À l'évocation des morts requises, Indibil ouvre les bras comme s'il soulevait un rideau et ouvrait une scène.

« Ô, que le bâtard puisse me donner une manière si noble de dépenser mon âme. » à personne en particulier.

« Oui mourir trois fois... Je crois que c'est pour ces fadaises que je n'ai pas creusé plus loin cette histoire de malédiction.
Que l'on me donne une montagne à déplacer, une mer à vider ou un gouffre sans fond à combler mais que peut faire un pauvre intendant face aux caprices des dieux*... »


*aller à la boulangerie pour chercher du pain ?

« Il me semble qu'Étienne peut continuer à travailler sur la malédiction, je peux m'occuper à rallier la noblesse contre un Roknar fragmenté, et vous pouvez arranger un mariage qui pourrait assurer à Chalion un allié indispensable avec l'accès à la mer qui manque à Chalion. »

Indibil soupire « Et si les dieux ne peuvent pas distinguer ces jumeaux, peut-être que mon âme pourra servir de substitut à la troisième mort... »

Étienne tire sa révérence, en se disant que Martou est, théoriquement, de son côté pour vaincre la Malédiction.

Il ne semble pas pouvoir lui être du moindre secours, cependant.

Étienne n'en sait toujours pas plus sur la Malédiction.
Il se demande cependant s'il ne devrait pas aller en Ibra pour en discuter avec Bergon.

Mais d'abord, il retourne à l'auberge et en discute avec Indibil

« Devrais-je aller en Ibra ? Demander la permission à mon ambassadeur auparavant ? »

Une aide divine serait utile...

... ...

Avant que les jumeaux ne prennent congé, Martou résuma sa position :
« Travaillons à votre proposition de rapprochement de nos deux contrées.
Je vais envisager ce que pourrait donner ce mariage.
Le vieux lion Tomas pourrait-il m'apporter des gages concernant ce projet et un moyen que cela apaise son conflit d'avec son fils aîné ?
De mon coté je vais continuer à agir tel que j'en ai esquissé les grandes lignes.
Que les cinq vous gardent de la tentation de vous mettre en travers de mon chemin mais qu'ils vous favorisent si cela peut-être profitable à Chalion. »

« Parfait! Que les 5 vous protège.
Vous semblez un 'honnête' homme »

dit Étienne avec un sourire en coin

« Pour un homme d'État!| »

Les jumeaux partis, Martou sorti une petite mallette ouvragée en bois d'ébène qu'il n'avait pas utilisée depuis de nombreuses années.
De celle-ci, il sorti une pipe en terre cuite finement ouvragée dans laquelle il mit un mélange d'herbes.
Il se méfiait des hallucinations que la fumée provoquait et qui le rendait malade mais il avait besoin de clairvoyance pour s'attaquer aux problèmes que Dondo lui léguait en héritage.
Il était temps qu'il accepta que celui qu'il considérait comme un turbulent et inconséquent fêtard se soit en fait comporté en manipulateur égoïste et ait conduit le royaume aux portes de la ruine.
Cherchait-il à se punir en se rendant malade ou simplement à déchirer ce qui restait de son voile d'aveuglement...
La fumée acre entra dans sa gorge et ses poumons et avec elle un sentiment de détente simplement perturbée par quelques toussotements réprobateurs de son corps.

Ce qui devrait te permettre d'indiquer à Martou vers où tu veux orienter le scénario...

La carte entière de Chalion se dessine dans la fumée ...
Avec différentes parties plus denses ... d'autres plus sombres ... certaines plus vaporeuses ...

Du peu qu'il a constaté ici, à Sacedón, en territoire « acquis » -du moins sur le papier-,
Martou gage qu'il ne pourra pas faire l'impasse sur un déplacement physique pour prendre la pleine mesure de la situation réelle ...
Comme si, de tous les rapports dont il dispose, il comprenne enfin qu'ils ne reflètent qu'une infime part de la réalité.

Martou pensait connaître et maîtriser la situation ...
Il mesure à quel point, en réalité, il ne sait rien et ne maîtrise pas grand chose ...

Comme il l'avait prévu, les herbes le rendirent malade avant même que ne cesse son état de demi transe.
Il vomi tripes et boyaux ruinant de ce fait le tapis de la bibliothèque avant de tourner de l’œil.
Il se réveilla quelques temps après dans son lit où visiblement, il avait été transporté.

Le point décisif de cette histoire se jouera à Gotorget.
Il devait s'y rendre pour empocher le crédit de la reconquête et ainsi racheter quelque peu la traîtrise de Dondo.

Sa destination serait donc Eibar dans la province de Rioja (7) qu'il rejoindrait à marche forcée au plus vite avec sa troupe en comptant sur la rapidité et la désinformation qu'il orchestrerait pour que les Roknaris le croient toujours en tournée dans le sud.

Il lui faudrait aussi fédérer quelques troupes en route....

Ayant pris sa décision, il sombra de nouveau dans l'inconscience jusqu'au soir.

Lundi 16 novembre 1467, 07h45
... Le jour se lève ...

Le jour se lève et Martou organise sa volte face et sa percée vers le nord.
Il rédige une série de courriers pour indiquer "à tout le royaume" qu'il se voit contraint de demeurer à Sacedón quelques temps à cause d'une mauvaise fièvre.
Il compte voyager sans faire étalage des couleurs de la famille Dy Jironal.
Il fait venir le gardien pour lui faire comprendre qu'il doit impérativement faire croire le plus longtemps possible qu'il demeure chez son frère alité.
Pour s'assurer de l'entière collaboration de Ser Blázquez, il joue de la carotte (intérêt supérieur du royaume et juste récompense de son patriotisme) et du bâton sans préciser ce que lui déplaire pourrait avoir comme conséquences.
Il s'entretient avec le jeune Teidez pour le mettre au courant de sa campagne militaire et lui laisser le choix entre le suivre, rester ou rentrer à Cardegoss.
Les huit généraux que possède le royaume et leurs troupes sont répartis pour la sécurité du royaume. au moins deux régiments sont dans les terres du nord avec une activité volontairement réduite.
Tout le jeu est d'organiser le calme apparent tout en étant capable de sauter à la gorge des Roknaris à Gotorget le jour de la pieuvre noire.

Si ce triple imbécile se faisait tuer, il y aurait peut-être une chance que la malédiction soit levée. Pensa cyniquement l'intendant.

Réponse à Ser Mañolo Blázquez dy Sobrescobión
« Je vous laisse le stricte minimum : le frère Clovick, Gaêlda et Piatra qui auront pour mission de faire quelques courses ou tâches en ville où ils donneront des nouvelles de ma pauvre santé.
Je vous laisse aussi deux gardes qui feront de même : se montrer et donner le change. »

le Gardien semble soulagé :
« A votre convenance, Votre excellence ... »