« Je vous regarderai faire ...
Il y a là-bas mon matériel habituel ...
Voyons si vous parvenez à tout identifier » répond-elle un peu amusée.

La marche n'est pas très longue pour atteindre un petit coin paradisiaque :
Un petit ruisseau cascadant sur des pierres, quelques buissons, quelques plaques de mousse, un peu de gazon, quelques fleurs ...

Jorge pénètre dans ce lieu enchanteur à petits pas, comme dans un temple.
« Par la Mère, je comprends que vous préférez travailler dehors ! »
Il s'approche des pierres et commence à les examiner.
« Celle-là pourrait servir de table de travail, elle est plate et facile à laver. Celle qui est creuse, je suppose qu'elle fonctionne comme mortier ? Voyons voir... Ce caillou en forme de poire peut servir de pilon... Et Cette mousse peut servir de mêlant à des cataplasmes... Et avec ce rayon de soleil, on peut commencer à faire sécher les plantes qui le doivent... »
Si Manerva n'ajoute rien, il se met au travail, commençant à préparer sa cueillette pour ce qui peut l'être.

Elle ôte nonchalamment ses ballerines d'herbes tressées pour apaiser ses pieds dans l'eau claire, et veille soigneusement à s'installer en aval du lieu de travail de son nouvel apprenti.
De là, elle peut l'observer à loisir, un petit sourire moqueur aux lèvres.

Jorge travaille sans relâche, car le soleil se couchera bientôt. Il détaille fleurs et feuilles, écrase et pilonne ce qui doit l'être, fait de petits tas tenus par une pierre qu'il emballe ensuite dans de grandes feuilles de châtaigniers. Il fait un nœud différent pour emballer chacune d'elles, afin de mieux reconnaître ce qui est dedans. Après avoir préparé des cataplasmes avec l'aide de mousse, il les emballe après les avoir humidifié.
« Ils tiendront quelques jours, ainsi... Bon, je crois avoir fait tout ce que je pouvais ici. Je ne laisserai pas les feuilles au séchage ici, car je pense qu'il va pleuvoir dans les jours qui viennent. Mais elles ont déjà dégorgé un peu d'humidité. Nous ferions mieux de rentrer, sans vouloir vous commander. »

« Nous pouvons rentrer, oui ... » dit-elle en sortant ses pieds de l'eau claire.
Elle sèche ses pieds avec le tissus du bas de sa robe avant de renfiler ses ballerines.
« Tu veux bien nous guider jusqu'à la maison ? »

Jorge rit doucement. Manerva veut tester son observation, voir s'il n'est pas un citadin incapable de s'y retrouver dans une forêt. Il accepte le petit test avec bonne humeur, sachant que sa jeunesse et son apparence ne doivent pas donner confiance à la vieille rebouteuse sur son expérience. Il ne part pas trop confiant, même s'il a en tête de bons points de repère du trajet aller.

Grâce au don "observateur", Jorge a dû remarquer des points de repères sur le chemin. Il s'en sert pour revenir à la maison de Manerva.
jet de nature: mystic badger lance 1d20+7 et obtient 11 (4)

« Tu te souvient du bosquet de sauge ? Je sais que tu l'as repéré.
Tu as pris à droite. C'était l'itinéraire conforme au chemin aller, et tu nous as ramenés jusqu'ici.
Mais en prenant à droite, tu nous économisais 15 minutes de marche.
Parfois le chemin le plus direct est nécessaire,
quand on est pressé d'arriver auprès d'une personne souffrante
ou de rentrer avant la nuit ...
Parfois, les détours permettent de trouver de jolies choses,
comme ce coin enchanteur où nous étions cet après-midi ... »
conclut-elle avec un sourire complice

Jorge accepte la remontrance de bonne grâce, annotant sa carte mentale de la région.
« J'aimerais pouvoir explorer les lieux, c'est un fait. Il doit y avoir de belles choses cachées aux regards indiscrets par ici... »

Fatigué par sa journée et ses nouvelles expériences, Jorge ne peut s'empêcher de bâiller.
« Qu'allons-nous manger ce soir ? Que puis-je faire pour y participer ? »

L'herboriste sourit : « Pour le dîner, tu vas pouvoir m'accompagner au potager, regarder comment je choisis ce que j'y cueille, porter ce que je te confie, observer comment je prépare, apprendre pour le dîner de demain. »

Puis elle fait ce qu'elle a dit et mène Jorge jusqu'à son potager ...
Le foisonnement luxuriant de son jardin rendrait jaloux les jardiniers les plus accomplis...

regarder « comment elle choisit ce qu'elle cueille » est riche d'enseignements à la façon dont elle hume, tâte, soupèse, inspecte la moindre gousse, le moindre fruit, la plus petite feuille ...
« porter » devient vite embarrassant pour Jorge qui n'a rapidement plus assez de place dans ses mains... Mais l'herboriste s'approche de son apprenti, lui tire sa chemise hors des chausses, et en replie le bas pour former une cuvette qui peut contenir son chargement qu'elle ne tarde pas à compléter

La suite est tout aussi silencieusement instructive ...
Et en cet instant, Jorge réalise qu'il vient de trouver une personne dont la maîtrise et l'expertise sont intenses et immenses, mais que ses qualités d'enseignante ne sont pas moins vastes ...

