Nakan hocha la tête, compréhensif.
« Je vois, il est de ceux qui prennent leurs aises. »

Il réfléchit, puis fit mine de se lever.
« Si vous m'excusez, en attendant que vos amies n'arrivent ou que nous allions les chercher, je vais échanger deux mots avec lui. Ça vous permettra de finir de manger en paix. »
Nakan attendit l'accord de Mérisiel avant de s'éloigner échanger quelques mots avec Laurel.

D'un signe de tête, Mérisiel donna son accord et salua Nakan avant de poursuivre paisiblement son dîner.

« J'en suis heureux également maître Barnabi. »

Prenant place sur une chaise, Nakan s'accouda pour discuter.

« Nous pouvons parler du violon et ses mérites, si vous le voulez, mais je crains que mon point de vue vous paraisse un peu rustre.
Je venais dans cette taverne pour me renseigner sur les Héros de Pointesable. Mais devrais-je dire les héroïnes, peut-être ?
Un barde tel que vous doit sûrement avoir des histoires à raconter sur le sujet. »

Dans son coin Mérisiel se concentrait sur son assiette pour profiter de toutes les saveurs du plat préparé par Ameiko.
Sa nonchalance et sa quiétude n'étaient que feintes, son ouïe d'elfe était aux aguets, particulièrement de ce qui se disait à la table des bardes ...

Un temps interloqué, Nakan se mit à rire.
« Je vous assure maître Barnandi, ne savoir ni chanter ni conter. Ce n'est pas pour l'art que je suis ici. »

Le récit de Laurel arriva, après l'inquiétude initiale provoquée par l'arrivée de la femme inconsciente. Héléa donc ? Un des héros .. si elle va bien, il est tout de même alarmant de la voir débarquer dans cet état. Que lui est-il arrivé ?
Il sera toujours temps de lui demander quand elle sera réveillée.

« Pour être franc, avant d'arriver ici, j'ignorais ce que je venais faire à Pointesable. Maintenant ... peut-être pourrais-je leur prêter main forte. Je suis un chasseur accompli, un éclaireur et je manie un peu de magie. Alors qui sait ? Peut-être pourrais-je leur être utile. »

Nakan jeta un regard à Mérisiel à côté. L'entendait-elle parler ?

Desna semble le penser, en tout cas.

D'un petit sourire en coin, Mérisiel répondit à Nakan ...
Avant de poursuivre son dîner avec une placidité de façade.

« Les paroles sonnent belles, mais les actes parlent pour eux-même. Je compte bien démontrer la valeur de l'aide que je pourrais apporter » répondit Nakan en souriant, confiant en ses capacités.

Le shoanti porta un regard vers Mérisiel, qui l'avait bien entendu. L'elfe était toujours occupée par son repas. La laissant terminer tranquillement, il proposa à Laurel, qui avait déjà nettoyé son assiette :
« Connaissez-vous quelques airs varisiens ? Je suis curieux de découvrir votre violon, tout autant que vous l'étiez d'entendre le mien. »

Passablement satisfaite, Mérisiel savourait la fin de son plat, à toutes petites bouchées ...

Puis elle déplia sa serviette devant elle. Et la contempla. La scruta.
Tout en traçant du bout de l'ongle des sillons invisibles entre les tâches qui maculaient la pièce de tissus, elle déployait sa concentration ...

Nakan sortit son violon, joua deux notes, avant de modifier les cales en bois pour régler le son à sa convenance. Ensuite, il se mit à jouer, laissant Laurel accompagner et broder à l'envie.
C'était des airs entrainants, qui donnaient envie de danser. Rapidement, le métis se leva de sa chaise et se mit à accompagner la mesure en frappant le sol avec son pied.

« Un excellent choix » approuva Nakan. La soirée s'était extrêmement bien déroulée, selon ses critères. Un public nombreux et appréciateur, un duettiste doué, une acoustique de qualité. C'est à peine si le métis sentait encore ses muscles, depuis plusieurs heures qu'ils jouaient.

Et voilà que le clou de la soirée, proposé par Laurel, serait le complexe mais sublime "Été des papillons". Un choix parfait pour conclure la soirée et le premier jour de Nakan à Pointesable, guidé, justement, par un murmure de papillon. Contrairement à d'autres fois, pas question pour le musicien de danser, de taper du pied, de crier. Il n'y avait que les violons, sonnant à l'unisson avant de se séparer et se reconcentrer, de fusionner avant de s'écarter, leurs airs mélodieux méthodiques mettant mille mots en une musique.

À la fin, Nakan était satisfait de sa performance ... et il semblerait que le public également ?

La nuit est déjà tombée. Il faudra que je me trouve un logement. Je vais commencer par demander à la patronne s'il lui reste une paillasse libre.

Tout en descendant l'escalier, Héléa profita des derniers moments de la musique et, comme les autres, applaudit. Bon, elle avait dormi pendant tout le récital et n'avait eu que la fin de la musique mais elle n'allait pas laisser ce genre de détail s'interposer dans la perspective de taper quelque chose, quand bien même ce serait une de ses mains contre l'autre.

Avisant Ameiko, elle se dirigea vers la tenancière et lui demanda:

« Tu aurais des serviettes sèches et propres? »

Mérisiel avait bien profité de la soirée ; même si ses plans avaient été contrecarrés, elle n'en tiendrait rigueur aux responsables que plus tard.
Pour l'instant, elle se contentait de profiter de ce moment fort réjouissant !

Un peu de virtuosité dans ce monde de brutes, c'est bon pour le moral ... y a pas à dire ...

Nakan accepta la bière de bonne grâce et les pièces avec la même gratitude.
C'était une excellente soirée, qui resterait dans sa mémoire.

Revoilà la femme de tout à l'heure, qui avait dû être portée jusqu'à une chambre. La voilà en meilleure forme, quoi que pas encore en parfait état. Ou peut-être se faisait-il des idées, et cette Héléa était toujours ainsi ?
Qui saurait dire ? Assurément pas un inconnu comme Nakan.

Écoutant la réponse de la femme à Laurel, le musicien buvait sa bière à petites gorgées.

« Tu t'inquiètes pour moi, Joséphine? »

Héléa sourit alors d'un air goguenard avant de simplement hocher la tête:

« Je faisais simplement la connaissance d'une nouvelle amie, t'inquiètes donc pas. J'y ai gagné et perdu mais au final, ça en valait la peine. Même si le bleu que j'ai récolté sur mes côtes va me faire grincer des dents quelques jours... »

Avisant la présence de Nakan a proximité, la pretresse l'observa de la tête au pied avant de revenir vers Laurel:

« Tu me le présentes ou tu veux te le garder pour toi, celui-ci? »