Les enfants à pied et les jeunes gens caracolent en avant sur le chemin mais il sont vite rappelés à l'ordre par Dafnís « Hé ! les jeunes, « le monsieur a dit qu'il faut éviter le Sautadour » !
Prenez la sente de Gistain, on coupera par le bois ! »

Dafnís comprend et descend du siège conducteur où il s'était installé, il vient se placer pour guider le cheval par la bride.
« Ça fait plus d'une semaine qu'Onorina et moi ne dormons pas, pour veiller sur les enfants. » dit Dafnís à Inigio.
« Elle est à bout de forces et je ne tiendrais pas bien longtemps non plus.
Mais vous avez raison : autant économiser le plus possible votre cheval pour mettre de la distance entre nous et ces barbares ... »

Effectivement, Onorina semble sur le point de s'évanouir, et seule la responsabilité du bébé dans ses bras semble la maintenir dans un état d'éveil relatif. Les enfants dans la charrette en sont conscients, les moins petits entourent son dos pour pouvoir la réceptionner si jamais elle chavire...

Sina, l'épouse du fermier, garde une main sur la charrette, pour se soutenir ou pour récupérer le premier des deux qui tombera entre Onorina ou le bébé ?, et avance d'un pas lourd.

Eric, le fermier bougon, ne dit rien mais il a pris sa fourche et marche 2 mètres derrière le convoi.

Inigo comprit mieux la situation aux paroles de Dafnis, et de la peine put se lire sur son visage « Si, yé comprends mieux maintenant, vous avez vécou dans la peur pendant des longs jours sans pouvoir dormir ».
Il comprenait d'autant mieux qu'il avait vécu la même chose la nuit dernière, il lui suffisait juste de multiplier ça par le nombre de jours qu'avaient passé ainsi Dafnis et les autres pour espérer percevoir ce qu'ils éprouvaient réellement.
« Il faudra trouver un endroit où dormir cette nuit en dehors des sentiers, les brigands ont ouna carté détaillée du coin avec tous les sentiers marqués dessus. Yé partagerais ma nourriture avecé vous et yé tuerait quelques pigeons s'il le faut. Ils sont précieux mais notre survie en dépendra peut-être. »
Même si Inigo avait passé une nuit blanche ça n'était rien en comparaison avec Dafnis et les autres, et il en avait parfaitement conscience. Il se démena donc pour rendre le voyage le moins difficile possible pour tous, s'occupant des moindres plaintes de chacun, les rassurant comme il pouvait, s'occupant aussi des enfants que des adultes.

Les paroles d'Inigo alarment Dafnís. A tel point que ce dernier se met à chuchoter à l'oreille d'Inigo : « Ils ont une carte ?!
Avec les petits chemins ?
Alors on doit changer d'itinéraire ! »
Il regarde anxieusement les alentours et arrête le cheval.
Il vient s'appuyer sur la roue avant de la charrette et prend quelques courtes minutes de réflexion en reprenant son souffle.
« Messire,
Il faut changer de route et ce ne sera pas très praticable pour tout le monde. » dit-il en indiquant Sina d'un petit mouvement oculaire furtif.
« A la première occasion, il faudrait ramasser des branches qui pourront servir de bâton de marche. Pour tous, même les plus petits
Et il faut rappeler les jeunes.
Surtout si les brigands peuvent surgir de n'importe où ...
On va passer par les replis du terrain pour être moins visibles et brouiller mieux nos traces.
Je pensais que le passage d'une charrette sur une sente serait moins repérable.
Mais s'ils connaissent les sentes, alors c'est l'inverse, ils risqueraient de pouvoir nous trouver plus vite. »

Tout en marchant, Inigo déplie sa carte et la montre à Dafnis.
« Voyez, moi yé né qué ça, eux ils ont tous les sentiers marqués déssus. Yé envoyer oun message au Ser hier soir avec les pigeons, j'espère qu'ils vont vite arriver. Si nous les croisons nous sérons sauver, mais ça prendra au moins oun jour yé pense.
Yé vous laisse le soin dé donner les directives qu'il faut pour nous diriger , yé né connais pas la région du tout. »

Dafnís émet un sifflement puissant, probablement pour stopper les jeunes dans leur avance.
et fait signe au fermier de venir regarder la carte.
« Onorina, allonge-toi dans la charrette, dors autant que tu peux, tu as besoin de reprendre des forces. » dit-il sans même la regarder, pendant qu'il consulte la carte et montre des points au fermier.

Sans mot dire, les deux hommes parviennent à un accord qui semble les satisfaire
« On va demander à la vieille Alodia de nous cacher en attendant que la troupe de Porifors vienne nous chercher. »
« On est du mauvais côté d'la Serpentine, mais à la barque, on pourra passer. » dit le fermier.
Se tournant vers Inigo, Dafnís conclut « Messire, si vous pouvez vous permettre de lâcher un autre oiseau, le rendez-vous est à la cabane d'Alodia, l'Herboriste de la Serpentine. Nous y serons dès ce soir. »
« Nous pourrons leur expliquer la situation et ils viendront avec les chariots nécessaires pour nous ramener à Porifors en toute sécurité. »

Inigo écouta soigneusement le plan de Dafnis, il s'exécuta prestement quand il lui demanda d'envoyer un pigeon

Lundi 5 septembre. Cher Oreste. La crainte d'être attaqué à tout moment par les bandits fait que nous allons nous mettre en sécurité chez la vieille herboriste Alodia le long de La Serpentine. Envoyez des renforts là-bas pour venir nous chercher. Personne n'est en état de se battre et il y a beaucoup d'enfants. Nous y serons dans la nuit d'aujourd'hui. Faîtes vite. Inigo

« Vole, pigeon, vole »

Comme la cabane de la vieille herboriste est connue de tous (ou presque), cette nouvelle destination impacte de fort positive façon le moral de ceux qui ont conscience de la situation :
« Les plus toniques peuvent y être en moins de 3h, prévenir l'herboriste et préparer l'arrivée des moins véloces. »
« En cas d'urgence on peut faire porter les plus légers par les adultes restant avec le convoi »
C'est très réjouissant !

