Plus pressé qu'un lièvre poursuivi par un renard, Étienne acquiesce à toutes les demandes de ces dames avec grâce et ... soulagement.

« Faites, très chères. Je m'en remet T.O.T.A.L.E.M.E.N.T à vous !
Nous allons à Cardegoss! »

Il sait que les nobles détestent les contrariétés. Et le diplomate avait l'air fort contrit à la sortie de la demeure de la Place... Étienne voudrait bien s'éviter ses foudres. Normalement, il mange lentement, l'activité étant incompatible avec la fonction de la parole. Mais aujourd'hui, Étienne n'en est pas sûr...

« Mademoiselle, avez-vous également un pilote pour nous guider sur le fleuve ? mademoiselle qui ? Vous n'avez pas eu l'heur et moi le plaisir de vous présenter!

On m'appelle Étienne Rougeau, maître forestier d'Ibra!

Quant à vous, dame Tregtar, ce carton est signé de votre nom. Invitante boutique, intrigante patrone. Mais je m'égare, gente dame. Je n'ai pas le temps pour du badinage! Dommage... »

« Moi, c'est Udhëzues » dit la jeune femme souriante en tendant la main au désespéré.
« C'est mon bateau.
C'est moi qui le manœuvre.
Je connais ce fleuve et tous ces affluents depuis ma naissance,
mes parents étaient mariniers et je suis née sur ce bateau. »


« Pour vos bestiaux, menez-moi ce que vous avez ...
On fait affaire et je vous en débarrasse. »

« Parons au plus pressé.
Chargez votre fret.
On discutera sur l'eau. »

« C'est la nouvelle demeure d'Alessandro dy Jironal ... »

Les deux jeunes femmes échangent un regard lourd de sous-entendus.


« C'est vraiment une très grosse légume votre patron.
On va le soigner aux petits oignons. »

Les deux femmes sont connues sur le port, et d'un sifflement appuyé elles réquisitionnent 5 loufiats qui aident au chargement de tout l'équipement apporté par le trio jusqu'ici.

Les bêtes sont emmenées vers une étable de la ville.

Les dispositions financières sont rapidement réglées.

Il ne reste plus qu'à aller chercher l'ambassadeur morose pendant que la navigatrice se fait livrer en urgence les provisions de bouche nécessaires pour le début du trajet jusqu'à la prochaine halte.

Les 5 semblent avec Étienne. L'ambassadeur termine son repas au moment où il vient le chercher et Javier revient de sa promenade également à temps.

Étienne sait que ce n'est pas le moment d'entretenir l'ambassadeur de sa rencontre avec Don Alessandro.

Alors qu'il s'apprêtent à embarquer, il demande à sa "capitaine" :
« Mademoiselle, vous ne naviguez point avec votre père ? Nous a t'il quitté ou voguez-vous seulement de vos propres ailes ? Idem pour votre mère ? »

Après un bref échange de civilités et une poignée de mains avec ce cher Berto, Javier se décida de rejoindre, comme convenu, le quartier portuaire de la ville.

Retrouver Etienne et sieur Payo ne devrait pas poser trop de difficultés. Une brochette d'ânes suivies d'un blondinet flamboyant aux inclinations jacassantes… il ne manquait plus qu'une fanfare de village pour se démarquer encore plus de la population locale.

Étienne, fine mouche, remarque que sa question est restée lettre morte. Ses parents sont-ils décédés ?
Elle est en froid avec eux ?

D'accord, plus de questions, dame Udhëzues...

Le fleuve semble tellement calme, c'est un mystère qu'il a bien l'intention de résoudre...

Étienne supervise l'embarquement de ses compagnons et attend que tous soient à bord pour sauter sur le pont. Il soupire, rêvant avec nostalgie à son canot, symbole de liberté dans ce monde régenté par l'ordre des classes et des tâches et devoirs bien définis.

Il ne regrette pas l'armée et les ordres à suivre. Surtout quand ces ordres l'empêche de dormir des années durant... La liberté de conscience, de corps, c'est cela le Grand Air...

Mais, que vois-je! Jorge!
Le dédidat ou est-il prêtre ? semble se diriger vers le port pour embarquer.
Il a semblé apte à supporter la diarrhée verbale de notre cher ambassadeur. Un cobaye interlocuteur de plus pour discuter avec le moulin à paroles serait le bienvenue!

