Elendil se retourna en direction de Gil-Galad, ce dernier venait de piquer sa curiosité. Levant un doigt en direction de Fëaromen, le roi indiqua que ses services n'étaient plus nécessaires pour le moment. Sans perdre des yeux Gil-Galad il ajouta : « Je suis très intéressé par ce que vous venez de suggérer, pourquoi ne pas en parler en privé Fëaromen, vous et moi après le conseil? De plus, il me semble qu'ils nous faillent discuter de la topographie de la région : comme vous l'avez deviné nos cartes ont besoin d'une mise à jour drastique. »

« C'est d'accord, nous prendrons le temps de vous en dire plus, avec Círdan, après le conseil.
Je vous propose donc de terminer, comme convenu, par agrémenter vos cartes et vous informer sur la situation de l'Eriador. N'hésitez pas à m'interrompre pour en apprendre plus sur certains points à propos desquels je pourraient, à tort, m'attarder trop peu. S'il y a des questions que vous n'osez posé par crainte qu'elles paraissent triviales, je vous invite à ne pas hésiter à les poser, je ne m'en offusquerais point. Et pardonnez moi d'avance s'il m'arrivait de sous estimer vos connaissances. Il est difficile pour moi de me mettre à votre place, ne sachant trop l'étendue du savoir que vous avez ramené de l'ouest et qui certainement, diffère d'un conseiller à l'autre. »

Après cette brève introduction, Gil-Galad sourit et reprît solennellement voyant que ses propos était accueillis avec soulagement.
« Je commencerai par reprendre notre "récente" histoire, pendant que Círdan complètera votre plus belle carte. » et le charpentier de déployer devant lui l'immense parchemin que Fëaromen lui tendait et de se mettre à l’œuvre immédiatement.


« Je vous offre également ces trois Atlas, qui sont des copies d'originaux listant les lieux, villes, reliefs, cours d'eau et autres éléments remarquables, témoignages de la connaissance géographique d'Arda de mon peuple à différentes époques. La première est une carte de la Terre du milieu. »

Deux de ces cartes font apparaître votre ancienne Terre, ainsi que le Beleriand désormais engloutis.

« Et c'est par là que je commencerais mon récit. À la fin du premier âge, Círdan et moi-même fondâmes le royaume du Lindon, que nombre des gens de mon peuple gagnèrent, parmi tous ceux qui n'avaient pas le cœur à regagner Valinor, de par leur profond attachement en la Terre du milieu. C'était il y a 3319 ans, et cet événement marque le début du second âge. En ce temps, les Valar érigèrent Numenor et en l'an 32, Círdan accompagna vos ancêtres sur leur nouvelle Terre où Elros fut courroné premier roi des Edain.
À l'abri entre la Terre du Milieu et le continent sacré, les vôtres prospérèrent rapidement. Un demi millénaire s'écoule en paix cependant qu'Arda se remettait lentement du traumatisme de la guerre de la grande colère, qui marqua la fin du première âge. Alors Sauron s'agita à nouveau et avec lui, ses créatures. Morgoth avait été définitivement banni, ce qui faisait de lui le nouveau seigneur ténébreux. La présence des ses sbires rendit certaines zones dangereuse, les hommes et les elfes commencèrent à les éviter. Les montagnes de l'ombre, au sein desquelles trône Orodruin, la montagne du destin, devinrent son repère. Soucieux de la puissance acquise par Numenor, Sauron la fit fortifier et fit ériger Barad-Dûr, laborieuse entreprise qu'il conduisit patiemment et en secret pendant plus de cinq cent ans. Au douzième siècle, vos gens étaient devenus de fins navigateurs, conséquence de l'impulsion de Tar-Aldarion, votre sixième roi et fondateur de la guilde des aventureux en 800, qui nous rendît d'innombrables services parmi lesquels un appui militaire dans les luttes d'influences pour le contrôle des territoires côtiers de la Terre du Milieu.
À terme, les vôtres prirent pieds sur les côtes firent des petits ports érigés par Aldarion, des cité portuaires permanentes. Sauron, inquiet de la puissance des rois de Numenor, mit à exécution un redoutable plan pour tenter de prendre le contrôle de mon peuple. Il prit l'apparence d'un sage et vieux savant et se présenta ici et là sous le nom d'Annatar, offrant sa science pour accroître, disait-il, nos arts de la forge au rang de la gloire passé de nos ancêtres, tel Fëanor.
Perçants les noirs desseins de cet individu, je lui refusais l'entrée dans mon royaume. Mais bien qu'ayant deviné la malfaisance que cet individu tentait de dissimuler, je n'avais alors point conscience qu'il s'agissait du valet de Morgoth lui-même et pressentant mon intuition, il évita toujours mon territoire.

