La stridente sonnerie matinale annonçant le départ des cours pour les lycéens marquait le début de cette histoire. Une habitude pour certains, une nouveauté pour d'autres, pour des raisons allant de l'arrivée très récente sur la planète bleue la plus cool de l'Univers, au retard de la réception du certificat de scolarité à cause des PTT du coin, en passant par de nombreux autres prétextes aboutissant dans tous les cas au même résultat et qu'il serait trop long de lister intégralement ici. Aussi vaut-il mieux à la place dénoncer ces derniers arrivants en date, si possible en les pointant d'un doigt gras et accusateur, au lieu de chercher à énumérer moult excuses foireuses sous peine de se retrouver rapidement avec plein de lignes du style : "Y'a eu des retards sur mon inscription parce que ma chèvre T-rex domestique a mangé ma piscine de gelée-bulle. Voilà" .

Parmi ces retardataires plus ou moins involontaires il y avait Cahn, Noble Korgi de son état, héliporté par sa fidèle Karaven Lucile, petits êtres serpentant à travers la foule avec la grâce et le brio exigé par son rang. Ne pouvant s'offrir le luxe de voler au dessus de la masse étudiante, Aleethëa, en revanche, galérait à se frayer un chemin et à imposer sa présence ; Il fallait dire que la chose était peu aisée lorsqu'on est un robot arachnéen trop court sur pattes en plus d'être trop poli pour oser bousculer quiconque. Issu de l'autre côté de la courbe physique, Peyote ne rencontrait pas ce genre de problème. C'était plutôt le contraire en fait, tant cet imposant Mongo touchait quasiment le plafond des couloirs et ne pouvait de ce fait laisser personne indifférent sur son passage, en particulier lorsqu'il marchait par inadvertance sur certains pieds, tentacules ou autre membres servant au mouvement à cause de sa grande taille... ou bien de sa maladresse nonchalante, difficile à dire. Il fut d'ailleurs à deux doigts d'infliger une torgnole accidentelle à Laverne ; En même temps, quelle idée d'avoir un aussi long cou ! De ses trois yeux passablement blasés comme à leur coutume, cette demoiselle à la peau grise semblait jauger chaque personne peuplant les lieux, car il parait que ce geste est typique des intellos... ou des pires commères de l'Espace.

Il y avait également plusieurs terriens notables à décrire : En effet, comment pouvait-on débuter un récit scolaire digne de ce nom sans un Brandon Pierce ? Il faut toujours un beau sportif blond aux yeux bleus faisant tomber toutes les filles d'un seul regard -sauf celle qui se révélera être sa "True Love" of course- , c'est bien connu. Au moins autant que le loup blanc ou bien la dernière rumeur en date circulant dans les journaux people. Dans un genre un peu moins prétentieuse mais tout aussi importante par sa seule appartenance à l'espèce humaine, il ne fallait pas non plus oublier Zelda, ne serait-ce que pour compléter notre intro en beauté via la présence d'une jeune femme de 17 ans, même si notre histoire ne devrait pas trop dériver vers le "Shōjo style". Ou alors juste un peu : C'est que les théories, vous savez comment c'est hein, on part sur de l'épique et on est capable de se retrouver avec du mélodramatique sur les bras si on ne fait pas gaffe. Je connais un pote narateur à qui c'est arrivé, autant dire qu'il s'est retrouvé vraiment embêté et a eu toutes les peines du monde à raccrocher les wagons, c'est pourquoi vaut mieux...

Pardon, je divague. Bref.

Tout ce petit monde hétéroclite et leurs comparses se réunirent là où devaient se réunir, soit dans la salle 6A où devrait avoir lieu le premier cours de la journée, celui d'Anglais. Ce qu'ils firent tous, parce qu'on est sensé être à l'école pour apprendre après tout. Mais en arrivant sur les lieux, tous remarquèrent un petit détail "légèrement gênant" pour la bonne marche de leur apprentissage :

La prof n'était pas encore dans sa classe.

