Je rentre au rez-de-chaussée, secouant la confusion de ma tête. Le petit gars, le commis de cuisine, a-t-il pris la pièce ? J'ai déjà oublié ce détail.

« Merci, Antoine. Dans mon vécu, Drumionne Dodisam est plus artiste que cuisinière, celle qui peint avec des sauces et de la viande, sur une toile de porcelaine. Permettez-lui de me surprendre avec tout ce qu'elle a sous la main. » Je réponds à son question. « Pour boire, merci mais le cruchon d'eau suffit. Il semble que mes amis aient déjà assez à boire. »

Dans la salle à manger, Ser Marçal est attablé avec la jeune veuve ! Sa amante de notre visite à Bergara il y a cinq ans. Marçal porte les vêtements Selina a achetés pour se faire passer pour lui hier : une cape de velours en bleue sarcelle, une chemise safran. Il avait fière allure, mais il ne semblait pas y avoir de passion ou d'énergie sexuelle entre eux : Marçal raconte des histoires et la jeune veuve rit, mais ils ne flirtent ni ne touchent, malgré le bouteille de vin vide sur leur table.

Je n'avais pas parlé avec mon ami il y a déjà plus d'un jour. Est-il vexé par mon blague salace humiliant d'hier ? Ils ne m'avaient pas encore remarqué, et je décide de les laisser pour l'instant.

Selina se penche sur sa chaise, reposant avec les yeux fermè, à un table près du bar avec Aimart Suárez.

« Maître Indibil ! » Dit-il en se levant de sa chaise et soulevant une étrange bouteille contenant un liquide rose-jaune dans un geste qui indique: « rejoignez-nous. »

Je suis tellement fatigué.

Il y avait cette façon de se coincer entre le tabouret et le bar qui vous permettait de détendre chaque muscle tout en mangeant et buvant. Je peux m'installer là, et manger ... peut être une sieste soudaine aussi.

J'étouffe mon bâillement Non, les conversations sont plus importantes ! Je secoue d'abord la tête, puis mes bras, enfin mon cul. ... et pourquoi ne pas choisir les deux ?

Je suis artiste ! Donc changer le monde !

« Tsoin tsoin ! »
Je trompette, tenant un tabouret sous un bras comme un tambour improvisé. Je commence une danse conga contagieuse, tonnant une chanson bien connue, et traînant un foule dansant en linge.

« Entre Gipuscola et Azpetia
Il exist’ aux environs
Plein d’cactus et acacia
Qui s’appelle Chalion. »
« Mon ami vient d’y ach’ter
Un’ villa et chaque Eté
Il pass’ ses journées entières
A Chalion. » « Tsoin-tsoin ! »

« Il délaiss’ mêm’ ses affaires
Pour Chalion. » « Tsoin-tsoin ! »

« Il n’a pas j’vous l’certifie
D’autre ambition. »

« Son seul plaisir dans la vie
C’est Chalion ! » « Tsoin-tsoin ! »

Nous finissons dans une cacophonie de rires qui ont presque éclaté nos ventres.

« Merci, merci mes amis de m'accompagner ! Je vous prie, prenez les délices contenus dans ces coupelles et placez-les sur cette table là » commande-je convivialement, indiquant la table sur laquelle Selina et Aimart étaient assis.

Je me tourne vers la jeune veuve de Bergara, m'incline, et je place un baiser chevaleresque sur sa main.

« Dolores dy Czartoryski, quel honneur, quel plaisir de vous voir ! Je m'excuse, j'ai fait irruption dans ta conversation avec mon ami, Ser Marçal dy Elizondo, le bijou le plus précieux d'Oby. Je vous laisse au plaisir de la compagnie de l'autre. » Je lance un clin d'œil à Marçal pendant qu'ils retournent à leur table, puis je me retourne et m'assois avec Aimart et Selina.

Aimart semble très excité par son bouteille étrange.
J'attrape un verre vide et le claque sur le table.

« Verser ! »

Et j'avale ma première gorgée d'armoïnacán.

