Sothor grinça quelque peu des dents, et ne dit rien pendant quelques secondes. Il finit par lâcher

« Cela ne m'enchante guère; encore une fois ce serait aux Noldors seuls de porter un fardeau qui nous incombe. Cela me gêne, mais je vais vous laisser le champ libre, conformément à votre demande. D'un point de vue stratégique néanmoins, votre solution me semble la meilleure.

Puisse les Valars vous accompagner dans cette entreprise. Et me donner la chance de vous revoir dans les temps à venir. »

Tildaël approuva :
« Qu'il en soit ainsi. Combattre l'ennemi n'est pas du seul ressort des Edain, nous le faisons depuis bien avant votre arrivée en ces terres. Nous avons tout intérêt à garder la route de l'est sûre, le commerce entre les différents royaume en dépend.
Que la bénédiction des Valar vous accompagne ! »

Sothor se retira donc, laissant les elfes partir pour accomplir leur mission. Moins d'une minute après leur départ, il était déjà impossible de les distinguer dans la nuit, ce qui fut de nature à rassurer le calculateur émérite qu'était le général.

Le général appréciait tellement de pouvoir avoir des gens aussi compétents prêts à suivre ses consignes, qu'il imaginait l'espace d'un fugace instant pouvoir un jour mener une armée aussi éclectique qu'efficace. Mais il remit ce doux rêve à plus tard, les circonstances actuelles le forçaient à recentrer son esprit.

Il se rendit auprès d'Handor, son homme de confiance, pour lui déléguer une première partie de ces ordres.

« Cher ami, il y a alentour plusieurs communautés isolées qui ne résisteront pas au passage de l'armée orc. Nous ne pouvons le laisser permettre. Je vous indiquerais comment les trouver, mais il faudrait que quelques uns de nos plus rapides hommes, entre cinq et dix d'entre eux, prennent une route parallèle à celle du gros des troupes pour les prévenir.

Ensuite, nous organiserons un déplacement vers le sud ouest et la route menant au village de Bree. Il faudra transmettre ces consignes à nos soldats. Les civils iront plein sud, et seront rejoints au pont du Brandevin par les elfes de Gil-Galad. »

Il finit de mettre au point les derniers détails techniques pour leur départ avec Handor, il récupéra une nouvelle fois son palatiri, et concentrait son esprit pour retrouver Elendil et le reste des proches du roi. Une fois face aux autres dirigeants, il s'adressa à eux pour leur exprimer sa vision des choses

Une fois que le général se fut assuré de l'attention de tous, il tenta d'expliquer sommairement sa façon d'appréhender cette bataille.

« Mes amis, voici comment je vois les choses. Nous sommes partis de l'hypothèse que les orcs allaient faire des marches forcées successives vers Bree, en ne se déplaçant que de nuit comme il sied à de telles créatures. Il leur faudra trois nuits complètes pour atteindre le village et probablement l'attaquer.

Nous allons les intercepter à moins d'une journée de leur objectif, au niveau de la routeHB142 avec la quasi totalité de nos forces armées. Pour cela, nous allons tous faire une très dure marche forcée, une nuit et une journée durant pour atteindre la position souhaitée.
Mais nous bénéficierons d'une journée de repos au moment de déclencher les hostilités. Pour leur part, les orcs seront en fin d'une marche frocée d'une nuit complète, et certainement un peu usés de celle-ci.

J'imagine qu'ils termineront leur marche et monteront un camp sommaire en prévision de leur assaut du lendemain. Il y a frt à parier qu'ils dépêcheront des patrouilles en avant de leur position comme ils l'ont déjà eu fait, qui iront plus en avant vers Bree.
Comme nous l'avions évoqué, Elendil aura un œil sur nos ennemis et pourra confirmer ces hypothèses à l'avancement.

Ma proposition est de disposer l'ensemble des Noldors quelques lars en avant de nos propres forces, comme s'il s'agissait d'une patrouille "classique". C'est là que je compte utiliser tous les talents des Premiers Nés puisque dans l'idéal il faudrait qu'ils arrivent à repérer les patrouilles orcs, sans que ces dernières ne s'en aperçoivent, afin que les peaux vertes fassent un rapport pensant qu'elles bénéficient toujours de l'effet de surprise.

