Les Edain avaient fini de se présenter, Gil-Galad reprit donc la parole pour annoncer la suite des événements.

« Il est temps pour vous de profiter de ces retrouvailles librement. Savourez ce moment qui n'a pu se concrétiser que grâce à l'espoir ténu que vous avez nourri, et au courage qui a été le vôtre de lui donner une chance.

Nombre des gens de Valdae sont blessés aussi, j'ai assemblé autour de moi les guérisseurs de Mithlond, auxquels se sont joints ceux d'Elendil. Que ceux qui ont besoin de soins s'approchent de moi et nous vous mènerons aux maisons de guérison où vous trouverez l'attention et le repos que vous attendez.

Pour tous les autres, suivez donc le cortège jusqu'à la place principale ou un banquet n'attend plus que vous. »

Elendil tiqua aux dires de Gil-Galad, il ajouta discrètement à l'intention de ce dernier et de Valdae : « Cher Gil-Galad, si vous me le permettez j'aimerai m'occuper personnellement des blessures de Valdae ... je pense que ses blessures sont plus grave qu'il n'y paraisse ... De plus, j'ai moi-même certains talents pour guérir les blessures de mon peuple et je serai heureux d'aider vos guérisseurs. »

Gil-Galad acquiesça et dit à l'oreille de son pair :

« Et c'est tout à votre honneur. Je ne voulais point vous l'imposer, pour le cas où vous auriez préféré faire acte de présence au banquet. Il faudra faire en sorte de nous montrer, même si ce n'est que pour la fin des festivités. »

Gil-Galad se tourna brièvement vers Círdan, lui adressant quelques consignes, puis il s'avança entouré des guérisseurs sur la route principale devant les murailles, en direction des rôdeurs, pour commencer à examiner ceux qui s'approchaient de lui.

Le charpentier massif fit claquer ses mains et sa voix grave réchauffa tous les cœurs lorsqu'elle tonna :
« Sinyë, undu silmë Elbereth, Mithlond ahyani Valandor »


Aussitôt, la lumière du soleil sembla faiblir derrière les remparts alors que les étoiles et la lune brillaient de milles feux. D'un seul tenant, toutes les torches de la grande avenue furent allumées, alors que la grand place bénéficiait d'une douce lueur issue des multiples décors et gravures qui, depuis les façades des bâtiments qui la ceinturaient, s'imprégnaient de la lumière d'Elbereth pour la réfléchir.
Des murmures d'émerveillements parcoururent l'assemblée.
Le son joyeux d'une mandoline s'éleva, accompagné d'un orchestre, depuis le centre de la place. Tous ceux qui ne rejoignaient pas les deux rois prirent la suite de Círdan.

Après une demi passée à ausculter rapidement les gens qui se présentaient à eux, Elendil et Gil-Galad les guidèrent en direction des maisons de guérison, situées non loin du palais. De nombreux lits avaient été préparés dans une longue pièce longitudinale. Des chambres étaient réservées pour ceux dont l'état était le plus préoccupant. Ankhorn disposait lui aussi d'une chambre, et c'est là qu'il se retrouva pour la première fois seul à seul en présence d'Elendil.

Sur la grand place, Círdan s'était installé devant le saule-pleureur, sur une immense table où trois places restaient vides, attendant l'éventuelle venue des rois et du héros de la journée. Rôdeurs, membres du conseil du sceptre et hautes gentes elfes s'y mélangeaient.

Elendil usa de tout son savoir pour déterminer la source des blessures de Valdae. Alors qu'il l'auscultait, le roi fit la conversation : « Et bien Valdae, si cela est bien votre vrai nom ... vous avez reçu de terribles blessures, comment cela est-il arrivé? » Ce faisant il découpa les vêtements de son patient pour exposer ses blessures et ensuite choisit une certaine combinaison de plantes et herbes médicinales disposées sur une étagère adjacente au lit. Elendil commença à concocter un onguent qu'il appliquera sur les blessures et plaies du Seigneur de l'ombre. Cet onguent était un des secrets du roi des Edain et pénétrerait en profondeur pour soigner depuis l'intérieur en harmonie avec le travail du corps.