L'alcool est particulièrement fort !
Un gout anisé, mêlé de notes indéfinissables
Il faudrait presque le goûter ... goutte après goutte
Mais la rasade qu'Indibil vient de prendre lui a littéralement embrasé la bouche et il n'est plus capable de distinguer le moindre goût.

« Whooooo ! » Je crie, « Comme c'est fort, c'est quel diable de liqueur, ça ? »

Aimart rit de mon visage saugrenu.

« C'est armoïnacán, maître Indibil, et tu la sirote. »

Cet orphelin n'a pas la moitié de mon âge, et il veut m'apprendre à boire ?

« Hé, Antoine ! Cet étranger a besoin d'une leçon sur l'armoïnacán, le trésor de Bergara. Pouvez-vous nous édifier ? »

Je claque encore mon verre et Aimart m'en verse une autre.

Le flacon n'a pas grande contenance ...
Ce 2e verre (servi généreusement) consomme le 2e tiers de la bouteille

« Oh Monsieur dy Caribastos ! Tenez-la. » Antoine dit, m'offrant une tranche de citron. « La façon traditionnelle de boire l'armoïnacán : on prend le jus du citron dans la bouche, puis sirote plus ou moins la même quantité de l'alcool, et on les mélange sur la langue. »

Je suis ses instructions, suce le jus du citron avec mes dents, puis je prends mon verre sous le nez, et mon sourcil gauche se met à sauter de son propre volonté.

« Ah, Monsieur, vous sentez l'armoise amère, un brosse touffetée et plein des pointes, dangereux à récolter et impossible de cultiver loin des collines entre ici et Gotorget. » Il sourit avec la moitié de sa bouche.

Je sirote une quantité suffisante, mélange vigoureusement l'armoïnacán avec le citron dans mes joues, et je suis époustouflé par la palette de saveurs qui s'ouvrent grâce à l'acide citrique. Antoine continue : « L'arôme épicé d'anis vient de cette brosse, mais ce sont les fleurs qu'on appelle l'aloïna bleue, les bourgeons violet d'un cactus que l'on trouve éparpillés parmi ces mêmes collines, qui confère à la potion la plupart de ses propriétés psychédéliques. »

J'avale le mélange, et puis je sors ma dague.

« Antoine, mon ami, j'ai besoin de quelques citrons. »

1 Pîvaz, la bouteille ...
Les finances de la troupe risquent de le sentir passer.

Je suis attablé avec Aimart et Selina, les mains en alternance entre picorer des choses savoureuses dans les coupelles et trancher les citrons avec mon dague pour savourer l'armoïnacán à l'avantage. Ils bouffent aussi, sans attendre d'être invitée, et je partage aussi les tranches de citron.

« Et votre matin, hein ? » Demande-je entre les suces de citron.

« Génial ! Aimart nous a amenés parmi les marchés pour répandre des rumeurs, puis Ursula a fait une investigation de la boutique d'Arnaud Marcos, avec l'aide de Ser Marçal. Puis on a discuté les apprentis pour Teodor Berbel. »

Je secoue la tête. « Heu ? Ser Marçal et Ursula ... ? »

« Oui, il est toujours en colère avec toi, mais ta chanson spontanée semble avoir rompu la glace. » Selina dit en souriant.

« Hé hé hé ! Il ne peut pas résister à une bonne chanson. » Pendant que nous chantions et dansions le « Tsoin Tsoin », Marçal s'assit obstinément jusqu'à ce que Dolores dy Czartoryski tira presque son bras de son épaule, le faisant sortir de son siège juste à temps pour le dernier couplet.
« Où est Ursula ? »

« Tu ne peux pas la voir ? » Rigole-Aimart, pendant qu'il mâche un morceau de fromage de chèvre. Il semble très fier.

« Attablé avec ton ami, Marçal. » Dit-Selina, montrant l'autre côté de la pièce.

Je les regarde. Ursula, déguisée en Dolores, raconte une histoire qui fait rire Marçal. Il me voit les regarder et roule des yeux vers moi, puis m'ignore. « Une ressemblance parfait, non ? » Aimart se vante.

