. Mon père soupire par dépit.
- J’ai un plan pour ça, mais quelqu’un me met des bâtons dans les roues. C’est pourquoi j’ai besoin de l’aide de Basti et du vôtre père.
- Que ne ferai-je pas pour toi?
- Mais arrêtez-le! Monseigneur, empêcher le de faire cette folie.
- Il s’échapperait et manigancerait pire. Je connais mon garçon. S’il y a une chose à laquelle il excelle, c’est les plans.
- Toi aussi Izokin, tu auras ton rôle à jouer. Il faut que tu me trouves un bouc émissaire. Un homme qui ne servira qu’à être sacrifier, quelqu’un qui a tendance à voyager de préférence. Vous, Basti, je veux que vous me trouviez qui est Ser dy Sanda en Valenda. C’est lui qui a intercepté ma lettre. Soit c’est le pire idiot de la Terre, soit c’est un ennemi de la Provincara. Pour qui il travaille est ma priorité. Pour vous, Père…
- J’ai déjà envoyez ta lettre. Veux-tu des conseils pour charmer les jeunes filles en plus.
Il affiche un sourire moqueur, mes joues rougissent.
- Plutôt des renseignements sur la province de Yarrin au Sud. J’aimerais augmenter mes alliés. Ils sont protégés de la guerre et acquièrent beaucoup de richesse par leur commerce avec Darthaca. Les utiliser pour influer sur les provinces du Sud pourrait servir. Je ne connais pas l’ennemi que nous avons, mais il est assez puissant pour effrayé la Provincara de Valenda.
Je les laisse avec ces pensées et retourne dans ma chambre.

27 octobre 1466

Je me réveille et commence mon entraînement. J’évite de me laver ensuite et sors du château avec mon déguisement et ma page de sceau recopié dans un sac. J’enfile mon déguisement avant de me diriger vers l’atelier de maître Gretolvin Parabrien.