De ce état de fait, certains tropismes commencèrent à s'initier ci-et-là : On pouvait voir que certains prirent place pour bavarder entre eux, essentiellement de sports, plus quelques uns assez masos, ennuyant sérieux dans leurs études en ouvrant un livre portant sur la matière à venir, rapidement suivi par l'envolée d'un exemplaire du livre sus-cité avec son propriétaire à la peau orange à cause d'une ruade farouche sous les ricanements de l'autrice de celle-ci, qu'était une sorte de pégase au pelage couleur alezan et vêtue de tons pastels. Dans un autre coin de la pièce, un humain débattait vivement avec un extraterrestre originaire de la Galaxie du Nexus afin de déterminer qui du terrible Pangolinator ou de l'impitoyable Ornithoryx gagnerait dans un hypothétique duel faisant affronter ces deux êtres d'exception. Un peu plus en retrait, trois personnes, dont un robot monté sur roues, initièrent une féroce compétition d'une sorte de "chi-fou-mi cosmique" en invoquant le pouvoir de la feuille de Fly ou de la Pierre Twonmp en l'accompagnant d'un effet électrique ou incendiaire généré par leurs soins.

Encore une journée ordinaire.

Alors. c'est. ça. une. école. Plus. petit. que. je. m'attendais.

Peyote s'était immobilisé au beau milieu d'un couloir, consultant un papier qu'il tenait en main. Lentement, son regard se leva vers la porte.

« 6. A. Ça. doit. être. ici. »

Il était entré, légèrement en retard, car il lui avait fallu du temps pour trouver la salle. Heureusement pour lui, la prof n'était pas encore là.
Puisque la plupart des gens étaient assis, sur des chaises ou des tables, Peyote se dit qu'il ferait bien de suivre l'exemple de la majorité. D'un pas pesant, il mit en route ses muscles pour réaliser l'action de "faire comme les autres" et se dirigea vers une chaise vide.
Une chaise bien trop basse. Mais il commençait à avoir l'habitude, depuis bientôt deux mois qu'il était sur cette planète. Les terriens n'aimaient pas qu'on s'asseye sur leurs tables. Pourtant les tables étaient à la bonne taille pour que Peyote soit assis confortablement dessus. C'était mieux que les chaises. Mais sur Terre, on fait comme les terriens, se serait dit Peyote s'il avait connu cette adaptation du proverbe bien connu.
Comme il ne le connaissait pas, il ne put se faire cette réflexion pleine de bon sens, mais agit quand même comme s'il la connaissait. Il s'assit.

Et attendit que quelque chose se produise.

* Un petit aparté sera nécessaire ici afin de rappeler au narrateur (et aux simples mortels ci-présents) que le dénommé Cahn n'est pas Lord (pas encore) mais bien le fils aîné et futur héritier de votre grandeur : Lord Kane Arthfael, premier du nom.

Humains : à genou.

Aparté terminé.

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Un Korgi au poil lustré et au port altier sorti d'un pas vif et digne de son rang du bureau de la chef de l'administration, un sourire en coin. Paperasseries et autres divagations administratives, le fléau de tout civilisation... civilisée, l'avaient attendues au cours de cette réunion des plus matinales. Pendant une longue demi-heure, on lui avait fait remplir moult papiers, nécessaires à son inscription tardive. Toutefois, il en était enfin libéré. Il était assigné à la classe 6A.

Devant le cadre de la porte, une Karaven (les Humains diront "une fée"), portant la lance-laser et les habits verts typiques de sa race, tenait fidèlement la garde, évitant qu'un intrus non-désiré ne vienne déranger la réunion de son maître avec l'administratrice de cette école. Lorsqu'elle le vit sortir, d'un pas fier et un sourire en coin, elle ne put que s'interroger.

« (Lucile, en karaven) Maître Cahn, vous allez bien? Ces paperasseries ne vous ont pas trop fait souffrir? »

« (Cahn, en karaven) Ne t'inquiètes pas, fidèle gardienne : c'est enfin fini. »

Regardant l'horloge la plus proche.

« (Cahn, en karaven)Je dois me présenter à la salle de classe 6A dans 5 minutes terriennes; je vais avoir besoin de vos ailes pour arriver à temps. »

« (Lucile, en karaven, songeant à l'effort à fournir) Sérieusement, Maître? »

« (Cahn, en karaven, l'air noble) Je le crains. »

* * * * *
Et c'est ainsi que le premier aperçu qu'un bon nombre d'étudiants de cette école eurent d'un Korgi fut un authentique spécimen de noblesse héliporté au-dessus de leur tête par une "fée" croulant sous l'effort. Ils traversèrent ainsi deux ailes de l'établissement, montèrent trois étages pour en redescendre deux, avant d'arriver dans le bon couloir.