Je sirote de l'armoïnacán. « Sur quoi enquêtaient-ils chez Marcos ? »

« ... Pour les orphelins »
« On va voler le connard souriant. »
« Punir-le, il m'a offensé ... »

Je balance la tête, à la recherche des chuchotements inouïs.

« Ô ça commence déjà ! » Annonce Aimart en caressant la bouteille féminine.

« D'après mon vécu, consommer l'armoïnacán, c'est comme ouvrir une fenêtre, ce qui permet aux dieux de nous parler plus directement, à travers le vent dans les arbres, les bruits des animaux, les motifs dans les nuages ... »

Je pose mon verre et ferme les yeux.

Malgré mes yeux fermés, mes sens sont tous ouverts. Les bruits de l'auberge peignent un tableau clair et précis sur le toile de mon esprit. Simultanément, je suis conscient de les activités de mes amis : j'entends le son des dés, et je sais que Marçal et Ursula jouent du backgammon ; Selina et Aimart discutent combien de l'armoïnacán j'ai avalé ; Antoine raconte une histoire salace et croustillant pour les convives assis au bar, quelque chose concernant un représentant commercial qui a plusieurs conquêtes féminines ...

Je me ressens profondément à l'aise, les délices de Drumionne Dodisam à portée de main, mes amis autour de moi. Pour l'instant, j'ai oublié mes tâches et le travail au nom des orphelins ...

J'ouvre les yeux. J'avais été transporté dans les collines caillouteuses entre ici et Gotorget, la brise aride fait balancer mes lourds cheveux noirs. Au sud-ouest, je peux voir jusqu'à la grande muraille circulaire de Bergara, et mon esprit recule devant la complexité et l'animation de la ville frontière. En regardant vers le nord-est, je peux voir la puissante forteresse de Gotorget à l'horizon, là où les guerriers Roknari pullulent des deux côtés des fortifications, comme des fourmis dévorant une datte abandonnée ...

Au-dessus de la tête, le soleil me regarde comme un œil jaune, projetant des ombres qui tournent sous le pied alors que les jours passent incroyablement vite ...

Les collines montent et descendent vers tous les horizons, ondulant comme l'eau du bain tout autour de moi. L'armoise amère accroupie comme des grappes de lanciers, prête à empaler les mains qui la récoltent. Ailleurs, l'aloïna bleue projette ses bourgeons violets, rayonnant une lumière ultraviolette qui obscurcit le ciel par contraste ...

En un éclair, je suis inspiré. Dans une vision qui s'étend sur l'espace et le temps, je vois: des orphelins, travaillant partout à travers les collines, récoltant les ingrédients de l'armoïnacán, la peur du fouet forçant chacun à poursuivre la récolte malgré les blessures de l'armoise amère ...

Cette scène de travail forcé n'est que le premier maillon d'une chaîne de souffrance humaine qui traverse les collines, atteignant les grandes villes de Valenda et Taryoon à proximité, à l'ouest vers Zagosur, même aussi au sud que Cardegoss, où je m'assois à la tête de cette chaîne, profitant des richesses provenant de la fabrication, du trafic et de la commercialisation de cet intoxicant enchanteur ...

Je sens le regard de mes six frères aînés pendant qu'ils observent de loin Caribastos la commercialisation des orphelins avec approbation et admiration ...

Et du ciel de la mère, je ressens l'inverse : l'horreur du travail sinistre dont les mains de son fils se sont avérées capables ...

Le soleil craque sur ma tête comme un jaune d'oeuf, et je suis incinéré comme une miette dans une bougie. Dans un tourbillon de métaphore et d'images, je reviens à la loutre farcie :

Ursula et Marçal jouent du backgammon.

Aimart explique combien j'ai bu.

Antoine raconte son histoire salace du représentant commercial qui a plusieurs conquêtes féminines.

« Les esclavagistes roknari sont une grave offense »
Selina ouvre son bouche, et un essaim de souris sort de sa bouche en cascade, grouillant et grinçant, leurs yeux brillants de lumière violette, couvrant tout en vue ...
« N'oublie pas Gotorget »

Et je suis de nouveau plongé dans un royaume de visions psychédéliques.

« Il devient urgent qu'on place les mômes ... » dis-je avant de me noyer à nouveau par l'armoïnacán.

