13 septembre 1466« C’est peut-être la dernière fois que je peux voir le soleil du matin illuminer la vallée autour d'Oby. » Les rayons du la ciel – ici et là mauve... or – illuminent mon visage. Mes lourds cheveux noirs se balançant finement dans la brise aride.
Le soleil se lève comme un jaune d’œuf, répandant la lumière sur les toits, les ruelles, et les remparts de ma ville natale.
« Tout a déjà changé, cette semaine. » repond ser Marçal dy Elizondo, mon maître d’armes.
Il est, à cet instant de nos existences, le seul membre de mon entourage.
« Rien a changé. », ma réponse est sobre, un sourire saugrenu traverse mon visage.
« Comment peux-tu dire ça ? Ton père est mort, et maintenant ton frère t’exile efficacement ! »« C’est vrai, comme d’habitude, tout est en bordel. »« Et moi, j’ai pris ma retraite pour te suivre ! »« Tu m’honores en me suivant. » Je me tourne vers mon ami tout en sortant un bout de langue entre les lèvres.
« Je ne le fais pas pour toi.
Je cherche juste une dernière aventure, c’est tout. »« Tu es peut-être vieux, mais tu es un homme bon.
Je pense que tu veux encore changer le monde. »« Si tu le dis ...
Mais tes frères ne vont certainement pas changer le monde. Ils apprécient la façon dont il tourne. »« Tu as oublié une autre chose qui a changé : Je quitte la plus grande troupe de théâtre qui ait jamais joué à Oby. Et juste au moment où j'obtenais enfin les rôles principaux. »« Tu préfères des rôles de soutien, de toute façon !
Ça te permet de mater les femmes dans le public sans être remarqué. » Il me donne un coup de poing ferme dans l’épaule, ce qui me fait presque tomber de mon cheval.
« Est-ce qu'on passe rendre hommage au mausolée de ton père avant de partir ? Ce n'est pas loin.
Qui sait quand on reviendra... »« Je lui ai déjà suffisamment rendu hommage lors de ses funérailles. »« Tu es un acteur et musicien de renom en Oby. Ils avaient tort de ne pas te laisser parler lors de la cérémonie. »« Je suis toujours la brebis galeuse de ma famille. » Ce sourire saugrenue scintille encore sur mon visage.
« Créons maintenant une nouvelle famille, liée par l’art au lieu du sang, et tu seras mon frère. »« Je suis assez vieux pour être ton père. » Ses yeux s'assombrissent soudain, comme s'il avait dit quelque chose de mal.
« J'avais 21 ans quand j'ai rejoint le service de ton père et tu es né cette année-là. C'était il y a 34 ans. Et je ne suis pas un artiste, juste un amateur de luth. »« Tu es modeste, t’es un musicien assez fin pour m'accompagner. » C'est maintenant à mon tour de retourner le coup de poing dans l'épaule.
Le monde se réveillait autour de nous. Les bruits des oiseaux, les vues du commerce du matin, l'odeur des feux de foyer dans les maisons en dessous de nous, nous hâtent tous de partir.
« Rien n'a changé. Les événements dans notre coin n'ont aucun effet sur le reste du monde. Maintenant, nous entrons dans une histoire plus grande, et le bouleversement et le chaos de la cour de Cardegoss m'attirent. » Je romps le silence.
« Première étape : « Bergara ».
Il y a là-bas une chapelle du Bâtard récemment reconstruite après le passage des sauvages roknari, et j'ai entendu dire que le prêtre à une voix tout à fait divine. »