« Merci »

Le ton était sec et tranchant. Les verbeux avaient tendance à exaspérer l'inquisiteur de Calistria, d'autant s'il se doublaient de donneurs de leçon.

Il se dirigea vers l'elfe et s'assit à côté d'elle.

« Bonjour Mérisiel , je suppose que vous avez entendu. Je me nomme Herk'lachner. Iacobus, un ami, a été tué par des gobelins lors du raid et sont cadavre dépouillé. Je cherche à le venger et à récupérer ses affaires.
Pouvez-vous m'en dire plus sur cette attaque et les gobelins qui l'ont mené ? »

Il commanda à boire pour l'elfe et lui-même. Celle-ci semblait plus sobre que le barde, il espérait pouvoir avoir une conversation constructive sans circonvolutions et autres perte de temps.

Nakan, n'ayant rien à dire pour le moment, se contenta d'assister à la scène. Toute idée de baignade abandonnée provisoirement.

A l'arrivée du demi-orc, Mérisiel n'offrit que le haussement d'un seul sourcil.
A sa commande de boisson pour lui et elle, elle souleva le second
Au verbiage d'icelui, elle ouvrit la bouche en grand -d'étonnement- pour la refermer, le temps d'un long soupir d’agacement manifeste ...

« Oui, Messire, Mérisiel on me nomme » dit-elle enfin « Je ne sais rien de votre « Iacobus », vous m'en voyez navrée. » s'excusa-t-elle

« Sa perte vous navre, recevez mes condoléances les plus sincères.
Il n'est pas mort de mon fait, ni en ma présence, et je ne sais rien des circonstances précises de son décès...
Si ce n'est que nous avons évité que les défunts ne soient plus nombreux à déplorer si nous n'avions pas été en première ligne pour éviter que le gros de la horde gobelinoïde ne puisse déferler sur la ville. » ajouta-t-elle, aussi sincèrement qu'il lui était donné de l'être

Herkl'achner avait écouté Mérisiel. Elle était laconique, pourtant elle avait été au coeur de l'affrontement.

« Avez-vous remarqué des signes tribaux, des emblèmes ? Savez-vous d'où ils venaient ? D'où ont-il surgi pour attaquer Pointesable ?
Avez-vous trouver des traces ? je suis bon pisteur, je peux aider à la remonter.
Je me suis promis de venger Iacobus et de remettre ses affaires à qui de droit. »

Comme un certain nombre d'elfes adoraient aussi Calistria, il tenta une subtile allusion. Il dessina une guêpe dans la mousse de sa bière, tout en faisant tourner son verre afin que Mérisiel aperçoive le tracé. si elle était adepte, elle comprendrait.

D'un imperceptible hochement de tête accompagné d'un claquement de langue et d'un rictus latéral, Mérisiel adressa au demi-orc le signe lui indiquant qu'« il avait été compris »...

Elle contempla un long moment la mousse de son propre verre avant d'égarer son doigt fin à tracer des sinuosités invisibles sur le bois de la table
« Pointesable est une ville côtière ... » commença-t-elle en précisant son tracé qui ne laissait aucune trace
« il y a la plage ... » qu'elle dessina « la falaise ... » son doigt continuait « les accès par la forêt... » son doigt tapota les emplacements d'un bref coup net pour chacun « les routes ... » en tournant son verre elle ajouta « la verrerie qu'ils infiltraient par en-dessous et où nous les avons arrêtés ... » elle pencha alors sa tête de côté comme pour tendre à son interlocuteur une oreille attentive mâtinée un regard en coin et c'est d'une voix à peine audible qu'elle ajouta « et d'après le carnet où nous avons trouvés leurs différents plans d'invasion -qui se chiffrent de 30 à 200 assaillants par vague- ils projettent de « soumettre la ville toute entière aux feux purificateurs de Lamashtu » et ces plans sont particulièrement bien « pensés » si vous voyez ce que je veux dire ... »
En se redressant, elle enserra son verre de ses deux paumes à plat pour conclure « Je suis sincèrement navrée de la perte de votre ami. Je n'y ai pas assisté, je n'ai pas pu l'empêcher. J'étais dans la verrerie pour éviter que la horde ne déferle sur la ville. Peut-être quelques-uns ont-ils pu nous échapper.
Rien que ce fait serait déjà une information particulièrement fâcheuse. »

Héléa écoutait les bruits de la mer, appréciant leur caractère apaisant. Quand elle avait mis les pieds dans l'eau, elle avait murmuré une simple phrase, emportée par le vent. Pour autant, ses sens étaient toujours sur le qui-vive, suite à ses mauvaises rencontres des jours précédents. D'abord, il y avait eu les tricheurs pendant la fête puis les gobelins qui s'invitèrent pour troubler la dite-fête. Celui qui s'était planqué dans une armoire et avait failli tuer... Bon, elle ne se rappelait plus du nom de l'homme mais son fils était mignon et la Teigne l'aimait bien. Puis, il y avait eu la fonderie et pire que tout, Laurel. Celui là, elle se serait bien passée de le croiser... Pourtant, malgré le traitement qu'elle lui infligeait, il restait malgré tout. Peut-être n'était-il pas si mauvais, au final?