A la fin du premier âge, ma parente Galadriel et Celeborn son époux, s'installèrent dans les collines Evendim. Pressentant le retour de son ennemi héréditaire, elle partit fonder l'Eregion en l'an 700, aux portes du royaume nain de Khazad-Dûm. Nombre d'elfes - et parmi eux des proches de ma lignée - les avait suivis, attirés par les nouvelles de la découverte de Mithril. Et cela n'était point surprenant, Galadriel est de ma lignée, et d'ascendance plus haute, bien que n'ayant jamais revendiqué ou eu le titre de reine. Celebrimbor était parmi eux, le plus talentueux des forgerons depuis Fëanor lui-même. Lorsque Galadriel partit s'installer en Lórinand, de l'autre côté des Monts Brumeux, où elle réside toujours, l'entente entre les nains et les Noldor de l'Eregion produisait de merveilleux effets et nos deux peuples gagnaient beaucoup à une telle collaboration. Celebrimbor devint le seigneur du royaume d'Eregion. Hélas, il ne put résister à l'attrait des promesses d'Annatar, malgré les nombreux émissaires que j'avais dépêché en avertissement. Voici les propos que me rapportèrent mes émissaires, des discours que tenaient Annatar. »

La mine du roi se fit sombre, et ses yeux se perdaient froidement dans le vide alors qu'il prononçait ces paroles :
« Hélas, les grands ont leur faiblesse ! Car Gil-Galad est un puissant roi, Maître Elrond est sage et très savant, pourtant ils ne veulent pas aider mes entreprises. Se peut-il pour autant qu'ils ne veuillent pas voir d'autres royaumes connaître le même bonheur qu'eux ? Pourquoi les Terres du Milieu resteraient-elles à jamais sombres et désertes si les elfes peuvent les rendre aussi belles qu'Eressëa, non Valinor elle-même ? Et puisque vous n'êtes pas retourné là-bas, comme vous l'auriez pu, je sens que vous aimez cette terre-ci comme je l'aime. Notre devoirs alors n'est-il pas de travailler à l'enrichir et d'amener toutes les races d'elfes qui vivent dans l'ignorance au même niveau de connaissance et de puissance que ceux qui vivent au-delà de la mer ? »


Après quelques secondes de silences qui pesèrent lourdement sur l'assemblée, tant ces propos remémoraient ceux qui avaient mené Numenor à sa chute, Gil-Galad reprit :
« En aparté, je me permet de préciser que j'ai envoyé les même émissaires à Numenor portant le même avertissement que j'avais alors envoyé ceux de ma famille, lorsque j'ai eu vent des troubles qui naissaient sur vos terres. Mais cela est une autre histoire. »
Gil-Galad soupira, cependant qu'il reprit son expression grave et poursuivit son instruction.

« Grâce à son enseignement donc, la beauté, la qualité et la puissance des œuvres de Celebrimbor surpassèrent tout ce qu'il avait accompli jusqu'alors. Mais cela prit un temps considérable. Il y eut de nombreux essais, pendant près de trois siècles avant que ne puissent être forgés les anneaux de pouvoir, et pendant tout ce temps, Sauron dissimula ses noires pensées, lui qui honnit les elfes plus que toute autre créature en ce monde. Enfin, en 1590 furent achevés les trois anneaux destinés aux elfes. Il faut noter que contrairement aux autres, Celebrimbor forgea seuls les anneaux destinés aux seigneurs elfes.

Vous connaissez tous la suite de cette histoire. Sauron entreprit alors de forger secrètement l'unique dans la montagne du destin.

« Trois Anneaux pour les Rois Elfes sous le ciel,
Sept pour les Seigneurs Nains dans leurs demeures de pierre,
Neuf pour les Hommes Mortels destinés au trépas,
Un pour le Seigneur des Ténèbres sur son sombre trône
Dans le Pays de Mordor où s'étendent les Ombres.
Un Anneau pour les gouverner tous, Un Anneau pour les trouver,
Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier
Au Pays de Mordor où s'étendent les Ombres. » »

En 1693, lorsque le seigneur sombre passa à son doigt l'unique, Celebrimbor et les siens comprirent immédiatement qu'il s'était joué d'eux. Ils ôtèrent leurs anneaux et dans le plus grand secret, les mirent en lieu sûr. Fou de rage, Sauron envoya ses armées contre lui pour réclamer qu'il lui remette l'ensemble des anneaux, qui avaient été forgés grâce à lui. La guerre éclata et l'ensemble de nos forces combinées ne put sauver l'Eregion, qui fut totalement ravagé. Celebrimbor fut tué. Les portes du royaume nain de Khazad-Dûm furent fermées. Elrond batti en retraite avec les débris de l'armée des Noldor, et fonda la cité-refuge d'Imladris, qui demeure encore aujourd'hui son territoire.
L'ombre gagna toute la Terre du milieu en dehors des territoires sous le contrôle de mon peuple et de quelques peuplades humaines dans des endroits reculés. En moins d'une décennie, Sauron prit le contrôle de tout l'Eriador et se présenta finalement aux portes du Lindon. C'est alors que Tar-Minastir manda de Numenor une grande flotte à mon secours. Grâce à son aide, nous repoussâmes les armées de Sauron hors de l'Eriador.

