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19 mars 1466

Puente Nuevo est un petit village charmant, se dit Jorge en descendant la colline et en laissant derrière lui le monastère de Verbena Negra, au coeur des bois de la province de Tolnoxo . En bas de la colline, situé juste avant le pont au-dessus du Carriente bâti par les moines, se dressent des maisonnettes prospères et bien entretenues. Les habitants vivent sous la houlette bienveillante du monastère de la Mère, un lot enviable par rapport à d'autres communautés paysannes, car les préceptes de la Mère impliquent du respect même pour ceux qui semblent inférieurs.

Jorge est d'excellente humeur. Après avoir passé une agréable nuit sur un matelas de foin frais à l'hôtellerie, il a pu consulter quelques ouvrages de la bibliothèque, dont un "cuidado de hierbas y madera" annoté il y a quelques décennies par un herboriste astucieux. Il y a découvert une application étonnante de la valériane et de la racine d'olivier qui pourrait apaiser les migraines des femmes enceintes.

Et maintenant, il lui faut trouver la femme qu'on appelle Manerva, et qui apparemment sert de rebouteuse aux gens de la région. Un des moines l'a qualifiée au souper de "bruja", mais Jorge n'en a cure. Si elle aide les gens, alors la Mère juge bons ses actes, et Jorge est curieux de savoirs quels secrets utiles elle pourrait lui dévoiler.

En chemin, il garde un oeil ouvert, au cas où il verrait poussant sur le bas-côté l'une ou l'autre plante utile.

Admirant les alentours, Jorge se dit qu'arriver les mains vides, en quémandant des savoirs qui ont dû demander des recherches et des efforts, serait un peu impoli. Pourquoi ne pas arriver avec des herbes fraîches, toujours utiles et bienvenues pour un herboriste confirmé ?

Il s'éloigne du chemin et s'enfonce dans les taillis pour espérer dénicher quelque spécimen intéressant qui ferait plaisir à la rebouteuse. Il psalmodie une prière à la mère pour qu'elle l'aide dans ses recherches.

utilisation du sort "aide" pour espérer un petit coup de pouce.
bonus du sort: mystic badger lance 1d4 et obtient 2 (2)
jet de nature sans le bonus: mystic badger lance 1d20+7 et obtient 24 (17)

j'adore les devinettes

En furetant un peu, Jorge découvre de jeunes rameaux de cytise. Il connaît les vertus de cet arbrisseau pour ce qui est de réguler le cœur. C'est d'ailleurs l'une des plantes que sa grand-mère utilisait pour se soigner. Mais il sait aussi que c'est un puissant antipoison, si on sait bien le préparer et lui adjoindre les bons réactifs. Il en cueille une brassée, puis part à la recherche d'autres plantes utiles avant d'aller visiter la rebouteuse.

En herboriste accompli, Jorge sait que toutes ces fleurs gorgées de pollen sont très efficientes, mais qu'il faut aussi en laisser pour les insectes pollinisateurs ...

Jorge continue son petit marché dans les fourrés pour espérer satisfaire Manerva. Il débusque de la bourdaine, dont il retire quelques lanières d'écorce (un puissant laxatif une fois séché), ainsi que quelques cassiers au pied d'un colline plus sableuse. Après en avoir récolté lers graines séchées sur pied de l'an passé, il les place dans une petite enveloppe de feuilles. A la fois pour lutter contre les poux mais aussi pour blondir les cheveux, ces graines sont très demandées.

Il tresse rapidement un petit panier rudimentaire à l'aide de joncs trouvés le long de la rivière, y place ses offrandes, puis se dirige vers la demeure de la rebouteuse, qui habite au fond des bois, au bout d'une piste sylvestre commençant après le pont.
L'endroit est un peu sinistre en ce mois de mars car les feuilles des arbres sont encore un peu timides, mais Jorge récite une petite prière pour chasser son anxiété. Il déguste aussi une gousse d'ail des ours déterrée en chemin.

Débouchant dans une petite clairière où les fleurs de printemps commencent à fleurir par bouquets entiers, Jorge est surpris de découvrir la demeure de la rebouteuse. Il s'attendait à une masure sombre et discrète, mais la demeure de pierre au bout de la trouée est lumineuse et bien entretenue. Il s'avance près de la porte et actionne la cloche suspendue près de celle-ci.
« Il y a quelqu'un ? »

« Ola ! » Répond une voix claire venant de derrière la maison.
« Je suis au puits. »

Effectivement, contournant la maisonnette, Jorge trouve l'herboriste en train de puiser pour remplir une grande lessiveuse posée sur un trépied.

