Il ne tirerait visiblement rien de plus de son interlocutrice.
Se contentant de lui sourire, Javier prit son verre et le leva dans la direction de sa voisine de table.

« Trinquons donc au renouveau, dans ce cas. »
« Puisse-t-il nous apporter tranquillité d'esprit et prospérité. »

Javier porta son verre à ses lèvres, et sourit de plus belle.

« Toquez à la bonne porte cardegossienne, et vous pourrez aisément assouvir vos désirs culinaires. »
« Fréquentez suffisamment de théâtres, et votre esprit en ressortira grandi. »

Il pinça ensuite ses lèvres, tout en retroussant son nez.
« Mais pour ce qui est de la félicité... pardonnez-moi, dame, mais l'offre chalionnaise laisse à désirer. Et le mot est faible. »
« J'ai pu goûter à des délices exotiques que l'on semble ne pas connaître ici. »

Il baissa ensuite d'un ton, d'un air de conspirateur du dimanche.
« Des délices roknaris dont vous n'auriez pas même idée en rêve. Des pêches fraîches, jeunes, juteuses et moelleuses à souhait... A peine tombées de leur arbre. »

Perdus sur une galère barbare à naviguer, les Cinq seuls savent où...

« Ici ? Communes. Trop mûres. Ou trop dures. »
« Je pense que je partirai de Cardegoss déçu. Et conforté dans l'idée que l'on peut facilement trouver mieux ailleurs. Du moins sur ce point-là. »

Il lui sourit de nouveau, en plissant d'un oeil, d'un air taquin.

« A moins que vous ne sachiez où je pourrais trouver de tels fruits rares en cette froide saison. »
« Mais je ne retiendrais pas mon souffle. »
« Trouver cela, ici, tiendrait du miracle. »

« Ben ... Pour les fruits frais ...
C'est pas trop la saison ... »
répond l'ingénue qui semble n'avoir rien capté à l'allusion.

Javier feignit un petit rire, un brin amusé... un brin exaspéré.

« Oh, ma chère. »
« Je parlais de fruits défendus. »
« Ceux que l'on happe à pleines lèvres durant les... célébrations de la Félicité. »
« Ceux de toutes tailles, de toutes couleurs et de toutes moiteurs. »

Il lui lança un clin d’œil.

« La dernière lubie venant du Grand Nord consiste à goûter de tels fruits dépourvus de pilosité. Jeunes et délicieusement salés. »
« Supposément introuvables dans cette cité, à ma déception. »

« Oooh ! » elle étouffe un petit rire confus
« Mais pour ces choses-là, il suffit d'avoir les bonnes adresses ...
Et surtout les bons laisser-passer ... » conclut-elle en désignant Dondo d'un petit regard complice.

Samedi 18 février 1467, 20h30

Le Roya commence à se désintéresser de son assiette.
Comme les présentations formelles n'ont pas été correctement faites, il n'a pas accordé plus d'un soupçon de regard à l'ambassadeur.
Et comme ce dernier n'est pas au mieux de sa forme ... il n'insiste pas.
Cette situation semble parfaitement convenir à Martou dy Jironal qui veille au grain de très près.

Néanmoins, à ce compte-là, arrive la fin du repas.

Dondo tire sa révérence. Pour aller finir la soirée chez lui avec quelques amis ...
C'est le signal du départ qui vide 75% de l'assistance qui partent à sa suite en joyeux cortège.

Les troubadours s'avancent alors pour donner le concert et ouvrir le bal de fin de soirée.

L'ambassadeur, sensible au changement de tonalité de la soirée, hésite à rester davantage ou en profiter pour s'éclipser.
Mais en même temps, les regards appuyés de Dondo l'invitant à se joindre à lui ne l'incitent pas à bouger immédiatement.