Je suis à peine à flot, une mer de nourrissons remplissant les murs de Bergara. Dehors, un océan attend l'entrée. Je brandis une fourche, jetant des bouches affamées à tout abri sûr qui s'offre ...

Le soleil roule au-dessus de moi et les semaines passent alors que je suis submergé par la tâche impossible. Je nage dans l'océan des âmes nécessiteux, chaque petite main saisissant ma cape, mon pantalon, dans un effort lilliputien pour me retenir ...

À bout de souffle, je monte à cheval, éperonne ses côtés un jour à l'ouest, abandonner mes aspirations de gloire et d'influence à la cour de la roya, épouse la fille du fermier, élève notre fille, attend une marée de guerriers roknari qui nous massacrent tous ...

Le sol s'ouvre pour accepter nos cadavres, et nous sommes jetés dans une tombe avec les quatre corps pourris du roknari que Marçal et moi avons tués pour sauver Selina ...

« Heu !  »

« Hou là mon pote ! » Dit-Aimart, assis à mon côté. « Tu fais une putain d’une hallucination, bon sang ! Ne t'inquiet pas les mômes, mademoiselle la bruja rassemblera maintenant tous les orphelins par la porte est. Les visions se termineront bientôt. »

Et je suis de nouveau plongé dans un royaume de visions psychédéliques.

Je suis assis sur les murs de Bergara, regardant la ville. Il a été transformé en terrain de backgammon, vingt-quatre points entourant l'extérieur, avec un océan de dames entrant par la porte est ...

Ces pièces entrent comme orphelins, seuls, vulnérables. Ils sont touchés, retirés du plateau et rentrent par la porte est, un cycle sans fin ...

Je ne peux pas les aider. Aucune quantité de concerts ou de conversations ne sera jamais suffisante. Ils doivent s'aider eux-mêmes ...

Trois pièces dansent parmi l'autre douzaine, en les organisant d'abord en paires coopérantes, puis en organisant les paires en primes, les mener dans un jeu arrière, à travers la ville fortifiée, tournant autour et autour du temple, et en les mettant en sécurité.

Je sais ce que je dois faire.

J'ouvre mes yeux, et demande à Aimart : « Le commis de cuisine, est-il revenu ? »

Avec des yeux qui roule un peu plus souvent que d'habitude - ils se tournent vers la porte, puis le jeu de backgammon, puis le bar, puis à nouveau le jeu - je parle des apprentis avec Aimart.

« Teodor Berbel, le maréchal ferrant riche : il a besoin de quatre apprentis ... »

« Mouaip, je sais déjà, le bruja a dit que ... » je coupe ses mots avec un geste. Il m'ecoute.

« Jeunes, plutôt malin, et Aimart ... Berbel est un homme bon. Si tu as des problèmes avec les apprentis, ou les artisans après que la troupe templier quitte Bergara, tu peux demander l'aide du Maître Berbel. Il est humble, peu disposé à se mêler des autres affaires, mais il est sage. »

Aimart se penche vers moi, sa posture change alors qu'il comprend que je lui donne des responsabilités.

« À ton avis, quel quatre orphelins veux-tu le donner ? »

« À mon avis ... tu dois vraiment parler avec ma sœur, Ursula : elle a un esprit prodigieux et une connaissance encyclopédique des orphelins de Bergara. »

Je lui regarde, pupilles dilatées, attendent sa réponse.

« ... Heu, mais si tu me demandes, je dis Oscar et Osmin Villazon ... Euh, Morgan Ruiz, et Estève Vivès. Oscar n'a que sept ans, mais je ne séparerais pas ces frères. Morgan est ... difficile, peut-être cruel, mais tu as dit que Berbel est un homme bon ; j'espère qu'il pourra l'aider. »

Ce jeune homme n'a que quatorze ans ... Pourtant, je suis confiant dans sa capacité à continuer mon travail en mon absence.
« On va discuter avec ta sœur plus tard, mais j'ai confiance en tes connaissances. » Il est fier de recevoir des éloges, bien qu'il essaie de le cacher immédiatement. « Aimart, que penses-tu de tout ce qu'je fasse pour les orphelins ? »

Il sursaute, surpris par la question. « Heu ? Euh, c'est admirable ? Personne d'autre n'aurait ... » Je le tais avec une geste brusque.