Sur la grand place, les Edain profitaient pleinement de la fête. Ceux de la Terre du Milieu comme ceux de l'ouest se mélangeaient aisément. Certains s'étaient mis en quête de nouvelles à propos de parents des colonies ou à l'inverse pour les rôdeurs, de cousins restés sur Numenor. Pour ces derniers, l'équation était on ne peut plus simple ; soit ils figuraient parmi les suivants d'Elendil, soient ils n'étaient plus de ce monde...

Les Edain de la Terre du milieu manifestèrent une grande curiosité à propos d'Elendil et du conseil dirigeant. Le nouveau roi suscitait bien des espoirs et avaient fait forte impression aux côtés de Gil-Galad. Sa fille Lilith semblait marcher dans les pas de son père, tandis que son fils semblait plus discret. Le général Sothor jouissait d'une excellente réputation auprès de ses soldats ce qui lui attirait la sympathie du peuple. La protectrice du roi, Erika, était la plus aimée du nouveau conseil du sceptre, les gens la disait "au service des plus humbles". Fëaromen, l'intendant, semblait sévère et peu amène. Linfëa, le nouveau numéro un de la guilde des aventureux, ne faisait pas l'unanimité. Certains de ses partisans le défendaient ardemment, tandis que d'autres soutenaient des rivaux qui selon eux, honoreraient mieux la fonction. La guilde des aventureux avaient un rôle central parmi toutes les guildes de Numenor, un rôle convoité par les plus brillants d'entre les Hommes de Numenor, car la volonté était immense parmi les survivants de restaurer la grandeur de leur civilisation.

Lilith s'était judicieusement positionnée parmi les hauts-elfes. La plupart était de Mithlond, mais quelques-uns faisaient partie de l'entourage d'Elrond.
Les conversations allaient bon train alors que la soirée avançait et que se succédaient sur scène plusieurs personnes directement venues du public. Un elfe jouait la première rencontre entre les deux peuples. Finrod Felagund, parti à la rencontre des nouveaux venus, trouva Beör l'ancien avec ses hommes, endormis non loin des montagnes bleues qu'ils venaient de traverser pour rejoindre le Beleriand. Se plaçant au milieu d'eux, il composa une ode à la harpe en leur honneur, un air si beau que les hommes se réveillèrent à sa musique, sans bouger, jusqu'à ce qu'il en ait fini. Plusieurs Edain mimaient la scène avec le barde elfe.

Gilwen, de Fondcombe, interpella Lilith :
« On m'a beaucoup parlé de vos talents d'artiste. Aurons-nous l'occasion d'en apprécier un échantillon bientôt ? »

Elendil était perplexe face à l'étendu des blessures qu'il avait observé : « Et bien cher Ankhorn, il va falloir vous reposer pendant les deux prochaines semaines pour vous remettre complètement de vos blessures; pendant ce temps, assurez-vous de les faire enduire de cet concoction tous les deux jours après vous être complètement lavé ... » Levant une main devant l'air de protestation du seigneur de l'ombre, Elendil ajouta : « C'est une bonne chose vu que j'espérai que vous pourriez constituer la marche arrière de notre migration jusqu'au lac Evendim que nous allons commencer dans les jours suivant. De plus, j'aurai besoin que vous restiez ici avec Círdan et Gil-Galad pour accumuler le plus d'information sur les régions aux alentours de notre future cité. Et par là j'entends que vous dessiniez des cartes précises et détaillées, Linfëa devrait peut-être rester avec vous. » Conclu le roi d'un air songeur.

