Fascinée par l’activité permanente de Magnimar, Chorune ne savait où donner de la tête. Accompagnée de Nakan, elle parcourait inlassablement les artères de la ville. De jour, elle passait d’échoppes en échoppes, admirant le travail des meilleurs couturiers de la région. De nuit, elle descendait dans les tavernes, retrouvant parfois ses compagnons d’aventures. Peut-être grâce à la présence de son ainé shoanti, elle n’avait pour l’instant jamais « dérapé » au point d’être soûle. Héléa disait qu’elle ne savait pas s’amuser, mais elle n’avait tout simplement pas envie de cet amusement-là à ce moment-là.
Sans se l’avouer, la compagnie de Nakan devenait de plus en plus essentielle pour Chorune. Comme un guide, ou un repère, l’adolescente mûrissait à son contact. Il lui parlait des mystères de la magie, et elle s’abreuvait de ses récits sur les Lyrune-Qua, peuple dont elle descendait mais qu’elle n’avait jamais connu. En sa présence, elle essayait parfois les tours de magie qu’elle connaissait. Et qu’elle maîtrisait de mieux en mieux au fur et à mesure de ses passages au temple de Sarenrae et des connaissances d'Héléa. L’enseignement des prêtres lui était profitable, même si ceux-ci ne la reconnaissait pas vraiment comme l’une des leurs, d’ailleurs.
La rencontre avec la famille Camovar de Magnimar fut assez décevante, mais Chorune s’y attendait. A peine les plus anciens se rappelaient du nom de Falthryr, son oncle, maintenant le chef de famille à Pointesable. Lorsqu’elle retournerait à Pointesable, elle leur signalerait son départ, mais elle se doutait que cela ne leur ferait ni chaud ni froid.
Message caché à Keyradin, Greflechtin.Ce fut tout de même chez eux qu’elle obtint la missive de Laurel. Il s’agissait d’une invitation à voir son dernier spectacle, au théâtre.
Chorune avait bien entendu vu beaucoup de saltimbanques de passage à Pointesable se produire sur des scènes de fortune. Mais là, ce ne serait pas pareil. Et en plus, la représentation aiderait des enfants orphelins !
« Oui, allons-y. Ca sera très intéressant. Il faut bien s’habiller, j’imagine ? »
Le soir de la représentation venu, Chorune mit donc sa robe de soirée rouge, achetée quelques mois plus tôt à Pointesable. Eblouissante, la combattante farouche laissait place à une belle jeune femme, d’apparence prête aux civilités du beau monde, mais dans lequel elle serait bien incapable de faire illusion.