Jorge remercie la Mère de l'avoir conduit sur le chemin de la maison de Manerva. Il sait qu'il va probablement être soumis à dure épreuve, car on n'apprend pas sans obstacles, mais il s'est déjà attaché à elle. Elle lui fait penser à sa grand-mère, même s'il n'oserait pas le lui dire.
Il l'observe préparer le repas, avec la même attention et précision que si elle préparait un onguent pour soigner un enfant malade. Elle n'agit pas autrement parce que la tâche semble plus triviale, elle y apporte la même concentration, le même soin, ce que Jorge n'avait jamais fait, ayant toujours la tête dans ses cataplasmes ou pommades quand ses mains préparaient sa pitance.
« J'ai hâte de manger.... J'espère que vous ne serez pas déçue demain... »
Il se demande aussi quel va être le programme de la soirée.
« Votre... état... vous oblige-t-il à prendre repos dès le soir tombé ou pourrons-nous encore deviser un moment ? »

Elle sourit gentiment.
« Ta sollicitude me touche.
Je n'ai pas de « contrainte » particulière.
C'est simplement une question de vigilance
Je m'efforce de ne pas solliciter le démon quand ce n'est pas nécessaire,
et plus je le laisse en repos mieux c'est pour tout le monde.

Mais mon contrôle sur lui s'estompe pendant mon sommeil,
ou si j'ai l'imprudence de me laisser aller à prendre quoi que ce soit qui pourrait diminuer ma conscience.
C'est pourquoi je ne consomme pas d'alcool, ni fort ni même léger.
Et aussi pourquoi je t'ai demandé de te construire ta cabane. »

Après le délicieux repas, Jorge débarrasse la table et se charge de la vaisselle. Il rapporte de l'eau fraîche à Manerva, puis se réinstalle en face d'elle.
« Je pense qu'il est temps que nous fassions un peu plus connaissance, si cela vous agrée. »
Si elle le veut bien, il lui parle de son enfance, de sa grand-mère, et de quelques-unes de ses errances. Il essaie de ne pas se mettre en avant, comme un jouvenceau prétentieux, mais de relever à chacun de ses courts récits ce qu'il suppose être l'influence de sa mère. Il demande aussi souvent l'avis de Manerva et l'invite à lui raconter quelques bribes de sa vie.

L'herboriste écoute Jorge avec attention et bienveillance.
Son avis, quand il est sollicité, est souvent empreint de sagesse, toujours exprimée avec humour.
Jorge comprend vite qu'elle ne dira rien de plus d’elle-même ou de son parcours.

Elle se retire pour dormir un peu avant minuit
« Allons.
Demain est un autre jour et il faut se lever avec le soleil. »

Jorge va sagement se coucher, bien qu'il craigne un peu ce que Manerva va peut-être souffrir cette nuit. est-ce simplement une mesure de protection pour elle et dormira-t-elle du sommeil du juste, ce qu'elle mérite, ou bien aura-t-elle de nouvelles souffrances dues à sa présence ?

« Que la Mère vous protège et veille sur votre sommeil, » murmure-t-il en faisant un geste de bénédiction.

Il s'installe ensuite aussi confortablement que possible dans son abri, espérant ne pas avoir le dos moulu le lendemain matin.

... Questions MP ...

Jorge a creusé un peu le sol pour en enlever les éventuels cailloux et y a placé une épaisse couche de fougères. Il sait, malgré son peu d'expérience en nuits dehors, qu'il faudra un peu de temps et d'améliorations pour bien y dormir, car il est trop habitué aux couches des monastères. Après une courte prière à la Mère où il la remercie du bout des lèvres de son rappel à l'humilité, il essaie de s'endormir, fourbu par les événements de la journée.

Jorge s’endort comme une masse et sans délai !
Ce n'est pas que la couche soit confortable ....
C'est l'accumulation des efforts, des émotions, de l'intensité de cette journée ...

Pendant la nuit, Jorge fait d'étranges rêves, avec quelque chose qui rôde autour en caquetant horriblement. Il est dans une église de la taille d'un cheval, s'y sentant cloîtré et piégé, mais une chouette est posée sur le clocher et sa présence semble repousser la chose gloussante.

Au matin, courbatu et sa fine barbe traversée de bave séchée, il se réveille en entendant grincer, sans doute à dessein, la porte de Manerva.

Manerva vient tirer au puits quatre grands seaux d'eau.

Jorge se presse afin de lui porter assistance.
« Laissez-moi porter ça, ça me réveillera ! Et un peu d'eau fraîche pour commencer prématurément mes ablutions, ce n'est que ce que je mérite pour troubler ainsi votre sanctuaire. Pensez-vous que nous verrons des villageois aujourd'hui ? Je pensais que nous en verrions hier pour des doléances... »