Ankhorn fut décontenancé par les données d'elendil. lui qui pensait pouvoir repartir rapidement. . . .
« Aussi longtemps . . . Il est vrai que la blessure a fait plus de mal que ce je ne le pensais.
Je regrette de devoir reporter notre périple et cela me gêne de vous laisser ainsi sur des terres inconnues

Cependant Je fermerais la marche selon vos souhaits. je mettrais à votre disposition mes meilleurs éléments pour vous assister durant le voyage. Parmi mes rôdeurs, certains d'entre eux répondent avec efficacité à certaines tâches. Je ferais le point avec eux et je vois les présenterais lors des préparatifs futurs

Quant à ma place au conseil, comment... qu'attendez vous de moi? »

Elendil fut content de la sagesse d'Ankhorn, il exprima donc le fond de ses pensées quant à sa place au conseil : « Ce n'est pas un hasard si je vous demande de vous renseigner sur les régions aux alentours de notre destination: nous n'avons pas de personne en charge de l'exploration du royaume. Non pas que vous aurez à explorer vous-même, mais j'ai besoin de quelqu'un en charge de cet aspect. Quelqu'un avec l'organisation et l'instinct nécessaire pour diriger des équipes restreintes dans l'exploration des terres alentour.
De plus, bien que nous ayons un très bon général en la personne de Sothor, nous n'avons personne pour s'occuper de la sécurité locale, la milice de notre cité. Ces deux rôles vous conviendrait à merveille au vu de vos exploits, protégeant notre peuple jusqu'ici. Ce périple a surement requis des talents d'explorateur et gestion de groupe armé avec l'intention de sauver des vies et non pas d'en détruire. » Le regard pénétrant du roi était rivé sur Valdae, attendant son retour sur sa proposition.

Lilith appréciait la fête à sa juste valeur et allait au devant des personnalités du banquet pour s'entretenir avec elles et savoir qui était qui afin d'appréhender la politique globale. Elle était en train de se remémorer mentalement ceux qu'elle avait déjà rencontrées lorsque elle fut apostrophée.

« Et à qui ai-je l'honneur? Et comment avez vous fait pour être au courant de cela? »

La fille d'Elendil avait remarqué l'entrée en matière assez directe de son interlocuteur bien que celui-ci eut fait preuve de toute la politesse de rigueur. Elle aimerait bien aimé savoir de quel bois il était fait.

Les cheveux sombres, longs et tressés à la manière du roi Noldor, Gilwen avait un regard chaleureux et ses yeux gris étaient teintés d'un air de défis amusant. Elle repondit en Sondarin :
« Gilwen, de la maison d'Elrond, qui ne manquera pas de me questionner au sujet des Hommes de l'ouest dès mon retour à Imladris. N'y voyait pas de curiosité mal placée, les exploits des Fidèles font grand bruits parmi mon peuple, et Elrond le sage voudra rencontrer bientôt les héritiers de son frère. Aussi me suis-je contenté d'écouter ce que votre peuple dit à votre égard, et il m'a semblé percevoir en eux l'espérance de vous voir vous produire ce soir. »

Gilwen souriait aimablement et ne faisait montre d'aucune hostilité. Ses paroles étaient on ne peut plus sincères.

La fille d'Elendil sourit en retour à l'émissaire d'Elrond.

« Et bien vous pourrez d'ores et déjà indiquer à votre roi que je me rendrais moi-même auprès de lui pour nous présenter. Dès qu'il sera en capacité de m'accueillir, j'organiserais un voyage jusqu'à Imladris. Nous avons beaucoup de choses à échanger quant aux futurs de nos deux peuples, issus de la même souche. »

Elle fit une pause pour poser les choses sur l'aspect diplomatique et officiel de leur entrevue avant d'enchainer sur un aspect un peu plus fin de ses prérogatives en vue du futur conseil.

« Si c'est ce qui est attendu, je me livrerai à l'exercice du chant sans complexe. Nous avons tous besoin de moment de poésie après des temps troubles.
En revanche, je souhaiterais vous demander un service en échange. Pourriez vous me dire qui sont les différents invités de marque ici et qui représente les peuples elfes? J'ai besoin de connaître les personnalités représentatives de nos alliés pour ne pas créer d'incidents diplomatiques par la suite. »