« (Cahn, en karaven) 6H... 6G... 6F... »

« (Lucile, en karaven) Ce n'est pas trop de mes affaires, Maître, mais n'avez-vous jamais songé à faire un régime? »

« (Cahn, en karaven, évitant la question) Ha tient, c'est par là. 6A. Encore un effort : nous sommes presque arrivés. »

« (Lucile, épuisée) Aaargh!! »

Virevoltant parmi les luminaires accrochés au plafond, ils évitèrent de justesse la tête d'une immense créature bleuâtre, qui consultait un papier devant la porte de la classe. Apercevant un mince passage entre la tête du colosse et le cadre de la porte, le duo volant s'y engouffra. Hélas, ce passage s'avéra trop petit ; déstabilisés par un accrochage non désiré avec le cadre de la porte, le duo s'écrasa contre le plancher pour achever sa course contre le mur opposé, quelques mètres plus loin, le tout accompagné de quelques jappements sonnant comme une plainte douloureuse.

Quelques instants plus tard, se remettant de ses émotions et secouant sa tête endolorie, le futur héritier du Lord se tourna vers sa fidèle gardienne :

« (Cahn, en karaven) Ce n'est pas votre plus bel atterrissage... »

« (Lucile) -_-'' »

Puis, regardant l'horloge.

« (Cahn, en karaven) ... mais je dois avouer être particulièrement fier de votre vitesse et de votre adresse; nous sommes à l'heure grâce à vous, Lucile "Éclat de Vent Céleste". Que les Milles Étoiles vous en soient louées. »

Et le Korgi s'inclina respectueusement, tel un noble respectant les qualités d'exception d'un de ses plus fidèles subordonnés.

« (Lucile) ^^ »

Sur ces mots de respects échangés, l'étrange duo se tourna vers la classe à laquelle le noble Korgi avait été assigné.

« (Cahn, en karaven) Hé bien, là, ma chère Lucile, voyons avec quel genre d'individus du bas peuple nous avons été assignés... »

« Pardon... désolé... Non mais oh ! ... Ok c'est ma faute... »

Voilà ce que pouvaient entendre les élèvres qui, par pure coïncidence narrative, circulaient ce jour-là dans le même couloir qu'Aleethëa. En tout cas si ces derniers ne recouvraient pas la voix synthétique venue du sol par le bruyant chahut caractéristique d'un couloir de lycée normal avant les cours. Chahut probablement décuplé dans un lycée un peu moins normal où se côtoyaient toutes les tailles ainsi que les plus diverses façon de communiquer avec son prochain. Du coup, l'IA incarnée avait en effet quelques difficultés pour passer à travers la horde de jambe déjà, et trouver la bonne salle dans laquelle elle était attendue ensuite. Quand elle ne se prenait pas carrément des coups de pieds. Pas de doute, le prochain qui la bousculerait se prendrait un coup de jus !

« Eh ! »

...
Bon ok le suivant plutôt. Celui-là, sûr !

Et en plus elle avait paumé Zelda. Ou bien c'était l'inverse. L'IA avait finalement décidé de s'inscrire dans le même lycée que l'humaine et de l'y accompagner. En grande partie parce que ça avait l'air fun (même si il était difficile de savoir comment elle avait pu se mettre à penser ça). Mais aussi en partie parce qu'étant donné les capacités physiques actuelles de son corps, elle n'avait pas la possibilité de simplement s'affaler devant la télé en engloutissant des pots de glace. Ce qui laissait ceci dit envisager d'intéressantes perspectives d'amélioration pour son corps. Il fallait qu'elle le note tiens.

Mais bref, en tout cas, son idée initiale avait été de suivre Zelda au lycée, rencontrer plein de gens et se faire plein de nouvelles amitiés unilatérales. Et voilà qu'elle se retrouvait à errer seule dès ses premières heures de présence dans l'enceinte du bâtiment. Ok, elle était programmée pour s'adapter rapidement à toute situation mais, même comme ça, ça restait exagéré. Fallait pas trop en demander non plus.

