« Tu t'inquiètes trop, Laurel. Et si tu dois soupçonner ce demi-orque, il serait aussi logique que tu soupçonnés celui là, non?
Apres tout, si c'est lui l'espion, il s'empresserait d'enfoncer l'autre pour qu'on ne le soupçonne pas...

Mais je note tes inquiétudes, Laurel. »

Ayant fini de se sécher, Héléa remit ses habits et lança au barde:

« Tu n'étais pas obligé de venir expressément me parler, Laurel. Tu voulais juste te rincer l'oeil, hein. Pervers! »

La prêtresse éclata de rire avant de faire un clin d'oeil a son compère barde:

« T'as juste a demander, tu sais. »

Puis elle répartit vers l'auberge en trottinant et sifflotant.

Nakan se lave et profite de l'agréable contact de l'eau. Fraîche mais pas désagréable. Salée, comme il n'en n'avait pas trop l'habitude. Il connaissait mieux les ruisseaux et torrents qui sillonnaient la Varisie que la mer qui bordait son pays natal.
Interpellé par Laurel, Nakan ne savait pas trop quoi répondre.

« Mérisiel semblait faire davantage confiance à cet homme qu'à moi, qu'elle ne connait que depuis aujourd'hui. Je ne crois pas avoir un air moins sympathique que celui qui est entré en ronchonnant avant que nous sortions.
Peut-être se connaissent-ils déjà, même s'ils le gardent pour eux ? Peut-être que cet ami décédé est un ami commun ? »

Le shoanti haussa les épaules.
« Qui peut savoir ? »

À son tour et sans se presser, Nakan sortit de l'eau pour venir se sécher, avant de se rhabiller. Et rentrer à l'auberge. Il fait un peu frisquet, quand on se promène torse nu le soir, au sortir d'un bain.

Héléa chemina donc tranquillement jusqu'à l'auberge, satisfaite d'avoir pu torturer un peu plus Laurel. Oh, bien sur, si il avait tenté de la séduire, elle n'aurait pas dit non, il était plutôt beau garçon après tout.

Mais pour le moment, elle avait à faire. Si les soupçons de Laurel étaient juste, elle allait devoir se méfier de ce demi-orque. Etant donné qu'Ameiko n'accepterait jamais qu'on soumette à la question quelqu'un dans son établissement, Héléa allait en glisser quelques mots à Volar le lendemain pour qu'il puisse se renseigner à son sujet voir l'emmener faire un tour au bureau de la garde pour un interrogatoire en bonne et due forme si quelque chose ne sentait pas bon à son sujet...

C'est tout ce qu'elle pouvait faire, de toute façon. Si Merisiel et Chorune était d'accord pour qu'il les rejoigne, elle n'allait pas aller à l'encontre des autres. Non pas qu'elle n'aimait pas se chamailler avec Chorune mais si elle pouvait éviter de creuser une tranchée dans leur relation, ça l'arrangeait. C'est que Chorune aussi était plutôt jolie...

Ok, faut vraiment que je me défoule, moi...

Après un moment de silence, tandis qu'ils marchaient, Nakan finit par tourner la tête vers Laurel. La curiosité avait fini par l'emporter.

« Tout va bien ? »

« Ca aurait pu être mieux mais j'aurais l'occasion de remettre ça. Allez, hop, au lit. Bonne nuit, Ameiko et Bethana. »

Sans attendre de réponse, Héléa se dirigea vers l'escalier puis fit subitement demi-tour pour aller vers les cuisines:

« En fait, j'ai rien mangé et j'ai les crocs ! Je prends quelques trucs et je vais grignoter dans ma chambre! »

« Hum ? Oh, quand elle parlait de lui demander pour vous rincer l’œil ?
...
Elle avait l'air, je suppose. Je ne lis pas très bien les gens, surtout à ce genre de sujets. »

Le musicien hausse les épaules.

« Je ne comprends pas pourquoi les gens font tout un foin, pour ces choses-là. »

« Où cha une dame? Bonne nuit, Chochéphine. »

Héléa tourna la tête, une cuisse de poulet coincée entre les dents et des victuailles plein les bras tout en cherchant soigneusement à ne pas renverser le pichet d'eau qu'elle avait embarqué aussi, avant de hausser les épaules et de repartir vers les escaliers puis d'aller s'enfermer dans sa chambre pour tout dévorer.

Nakan remercia Ameiko, appréciant encore une fois son aide et son accueil.
« Très bonne. Et ça fait du bien.
Merci pour la serviette. Préférez-vous que je la lave avant de vous la rendre ? »

Nakan ne fit pas de commentaire suite au comportement de la "Dame" Héléa.

Pendant ce temps Mérisiel s'était endormie et son esprit vagabondait dans les souvenirs des aventures vécues jusqu'à présent.

Chorune fut un peu déboussolée. Déjà, de part la discussion qu’elle venait d’avoir avec sa cousine. Mais également par l’absence de ses amis. Il restait cependant Laurel, et un inconnu. Un certain Nakan.
« Bonjour. Merci Ameiko. » répondit la blonde, devant l’assiette tout juste préparée. « Vous êtes de passage dans le village ? » demanda-elle à Nakan, par politesse.