Intriguée, la fille d'Elendil se risquait à une question pratique

« Sauriez-vous où sont aujourd'hui tous ces anneaux ? Du moins, ceux des nains et des hommes ? Si nous les retrouvons tous et les détruisons, nous rendrions l'anneau unique aussi inutile qu'un moulin à vent dans une cave. »

Gil-Galad hocha la tête, car il n'avait pas encore donné ces éléments et la question était pertinente :
« Alors qu'il gagnait la guerre, Sauron étendit un désert sur l'Eregion et saccagea la cité elfique d'Ost-in-Edhil. Ensuite, il captura et tortura Celebrimbor afin qu'il révèle où les Anneaux étaient cachés. Sauron prit les Neuf Anneaux, et quelques œuvres mineures des Mírdain ; mais il ne put trouver ni les Sept ni les Trois. Alors il fit torturer Celebrimbor, et de lui il apprit où avaient été cachés les Sept. Cela, Celebrimbor le révéla car ni les Sept ni les Neuf n'avaient pour lui l'importance des Trois ; car les Sept et les Neuf avaient été forgés avec l'aide de Sauron, alors que Celebrimbor avait façonné les Trois tout seul en usant d'un pouvoir différent et à de toutes autres fins. »

« Vous avez devant vous deux des trois porteurs des anneaux elfiques. Galadriel, ma parente, possède le troisième. La révélation de cette information est une preuve de plus de la confiance que je place en vous tous ici présent et je vous demanderai de garder cette information secrète.
Nous ne savons précisément où trouver les neuf et les sept. L existe de sombres histoires à propos des neuf hommes qui reçurent les anneaux de la part de Sauron. Ils furent aisément corrompus. Il y a un peu plus de mille ans, en 2251, ce qui correspond au moment où les troubles ont commencé sur Numenor, et alors que 550 années s'étaient écoulées depuis la guerre en Eregion, apparurent ceux que nous nommons les esclaves de l’anneau. Les neuf sont devenus des spectres redoutables, cavaliers noirs ayant perdu toute l'essence de leur humanité, condamnés à une vie éternelle de servitude envers leur maître. Ils sont les sbires les plus cruels et les plus dangereux de l'ennemi. Nul doute que vous les retrouverez sur votre chemin. »

Gil-Galad récita froidement :
« Ceux qui se servirent des Neuf Anneaux devinrent les puissants de leur époque : rois, sorciers et guerriers d'antan, ils gagnèrent la gloire et la richesse, mais cela se retourna contre eux. Il semblait que leur vie n'avait pas de fin, mais la vie leur semblait insupportable, ils pouvaient parcourir le monde invisible à tous, même sous le soleil, et voir ce qui restait invisible aux mortels. »

« Quand aux sept, ils ne produisirent pas l'effet escompté par Sauron. Les nains supportaient mal d'être dominés par d'autres, leurs cœurs n'étaient pas faciles à sonder et on ne pouvait les tourner vers l'ombre. Ils ne se servirent des Anneaux que pour amasser des richesses : un puissant amour de l'or allié à une rage incessante leur vint au cœur. »

« Si vous avez l'occasion de vous rendre à Khazad-Dûm, et je vous le souhaite, vous aurez un aperçu de l'effet du pouvoir de l'anneau de Durin, le plus puissant des anneaux que les naugrim reçurent. Je ne connais ceux qui parmi leur peuple, détiennent les autres, au moins deux d'entre d'eux doivent être au main des seigneurs des Montagnes Grises et des Monts du Fer. Durin III était Roi de Khazad-Dûm à l'époque de la puissance de l'Eregion, puis de sa chute. La légende veut qu'il ait reçu son anneau des mains de Celebrimbor lui-même, et non pas de Sauron. Ce qui est sûr, c'est que lorsque l'Eregion fut envahie par les armées de Sauron, Durin III envoya un détachement de Nains qui, accompagné d'Elfes de Lórinand, attaqua les arrières de l'armée de Sauron et permit à Elrond de fuir vers le nord et de fonder Imladris. Les survivants de cette courageuse expédition s'enfuirent à la porte ouest de la Moria et la scellèrent "définitivement" derrière eux.

Pour répondre enfin complètement à votre suggestion, noble héritière de Numenor, il sera très difficile de remettre la main sur les neufs, car les spectres de l'anneau d'une part, sont très dangereux, d'autre part nous ne savons pas où ils se trouvent actuellement et enfin... ils ne peuvent être tués tant que l'unique existera.

Quant aux anneaux des nains... hé bien, je vous déconseille de tenter de les convaincre de vous les remettre ou de les détruire, car ils prendraient fort mal une telle proposition, je présume. Le fils de Durin III, Durin IV, règne désormais sur le royaume sous la montagne. »

Pour la première fois depuis le début du conseil, Gil-Galad esquissa un sourire.
« Ceci dit, le père et le fils se ressemblaient tant, que j'aurai moi-même était incapable de distinguer l'un de l'autre. Il en va ainsi dans la lignée de Durin, les nains eux-même pensent qu'il s'agit du même individu qui s'est réincarné depuis les temps immémoriaux où Aulë les a fait apparaître. »

La fille d'Elendil semblait très déçue.

« De ce que j'en comprends, autant retrouver l'unique d'abord..

Quels sont exactement les enchantements apposés sur ces anneaux ? Peut-on trouver Celebrimbor ? Vous sauriez quels sont les noms des sept et neufs à qui les anneaux furent donnés à l'origine ? Où sont la forge et les matériaux utilisés pour créer les anneaux ?