Ainsi, les orcs penseront attaquer une force trois fois inférieure à la leur. Ils ne renonceront pas à leur attaque dans ces conditions, et concentreront logiquement leur force sur la ligne des elfes. Nous les accueillerons avec autant de flèches que possible; le maximum des troupes des Edains resteront en arrière, en embuscade jusqu'à ce que les orcs se mettent en mouvement pour ne pas trahir notre présence.

A ce moment là, tous nos tirs devront se focaliser sur les tireurs adverses de préférence, nos arcs ayant une plus grande portée, nous devrons profiter de cet avantage et conserver une position générale statique. Bien avant que les orcs soient au contact, la majeure partie des Edains passera devant les elfes, formant un mur de lances et de boucliers, parfaits pour arrêter une charge. Je serais personnellement à la tête de ce régiment qui sera au cœur de ma stratégie.

Une fois l'offensive ennemie ralentie ou stoppée, je suggère que nous utilisions les elfes sur un flanc ainsi qu'un détachement d'Edains menés par notre roi sur l'autre comme unités d'encerclement et de contre attaque.

Il est malgré tout probable que les orcs, venus en pillards, ne se battent pas jusqu'au dernier et optent pour une fuite sous réserve que le déroulement de la bataille nous soit favorable. Et c'est là que les rôdeurs guidés par Valdae se chargeront de leur couper toute retraite. Si toutefois nous ne prenons pas l'ascendant dans la première partie de l'affrontement, les rôdeurs pourront prendre nos ennemis à revers pour semer le doute et la mort dans leurs rangs.
Le rôle des rôdeurs est pour moi primordial ; pas seulement pour achever nos ennemis, mais surtout pour envoyer un signe très fort aux créatures vivant sous les collines Evendim.

Ils pourront venir par centaines, par milliers et plus encore. Désormais les Edains se dresseront sur leur route, et bientôt, on ne trouvera trace des orcs que dans les livres d'Histoire, ou les sagas chantant la gloire des héros de cet age. »

Sur cette dernière note pleine de détermination, le général fit le tour de ses interlocuteurs du regard afin de savoir s'ils avaient des interrogations sur le plan proposé.

Fëaromen approuva le plan en acquiesçant tout en faisant part de son unique inquiétude :
« Espérons que les orcs ne repérerons pas nos éclaireurs donc. Mais puisque nous avons réussi à réunir l'ensemble de nos troupes, les orcs regretterons amèrement leur initiative. »

Gil-Galad fit également part de son accord :
« Le gros de mes troupes est déjà en route pour protéger vos civils. Dès que la bataille sera terminée, elles ont ordre de sécuriser tout le secteur et pousseront sur la rive ouest du Baranduin, sans toutefois aller jusqu'à s'enfoncer dans les montagnes. Nous nous chargerons donc de détruite les infrastructures que les orcs ont eu l'insolence de construire aux abords du fleuve. »

10 Juillet 3319 SA matinée

Le temps de la séparation était venu. Lilith avait fait passé ses consignes à travers les différents personnages qui avait une certaine autorité parmi les civils, essentiellement les chefs de guilde. Les soldats et les rôdeurs, sur consigne de leur hiérarchie, avait procédé à un tri rapide des vivres et de toutes les marchandises transportées afin d'alléger le plus possible les soldats. Les civils progresseraient très lentement, chargés tels qu'ils l'étaient. Mais ils seraient bientôt rejoint par les elfes envoyés de Mithlond et des patrouilles observaient en permanence les alentours, afin de s'assurer qu'une partie des orcs n'avaient pas dévié de la trajectoire qu'on leur avait prêtée. D'autre part, Elendil suivait en permanence le déplacement de l'armée principale grâce à son palantiri. Son peuple ne prenait donc qu'un risque très minime.

Enfin, l'armée se mit en marche à vive allure. Les Edain étaient très grands et leur foulée allait bien au-delà de celle des hommes du milieu. Les rôdeurs constituaient l'arrière garde. Dissimulés sous leurs capes vertes, ils détonnaient des éclats brillants qui émanaient de l'armée régulière à la tombée du jour. Sothor occupait le tout premier rang et Elendil, entouré de sa garde, était assis dans un chariot, intensément concentré sur son palantir, au beau milieu de l'armée.
Les civils ne semblaient guère réjouis de se voir ainsi séparés de leurs protecteurs. Toutefois, les soldats semblaient impatients d'en découdre et le moral était au beau fixe dans les rangs. Ils voyaient là un moyen plus que bienvenue de prouver leur valeur et leur détermination se lisait dans leur regard. C'est ainsi que mères, pères et enfants des fidèles de Numenor se séparèrent.