« Salutations, Dame Manerva, et que la Mère vous bénisse ! Désirez-vous de l'aide pour puiser votre eau ? »

Qu'elle refuse ou accepte son offre, il pose son panier de simples et se présente.
« Je m'appelle Jorge y Vetrera, dédicat itinérant, et ayant entendu que vous étiez savante dans l'art des simples, j'étais humblement venu vous apporter ces quelques réserves, en espérant que vous partageriez votre savoir avec moi. »

Elle sourit : « Puisez, puisez-donc.
et versez là jusqu'à remplir jusqu'ici ... » dit-elle en indiquant le niveau à atteindre dans la lessiveuse.
Elle s'écarte pour laisser à Jorge la place de travailler et détaille de près le présent apporté.

tout en puisant, ce qui n'est guère aisé pour quelqu'un d'aussi frêle que lui, Jorge observe discrètement Manerva, de manière à se faire une idée de sa personnalité. Pourquoi les gens la traitent-elles de Bruja et est-ce justifié ? Il essaye aussi de juger sa réaction à son modeste présent.

au cas où...
investigation: mystic badger lance 1d20+7 et obtient 26 (19)
perspicacité: mystic badger lance 1d20+5 et obtient 15 (10)

Laissant Jorge puiser à son aise, Manerva rentre chez elle et en ressort avec une poignée de linges.

Disposant calmement ses linges sur la margelle, elle place soigneusement les plantes sur des linges séparés qu'elle replie précautionneusement.

« Simples » dit-elle, « mais efficaces, et soigneusement prélevés. »
Elle observe Jorge, jauge ses mouvements
« que penses-tu que je puisse t'enseigner ? »

Jorge hésite un instant, puis se lance.
« Les gens du coin vous respectent, mais sont distants. Certains moines vous traitent de sorcière. Ceci traduit donc une herboriste efficace, mais qui éveille la jalousie des autres herboristes du coin. Quant à moi, j'aime trouver, tester et partager des remèdes, car j’abhorre la souffrance causée par un mal qu'on aurait pu guérir. Je sers la Mère ainsi, et j'espérais partage mon maigre savoir avec le vôtre plus conséquent mais pas toujours reconnu à sa juste valeur. Je ne cherche pas des remèdes de bonne femme, mais bien ceux qui soulagent les maux des affligés. Et je suis sûr que vous en connaissez qui me sont inconnus. de plus, vous êtes une personne débrouillarde et réfléchie, au vu de votre demeure et de votre commerce. donc, vous avez sans doute d'autres choses utiles à m'apprendre... »

Elle sourit.
« Ils me disent sorcière parce que j'en suis une. »


« Ils se tiennent à l'écart à cause de cela. »

« Et même si certains maux ne peuvent être extirpés qu'ainsi,
je déconseille fermement à qui que ce soit de choisir ce chemin volontairement. »

Un peu sous le choc de la révélation, qu'il pense véridique, Jorge a un peu de mal à se remettre.
« Je ne vous demande pas de m'emmener sur ce chemin, car j'en connais un peu le prix. Cependant, c'est tout à votre honneur de le payer pour aider les autres. Pour ma part, j'aimerais pouvoir soigner tout malade possible sans en arriver là... Croyez-vous que vous pourriez m'aider sur ce chemin, sans emprunter la voie interdite ? »

Jorge sait qu'il devrait dénoncer cette femme si elle prouve ses révélations, mais la bonté de la Mère le pousse pourtant à lui faire confiance. Il sait pourtant qu'il risque gros, et même son âme.

D'un petit hochement de tête, elle confirme les dire de Jorge.
« Même si je le voulais, je ne pourrais vous mener délibérément à ce que j'ai obtenu par accident.
Mais je vous remercie de votre considération. »
« Je sers toujours la Mère. Et je La remercie de Sa miséricorde.
Il se trouve que je bénéficie aussi quelque peu de l'aide Son fils le moins aimé. »

Elle regarde Jorge, comme pour le jauger « autrement ».

« Je comprends que vous désiriez apprendre.
Et je veux bien vous enseigner.
Mais je refuse de prendre le risque de vous laisser dormir sous mon toit.
Il faudra vous bâtir votre propre abri de l'autre côté de la clairière. »