Et à tout hasard où est l'unique ? »

Gil-Galad sonda du regard la fille d'Elendil en l'écoutant et il répondit :

« Je l'ai mentionné tout à l'heure. Celebrimbor est mort au cours de la guerre, non sans avoir auparavant mis "les trois" à l'abri. Pour ce qui est des pouvoirs des anneaux.... le pouvoir des anneaux est au cœur de ce qui a corrompu les miens, et d'une certaine façon, les vôtres aussi - je parle aussi bien des récents événements qui ont mené à votre exil, tout comme des Úlairi, les Nazgûl, dont au moins trois sur les neufs étaient des Numenoréens. »

Le regard de Gil-Galad se fit plus acéré et Lilith le sentit lourdement peser sur elle, comme si elle son esprit se retrouvait à nu.
« Le pouvoir directeur - pour tous les anneaux de la même façon - est la prévention ou en d'autres termes, le ralentissement du déclin, la préservation de ce qui est désiré ou aimé, ou son semblant. Cela est plus ou moins une motivation d'Elfe. Les anneaux accroissent également les pouvoirs naturels de leur possesseur, une motivation facilement corruptible vers le mal, un désir pour la domination. Enfin ils ont d'autres pouvoirs, plus directement dérivés de Sauron, comme rendre invisible le corps matériel, et rendre visible des choses du monde invisible.

Le changement, pour nous autres elfes qui avons vu tant de belles œuvres disparaître par l’œuvre du mal, est souvent perçu comme une chose regrettable. C'est cela qui a poussé Celebrimbor à accepter les propositions d'Annatar.

Pour ce qui est de l'unique... Si seulement nous savions où il se trouve, l'ombre du mal ne serait qu'un lointain souvenir. Il apparaît clairement désormais, que lorsqu'Ar-Pharazôn débarqua il y a cinquante huit ans en Terre du Milieu avec la toute puissance de la flotte et des armées de Numenor, la reddition de Sauron était le premier pas d'un plan mûrement réfléchit dont nous connaissons malheureusement tous l'issue. Il n'emporta donc pas l'unique lorsqu'il s'avança à la rencontre du dernier roi de l'île. Il l'a donc mis en sûreté et nous ne pourrons jamais remettre la main dessus avant qu'il ne recouvre ses forces. »

Lilith ressenti un certains malaise. Car alors qu'il décrivait les pouvoirs des anneaux et particulièrement lorsqu'il parlait des aspects de leur pouvoir, qui ont corrompu les hommes et les elfes, elle eut l'impression que ces mots lui étaient spécifiquement destiné, telle une mise en garde.

La fille d'Elendil déglutit et mit de longues secondes à répondre. La réponse du roi des Noldor ne lui plaisait pas beaucoup car bien qu'elle eut le mérite d'être claire, elle était lourde de sous-entendus. Dans des instants comme celui-ci, elle sentait que la mission diplomatique que lui avait confié son ascendant prenait tout son sens. Le temps durant lequel elle ne dit rien fut en conséquence dédié à la réflexion sur la portée de ses paroles et un lourd fardeau pesait désormais sur ses frêles épaules. Elle entama alors sa courte réponse par une apostrophe qui ne serait surement pas la plus plaisante pour Gil-Galad, mais selon elle nécessaire pour ne pas perdre la face vis-à-vis de son interlocuteur.

« Il est regrettable que la faiblesse passée de Celebrimbor nous soit si funeste aujourd'hui. Mais je suppose qu'il a payé cette faute de sa vie.

Je prends malgré tout bonne note de vos mises en garde et les appliquerais avec soin. Soyez assuré que si nous sommes proches de retrouver cet anneau maudit un jour, vous en serez informé aussi vite que possible.

N'obscurcissons donc pas davantage le tableau ; nos peuples sont dans des périodes de retrouvailles et de renouveau, qui devraient être guidées par la joie et non les ombres d'un mal qui pour l'instant se tient tranquille. Je vais donc de ce pas commencer mes préparatifs afin de rejoindre Valdae au plus vite et sous les meilleurs auspices, la tâche qui nous attend est de grande importance.

Je n'ai, pour ma part, rien de plus à ajouter. Je vous laisse vous entretenir avec notre roi. »

Si Gil-Galad ou un autre membre du Conseil avait quelque chose qui la concerne à ajouter, elle resterait encore un peu. Sinon, elle inclinerai la tête poliment et respectueusement avant de laisser Elendil, Faeromen et Gil-Galad s'entretenir de sujets privés.

Elendil était fier de sa fille et de son panache, elle ferait honneur à leur nouveaux royaume c'est certain. Il décida néanmoins de recentrer la discussion sur le sujet des cartes qui l'intéressait au plus haut point.
« Très bien cher Gil-Galad, quid de ces cartes dont vous nous avez fait miroiter les attraits tant il est vrai que nos cartes sont approximatives tout au plus. »

En réaction aux propos de Lilith, le roi des Noldor hocha la tête, sans qu'on puisse déceler s'il s'agissait d'une simple politesse ou bien s'il approuvait les propos de la jeune femme.