« En quelque sorte », répondit Nakan avec un sourire.
« Un présage m'a conduit jusqu'ici. Je compte prêter main forte aux héros de Pointesable. Mais j'ignore si elles comptent rester ici, ou si elles sont simplement "de passage" »

« Moui... Enfin, je sais pas pour les autres, mais moi, je ne suis pas « de passage ». J’habite ici » précisa-t’elle, comme s’il était évident qu’elle faisait partie des « héros de Pointesable ».
« Un présage ? » demanda Chorune, soudain intéressée. « Quel type de présage ? Et vous venez d’où ? »

« Je comprends » répondit Nakan en hochant la tête quand la jeune femme s'inclut dans les héros. Chorune, telle que l'avait présentée Laurel.

« Je commencerais par répondre à votre seconde question. Je suis Shoanti. Et également Varisien. Né de deux peuples nomades, il m'est difficile de pointer un lieu comme celui de ma naissance. Le nord de la Varisie, peut-être. » Haussant les épaules, il demanda d'un ton peu engagé, « mais quelle importance ?

Il est à savoir que chez ses deux peuples, certains prient Desna, la déesse des rêves et des voyages. Et mes deux parents font partie de ses adorateurs.
Il y a peu de temps, lors d'une cérémonie en son honneur, je suis entré en transe. À la sortie de celle-ci, mais en était-je vraiment sorti, un papillon vint me murmurer à l'oreille un mot, un simple mot. "Pointesable". Accompagné de signes d'une menace, dont vous héroïnes avez semble t-il rencontré les premières manifestations, ce papillon me fit prendre la route. »

Souriant, le musicien ouvrit les paumes.
« Quand les dieux vous envoient un message, mieux vaut les prendre au sérieux. »

« Non ?!? Shoanti ? Ma grand-mère l’était. »
Si les premiers mots de cette phrase étaient enjoués, les derniers s’écrasèrent dans la gorge de la blonde. Parler de sa grand-mère la renvoyait inévitablement à beaucoup d’émotion : Son arrière-grand-mère, elle aussi maudite par son aïeul, sa discussion avec Laurende, l’absence de son grand-père...
« ... du clan des Lyrune-Quahs » précisa-t’elle.

« Vous arrivez trop tard, vous avez raté le lâché de Machaons » signala-t’elle, en référence au culte de Desna. « Desna habite sur l’étoile autour de laquelle, la nuit, tournent toutes les autres. Moi, je prie Sarenrae, la déesse du soleil. Desna et elle ne doivent pas se voir bien souvent... » dit-elle avec un sourire.
Cet homme un peu étrange était plaisant. Il n'avait pas hésité à tout quitter pour suivre une demande divine. Mais bon, pour un nomade, ça doit être plus facile que pour un citadin.

Elle remarqua que ce Nakan ne portait ni arme ni armure. « Et... vous savez vous battre ? Vous avez certainement votre matériel dans votre chambre. Parce que les gobelins sont un peu agressifs dans le coin. »

Le repas de Chorune était terminé. Elle se servit d'un verre de vin. « Ils sont tous où ? » demanda-t'elle à Laurel. « On est le seul à boire un coup, ce soir ? »

« Sans blague ? Je fais partie des Lyrune-Quah, justement. Je suis honoré de retrouver une cousine, même un peu distante. »

Ça pour une information intéressante et amusante, c'était une sacrée information. La jeune femme était du même clan, même si elle n'en n'avait plus trop les traits. Habillée comme une citadine, comme n'importe qui à Pointesable ou Magrimar, mais n'était-ce pas normal ? Elle y avait vécu toute sa vie.

« Comme je l'ai raconté à vos amies .. ou camarades ? Je suis avant tout éclaireur et magicien. J'ai un arc avec moi, je l'ai laissé .. » Nakan chercha du regard son arc et ses autres affaires, qu'il avait laissé avant de se mettre à jouer avec Laurel. « Ameiko doit l'avoir rangé quelque part .. je recours volontiers à la magie tant qu'elle peut faire son office. J'ai également de modestes connaissances de soigneur et je suis un musicien accompli.
On ne sait jamais, peut-être que certains gobelins auront besoin d'une sérénade pour mieux dormir », dit-il en riant.
« Sans être expert en tout, je suis plutôt polyvalent. Assez pour me faire une place, que ce soit chez les caravaniers Varisiens ou les chasseurs Shoantis. »

Chorune enroula autour de son majeur la mèche de cheveux rouge poussant du côté de sa tempe droite. Ce geste machinal, presque coquet, semblait en contradiction avec l’apparence plutôt musclée de la jeune femme et ses attitudes de paysanne.
Pensive, la blonde hésitait. Un Lyrune-Quah, ici ? Quelle coïncidence. Et magicien, de surcroit. Nakan était-il aussi un descendant de son aïeul maudit ? Éventuellement, un cousin éloigné de Chorune ?
« Ma grand-mère n’a pas beaucoup connu le clan... C’est mon arrière-grand-mère qui en a... qui en est partie avec elle. Elles s’appelaient Istas et Tamira ». Du coin de l’œil, elle chercha à savoir si ces noms signifiaient quelque chose pour Nakan. « Des pouvoirs magiques, et des connaissances de soigneur ? Comme Tamira... » remarqua-t’elle, un peu gênée.