« Je ne cherche pas d'être emmerder en ta flatterie. Penses-tu que ce que j'ai fait en deux jours - lever des fonds, organiser des places pour les apprentis -a été difficile ou facile? » Je n'attends pas son réponse. « Ce n'était rien que tu ne pouvais pas faire. Je les ai divertis, j'ai gagné la foule, puis j'ai demandé de l'aide. C'est tous. » Je hausse mes épaules avec les paumes écartées.

De l'autre côté de la pièce, Ursula se détourne de son jeu de backgammon, sentant que la conversation est devenue sérieuse.

« Tu me dis que je ... » Je le tais encore.

« Ces orphelins, ils ont déjà perdu leurs parents. Ils ne devraient pas avoir à perdre un autre père ou une autre mère. Aimart, je ne peux pas être leur père : je vais partir, et Selina avec moi. Aimart, peux-tu être la famille dont ils ont besoin ? Toi et tes sœurs, pouvez-vous prend soin de ces âmes nécessiteux en notre absence ? »

« Heu ... franchement, j'avais espéré que nous allions créer notre propre troupe de théâtre. »

Ursula quitte son jeu, agaçant Ser Marçal qui la suit à contrecœur à notre table.

« Parfait ! Vous suivrez alors notre exemple, vous triplés Suárez. »

« Quel exemple ? » demande Ursula de son frère.

« Maître Indibil me demande si nous serons les parents des orphelins de Bergara en son absence. »

« Je n'ai jamais été leur père, mais ils auront quand même besoin de famille, peu importe où je suis. » Je m'arrête, l'histoire salace qu'Antoine raconte à ses autres clients au bar ponctue le silence.

« Pouvez-vous les aider ? Vous et votre sœur Sigolena ? »

Aimart se commence à rigoler « Maître Indibil, ma chère sœur est un peu, aiee ! » Ursula le frappe étonnamment fort dans les côtes.

« Notre sœur est un génie spécial. Nous prendrons soin des orphelins, Maître Indibil. » Ursula me répondre.

« Parfait ! Votre famille sera immense et vous leur ferez du mal même si vous les aimez. » Dis-je en regardant Ser Marçal. Je n'ai pas le temps de m'excuser correctement pour l'avoir offensé. « L'important est d'essayer, de travailler les uns pour les autres. Pour le moment, veuillez trouver les orphelins que tu as mentionnés, Aimart, et retrouvez-moi à la porte est du Bergara, où Selina rassemble les orphelins. » Je me lève tremblante de la table, l'armoïnacán donne maintenant au sol l'impression de marcher sur une peau de vin pleine.

« J'ai besoin d'une changement des vêtements, alors ... » Dis-je en descendant le couloir jusqu'à notre chambre.
J'ouvre la porte. « Cocorico ! » un étrange cri de guerre me salue, et une deuxième bouteille d'armoïnacán est jetée à ma tête ...

... Quelques heures plus tôt dans un endroit très très éloigné.

Arraste en Gudar


19 septembre, 1466 6 h 30

L'assassin est dans ma chambre.

Je suis agenouillé, occupé à prier, dans l'alcôve de la fille ...

Je le sens respirer derrière le rideau, à un mètre et demi de la porte de l'alcôve ...

J'entends toujours le corbeau de Selinor, perché sur mon balconnet ...

Je n'ai aucune armes. J'aurais besoin de quatre pas pour les atteindre, et c'est un nombre gênant ...

À mon côté, mon sacoche contient la statue d'or que j'ai cambriolée à mon client la veille.

Je n'adore pas l'improvisation. Je commence donc de faire des plans.

La statue est bien meilleure que mes poings. Je le tiens par la taille pendant que je murmure une prière pour guider ma main « wa astaqdirouka biqoudratika »

Si je quitte l'alcôve, il frappera ...
Si je frappe en premier, je le frappe aveugle ...
J'ai donc besoin d'aide ...