Círdan intervînt, les yeux fixés sur son œuvre et la plume légère, traçant d'une main sûre les paysages non répertoriés pour compléter les cartes des Edain.
« Je suis en train de la compléter et ce travail me demandera la journée. »
Il releva sa main d'écriture et sourit.
« Pour ce qui est des fleuves et de leurs abords, les informations sont approximatives mais j'ai indiqué ce que nous avons pu observer depuis les tempêtes qui ont secoué Arda, le jour sombre.
Vous pourrez identifier sur la carte les grands bois et forêts, ainsi que les chaînes de montagne dont j'ai reporté au mieux les notions d'altitude. En plaine, ce n'est pas parce qu'aucun arbre n'est dessiné que vous ne trouverez pas en réalité, des petites forêts éparses ou de denses bosquets trop petit néanmoins pour figurer ici.
Vous prendrez soin également à bien distinguer les marais, qui apparaissent d'une couleur plus jaunâtre, tirant sur le vert. J'avoue que le rendu sur ce point est peu satisfaisant mais mon choix de couleur était limité pour compléter sans abîmer vôtre support de carte. En l'occurrence, je peux vous garantir qu'elle aura une bonne longévité. »

Círdan hocha la tête en direction de son ami, qui prit la suite alors que l'habile charpentier se remettait à l'œuvre tout en gardant une oreille attentive.
Gil-Galad s'approcha et pointait son doigt pour illustrer ses propos :
« La géographie va de pairs avec les limites d'emprise des royaumes ou zones d'influence des créatures qui peuplent cette Terre.
Vous connaissez mon royaume, qui s'étend à l'ouest du fleuve Lhûn, en dehors des cités forteresses naines de l'Ered Luin de Belegost et Nogrod. Nos rapports se sont apaisés avec ceux de Nogrod, qui ont jadis trahi le père de Lúthien, le roi Élu Thingol, pour tenter de s'emparer du Silmaril que Beren avait ramené au prix de sa vie, de la couronne de Morgoth même. Ceux de Belegost n'avaient heureusement pas soutenu leurs orgueilleux frères et nous avons toujours eu une bonne entente avec eux. Il faut néanmoins noter que ces cités ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. Les nains ne cessent d'en émigrer pour s'installer à Khazad-Dûm. Pourtant, elles furent au premier âge un grand pôle commercial et le lieu des plus belles manufactures naines. Mais leur isolement à l'ouest de l'Eriador, alors même qu'ils occupaient autrefois une position centrale avant que le Beleriand ne sombre, est la principale cause du déclin de leur cité. »
S'adressant aux conseillers qui ne le savait peut-être pas, il expliqua :
« Saviez-vous que Narsil, l'épée de votre roi, a été forgée à Nogrod pour l'un de mes parents avant de passer à Elros puis de main en main jusqu'à Elendil. »

Gil-Galad déplaça son doigt de l'autre côté de L'Eriador, et montra Khazad-Dûm.
« Le royaume de Khazad-Dûm tient désormais le rôle qu'avait autrefois ses cités soeurs. Hadhodrond est au faîte de sa grandeur. Depuis le sommet du Caradhras où s'élève la tour de Durin, jusque dans les entrailles de la Terre, les nains ont creusé notamment dans le filon de Mithril qui attira Celebrimbor en son temps. La porte ouest, dite porte de la moria, est fermée depuis que l'ombre a gagné l'Eregion. Cette porte reste néanmoins accessible aux amis des Nains. Je ne peux vous révéler les secrets qui en garde l'accès mais nul doute que vous pourrez les obtenir officiellement.
Les nains peuplent également les montagnes grises qui s'étendent à partir du Nord-est de l'Eriador, en direction des Monts de Fer, où ils ont également des places fortes. Mais l'éloignement, de fait, diminue nos relations commerciales qui passent principalement par Hadhodrond. »

« Avant que je poursuive, avez-vous des interrogations concernant les nains auxquelles je n'aurai pas répondu ? »

Sothor était toujours fatigué, mais il arriva à repérer un renseignement manquant , du moins pour lui, et il se permit d'intervenir auprès de Cirdan.

« C'est une très bonne chose de savoir où se situe nos alliés potentiels. Et c'est ainsi que nous bâtirons le chemin de la paix.

Mais pour que celle-ci puisse s'installer et plus important encore, perdurer, il me semble primordial de savoir d'où viennent nos ennemis.

Je suis désolé si je vous interroge sur les sujets que vous gardiez pour plus tard, mais si vous pouviez nous donner ne serait-ce que des tendances générales sur quoi nous méfier, je prendrai le reste en charge.

Pour les nains, je m'adapterais à ce que diront les autres. Ils ne sont pas ma priorité pour l'instant. »

La fille d'Elendil allait répondre spontanément, mais se ravisa en se rappelant qui elle avait en face. Elle alternait les regards vers Gil-Galad et Cirdan

« Je dirais qu'il me faudrait les noms des personnes qu'il faudrait rencontrer pour pouvoir renouer les liens d'antan? Les nains ont la mémoire vivace, et il faudra leur prouver malgré toutes nos dires que nous sommes à nouveau dignes de leur amitié.

Mais les rencontrer au préalable me parait le minimum. C'est pourquoi je suis demandeuse des diplomates de ces cités. »

Regardant alternativement Sothor puis la fille d’Elendil, Gil-Galad finit par répondre en premier lieu au général :
« Je suppose que j’aurais mieux fait de commencer par-là, j’entends bien que la question de ennemis que vous risquez d’affronter dans les jours qui viennent constituent votre principale préoccupation. Laissez-moi donc en premier lieu en finir avec les naugrim, si vous le permettez. » Gil-Galad, ne posait cependant nullement la question puisqu’il poursuivit presque immédiatement.