Puis, finalement, un peu par miracle mais surtout à force de tours et de détours (faut dire qu'il aurait été bien plus simple d'inscrire le nom des salles sur le sol plutôt qu'à une hauteur tout à fait arbitraire et clairement discriminatoire), elle put arriver dans la classe indiquée. En retard d'ailleurs, comme lui indiqua son horloge interne. Affichant l'hologramme choisi pour la journée (l'avantage d'être une IA c'était qu'elle pouvait choisir son genre et son apparence à la volée comme n'importe qui choisirait ses vêtements), elle pénétra dans la salle. Et s'assura que personne ne manquait cette information.

« BOOONJOUUUUR ! »

Cool, il y avait du monde. Aleethëa aimait bien le monde. Et en plus, pour une fois, elle pouvait se dédier quasi-exclusivement à faire la conversation. Pas besoin de s'occuper de machins inutiles et chiants genre vérifier la sécurité du système informatique, organiser un planning ou s'assurer qu'il y avait assez d'oxygène dans le vaisseau. Et surtout, elle avait l'embarras du choix ! Tant de personnes et autant à qui elle n'avait jamais parlé ! Elle avait fini par remarquer, durant sa courte vie, que les gens avaient tendance à ne plus vouloir lui parler après un délai plus ou moins rapide. Ce qui, de son point de vue, n'avait que pour unique cause le fait que le nombre de sujets de conversation possibles pour un organique était sans doute limité par leurs capacités intellectuelles. Et aucune autre raison possible. Du coup, pour elle, arriver dans cette classe c'était comme ouvrir une nouvelle boîte de chocolats ! Il ne restait qu'à choisir lequel prendre. En évitant de tomber sur ceux à la liqueur. Si cette métaphore avait encore un quelconque sens.

Scrutant l'ensemble de la classe, Alee finit par se diriger vers ce qui semblait ressembler à une humaine en modèle réduit et un chien, lui en modèle modérément réduit d'après les exemples d'autres canidés déjà aperçus sur Terre. Une fois arrivée à leur hauteur, l'hologramme s'agenouilla au niveau du corgi (ce qui était en soit inutile mais elle avait observé que le mimétisme semblait mettre les organiques en confiance), tandis que son corps robotique leva une de ses huits pattes pour tapoter la tête de Cahn. Aleethëa entama alors la conversation, s'adressant directement à la fée :

« Trop mignoooon ! Il s'appelle comment ? Il a quel âge ? Pourquoi tu l'amènes au lycée ? Moi c'est Aleethëa. C'est trop cool qu'on soit dans la même classe ! »

Faut croire que Cahn et Lucille avaient tiré la courte paille.

Brandon était en retard en cours d’Anglais. Loin de stresser le garçon, cette information n’avait que peu d’influence sur son rythme de marche dans le Lycée.
Brandon souriait en marchant. Brandon saluait un pote cool. Brandon donnait une petite tape sur la tête – ou ce qui y ressemblait – d’un machin vert vaguement humanoïde avec lequel il avait discuté football américain l’an dernier. Trop fort, avec ses tentacules, le gars. Brandon répondait par de l’indifférence au salut d’un geek ou d’un premier-de-la-classe, mais ça n’empêchait pas ces-dites personnes de le considérer comme un grand pote. Brandon lançait un clin d’œil à une jolie fille blonde qu’il ne connaissait pas encore, mais cela n’allait pas tarder vu ses formes parfaites, jolie fille qui souriait maintenant béatement en poussant de petits cris avec ses copines. Mmmm... pas Vendredi, je suis avec Béatrice... Je la caserai bien la semaine d'après... Brandon promit à un copain d’être présent à son anniversaire, dans quelques jours : Avec sa piscine et son grand jardin, et des parents cools qui laissaient faire, ça allait être une soirée du tonnerre. Brandon eut un sourire las, blasé et désolé pour une fille qui crachait des éclairs avec ses magnifiques yeux verts. Comment elle s’appelle, déjà ? Mélinda, Rose, Annie ? Il était sorti avec, mais il ne savait plus si c’était l’année dernière ou il y a deux ans. Bref...
Traverser le lycée, pour Brandon, c’était une sorte de parcours du combattant social qu’il franchissait pourtant avec l’aisance d’un G.I., toujours prêt à relever ce qu’il ne considérait pas vraiment comme un défi, tellement tout ceci lui paraissait facile.