Je chuchote une chanson inspirant que Selinor m'appris, pour mieux penser ...
« Il n’a pas j’vous l’certifie
D’autre ambition ... »

Et ma mélodie soudaine attire l'attention du corbeau. Il me répond : « Kraa-kraa ! » Et j'espère qu'il est prêt à m'aider.

« ... Son seul plaisir dans la vie
C’est Chalion ! » Chante-je.

Je me lance dans ma chambre ...
L'assassin bondit de derrière le rideau ...
Le corbeau se précipite dans la pièce, les serres prêtes ...

Le corbeau m'accompagne :
« Tsoin-tsoin ! »
« Kraa-kraa ! »

Je jette la statue sur sa tête.
Attaque =27
Dégâts = 14

Bergara en Guarida
19 septembre, 1466 14 h 40

La bouteille féminine d'armoïnacán frappe fort ma tête et je tombe sur mon dos.


« Pour les orphelins ... »
Je flotte au-dessus de mon corps inconscient, incapable de dire si je suis mort, rêvant ou hallucinant de l'armoïnacán.
« Les protège ... »

Un corps athlétique et androgyne se lève, dégoulinant d'eau du bain de ses épaules et de ses hanches.

« Kraa-kraa ! »Un corbeau prend son envol du côté du bain et sort par la fenêtre.

Le corps athlétique et androgyne m'approche.

Elle s'agenouille.
Mes yeux tournent autour de la pièce.
Elle tire mon dague, coupe ma bourse lourde de ma ceinture.

Ursula et Marçal entrent en trombe par la porte.

« Quel putain de bordel de merde est-ce ? »

« Sigolena, ma sœur ! Qu'est-ce que tu fais ? »

« Sœur ! Regarde-la ! » Sigolena trompettes, montrant les contenus de ma bourse. « Ce putain de pervers a environ 100 royales ici. »


« Je ne suis pas un pervers ... » murmure-je.

« Bon sang, petite fille, mettre des vêtements ! » dit-Marçal en tenant sa main devant ses yeux pour éviter de regarder l'adolescent nu.

« Tu peux l'avoir pour votre piège de backgammon » Sigolena dit, debout sans honte de son corps découvert et dégoulinant. Elle offre à Ursula ma bourse.

« Parfait ! » Ursula réponds « De cette façon, tu n'as pas à cambrioler le magasin de Marcos: il y a des aiguilles empoissonnées, et pas seulement celle dans son pantalon. Ma sœur, je ne peux pas te risquer pour ça. »

« Mais la Bruja avez dit que je peux le cambrioler ! »

« Tenez-la ! » Je claironne. « L'utiliser pour aider les orphelins de toutes les manières possibles ... »

L'assassin, vacillant momentanément, les yeux pleins de haine ...

Je la connais
Une des files de mon beau père !

Le corbeau de Selinor atterrit sur son visage écrasé, des serres agrippant le nez tordu.

Majestueu, le corbeau cueille l'œil de l'assassin, le gobe.

Un seul spasme de mort ondule à travers l'assassin, retombant contre la fenêtre à rideaux. Le cadavre s'appuie contre le rideau qui fait saillie par la fenêtre contre son poids.

Le corbeau continue à picorer sa bouffe macabre. Sur sa cheville, la lettre de Selinor.

Je l'arrache.

Bergara en Guarida
19 septembre, 1466 14 h 44

Grâce à l'interaction d'armoïnacán hallucinogène et d'une blessure à la tête, je perds connaissance. Mon esprit part par la fenêtre ...

Je suis paralysé, incapable de bouger mon bras pour chasser le corbeau de mon nez.

Le corbeau pique et picore avec son bec pointu, dévorant mon œil de son orbite.

C'est une rêve ... Mais la douleur est réelle C'est seulement une rêve ...

Le corbeau saute sur mon nez, tournant son attention vers mon autre œil. Il frappe, et tout devient noir ...

« Heu ! » Une seule spasme me revient à la loutre farcie.

« Hou là ! » Dit-Aimart, assis à mon côté, tenant ma tête fermement sur ses genoux.

