Jorge se lave à grandes eaux et passe ses vêtements de cérémonie. Il est dédicat de la Mère et tient à faire honneur à sa Fille.
Il prépare ensuite de l'onguent à partir des violettes trouvées la veille, qu'il agrémente d'écorce de saule qu'il gardait dans son s

Jorge se lave à grandes eaux et passe ses vêtements de cérémonie. Il est dédicat de la Mère et tient à faire honneur à sa Fille.
Il prépare ensuite de l'onguent à partir des violettes trouvées la veille, qu'il agrémente d'écorce de saule qu'il gardait dans son sac au cas où.
« Fiève et toux, tenez-vous bien ! »

Une fois prêt, il attend à l'huis de Manerva.

Manerva porte sa robe verte habituelle et ses sandales d'herbes tressées.
Mais elle a passé par dessus un surcot blanc ourlé de bleu pour honorer La Fille.
Sa coiffure est simple, mais soignée.
Elle porte deux grand paniers qui contiennent ses offrandes couvertes d'un linge bleu ourlé de blanc qu'elle dépose à côté de la table du jardin.
Mangeons avant de partir, la journée sera longue.

Jorge s'exécute, allant chercher un broc d'eau fraîche pour son hôte et rompant le jeûne nocturne avec elle.
Il prend également son matériel d'écriture.
« si le temps nous semble long, peut-être partagerons-nous quelques recettes et je compléterai ainsi mes notes de voyage. »
Il suppose qu'un représentant du monastère, peut-être l'abbé, sera présent, et espère qu'il n'y aura pas d'esclandre quand il verra qu'il accompagne Manerva. Il sait que l'abbé la tolère, voire veille un peu sur elle de loin, mais d'autres moines sont moins tolérants.

Le Temple de Puente Nuevo n'a pas l'ampleur des grands Temples que l'on trouve dans les villes d'importance, il ne comporte qu'une seule salle de prière avec un petit bassin votif.
Pour la cérémonie du jour, un grand dais bleu et blanc ombrage l'estrade montée à côté de l'entrée.
Le Doyen du monastère préside la cérémonie, l'huissier à sa gauche comptabilisera les offrandes, la jeune fille parée de bleu à sa droite symbolise la Déesse.
Tout le village est rassemblé en une file ordonnée par ordre de préséance.
C'est donc tout naturellement que Manerva se place en dernier, après le mendiant.

...

Jorge se place après Manerva, en sa qualité d'étranger. Il en profite pour bavarder avec le mendiant qui les précède et pour observer les habitants, afin de voir s'ils souffrent de maux visibles, mais aussi pour voir comment ils se comportent vis-à-vis de Manerva. Si le Doyen l'aperçoit, il fera à celui-ci un signe de tête respectueux.

La présence de Manerva est admise « il ne manquerait plus qu'elle s'affranchisse de ses devoirs »
Et puis, bon, « elle sait où est sa place »

Le village n'est pas très peuplé, le tour de Manerva arrive avant la fin de la matinée.
Elle présente respectueusement ses offrandes, puis Jorge :
« Mon nouvel apprenti s'est installé dans ma clairière. »

Jorge imite Manerva dans son salut. Il présente ses offrandes et jette un œil au doyen pour voir sa réaction.
« Des cadeaux préparés selon les préceptes de la Mère pour honorer la Fille... »

Peu après, il murmure à Manerva :
« Et maintenant ? Y a-t-il des festivités ? Et y sommes-nous les bienvenus ? »

Jorge ne parvient pas à savoir s'il s'agit de mélancolie de la part de Manerva ou d'un nouveau test.
« Je ne suis guère un joyeux drille. Je préfère parcourir les sentiers ou les bibliothèques que de m'esbaudir et boire en société. Préférez-vous que nous rentrions ? Il y a certainement d'autres bosquets à écumer... »
Jorge a curieusement l'impression que le temps lui est compté, comme si Manerva avait des choses à lui apprendre, sans qu'il sache lesquelles, ni comment, et qu'un sombre orage s'approche. Son front se perle de gouttes de sueur, puis la sensation, qui n'a duré qu'un bref instant, disparaît.

Elle rit
« Non, il n'y en a pas d'autre.
Mais nous pouvons y aller ... »

Jorge accepte la proposition et tous deux remontent vers le monastère.
« Si cela vous sied, je vous montrerai les livres que j'y ai trouvés intéressants, et vous ferez de même. Y avez vous souvent été ? »

Quelque chose le turlupine et il parvient finalement à mettre des mots dessus pendant le trajet.
« Dites... Comment prenez-vous et supportez-vous la manièrte dont les gens vous regardent et parlent de vous ? »

Alors qu'uils s'approchent du monastère, Jorge approuve les dires de Manerva de la tête.
« J'admire votre détachement et votre jugement. J'ai parfois été traité de sorcier quand un de mes remèdes soignait une maladie apparemment incurable, ou quand j'échouais à sauver un patient. Toute ma foi en la Mère a été nécessaire pour rester calme et aussi pour ne pas abandonner ma vocation. »

Il frappe à la porte du monastère, attendant que le portier leur ouvre. Il voudrait savoir aussi si les rhumatismes de l'homme vont mieux. Il l'avait longuement massé l'avant-veille, car le pauvre bougre était presque prostré dans sa petite cellule.

Le portier est bien content de pouvoir remercier en personne le jeune Jorge.
Et laisse passer le duo sans protestation.

La bibliothèque est fidèle au souvenir que Jorge en avait.