6 A
Avant de rentrer dans la classe, Brandon remit ses lunettes de soleil... qu’il enleva dès le premier pas à l’intérieur de la classe effectué, dans un mouvement ample et cool, remettant en place dans un mouvement de tête au ralenti une mèche savamment étudiée pour être rebelle. Sourire parfait, dents blanches, œil pétillant qui se pose sur la plus belle fille de la classe, qu’il a bien sûr repéré en rien de temps. Une pub pour dentifrice, quoi.

Pas de prof.
Cool.
Brandon s’approcha du groupe parlant de sport, sa discipline préférée après... ben après... le sport. « Les Reds* n’ont plus aucune chance de remonter les Cardinals*. De t’te façon, les Yankees* sont trop forts, cette année. Et z’avez vu le nombre d’Home Run du dernier match ? On est en train de battre le record, sûr ! »

*Note pour les noobs, geeks, aliens et autres premiers-de-la-classe : Les Reds sont de Cincinnati, Les Cardinals de Saint-Louis et les Yankees de New-York. On parle de Baseball, là. P'tain, z'êtes nazes, les gars.

Sur sa game boy pocket, Zelda ne faisait même pas attention à ce qu'il se passait autour d'elle. Avançant tranquillement dans les couloirs, elle rajusta ses lunettes avant de lisser nerveusement ses cheveux. C'est qu'elle bloquait dur dur sur ce satané chevalier Armos. Comme toujours. Bon, elle avait déjà fini Link's Awakening plus d'une dizaine de fois mais elle adorait ce jeu. C'est qu'il était trop bien, en plus. Un héros, un vilain et une princesse qui avait (presque) le même prénom qu'elle. C'était trop la classe... Même si personne ne semblait s'en rendre compte...

Et elle avait pu éviter que les "poufs" de service ne viennent la chercher comme toujours, la narguant sur ses vêtements, sa coupe, bref sur son game design plutôt que sur son contenu... Bref, une journée qui semblait plutôt bien commencer. Franchement qu'est-ce qui pouvait mal se pa...

« BOOONJOUUUUR !  »

Relevant les yeux, elle vit Aleethea pénétrer dans la classe et se rappela que l'IA avait décidé de l'accompagner... Aussi ferma-t'elle sa console et la rangea dans son sac avant d'ouvrir la porte de sa classe et d'y rentrer en vitesse, évitant de croiser les regards, pour foncer vers sa place au premier rang en toute discrétion, telle Rikku dans Tenchu.

Ce fut à ce moment que sa radio décida d'un commun désaccord de passer un petit morceau, attirant indésirablement l'attention sur elle.



Plongeant dans son sac, elle appuya rapidement sur le bouton pour l'éteindre... Avant de sortir de nouveau sa GBC...

L'horloge avait eu le temps de faire faire un tour à la petite aiguille, peut-être même plus, quand Peyote se mit à se demander s'il ne commettait pas une faute. Peut-être que ce que les Terriens appelaient école n'était pas comme il s'y attendait et peut-être que les informations qu'il l'avait lu pendant sa préparation au voyage étaient obsolètes. En tout cas tout le monde avait l'air de parler et Peyote se dit qu'il ferait mieux d'imiter l'exemple donné par .. à peu près tout le monde.

Se tournant vers la fille qui venaient d'entrer en musique et s'était installée à côté, il se remémora les meilleures ouvertures de conversation terriennes qu'il avait pu étudier. Souriant, il s'adressa à elle.

« Beau. temps. pour. la. saison. n'est. ce. pas ? »

« Euh... Surement? »

Zelda n'avait pas fait attention au temps. Elle était venue en voiture et n'avait pas décroché de sa console jusqu'à arriver en classe. Elle n'avait pas eu à essuyer l'écran donc c'est qu'il ne devait pas pleuvoir?