« Pour rencontrer le roi sous la montagne, il vous faudra passer à l’est par l’un des cols qui permettent de franchir les Monts Brumeux. Durin contrôle l’ensemble des versants est des Monts Brumeux… Pour ce qui est de la partie ouest, c’est une autre histoire. Bolfur est la personne de l’entourage de Durin le plus souvent envoyé pour le représenter, en Eriador. Néanmoins, c’est le roi lui-même que vous devriez rencontrer, en tant que dignes descendants d’Elros. »

Le roi reprit à l’attention du général d’Elendil :
« Revenons-en à votre requête, cher Sothor. Les premiers ennemis que vous aurez à affronter seront les gobelins qui peuplent les collines Evendim. Ces orques cependant, ont bien peu d’alliés car en l’absence de leur maître pour les contraindre tous dans la même direction, ils ne cessent de se quereller entre clans rivaux et sont donc incapables de s’organiser en une menace plus redoutable. Pas d’aide extérieure à redouter pour leur venir en aide, dès lors que les hostilités auront commencé, mais ne les sous-estimez pas pour autant. L’ensemble des collines Evendim sont creusées de galeries et les engeances grouillent dans l’obscurité. Pour s’assurer le contrôle des alentours, ils ont scellé une alliance avec les loups qui peuplent ces terres depuis maints hivers. Il n’y a qu’un seul moyen de vous assurer définitivement une paix durable et un contrôle total du Lac et de ces alentours : venir à bout définitivement des différents clans qui ont élu domicile dans les cavernes.
La deuxième menace qui vous guette et qui selon moi se révèlera à terme la plus grave, vous la connaissez déjà, il s’agit de ceux que certains d'entre vous nomment depuis peu les Numenoréens Noirs. Pour l’instant, chaque cité ou village est sous l’emprise d’un groupe différent. La meute attend son heure, les nouveaux meneurs ont fort à faire pour étouffer la rébellion qui couve après les évènements survenus à Numenor. Si l’un de ces tyrans arrive à imposer son joug aux anciennes colonies, il sera à la tête d’une force considérable capable de causer d’innombrables maux.
A plus long terme encore, à supposer que vous rétablissiez l’ordre dans tous les territoires non occupés par les miens ou par nos alliés, le temps est compté avant le retour de Sauron. Lorsqu’il sera en mesure de porter à nouveau l’unique… nos forces devront être prêtes. » Gil-Galad prononça ces derniers mots de plus en plus lentement, comme perdu dans ses pensées et leva finalement son regard sur Elendil. Son visage était assombri par la gravité de ce qu'il venait d'énoncer, mais il exprimait également une détermination sans faille, que le roi des Hommes de l’ouest lui rendit trait pour trait.

Ses mots se répercutèrent quelques instants dans l’écho des pierres du palais de Mithlond, laissant place à un silence songeur, chacun imaginant à sa façon, le rôle qui serait le sien dans la préparation de ces évènements. En cet instant, la première pierre d'une nouvelle alliance venait certainement d'être posée par deux rois œuvrant conjointement pour l'avenir de la Terre du Milieu.

Lorsque Gil-Galad parla à nouveau, les conseillers en furent presque surpris :
« A mesure qu’ « il » recouvrera sa puissance, ses créatures se feront plus dangereuses. Aussi, ne négligez pas de les chasser dès lors que vous en aurez l’occasion car elles représentent encore pour un temps, une menace moindre. En dehors des orcs et des wargs, vous rencontrerez également des trolls, parfois solitaires, parfois en communauté, le plus souvent dans les cavernes ou les forêts. Car ils craignent plus que tout autre créature, la lumière de la soleil. Sachez également que les orcs ont colonisé une grande partie des versants ouest des Mont Brumeux... les nains leur livrent une âpre lutte là-bas.

Que dire des autres peuplades dont j'ai connaissance. De nombreux hommes habitent les grands espaces de la Terre du Milieu.
Au Nord, la baie de Forochell est occupée par les robustes Lossoth, communément appelé hommes des neiges. Aux heures sombres, ils ont parfois été tentés par les promesses de Sauron. Comment envisageront-ils votre présence, je ne saurai le dire.
Dans certaines forêts, vous rencontrerez peut-être les très discrets Druedain, vos frères qui ont commencé à fuir Numenor au début des luttes intestines. Les derniers qui habitaient votre île sont arrivés en Terre du Milieu peu avant que Sauron ne soit fait prisonnier sur l’île. Ils se sont mélangés à ceux de leur peuple qui n’avaient jamais franchi les montagnes bleues au Premier Age. Seront-ils vos amis ou vos ennemis, nul ne saurait le prévoir, car longtemps ont-ils souffert des persécutions et ils en gardent un amer souvenir. Nulle créature du mal ne s’aventure dans leurs territoires. Il n’y a qu’au cours des batailles du premier âge que des bataillons d’orcs spécialement formés par Morgoth s’y sont risqués car les Drúedain sont de redoutables chasseurs.
Le haut col qui permet de traverser les Monts Brumeux non loin de Fondcombe est gardé par les courageux Beornides. N'était leur présence, le passage de Dale à Fondcombe serait depuis longtemps devenu impossible. Il est probable qu'ils voient votre installation d'un bon œil. Ces derniers entretiennent de bons rapports avec les Northmen dont le territoire s'étend entre l'Hitaeglir et Vert-Bois-le-Grand. D'aucuns les considèrent comme vos cousins éloignés, de ceux qui auraient préféré s'installer en Terre du Milieu après la chute de Numenor, plutôt que suivre vos aïeux sur Numenor. Les Northmen sont de grands dresseurs de chevaux.