Delfin, Zefirina et Victoriana partent en courant, ils ont compris les préparatifs nécessaires qui leur incombent.
Onorina s'allonge au milieu des légumes et des petits
Les autres encadrent le chariot.

Dafnís guide le cheval et le convoi peut se remettre en chemin ....

« Même s'ils sont derrièré nous, faîtes bien attention à vous hein »lança Inigo aux enfants partis au devant, soudainement paternaliste
Il s'occupa ensuite de vérifier leurs arrières pendant que Dafnis et les autres les guider vers la destination à atteindre

Comme l'ambiance se détend, les plus jeunes sont autorisés à courir un peu devant.

Même si l'ambiance est détendu à l'avant du convoi, Inigo sait de quoi sont capables ces faux brigands, car ça n'en étaient pas non plus. Ce sont des barbares sans aucune pitié qui les massacreraient sans aucune pitié s'il les trouvaient. Mais la grande majorité sont des enfants, et il est normal qu'ils puissent être autant insouciant. Inigo, sans vouloir s'en vanter, avait réussit à les sortir d'une situation qui les aurait mener à la mort.
Cependant, pour Inigo, rien n'est gagné, il leur fallait atteindre la maison de la vieille sans encombre.
Il est à l'affût et anxieux pour le moment, tout le contraire des enfants à l'avant de la charrette.

Inigo n'est pas le seul à être vigilant.
Dafnís, le Veneur ; Eric et Sina, les fermiers sont aussi particulièrement attentifs.
....
Et bien que les adultes aient tendance à sursauter et se crisper au moindre bruit inhabituel,
au bout de 5 heures éprouvantes, la charrette arrive à la Serpentine, juste en face de la cabane de l'herboriste.

La vue de la cabane de la vieille enleva un poids à Inigo. Il s'était tout de même engager à les sauver et c'était en partie fait.
Il mit ses mains en porte voix et cria « Hola, la vieille, tou es là ? »
Il regarda en même s'il trouvait trace de cette fameuse barque dont avait parlé Dafnis

« On est là ! »
Les enfants mettent la grande barque à la rivière et Delfin empoigne vigoureusement les rames pour rejoindre les nouveaux arrivés.

il traverse rapidement le courant et Inigo découvre que la barque embarquaient une corde dont une extrémité est resté accrochée à la rive d'en face.
Cela permettra de faire comme une sorte de bac ...

Ca va être sport !
Mais oui, c''est possible.
Même avec la charrette,
Mais le risque de perdre tout ou partie du contenu de la charrette est considérable,
il serait plus sûr de transborder le chargement en barque séparément,

Inigo n'a pas eu besoin de proposer l'idée de la corde, cela avait été fait instinctivement par d'autres.
Une fois tout le monde passé, matériel inclus, après multiples aller-retour, Inigo s'occuperait de passer en dernier avec le cheval et la charrette.

....

Il n'a que très peu de courant en cet endroit de la Serpentine, le fleuve est même plutôt calme, mais il est large, vraiment large.
Pendant que les autres faisaient des aller-retours pour transporter les 19 survivants, Inigo s'aperçut qu'ils auraient beaucoup de mal à faire passer la charrette, et c'était peut-être même trop risqué.
« Pendant que vous faîtés le dernier passage, yé vais aller dissimuler la charrette quelqué part et yé réviendrais avec lé chéval seulement. »
Une fois ceci fait, il attache solidement le cheval à la barque avec sa propre corde. Il nagera derrière pendant que lui-même sera dans la barque.
Juste avant ça, Inigo était allé casser une branche feuillue et s'était occupé à essayer de nettoyer toute trace de leur passage près de la berge, puis vint le moment de grimper dans la barque et rejoindre tous les autres.
Tout le long de la traversée Inigo s'assure que le cheval suit bien le mouvement.

La gouvernante tend à Inigo une tasse de tisane quand il rejoint la rive avec son cheval mouillé et renâclant mais intact.

« Alodia fait des tisanes exceptionnelles, celle-ci devrait vous faire du bien.
Merci beaucoup, Messire !
Nous n'aurions jamais osé venir jusqu'ici sans vous. »

Inigo voyait tout ce monde autour de la maison sur pilotis, s'amusant, se reposant, buvant une tisane, et cela le ravit.
Yé réussi...enfin tout n'est pas gagné, mais ces gens ont mérité du repos
Et alors qu'il s'occupait de son cheval trempé par les eaux du fleuve, la gouvernante Onorina s'approcha de lui une tisane bien chaude à la main.
« Allons, cé né rien, à oucun moment yé né comptais vous abandonner à votre sort, même si votre amigo lé fermier là-bas semblait savoir ce qui était le mieux pour vous sans vous l'avoir démandé avant....
Ma laissons cela, vous savoir en sécourité ici mé ravit le coeur, mainténant tout cé qué yespère c'est que les soldats du Ser arrivent rapidement.
Réposez-vous maintenant, nous avons encore beaucoup dé choses à faire avant le coucher du soleil » dit-il en sirotant sa tisane