Sothor mena l'armée d'un rythme égal et très soutenu toute la nuit. Il n'autorisa une halte qu'au petit matin lorsque enfin, la route de l'est fut en vue. Les rares gens qui se trouvaient sur la route et en vue de l'armée s'en éloignèrent promptement sans se poser de question. Une heure après s'être arrêté, la marche reprit au même train, mais bien plus confortablement maintenant que leurs pas foulaient le sol tassé de la route.

Sothor marqua une nouvelle pose pour le bivouac de midi et s'en alla trouver Elendil. Celui-ci lui apporta des nouvelles rassurantes. Les orcs n'avaient pas déviés de leur trajectoire. Ils avaient couru toute la nuit le long de la lisière de la forêt qui bordait la rive est du Baranduin et avait monté leur campement à l'abri des arbres juste avant que le soleil ne fasse son apparition.

La course folle reprit son rythme de plus belle après l'heure de pause du déjeuner, alors que le soleil était à son zénith. Un temps qui assurait au Edain une avance précieuse car les orcs ne pouvaient supporter de se déplacer par une telle journée ensoleillée.
A la fin de la journée, les bannières à l'étoile d'Elendil touchait enfin à leur but alors que la route de l'est pénétrait dans une forêt relativement épaisse, émanation de la grande forêt, qui recouvrait autrefois toute la région jusqu'à Bree et même au-delà. Après deux heure de marches supplémentaires, Sothor fit bifurquer l'armée en direction du Nord et après une dernière heure d'effort, il avait enfin atteint son objectif : la lisière nord de la forêt. De là, les Edain bénéficiaient d'une vue imprenable sur les plaines et sur les collines de par lesquelles les orcs arriveraient mais surtout, ils restaient à l'abri du regard de leurs ennemis grâce au couvert offert par la forêt.
Le campement fut dresser sur son ordre sous les arbres et le général donna ses consignes aux éclaireurs elfes qui sans prendre de repos poursuivirent leur course afin d'épier la progression des orcs.
Le silence s'installa alors que la nuit tombait. Une nuit de repos plus que bienvenue après les efforts déployés par les soldats qui avait soutenu le rythme sans se plaindre. Un repos qui se révèlerait peut-être décisif lors de la bataille du lendemain. Leurs ennemis, eux, progresseraient toute la nuit pour atteindre le couvert des arbres avant le lever du soleil, et une surprise de taille les attendaient.

11 Juillet 3319 SA matinée

Sothor avait réuni l'ensemble des officiers de son armée, hommes elfes et rôdeurs, afin de leur faire passer les consignes relatives à la stratégie qui allait être mis en place.
Les elfes serviraient donc d'appât, ce à quoi ils répondirent pompeusement que les orcs ne survivraient pas aux premières volées de flèches qu'ils auraient à subir de leur part. Les rôdeurs s'assureraient qu'aucun orc ne parviendrait à en réchapper, et bien qu'ils acceptèrent de se cantonner à ce rôle, ils firent observer qu'ils auraient préféré avoir plus que des miettes à se mettre sous la dent.
Les soldats de l'armée régulières, aventureux inclus, formeraient le gros des troupes qui se joindrait aux elfes pour écraser leurs ennemis.
Les troupes étaient galvanisés par la confiance et impatiente d'en découdre.
Le camp ne fut monter qu'à minima, le lever était prévu à 4h du matin, les troupes devraient être prêtes et en ordre de bataille à 5h, soit une heure avant l'arrivée estimée de leurs ennemis, selon les informations que le roi avait donné.

La nuit fut courte et agité pour la plupart des soldats, et ce malgré la fatigue. La perspective du combat occupait tous les esprits. Les elfes, quant à eux, ne fermèrent pas l’œil de la nuit. Ils se positionnèrent à l'orée de la forêt, parés à toute éventualité et protégeant le sommeil de leurs bientôt frères d'armes. Groupés par 20, ils passèrent la nuit à discuter tout en affutant leurs lames, bien qu'il n'en fût en réalité nul besoin.