Gilwen sourit :
« Je vous livre volontiers ce que vous demandez, sans que je n'en attende rien en retour, fille de Numenor ! Chantez si le cœur vous en dit en ces temps après les troubles, mais si vous nous faîtes ce plaisir, qu'il soit partagé car il n'est guère agréable de se livrer lorsque l'âme n'en a point l'envie. »
Puis elle leva sa coupe, remplie d'un des délicieux vins elfiques aux saveurs inimitables et enivrant doucement l'esprit, en l'honneur de Lilith. Ainsi en firent de même les nobles gens les entourant et dont ils avaient capturé l'attention.
Gilwen reprit ensuite :
« Les gens d'Elrond sont nombreux ici à Mithlond et je vous lasserai à vous en dresser la liste. Commerçants, bardes, navigateurs, charpentiers venus perfectionner leur art auprès du maître Círdan. Néanmoins, vous pouvez noter que celle qui a conquis le cœur de mon seigneur est ici, en bout de table. Elle se nomme Celebrían, sa mère n'est autre que Galadriel et son père Celeborn, seigneurs de Lórien, mais je ne vous apprend rien. Leur attrait l'un pour l'autre est récent, tout du point d'un point de vue elfique. » dit-elle en riant.
« Vous l'avez déjà vu à l’œuvre, car elle a accompli l'exploit de conter toute une nuit la laie de Leithian, en l'honneur de votre arrivée en terre du milieu et le jour où maître Gil-Galad vint à votre rencontre sur la plage. Oh, il y a bien d'autres Gens de mon peuple à Mithlond, également venu pour le commerce ou bien simplement pour profiter de la splendeur de la cité et visiter des proches. Néanmoins, je n'en connais que quelques uns et ils ne sont apparemment pas à cette table. »

Il pris à nouveau le temps de la réflexion :
« Ce sera un honneur pour moi que d'assurer l'expension de notre peuple. Les grands espaces représentent pour moi toute ma vie et il serait impensable de m'en séparer.
C'est pour cette même raison que je ne pense pas vous être d'une grande aide pour gérer une milice interne au sein des murs de notre futur cité. La rigueur militaire et la répression ne font pas parti de mes qualités.

Sachez par contre, que les autres rodeurs et moi même pourront vous apporter une grand aide pour partir à la rencontre de nos voisins elfes ou nains ou edains car certains ont déjà beaucoup voyagé et d'autres membres sont encore dispersés au sein de notre chère Terre du Milieu.

Nous avons nos propres moyens de communication, archaïques mais toujours très efficaces. »

Il s'arrêta et se massa légèrement l'épaule comme si il recherchait un moyen de se soulager.

La fille d'Elendil hocha la tête en symbole de déférence.

« Ainsi sera fait. J'irai m'entretenir avec Dame Celebrian après un court récital. Qui sait, si les Valars ont choisi de les unir sous les cieux, ce présage serait un gage d'avenir pour les peuples de la Terre du Milieu, tout comme notre retour.

Si vous me permettez de vous laisser quelques instants. »

Elle fit une révérence pour s'excuser poliment auprès de son interlocutrice et se dirigea vers le groupe de musiciens qui distrayaient l'assistance. Elle profita d'un temps mort de l'un d'entre eux pour emprunter à la troupe un luth fort bien ouvragé et dont personne ne se servait présentement. Elle vérifia les accords de l'instrument durant la fin de l'ode en cours puis demanda avec les formes aux musiciens de ne pas enchainer pour lui laisser l'occasion de jouer. Elle était restée près de leurs positions car elle supposait que l'acoustique dans cette zone de la pièce était bonne.

Lorsque les artistes eurent terminés, elle laissa quelques secondes de silence avant de pincer quelques cordes, entamant sa mélodie pour capter l'attention de l'auditoire et démarrer son chant.



La plus belle des cités des Terres du Milieu
Sa splendeur était contée en chanson
La civilisation des Noldor y prospérait, grande et puissante
Dans les terres où règnait Turgon
Et alors, Tuon par Ulmo fut envoyé
Seigneur des Mers et des Océans
Pour dire à Gondolin, et toute sa société
De se préparer à se battre ou à fuir céans

Mais Turgon était obstiné
« Je ne le ferais point! »
Il avait été élevé pour aimer cette cité
Et l'ombre de Morgoth l'avait eu étreint

La ville fut révelée aux yeux
De Morgoth, et il y envoya ses légions
Guerriers orcs et drakes de feu
Sous la coupe du Balrog le Démon

Ils apparurent devant la porte, et le Porte tomba
Au travers des halls des Elfes, la voie était désormais faite
La horde des orcs tant haïs par la brèche s'engouffra
Et leurs cimeterres fauchèrent hommes et bêtes.