« Nouveau au lycée? »

« Oui. Je. m'appelle. Peyote. Et. toi ? »

Sans avoir à se lever, il tendit sa main vers Zelda, l'offrant pour la serrer. Il avait fait ça plusieurs fois avec des humains, pendant son voyage sur terre.

« Zelda. »

Appuyant sur la touche pause puis defilant sur "save & quit" avant d'eteindre la console, elle posa enfin son regard sur son camarade de table et lui serra la main, pas trop trop sure quand même. C'est que l'autre était un gros morceau comparé a elle et elle ne tenait pas a ce qu'il lui broie la main...

Elle l'aimait bien, sa main. Elle la connaissait depuis toujours et c'etait celle qui lui servait a fragger sur la beta de counterstrike. En fait, sur tous les jeux...

« Enchanté », répondit le grand bleu avant de relâcher doucement la main de Zelda.
Des engrenages s'agitèrent visiblement dans sa tête avant qu'il ne pose sa question.
« Est. ce. que nous. attendons. quelque. chose. ou. l'objectif. de. cette. leçon. est. il. de. discuter ? »

« La. prof ? S'agit. t-il. d'un. appreneur ? »

Attendre, c'était confirmé il faudrait attendre. Était-ce pareil chaque jour ou juste aujourd'hui ?
Une question devait être répondue.

« Oui. je. m'apelle. Peyote. Je. viens. de. la. planète. Alyndiar. »
Après que ses neurones aient retrouvé quelques impulsions électriques qui s'étaient égarées, il ajouta :
« C'est. dans. le. système. de. Ged. »

« Appreneur? Oui, pour certains.

Babysitter pour d'autres... »

Son regard se perdit sur les accrocs au sport...

« Un. ... ... asseyeur. de. bébés ? »
Quelle étrange idée. Les appreneurs de la Terre devaient dispenser leur leçon rapidement, s'ils devaient assurer deux travail en même temps.

Peyote suivit le regard de la fille, essayant de voir quelque chose que manifestement il ne voyait pas et dont il n'avait d'ailleurs pas la moindre idée de ce qu'il était censé chercher.

« Je. pensais. être. avec. des. gens. de. mon. âge. Les. terriens. restent. bébés. longtemps ? »

Si la majorité des élèves prêtèrent un instant attention à la salutation de ALTA et à l’extrait musical craché à pleins tubes par la radio capricieuse de Zelda, ils retournèrent bien vite à leurs occupations initiale, comme si tout ceci n'avait été qu'un bref arrêt dans la marche du monde.

Sauf qu'il fallait bien plus qu'un semi-échec pour pouvoir espérer entamer le capital d'optimisme de l'IA arachnéenne, qui jeta son joyeux dévolu sur Cahn et sa suite juste parce qu'ils faisaient parti des rares êtres situés à sa hauteur. Comment allait réagir le futur Lord canin face à tant de bonne volonté, passablement énervante certes, mais de bonne volonté malgré tout ?

Brandon, lui, n'avait pas attendu d'être abordé pour prendre les devants. Après être entré en lycée conquis tel un jeune coq dominant dans sa basse-cour, l'humain avait rejoint ses fringants semblables en parlant Baseball. Ils causèrent également Bruteball un instant (un sport très subtil, comme le laisse penser le nom) tout en proférant quelques commentaires -très fins eux aussi- à propos du physique des dernières filles-pompons en date accompagnant l'équipe d'Andromeda, invaincue depuis 3 saisons, avant de revenir sur Terre en parlant du club de Basket local. Ce qui éveilla une interrogation chez Ryt'lek, basketteur émérite et massive boule de poil de son état.

« Tiens au fait tu comptes t'y inscrire cette année ? » demanda ce dernier à Brandon. Puis, en grillant le regard de Zelda sur eux, il eut un petit sourire en coin.

Bien loin de toutes ces préoccupations majeures, Zelda et Peyote devisèrent tranquillement à propos de choses diverses et variées.

Et toujours aucune trace de la prof. Mais cela ne semblait guère étonner les étudiants, à croire que ses arrivées en retard devaient êtres coutumières...

« Hein? Ah mais non, pas dans ce sens là. Comment dire... »

J'ai fait une boulette!