« Maître Indibil, restez tranquille, tout sera bientôt fini. » Ursula pique et pique encore avec un aiguille, cousant fermant l'entaille allant de mon œil gauche à mon oreille.


Au-dessus de moi, Ser Marçal se tient les bras croisés sur la poitrine, souriant et secouant la tête.

Sur le sol à côté du bain, Sigolena compte le contenu de mon bourse.

Arraste en Gudar

Je fais face à l'assassin mort, penché par la fenêtre comme si elle se reposait dans un hamac. La lettre de Selinor dans ma main, j'essaie de faire des plans, mais je suis trop fâchée, mon esprit tourbillonne trop pour penser.

Si mon beau-père sait ce qu'on faisait ... celle ne serait pas la seule assassine.
Jacinto Esteve, mon beau-père, est un homme avec d'énormes appétits sexuels. Personne ne peut dire combien d'enfants il a.

Je dois partir, et vite.
« Casse-toi, Selinor ! » Je jure, faisant un visage amer.

Je regarde mon bureau, couvert des folios pleins de notes sur mes élèves: des filles nobles à qui j'enseigne la danse et la poésie lyrique. Mais, dans les boites et les tiroirs secrets sont :
... huit ans de secrets
... de notes
... de preuves
... d'observations
... détails quotidiens
... cadavres dans les placards d'Arraste
Tout organisé et catalogué.

Je dois partir, et vite, comment puis-je les emmener loin d'ici ?

« Clac ! »

« Mince ! » Je siffle entre mes dents en entendant le son d'un second assassin grimper sur mon balconnet.

J'arrache deux bouteilles d'alcool particulièrement fort...
Terre brulée, alors. Je débouche une bouteille.

« Tu devrais partir ... » dis-je à le corbeau, jetant d'alcool sur mon bureau et mes fichiers. Le corbeau me regarde, puis se retourne pour bouffer.

« Clac ! » La deuxième assassine monte sur mon balconnet.

« Mince ! » Heureusement, mes chambres ont une troisième fenêtre. Je frappe l'acier au silex et les flammes jaune-vert se propagent rapidement sur mon bureau. Aussi vite, un nuage de fumée violette émerge du feu. Je me couvre le nez.
L'armoïnacán est cher ici, mais il y en aura beaucoup à Bergara

L'assassin me vue, elle lance un dague qui me poignarde à la cuisseattaque : 17 dégâts 7.

Je jette la deuxième bouteille à l'assassine. Elle essaie de se protéger avec son bras, mais la bouteille s'écrase sur son coude, la trempant dans la liqueur amère.

« Beurk ! »

La fumée violette s'élève vers l'assassin, presque comme si elle voulait être inhalée. Ses pupilles se dilatent et elle titube vers moi à côté de mon bureau. Les flammes affamées sautent sur elle et elle bat ses bras, trébuchant à travers la pièce.

« Aieee ! »

J'arrache le poignard de ma jambe, récupère la statue sur le sol et me dirige vers la troisième fenêtre.

J'atterris dans la rue juste au moment où le rideau succombe à une boule de flamme jaune-verte, tandis qu'un corbeau et deux assassins potentiels tombent dans un enfer emmêlé.

« Quatre-vingt, quatre-vingt-cinq, quatre-vingt-dix... Mince ! »

Ursula verse l'armoïnacán dans un chiffon ...

« Hé ! C'est la mienne ! »

... puis enduit ma blessure avec l'alcool particulièrement fort. Mes nerfs se réjouissent de recevoir l'intoxicant.

Je tombe à nouveau dans un royaume de visions psychédéliques.

Je suis un papillon de nuit, englouti dans les flammes, naviguant à l'aveugle dans un décalage en spirale.

J'embrasse un cadavre sans yeux. Un troupeau de corbeaux nous porte dans la rue, suspendu dans un hamac.

Nous tombons, dans l'air, le feu, dans la poussière dans le vent je me repose enfin.

J'ouvre mon œil droit. Je me repose dans les bras de Ser Marçal dy Elizondo. Il me porte dans la rue ensoleillée. Il fredonne le Tsoin-tsoin.

« Assommé par une petite fille, héhé, quel lopette ! »