« Comment ça va, aujourd'hui?... Hm hm... Ma journée? Oh, rien d'exceptionnel, tu sais... Les trucs habituels. Cogner des trucs, draguer des trucs... Me faire cogner dessus... Oui, oui, je sais, je ferai attention, comme toujours... Papa? Non, il a envoyé Haldir... Je ne sais pas pourquoi il n'est pas venu lui-même... Je sais pas... Et en plus, il m'a menti! Il m'a dit qu'il n'y avait pas de bordel en ville, tu te rends compte? »

Mérisiel avait fait un choix, et elle l'assumait. Mais elle n'allait pas en débattre -a fortiori avec Laurel- au milieu de la foule.
Les informations les plus sensibles ayant été transmises à un volume inférieur au murmure, elle commençait à se demander comment ce poseur pouvait en avoir eu connaissance ... Il s'agissait peut-être d'un coup de bluff ... Quoi qu'il en soit, ce n'était pas le lieu pour un tel débat.
« Désolée de vous le confirmer » répondit-elle donc à l'importun d'une voix aigre « mais vous n'avez pas besoin de vouloir paraitre impoli pour en faire la criante démonstration.
Une fois encore. »
Soupirant de lassitude et souhaitant abbréger au plus vite cette situation inconfortable, elle profita donc de l'interruption pour se défiler :
« Je n'ai aucune information à transmettre à ce monsieur concernant la mort de son ami.
Seulement mes plus sincères condoléances.
Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, il est temps pour moi d'aller prendre un peu de repos pour être en forme demain. »

Pas comme s'il lui avait été étranger ...
Plutôt comme s'il l'agaçait ...
Ce qu'il faisait malheureusement à merveille

C'est donc sans un mot de plus que Mérisiel, renfrognée et pensive, prit d'un pas souple la direction de sa chambre ...

« Hm hm, tu as raison... Il ne pense pas a mal, j'imagine... Allez, hop, a l'eau! »

Et ni une ni deux, les vêtements d'Héléa rejoignirent ses bottes et ses serviettes a terre avant qu'elle ne plonge entre les vagues, dans le plus simple appareil.

Nakan hésitait toujours lorsque la question de Laurel le força à se décider.
Estimant que le dernier arrivant, quoique rude, n'était pas une menace, le shoanti répondit finalement :
« Je viens, je viens. »

Avant de s'emparer d'une serviette et de suivre Laurel en direction de la plage.

Nakan suivit dans le silence, promenant son regard sur les bâtisses qu'ils passaient.

Sur la plage, le chasseur n'imita pas le barde, se déshabillant intégralement pour ce bain presque nocturne,. Il préférait quand ses habits restaient raisonnablement secs, et l'héroïne avait dit ne pas avoir peur pour la pudeur de ses yeux. Aussi Nakan avait décidé de la prendre au mot. C'était plus agréable et évitait de mouiller ses vêtements.

Il n'avait pas d'autre raison.

Une fois nu, ce qui fut rapide, il laissa la serviette avec ses habits et alla se laver dans l'eau de mer.

« Et ça pouvait pas attendre, Laurel? »

Héléa soupira et arrêta de nager. Les moments où elle pouvait se retrouver seule avec l'océan étaient bien trop rares pour qu'elle ne souhaite pas en profiter. Et voilà que le trouble-fête de service venait l'interrompre:

Bah, il ne sait pas...

Retournant vers la plage, Héléa quitta le confort des eaux et se dirigea vers ses serviettes pour commencer à se sécher:

« Bon, de quoi tu veux me parler qui nécessite de venir me chercher au beau milieu de l'eau où je pourrais si facilement te noyer et faire passer ça pour un accident? »

Restant silencieux, Nakan tourna la tête vers la femme nue. Elle n'était pas sérieuse, hein ?

Herkl'achner avait intégré et analysé les éléments de Merisiel.

« Merci.
Allez-vous traquer ces gobelins pour mettre fin à la menace ?
Dans ce cas, je vous propose de me joindre à vous, vous aurez compris que des intérêts piquants sont en jeu.
Vous connaissez mes références, vous pouvez en parler avec vos amies. »

Lorsque le barde intervint, le demi-orc le fixa dans les yeux. Son regard plongeant dans le sien, était lourd d'une silencieuse menace.

« Vous parlez trop, sans savoir. »

L'elfe allant se coucher l'inquisiteur fut accosté par l'aubergiste. Il refusa le plat et demanda une chambre avant d'aller se coucher à son tour. Il attendrait la décision du groupe, histoire de savoir s'il continuait son enquêtes avec elles ou seul.
1 dé effacé.

Pendant qu'Helea barbotait dans l'eau froide ; Mérisiel, bien au chaud dans son petit lit douillet, les mains derrière la nuque, cogitait ...
Les défenses de la ville s'organisaient, pas assez vite ni assez intensément à son goût, mais cela avançait ...
Ce demi-ork ne serait pas facile à gérer, mais ne valait-il pas mieux l'avoir avec soi que de s'en faire un ennemi ... ?
Elle n'avait pas été trop bavarde, n'en déplaise à Laurel, elle avait dit le strict nécessaire pour ne pas s'attirer le courroux du vengeur.
Et il y avait aussi ce bel homme, arrivé là sous l'impulsion d'un papillon, ... envoyé par Desna ? ...
Des renforts pourraient être utiles ... en espérant qu'ils se montrent plus efficaces que Laurel ...