Enfin, l'heure du réveil arriva, tout le camp des Edain s'agita.
Les hommes laissèrent le camp en l'état, s'équipèrent de leur armure et se saisirent de leur lance et de leur bouclier, ainsi que de leur arc d'acier et de leur carquois, puis se regroupèrent derrière les elfes, sous les ordres de leurs officiers. Les bannières à l'étoile et à l'arbre blanc furent disposées au sol, prêtes à être brandies dès lors que le signal serait donné.

A 4h30, toute l'armée était déjà prête, en avance sur l'horaire convenu.
Sothor, immobile en compagnie de Tildaël, s'en félicita.
Commença alors l'interminable attente en vue du combat à venir. Cet instant où chacun songeait que sa vie allait peut-être prendre un tournant bien différent, dans les heures brutales qui s'annonçaient.

Le ciel était dégagé, une petite brise fraîche accompagnait la disparition de la lune.
Finalement, c'est le bruit de pas de la garde royale qui sortit les combattants de leur torpeur. A 5h30, Elendil à leur tête, les gardes royaux sous les ordres d'Erika, fendirent les rangs en direction du général. Les Edain s'agenouillèrent respectueusement à son passage - à défaut de pouvoir planter leur poing contre leur poitrail, chose que le général leur avait formellement interdite afin de ne pas alerter leurs ennemis - et purent lire toute la détermination et la fureur qui couvaient dans le regard de leur roi.
Sans prendre la peine de saluer, le roi informa le général :
« Ils arrivent. Ils seront sur nous dans une vingtaine de minute tout au plus. »

Elendil posa ses mains sur le pommeau de Narsil alors que la lame était plantée devant lui. En payant attention on pouvait deviner une légère lueur blanche émanant de la lame qui allait s’amplifier avec l'approche des orcs. Imposante vision, le roi des Edain dégageait une impression de calme avant le fureur de la tempête. Néanmoins, il ajouta à l'adresse de son général: « Général Sothor, les armées des Edain et des Elfes sont à vos ordres, Nasril est assoiffée et elle ainsi que ma garde me protégeront donc ne vous souciez pas de ma sécurité. Je vous défère le commandement de notre peuple pour le temps de la bataille. Bonne chance Sothor, l'heure de votre premier test est arrivé! » Le regard du fils d'Amandil d'Andunië n'avait pas quitté l'horizon alors qu'il parlait mais ses paroles étaient emplies de chaleur et fierté pour son général.

Lors du briefing, Sothor avait essayé de tempérer les ardeurs des rôdeurs d'Ankhorn, car bien que leur rôle puisse sembler minime, il n'en était rien, bien au contraire. Mettre en déroute une armée d'orcs n'était pas un exploit en soi, cependant, faire en sorte qu'aucun n'en réchappe serait un signe très fort de la part des Edains, à l'aube de leur nouvelle civilisation.

Lorsque l'aube vint à pointer à l'horizon et que la rosée matinale imprimait encore la verdure environnante, le général sortit de sa tente, le visage tendu et les yeux fixés vers le nord. Il humait l'air, les yeux fermés. Même si son esprit avait été occupé à l'orée de la nuit, son corps avait pu se reposer; tout soldat devait apprendre à gérer ce type de stress, sous peine de trépasser le lendemain en raison de la fatigue physique. Et les exercices nocturnes de respiration qu'il avait appris au fil des années à s'imposer lui permettait de passer sereinement ces moments là. Jusqu'à la conclusion habituelle, cette bouffée d'air frais lors de la préparation à la bataille qui marquait la fin de son conditionnement mental.

Puis, il prit sa rapière en main; comme à chaque fois, il la pesa, vérifia la prise en main du pommeau, l'équilibre des poids et la rectitude de la lame. S'ensuivirent quelques courte minutes durant lesquelles le général répétait des gestes basiques d'escrime, de ceux que l'on apprend lors des dix premières leçons. Sa méditation d'avant bataille personnelle, les basiques, l'essentiel. Du moins pour l'aspect technique et spirituel. Un corps entrainé, un esprit affuté.
Mais il avait toujours fallut plus que cela pour vivre sur un champ de bataille. Aujourd'hui, il leur faudrait du cœur. S'il savait sa stratégie aboutie, il savait aussi que ses hommes, les aventureux, les rôdeurs et même les elfes ne donneraient le meilleur d'eux mêmes que s'ils étaient poussés par leurs êtres profonds.