Enfin, au Sud des Monts Brumeux s'étend le pays de Dun. Des montagnards sauvages qui souvent se sont ralliés à la cause du mal contre Numenor. Les vôtres ont exploité jadis les forêts où ils vivaient, dans le Cardolan, entre les deux fleuves. Les arbres couvraient autrefois tous l'espace entre les deux flots. Ils se sont férocement défendus, jusqu'à n'avoir plus d'autre choix que de s'exiler dans les montagnes d'où ils n'ont cessé de harceler les colonies depuis. Les hommes de Bree seraient de ces Dunlendings qui, lassés de la rudesse de leurs conditions de vie, tentèrent leur chance dans les vastes plaines de l'Eriador.

Il y a bien d'autres créatures, nobles ou corrompues, que vous rencontrerez au grès de vos explorations et nous n'avons malheureusement guère le temps de toutes les énumérer. Mon conseil reste le même, songez toujours que le temps viendra où les actes que vous aurez accompli feront peut-être la différence entre une aide précieuse et une trahison. »

Lireliémiliath-Lorelenemilor Niénor entreprit de résumer sommairement ce qu'avait énoncé Gil-Galad :

« Durin est le roi sous la montagne, la personne à rencontrer. Sinon Bolfur.

C'est très éloigné de nos positions futures, mais j'entreprendrais le voyage jusque là-bas après notre installation sur les rives du lac.

Vous parlez de "meneurs" qui luttent contre la résurgence des Numénoréens noirs. Connaitriez vous leurs noms à tout hasard? Afin que nous ne rencontrions pas la mauvaise personne? Et je vous demanderais aussi les mêmes choses pour les hommes de Lossoth, les Druedain, Beornides, Northmen et les hommes du pays de Dun?

Je pense qu'il sera plus sage pour tous d'avoir un empire uni et fort lorsque Sauron viendra hanter ces terres. Et la voie des alliances diplomatiques sera plus rapide qu'une lutte stérile et malheureuse pour les deux camps. Je ferais les efforts nécessaires pour assurer la paix entre tous pour que nous progressions ensemble face à l'ombre du mal. »

Le général prit clairement pour lui le "défi", ou plutôt l'objectif énoncé par Gil-Galad. S'il n'était pas au mieux de sa forme, il fit l'effort de paraître aussi solide que le roc face à l'adversité qu'il s'apprêtait à affronter.

« Nous ne tolèrerons pas la présence des sbires du mal aussi proches de nos futures fondations. Nul ne le pourrait.

Et tel que vous nous le décrivez, je ferais ma seconde priorité de purger les collines d'Evendim, après avoir assuré la sécurité intérieure des Edains. Votre conseil n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd ; les gobelins sont affaiblis en ce moment, c'est donc rapidement qu'il nous faut frapper, avant qu'un quelconque leader n'émerge de leurs rangs et que nous ne puissions plus rien faire.

Nous purgerons les environs d'Evendim pour stabiliser toutes la Terre du Milieu, vous avez tous ma parole. »

Sothor ne jurait jamais, et il était clair pour chacun au Conseil qu'il était un homme de devoir. Trop impliqué et qui prenait son rôle beaucoup trop à cœur, certes, mais cette promesse qu'il avait faite oralement pouvait être gravée dans le marbre à cet instant. Il ne fatiguerait pas et n'aurait de cesse de trouver la méthode et les moyens pour mener sa tâche à bien. Ou mourrait en essayant.

Elendil s'avança devant ses conseillers et écarta ses bras, ses paumes tournées vers le bas.
« Vous pouvez voir l'entrain de mes conseillers dans les missions qui se dessinent devant eux, notre général est certainement le plus dur à la tâche mais aussi le plus efficace ... donc croyez-le quand il dit que nous nous occuperons des orques des collines d'Evendim. Mais plus préoccupant à mes yeux sont les Numenoréens noirs ... et comme ma fille vous l'a dit, des noms ou quelques informations que vous avez pourraient être cruciaux. »

Les cœurs s’animaient autour de la table et Gil-Galad n’en attendait pas moins. Accroître la flamme de l’espoir parmi ses alliés, soutenir leurs actions de courage et tendre vers la meilleure organisation, voilà ce à quoi il aspirait.
« Cher ami, » répondit-il à l’adresse d’Elendil tout en hochant la tête en dirigeant son regard vers Sothor,
« j’ai toute confiance en votre capacité à surclasser les gobelins, et je ne vous aurai pas conseillé de construire votre nouvelle cité si proche d’un repaire d’orque si tel n’était pas le cas. Je ne peux que vous recommander de tirer Narsil hors de son fourreau lors des affrontements à venir, les orques ont un amer souvenir de cette lame, ils accueilleront l’annonce de son retour avec force crainte et malédictions !

Pour ce qui est de vos requêtes, chère Lilith, nous discuterons des anciennes cités de Numenor en aparté, car je ne puis me résoudre à dévoiler devant un conseil tout entier, les noms de vaillantes gens qui risquent tortures et exécutions si leur identité arrivait aux oreilles des Numenoréens Noirs. La confiance n’exclut pas prudence. D’autant plus que nous aurons les informations les plus fiables et les plus récentes dès l’arrivée de Valdae.