Les Elfes du Noldor appelés la Colère du Marteau
Combattirent avec force courage et talent
Avec les entailles de leurs masses, les coups de leurs marteaux
Les orcs tombèrent tels des feuilles, mais ce n'était pas suffisant

Le seigneur des Balrogs rassemblait ses sbires
Et à l'encontre des Noldor du marteau, leva son fouet
Ils fuirent non pas à cause du massacre mais bien de son ire
Jusque dans la plaine où ils se rassemblaient
Mais un drake de feu s'écrasa devant eux
Et les Elfes du marteau furent précipités dans l'abime
Et nous chantons encore que chaque Elfe de ce jour facheux
Prit la vie de sept orcs pour leur faire payer leurs crimes.

Gothmog amenait les dragons aux cœurs des cités
Orcs et Noldor tombèrent dans la panique
Les drakes de froid commençaient à déchirer les allées
Et les Noldor comprirent que l'issue leur serait fatidique.

La plus belle des cités des Terres du Milieu
Sa splendeur était contée en chanson
La civilisation des Noldor y prospérait, grande et puissante
Dans les terres où règnait Turgon
Désormais il ne restait que ruines pathétiques
Alors que le feu dévorait les rues
Le dernier espoir des rescapés elfiques
Etait de courir, fuir et se cacher dans les nues

Mais Turgon était une louable altesse
« Je ne le ferai pas! »
Il resta pour mourir avec la forteresse
La seule qu'il eut jamais foulé de ses pas

Alors que le chant se déroulait, Lilith décidait de se déplacer au sein de l'assemblée. Elle avait choisi un chant qui illustrait la chute de Gondolin sur Amon Gwareth, qui dans un sens lui rappelait la chute de leur chère Numénor. Une tristesse empreinte de nostalgie. Mais il y avait une morale derrière tout cela: les Noldor de Gondolin avait dû fuir mais ne s'étaient pas éteints. Ils s'étaient relevés de leurs cendres et désormais les Edains, responsables de cette chute tristement célèbre se retrouvaient dans pareille situation. Elle avait donc entonné un chant d'espoir à l'attention de tous ceux qui étaient présents.

A la fin de son chant, elle se trouvait à quelques pas de Celebrian à qui elle devait s'adresser. Elle abaissa le luth pour le tendre à l'attention d'un serviteur afin que celui-ci puisse le restituer à ses propriétaires. Puis elle tourna la tête vers la fille de Galadriel, un sourire détendu sur les lèvres.

« J'ose espérer que cela vous a plu, Celebrian, fille de de Celeborn. Ceci n'est qu'un cadeau fort modeste comparé à ce que les Elfes ont offert à mon peuple. »

29 juin 3319 SA
L'ode improvisée par la fille d'Elendil empoigna tous les cœurs. Le luth était d'une facture admirable et ses cordes résonnaient de clarté sur toute la place, d'une mélodie enjouée, mêlant tristesse et espoir. Déjà envoutés par le déferlement régulier des notes pincées par les doigts merveilleusement habiles de Lilith, les Edain et les elfes furent saisis lorsque résonnèrent les premières paroles, révélant une voix douce mais derrière laquelle transparaissait une détermination sans faille, mise au service toute entière de la musique, comme fixant l'instant présent.
Finalement, toutes les têtes suivirent Lilith lorsqu'elles descendit se mêler à l'assistance, sondant les gens de son regard énigmatique où ils pouvaient lire sa concentration et l'abandon tout entier à son art.

Les applaudissement retentirent, de plus en plus fort, les gens n'osant pas, au début, déconstruire trop vite la douce ambiance qui s'était installé au son de la mélodie.

Lilith fit sa plus belle révérence en tendant l'instrument, auquel elle accorda un petit signe de tête.