Zelda réfléchit un instant. Elle se devait de rectifier les choses... Parce qu'après tout, sur un malentendu, les choses pouvaient partir de fil en aiguille et aboutir à la destruction de la terre face à une invasion d'alien mais heureusement, l'humanité résistera encore fièrement, menée par la terrible chasseuse de prime Zelda Aran, atomisant les ennemis de son canon de bras et...

Wow, cerveau, on s'calme, tu vas loin, là! Redescends un peu sur terre

Reprenant "pied" dans la réalité, elle enchaîna:

« Et bien... Il y a l'age physique et mental, on va dire. Certains peuvent avoir l'air d'adultes mais se comporter comme des enfants et certains ressembler à des enfants et se comporter comme des adultes? Oui, ça me semble bien comme explication. Est-ce que tu comprends ce que j'essaye de t'expliquer? Certains se comporteront comme des gosses ou de gros singes sans poils ou même des coqs se disputant les faveurs d'une poule pondeuse quand ils sont autour d'une fille mais pas tous... Et plus par moment que de manière générale...


Oh, Aleethea, tu es là! Viens, je vais te présenter Peyote. »

Elle se tourna vers l'IA, tentant de capter son attention pour la faire venir et tenter de détourner l'attention de sa boulette. C'est que l'effigie informatique avait un sacré débit de parole... Débit déjà mis à contribution à la maison pour se débarrasser de tous les démarcheurs téléphoniques qui avaient osé appeler... Le record était d'ailleurs de 12 minutes pour un vendeur de matelas mais même lui avait fini par abandonner devant l'entrain enjoué de l'IA pour l'échange verbal... Les pauvres... Zelda en aurait presque eu de la peine.

Presque.

« Je. crois. que. je. comprends. »

A en croire le regard vide du titan, il n'avait en réalité pas compris grand chose de ces explications. Un peu trop rapide peut-être.
En même temps, il n'était pas très expressif le reste du temps non plus.

Il tourna la tête en direction du petit robot, suivant le rythme de la conversation donné par Zelda. C'était plus simple et plus reposant.

« Bien sûr que je compte m’y inscrire. » répondit Brandon sans aucune vantardise dans la voix. En fait, il s’inscrivait chaque année aux trois tournois des sports « classiques » : Basket ball, Base Ball et Football américain. Cette année encore, il espérait être titulaire dans les trois. Mais il faudrait bien sûr faire attention à tous ces aliens aux pouvoirs spéciaux, qui risquaient, même sans le talent du jeune homme, d’avoir plus d’efficacité que lui et de lui prendre sa place. Le sport est une compétition, mais pouvoir y participer en est une aussi, et Brandon le savait.

Cahn et Lucile écoutèrent l'IA. Si la Karaven ne comprenait rien, ce n'était pas le cas (et il l'aurait pourtant souhaité) de son maître.

Mauvais départ, je crois. Déjà que les Humains me prennent pour un animal domestique, voilà que les espèces extrakaravens s'y mettent aussi. Sérieusement, il n'y a que pour les Karavens que les Korgis apparaissent comme étant des seigneurs? -_-''

L'humeur de Cahn étant plutôt ... au vif après ce mauvais départ (il se retint de mordre à la patte d'Aleethëa, ce qui n'aurait pas été digne d'un gentleman, mais ne retint pas son air maussade), il entrepris de répondre à l'entité cybernétique afin de mettre deux ou trois trucs au clair.

« Il s'appelle Cahn Arthfael, Korgi de son état, fils héritier du grand Lord Kane Arthfael 1er » (face à cette entité qui venait de le traiter d'animal de compagnie, ces mots lui semblèrent étrangement creux). « Il a 10 années terriennes d'âge physique mais infiniment plus en âge mental » (et surtout plus qu'une certaine machine, songea-t'il -_-). « Et il vient pour apprendre » (en outre...).

Le Korgi se tourna vers sa fidèle Lucile, dont le regard se tournait à tour de rôle de son Maître à l'IA, ne comprenant pas leur échange de parole.

« Elle s'appelle Lucile, une Karaven. Je suis son Maître. Elle est ma Gardienne. Et elle ne t'as pas comprise!!! »

Enfin, Cahn fixa d'un regard rageux la patte d'Aleethëa, qui continuait à lui caresser la tête.

Un mauvais départ... -_-