Le roi passa devant lui, escorté de sa garde personnelle. Sothor adressa un regard respectueux à l'attention d'Erika, dans l'ombre de son monarque. Leur altercation sur la plage lui semblait déjà tellement loin derrière eux. Il fixa ensuite Elendil le Grand, ne rendant qu'un hochement de tête à ses quelques mots.

Un dernier coup d’œil vers ce soleil qui ne manquerait pas de se lever sur les hostilités. Le fils de Merlinyall se dirigea vers un rocher plat surélevé au centre des différentes unités de troupes rassemblées afin qu'il s'adresse à tous ceux qui allaient combattre en ce jour. Il se racla la gorge pour parler clairement, fit un tour sur lui-même pour regarder chaque Edains et Noldors qui l'entouraient et prit une grande inspiration.

« Mes amis!

D'ici quelques minutes, nous allons affronter un ennemi dont le seul objectif est de mettre à sac une partie de ces terres qui nous accueillent! »

Il leva ensuite l'une de ses mains fermée vers le haut et en l'ouvrant délicatement, il délivra une épaisse poussière sombre qui tombait lentement sur le sol, parfois agitée par le vent.

« Edains, Rodeurs et Premiers-Nés!!! Cette terre n'est pas celle de Numénor. Celle-ci est notre avenir!! Oui, nous sommes partis de notre île natale pour un long et périlleux voyage, malmenés par les éléments et être finalement accueillis ici. Nous avons entamé une marche éprouvante vers une terre promise pour rebrousser chemin peu avant notre destination et affronter un ennemi poussé par la soif de meurtre et de pillage.

Je sais que vous attendez tous de pouvoir poser vos bagages et entamer une nouvelle vie ici. Nous aurions pu simplement nous écarter et laisser les orcs poursuivre leur avancée pour achever notre exode. Mais ce sont les lâches qui agissent ainsi. Et les Edains ne sont ni des lâches, ni des ingrats!!

Le village de Bree est la cible de ces créatures des ténèbres.

Qui serions-nous? Que serions-nous, si nous laissons ces vermines envahir et détruire ceux qui nous accueillent à bras ouverts? Nous serions des VERMINES nous aussi!!!

Nous n'en sommes pas!

Non, nous n'en sommes pas! Aujourd'hui, nous nous dresserons face à cette menace et nous allons la réduire à néant! Aujourd'hui, nous allons dire à tous les peuples de la Terre du Milieu, qu'il faudra compter avec les Edains! Et lorsque le soleil se lèvera et diffusera sa lumière sur le champ de bataille, tout comme lui nous chasserons les ténèbres de ces terres!!

Lorsque vous serez au plus fort des combats, que l'ennemi exhalera son haleine fétide collé à votre nez et que la pression des autres rangs de combattants vous coupera le souffle, vous brandirez alors votre lame, le soleil dans le dos. Et lorsque vous l'abattrez, toute auréolée des la bienfaisance des Valars, vous ferez comprendre à tous ceux qui vivent sur ces terres :

NOUS SOMMES LA LUMIERE!! Et nous chasserons la noirceur des Terres du Milieu! Aujourd'hui et dans les jours à venir; que ce soit les orcs, les gobelins, les trolls ou n'importe quelle menace contre la paix et l'allégresse de ceux qui marchent, rient et pleurent, nous nous élèverons pour réduire à néant les moindres parcelles d'ombre. Ne retenez pas vos coups, n'ayez pas peur de frapper. Chaque flèche qui quittera votre arc, chaque coup de taille de votre épée ou d'estoc de votre lance n'aura pas pour seul but que de vous défaire de votre ennemi du jour. Sa portée sera bien plus grande: un rayon de soleil pour purifier les alentours, un trait de lumière pour faire s'éteindre vos peurs, la chandelle qui chasse l'obscurité.

Voila ce que sera votre lame aujourd'hui! Et c'est aussi ce que nous serons demain!

Aussi, mes amis, je vous le demande une nouvelle et ultime fois: allez vous laissez ces créatures des ténèbres apporter un voile de mort sur les habitants de Bree, ou bien allons nous rayonner comme la lumière et éclaircir le futur de tous? »

Il leva alors sa rapière, dont la lame commençait à poindre avec les premières lueurs du matin

« Noldors, Rodeûrs, Edains, ETES VOUS AVEC MOI???!!!!!! »

Après le discours de motivation de Sothor, le roi leva sa lame à la suite de son général et hurla son soutient. Sa garde royal s'empressa de faire de même et bientôt tous les Edain avaient leur lames dans les airs prêt à en découdre.