Celebrian, qui applaudissait, sourit à son attention en répondant :
« Et un cadeau que nous apprécions à sa juste valeur. Voilà assurément une merveille de composition. Triste et mélancolique, à la gloire des choses qui disparaissent, comme nous autres elfes aimons à nous lamenter en se les remémorant. Cela doit être un soulagement pour vous de pouvoir à nouveau composer à ces sujets. Vous aurez une place de choix aux festivités qui ont cours à Imladris chaque soir. Elrond s'impatientera d'entendre par lui-même vos douces mélodies, lui qui cultive la nostalgie des descendants de son frère jumeau. Quand pourrez-vous lui faire ce plaisir ? »

Alors que Lilith nouait ses premiers contacts avec les gens d'Elrond, le spectacle repris de plus belle et de façon plus enjoués. Les elfes célébraient la mer, Ulmo, et tous les marins. Les branches de l'arbre millénaire et les décors dont il était parés ressemblaient désormais à la proue d'un voilier. Des acrobates avaient pris places à différents niveaux jusqu'au sommet, entonnant de puissants airs de gloire dédiés à Ëarendil, le plus grand de tous les marins, dont la constellation parut s'enflammer dans le ciel nocturne. Plusieurs d'entre eux plongeaient simultanément dans le vide alors que l'air se faisait terrifiant, simulant la traverses des limbes censées protégeaient Valinor de toute approche et que le demi-elfe avaient franchi grâce au Silmaril volé par ses ancêtres sur la couronne de Morgoth. Le spectacle étaient à couper le souffle, l'assemblée ne savait plus où donner des yeux, alors même que tous tapaient dans leurs mains à l'unisson avec la musique. Les vins elfiques coulaient à flot. Une soirée inoubliable de mémoire d'elfe et d'hommes, qui se prolongea jusqu'au matin.

Les deux rois ne firent qu'une brève apparition, tard au milieu de la nuit, et furent acclamé sans donner d'autre discours, ne voulant point interrompre le spectacle. Ils avaient passé la soirée à s'occuper des gens de Valdae, distribuant soins et boissons fortifiante dont les elfes avaient le secret, mais les Edain n'étaient pas en reste car les Sindar ne connaissait pas la maladie aussi, le talent de leurs guérisseurs étaient plus spécialisés pour tout ce qui touchaient aux maladies courantes des hommes.

Quand finalement les festivités prirent fin, elfes et hommes portaient en eux une gaieté qui éloignait les jours sombres et les emplissait de courage et d'entrain pour l'avenir.

La fille d'Elendil abaissa lentement la tête au compliment de Celebrian avant de faire une révérence en guise de remerciement à l'attention de l'assemblée. Puis elle revint à la fille de Galadriel.

« Je serais honorée de me présenter à Imladris, dans cette cour si prestigieuse dès que l'opportunité m'en sera offerte. N'étant pas très familière avec la région, j'ai un peu de mal à pouvoir vous donner une date d'arrivée précise. Je puis cependant vous dire ceci ; je me suis engagée auprès de Gilwen pour rencontrer Elrond dès que possible, et il serait malvenu de revenir sur telle promesse. Cependant je puis vous promettre de me rendre auprès de vos prestigieux parents peu après. Ou peut-être souhaiteraient ils profiter de l'occasion pour rallier Imladris afin que nous nous y rencontrions dans la demeure d'Elrond ? Bien sûr, s'ils s'entendent tous bien, je ne voudrait en aucun cas créer d'incident diplomatique. »

Celebrían rit à gorge déployée, ainsi que la suite qui l'entourait, avant de répondre en s'excusant :
« Veuillez nous pardonner, l'idée d'une discorde entre Galadriel et Elrond est à tout le moins saugrenue ! Mais je sais bien que vous autres Hommes de l'Ouest êtes coupés de notre peuple depuis bien longtemps. » L'assistance reprit son calme.
« Mes parent résident actuellemment dans la maison simple d'Edhellond, à l'embouchure du Morthond sur les rives de la Baie de Belfalas. Et par les temps qui courent, notamment à cause des troubles qui agitent les cités sous gouverne des Numenoréens Noirs, les déplacements hors du Havre sont risqués par voie maritime, et long par voie terrestre. Aussi, il vaut mieux que vous ne conditionnez pas votre venue à Imladris à leur présence. »