La Haute Table est retirée en toute efficacité discrète.
Puis les autres, pour laisser de la place aux danseurs.
De plus petites tables sont disposées autour de la pièce.
La Royana Sara semble respirer un tout petit peu mieux (mais à peine)
Elle ne danse pas -non plus que son époux- mais elle marque la mesure des danses légères du bout des doigts sur l'extrémité des accoudoir de son fauteuil ...
Regarder les gens danser semble lui apporter un soupçon de sérénité.

Jorge, qui était resté en retrait, décide de reprendre du service.
« Votre excellence, permettez-moi de me mêler de ce qui n'est pas de mes affaires ni de mon rang,
mais ne serait-ce pas le moment idéal pour rendre vos hommages au Roya et à la Royana ?
Les Di Jironal sont séparés, c'est peut-être la seule chance de les surprendre...
Je vous soutiendrai et serai là pour attester de votre état de fatigue, si vous le permettez... »
chuchote-t-il à l'ambassadeur, dont il s'est occupé toute la soirée en contrôlant et remplaçant sa nourriture et sa boisson,
sous prétexte de génuflexions et prières à la Mère (toutes sincères, puisque il prie la Mère de veiller sur l'ambassadeur)

Tapotant gentiment la main de Jorge, l'ambassadeur en profite pour prendre appui sur son bras.
« vous avez raison : il est temps pour moi de me retirer »

Il se penche vers le Roya pour lui dire : « Majesté, je vous prie de bien vouloir m'excuser ...
J'ai besoin de regagner mon lit.
Je vous demanderais de bien vouloir mettre demain midi à ma disposition un cavalier de la chancellerie pour porter en toute sécurité à Zagossur mon rapport concernant cette soirée. »

« J'espère avoir une occasion ultérieure de pouvoir converser avec vous ... »

« Oui, oui, très bien ...
Faisons ainsi ... »
répond le Roya
« Je vais me retirer également ... »

L'ambassadeur s'éloigne, le Roya salue son épouse avant de se retirer ...
Les valets apportent les paravents ouvragés pour permettre à la Royana de continuer à profiter de la soirée sans être importunée par les regards importuns ...

Martou dy Jironal s'assure du départ de l'ambassadeur et de sa suite hors de la salle avant de quitter l'estrade ...

Il ne quitte la salle qu'une fois tous les PJ partis ...

En remontant à ses appartements, arrimé au bras de Jorge, l'ambassadeur se désole :
« Je n'ai décidément pas de chance avec le Roya ...
J'ai manqué les 2 autres dîners avec lui ...
Et ce soir ...
J'ai passé tout le temps à côté de lui sans pouvoir véritablement lui parler ...
Je sais bien que je ne suis pas très en forme, mais lui ...
J'ai l'impression qu'il a du mal à fixer son attention ...
qu'en pensez-vous ? »

« Vous avez tout à fait saisi le problème... Cela fait partie de la malédiction qui afflige la famille royale... Ce n'est que dans certains endroits que le roya recouvre ses esprits... Javier et Etienne en savent plus... Et je pense que j'ai failli à mon devoir en négligeant de m'y intéresser, tout ça parce que des forces que je ne cautionne pas sont impliquées... Allez reprendre des forces, car le destin de nos deux nations dépend de nos actions à tous... »
Jorge se maudit d'avoir été si intransigeant. Cette malédiction fait souffrir des gens, tout le pays, même. Il est temps qu'il se retrousse les manches.

« Oui ... Une bonne nuit de sommeil ...
Cela fera du bien à tout le monde ... »

Il atteint la porte de ses appartements et fronce les sourcils.
« Ne devions-nous pas avoir continuellement 2 gardes en faction devant cette porte fermée ...
A la place de cette porte entrouverte sans personne devant ? ... »

Jorge passe devant l'ambassadeur et le fait reculer.
« Ce n'est pas normal...Etienne ? Javier ? »

Étienne ouvre grand ses sens pour voir ce qui ne va pas.


Du vandalisme ? Les Dieux sont mécontents que l'on a pas décoré ?