Le discours de Sothor avait produit son effet, et son armée fut bien incapable de retenir un cri de guerre après avoir été encensée de la sorte. A l'unisson, tous les Edain levèrent leur arme vers le ciel, même les elfes se laissèrent entrainer par la furie guerrière qui prenait corps autour d'eux.
Chacun repris ensuite son poste dans le calme, tenant arme et bouclier encore plus fermement et impatient d'en découdre.

La nuit battait toujours son plein, même si les premiers rayons du soleil ne tarderaient par à diffuser leur lueur en estompant la lune.
Une vingtaine de minute après la prise de parole de leur général, le calme plat qui était le lot des combattants jusque là sembla être rompu par un bruit sourd et régulier. Environ deux pulsation par secondes, le sol se mit peu après à vibrer au même rythme alors que le battement s'amplifiait.

L'armée des Edain restait impassible, en attente de ses ordres.
Tous les regards scrutaient l'obscurité de la plaine qui s'étendait au-delà de la forêt devant eux.


Encore une minute et finalement, Tildaël signala à Sothor et Elendil :
« Nos éclaireurs reviennent. »

Les deux patrouilles, composées de 5 elfes chacune firent leur apparition soudainement, surprenant presque les Edain qui étaient campés derrière les lignes des soldats de Mithlond. Leurs capes les rendaient presque invisible dans la nuit.
« Les orcs sont sur nos talons, ils sont à une demi-lieu. »

Sothor finissait de donner ses dernières instructions pour positionner les troupes suivant sa vision de la bataille. Le rapport des éclaireurs était clair, même si composé de peu de mots. Les orcs allaient se jeter dans la bataille sans préambule. Et ils seraient prêts pour les recevoir comme il se devait.

Conformément à son plan, il disposa les Noldors sur une double ligne, très étendue donc et le plus à l'avant possible. Derrière eux de quelques pas, trois groupes d'Edains s'étaient positionnés, étendards baissés. L'un, fort de deux cents cinquante hommes et menés par Sothor, positionnés sur plusieurs colonnes à quelques pas de l'extrémité Est des elfes. Les premiers rangs pourraient tirer aisément par dessus les Premiers-Nés avant de les contourner et former un mu défensif devant eux pour encaisser la charge des peaux vertes. A l'Ouest, un grand détachement de cent cinquante hommes et dirigés par Elendil lui-même et dans la même configuration aurait le même rôle. Mais lors de leur déplacement, Elendil et sa garde royale "glisseraient" vers le dernier groupe, Sothor reprenant l'ensemble du commandement des quatre cents Edains en charge de tenir la ligne. Ainsi, les elfes seraient à la fois une force de réserve pour combler une faiblesse de la ligne défensive, ou une force de contre attaque. Ils pourraient également mettre en profit leur tirs de proximité si efficaces dans cette configuration. Enfin, Elendil pourrait en fonction de l'évolution du combat, trouver la brèche dans les rangs ennemis pour mener le détachement des cent dernier Edains sur une contre attaque décisive. Entretemps, les rôdeurs dirigés par Ankhorn auraient eu le temps de contourner les forces ennemies et de resserrer l'étau.

Si la contre attaque était le point d'orgue de la stratégie de Sothor, une solide défense n'en restait pas moins la fondation. Il demanda donc à ses hommes de tenir les lignes à tout prix. Malgré tout, après un tel discours et l'engouement qu'il avait ressenti en retour, ils ne pouvaient se cantonner à attendre leurs ennemis. En conséquence, il donna la consigne à tous de tirer à vue!