En revanche, rien ne s’oppose bien au contraire, à ce que je vous en dise plus sur les peuplades dont nous parlions.

Les Beornides sont représentés par leur chef Ebewulf. Vous ne trouverez pas de village, à proprement parlé, sur ses territoires car leurs habitudes de vie sont profondément solitaires. Je dois vous prévenir que les rumeurs prêtent à ces hommes les capacités de changeurs de peau. Ils entretiennent d’excellentes relations avec les nains, ayant en commun leur lutte contre les orques dans des Monts brumeux.

Le chef des Lossoth se nomme Harald. Tout comme les Beornides, Les lossoth ne se risquent presque jamais au-delà des limites de leur territoire et ils n’ont donc pas d’émissaire qui fait office de diplomate. C’est un peuple nomade et en conséquence, ils ne construisent pas non plus de village à proprement parlé. Néanmoins, le grand campement que mène le roi Harald porte le nom de Norsu.

A propos des Drúedain, qui vivent exclusivement dans les forêts, chaque communauté semble indépendante. La plus proche et la plus grande qui se trouve à proximité du Lac Evendim est installée dans la forêt à l’ouest des collines qui le bordent. Leur chef se nomme Ghân-dali-Ghân. La notion de diplomate est bien abstraite pour les chasseurs Drúedain, il vous faudra voir directement auprès de leur chef, pour le moment.

Quant aux Dunlendings, je suis bien incapable de vous dire qui les dirige, si tant est qu’un nom puisse réellement être avancé. Ils ne portent guère les elfes dans leur cœur, héritage de leur allégeance passée à Sauron. Ils ne se montrent cependant pas volontairement hostiles à notre égard, car ils nous redoutent, mais nous n’avons pas de relations à proprement parlé, si ce n’est avec ceux des leurs que nous croisons en exil des marchands itinérants.

Parmi tous ceux que je viens de citer, les Northmen sont ceux qui vous paraîtront les plus familiers. Certains d’entre eux vivent encore de façon nomade mais d’autres se sont regroupés. Leur principale cité, Enardora, s’étend en bordure du Fleuve Anduin, lorsque vous poursuivez en ligne droite votre route en descendant du haut col. Leur roi se nomme Eothold. Une étroite amitié les lie avec les Beornides car ces deux peuples n'en étaient qu'un et leurs communautés se mélangent toujours aisément.

J'espère avoir répondu à vos questions. N'hésitez pas si d'autres vous viennent l'esprit. »

Fëaromen s’apprêtait à prendre la parole, alors qu'enfin Gil-Galad avait cessé le flot intarissable d'informations qu'ils ne pouvaient se permettre de ne pas noter.
Il secouait sa main lorsque le fils d'Elendil intervint à son tour :
« Toutes ces informations nous seront d'une grande utilité et ne font qu'accroître mon désir de partir à la découverte de tous ces espaces qui nous sont si peu connus, et de ces peuples qui regarderont avec attention de notre côté dans les mois qui viennent.
Mais avant de partir, je brandirai moi aussi mon épée à l'encontre des créatures qui sont tapis dans les tréfonds des collines Evendim et qui s'opposeront à nous. »

Fëaromen coupa Khelekril dans son élan, car son intervention n'était pas pour lui plaire, sans compter qu'il lui avait fait perdre le fil de ses pensées :
« Vous n'irez certainement pas combattre aux côtés de votre père, s'il décide de brandir Narsil car cela vous est formellement interdit. Nos lois veulent qu'au moins un héritier se tienne à l'abri des combats lorsque le roi y prend part. Cela pour ne pas mettre en péril le royaume. Ne feignez pas de l'ignorer. Certes il y a bien votre soeur Lireliémiliath » et l'intendant hocha la tête respectueusement en sa faveur,
« Mais telle est la règle qui s'applique pour les fils du roi et vous n'y dérogerez point. »

Khelekril ravala sa salive et ne se permit pas de contredire l'intendant en un conseil si officiel, mais il apparaissait clairement que cela ne lui plaisait guère.

« J'ai pour ma part une autre question, relative au fléau de Numenor, Sauron. Combien de temps pensez-vous qu'il lui faudra pour recouvrer une forme "physique" ? L'utilisation des trois anneaux elfiques ne sera plus possible lorsque ce moment adviendra. Est-ce que ce répit se mesure en mois ? En année ? En centaine d'années ? »

« D'après les précédentes défaites dont Sauron a dû se remettre, j'estime qu'il aura totalement recouvrer sa puissance d'ici une cinquantaine à une centaine d'année. Et il faut compter sur le fait que ses créatures gagneront en puissance à mesure que lui retrouvera la sienne. Ce qui nous laisse une trentaine d'année tout au plus pour mettre à profit leur état de faiblesse.

Khelekril, fils d'Elendil, vous aurez maintes occasions de prouver votre valeur et il plus difficile encore, mais tout aussi honorable, de faire montre de patience car sages sont les paroles de votre intendant. »

Fëaromen continua de noter avidement les dernières informations.

Gil-Galad semblait satisfait du déroulement du conseil. Après avoir laissé en suspend ses derniers dires quelques instants, il interrogea :
« Avez-vous d'autres questions, ou bien levons-nous la séance pour poursuivre en conseil restreint ? »