« Jorge! Par içi! Vous cherchez un bateau ? »

Jorge, longeant la rive tout en discutant avec son compagnon Xoan sur les moyens d'accélérer un peu leur voyage, est soudain surpris par des cris.

« Maître Rougeau ? MAÎTRE ROUGEAU ! Quelle bonne surprise ! En effet, je me rends à la capitale ! Y aurait-il place pour moi et mon compagnon sur votre preux vaisseau ? Que la Mère vous bénisse tous ! »

Il avance vers le bateau, traînant sa mule par la longe.

« Mais que faites-vous donc ici ? Par quel merveilleux cadeau la Mère me place-t-elle ainsi sur votre route ? »

« Heu ...
les mules ...
Faut-il vraiment les embarquer ? » demande la jeune femme en désignant l'autre femme sur le quai.


« Je peux vous en débarrasser si nécessaire ... »

Jorge se tourne vers la commerçante (Tregtar).
« Certes, je n'avais pas pensé à la place qu'elles prennent. Ce navire, pour providentiel soit-il, est trop petit pour elles, et elles n'aiment pas le tangage. Je vais être franc avec vous. J'accepterai de m'en défaire pour un prix moindre que le marché, vu ma situation urgente, mais j'aimerais votre promesse qu'elles seront bien traitées. elles m'ont aidé à accomplir les œuvres de la Mère depuis Rauma, et j'y suis attaché. Que la Mère les bénisse et vous aussi, si vous e^tes généreuse, car l'argent qui passera dans mes mains servira la Mère et tous ses enfants... »

Étienne se rappelle le dédicat rencontré à la chapelle du Col de L'Aigle.
Il prenait bien plus de soins à la prière que le temps doux de cet hiver demandait. Les 5 ne semblent pas vouloir ajouter un temps froid à la guerre et à l'injustice qui règne sur leur Terre promise...

Fine oreille, Étienne avait entendu des bribes de prière
démons libérer Maverna ménagerie

Il avait trouvé un jeune homme tourmenté, accablé par un fardeau qu'il ne semblait pas supporter autant qu'il ne l'aurait voulu.
De son acolyte, peu à dire.
Étienne avait pris le temps de lui dire:

« Je suis sûr que les 5 vont répondre à vos prières! Je me nomme Étienne Rougeau.
Racontez moi vos inquiétudes si vous le voulez. Je sais écouter! »

Étienne aide à décharger les bagages de ses 2 nouveaux compagnons. Plus on est de fous...

Après un au revoir au regard appuyé à dame Tregtar, il aide sa capitaine à la manoeuvre et se tourne vers son patron, qui semble avoir retrouvé voix et bonne humeur une fois la demeure maudite hors de vue. Avant d'affronter la tempête verbale, il se confie à sa capitaine:

« Dame Udhëzues, pourquoi ces airs sombres à la mention d'Alessandro dy Jironal ? »

« Installez votre patron confortablement.
Et occupez-le loin des conversations. »
glisse-t-elle pendant qu'ils serrent les nœuds avec leurs professionnalismes respectifs tout à fait assortis.

Étienne a remarqué en Ibra que son patron est fasciné par l'étude des chevaux campagnards.

« Votre excellence, voyez ce fier cheval chalionnais, attelé pour le labour. Ha! que sa robe resplendit au rayons du Soleil! Je vous parie que vous ne pouvez en trouver 2 pareils dans les 10 prochaines minutes. Je vais regarder de l'autre côté du bateau si je trouve son jumeau! Comparons nos impressions! » Un truc pour occuper les enfants. Mais n'en ai t'il pas un depuis le début du voyage ?


Étienne rejoint Udhëzues
« Je suis toute ouïe... Le patron est occupé! »

« Alessandro dy Jironal est le plus jeune frère de Martou dy Jironal. » dit-elle comme si cela suffisait.
Mais, voyant l'air interrogateur d'Etienne, elle complète :
« Martou dy Jironnal est le Grand Chambellan du Roya, son Premier Conseiller et son Premier Ministre tout à la fois. »

Après avoir réglé la vente des mules, Jorge s'installe au bastingage, admirant le paysage qui commence à défiler. Dès qu'il pourra, il essaiera de nouer conversation avec l'ambassadeur.
« Il doit connaître du monde à la cour, et sans doute aura-t-il des conseils utiles... », dit-il à Xoan, qui a réussi à dégoter d'on ne sait où un saucisson aux noix.