Les orcs n'avaient pas pris la précaution de détacher des éclaireurs, trop sûr de leur force et n'imaginant pas un instant avoir à faire face à une opposition digne de leur armée. Ils avançaient donc en courant au pas, sur deux colonnes.
Lorsqu'ils approchèrent de l'orée de la forêt, leur capitaine s’apprêtait à beugler l'ordre de monter le camp sous son couvert lorsque des cris remontèrent des premiers rangs :
« Elfes !! Elfes !! Sus aux elfes !!! »
D'abord passablement surpris, le capitaine hurla finalement :
« Il y a de le chair fraiche au menu !!! Qui pensait que ce soir on se contenterait de rations de pains rassis ?!
Foooormez la ligne bande de vermisseau et attrapez-les ! PAS DE QUARTIER !!!! »

Une immense et sombre clameur vint rompre la monotonie de la cadence jusque là imprimée par les guerriers de Uzglug le chevaucheur de loup. Alors que ses guerriers le dépassaient pour se jeter sur les pauvres elfes, lui et sa garde rapprochée approchèrent une de leur main de leur bouche et produisirent une série de sifflement.
Dans une pagaille relative mais qui était pour eux le meilleur signe d'organisation, les guerriers empoignèrent leurs arcs courts pour en faire usage avant de se jeter dans la mêlée.

La bataille ne faisait que commencer.

Voyant l'ennemi se jeter sur eux à l'issue de leur longue marche forcée, Sothor eut un sourire intérieur. Après des jours de planification, il allait pouvoir constater si les points sur lesquels il avait misé se révèleraient payants! Il leva sa main gantée, regardait tout autour de lui si les guerriers étaient prêts.

Durant quelques secondes, il se surprit à chercher qui ne l'était pas. En vain. Et son cœur se gonfla de fierté. Ses soldats étaient plus que parés à ce moment. Un frisson lui parcouru l'échine avant de créer un grand vide en lui. C'était le moment tant attendu. Il abaissa sa main, le regard fixé vers l'ennemi

« Montrez à cette racaille ce que signifie « Obscurcir le ciel » : TIREEEEEZZZZZZZZ!!!!! »

Les elfes en première ligne encochèrent tous une flèche d'un seul mouvement d'une synchronisation si parfaite qu'elle en était stupéfiante.
Leurs flèches fusèrent en même temps, immédiatement suivies par celle des Edain, qui se voyaient contraint de tirer à l'aveugle, par dessus leurs alliés. La brume matinale qui surplombait le champ de bataille ne les aidèrent pas à apprécier la distance de tir, se fiant uniquement aux bruyants déplacements et cris des orcs.
De nombreux orcs furent stoppés net dans leur charge mais cela n’arrêta en rien leur détermination. Ils décochèrent grossièrement un trait dès lors qu'ils furent à portée de la ligne elfe, mais le couvert des arbres et le manque d'attention portée à leur visée atténua considérablement l'efficacité de cette volée éparse.
Toutefois, la vue de certains de leurs compagnons d'armes gisant à terre enragea les Edain qui se pressèrent derrière les elfes pour engager le combat. Ces derniers se positionnèrent en rang par 4, sans tourner le dos au combat, laissant ainsi de larges espaces à leurs alliés pour se positionner sans perdre de temps.
Alors que les orcs n'était plus qu'à quelques dizaine de mètre, la ligne de front fut reformée par une armée que les orcs ne s'attendaient pas du tout à affronter.
Leur confiance en eux en fut ébranlée mais leur capitaine et ses comparses redoublèrent de cris, auxquels se joignirent les sinistres hurlements de loups. Les orcs, rassurés, se jetèrent à corps perdu dans la mêlée.

Sothor put constater avec une joie dissimulée que les entraînements défensifs de ses hommes portaient leurs fruits. Et quel bonheur d'avoir sous sa coupe de tel détachements, fiables et ordonnés. Son cœur se gonfla d'orgueil.

Mais la bataille était loin d'être finie. Il vit que la charge des orcs avait été brisée et il lui fallait désormais saisir cette opportunité. Les hommes et les elfes sous son commandement étaient prêts et motivés à faire le nécessaire, il poussa donc ses troupes vers l'avant, pour renvoyer la pression sur les orcs, espérant que les rôdeurs se trouvaient non loin.

« MARCHONS SUR CETTE VERMINE !!! POUR LA LUMIÈRE, POUR ELENDIL LE GRAND !! À L'ASSAAAUUUUUTTT!!  »


Voyant que ses troupes, bien formées défensivement ne montraient pas le même engouement pour l'attaque, il appela les renforts à la rescousse pour apporter plus de mordant, alors qu'au loin, les silhouettes des premiers rôdeurs se dessinaient

« Tildael, Elendil ! À VOUS!! »


La coordination n'était pas encore au point, mais les Edains et les Noldors gagnaient du terrain et leurs ennemis ployaient sous leur nombre.