« Mouais,
J'les ai vu partir pendant qu'j'rev'nais. » grommelle-t-elle.
« Une grosse douzaine de cavaliers. »

« Sont passé en fin de matinée, la s'maine passée. »

« Pis la nuit d'après j'ai vu les flammes sur Crivillén.
Alors le lend'main j'ai descendu la barque.
Y a pu personne à Crivillén, tout a cramé.
J'avais pas assez d'corde pour descendre jusqu'à Tornos.
Alors j'suis r'montée chez moi. »

12 cavaliers ? seulement 12, et ils mettent une région à feu et à sang à eux seuls ? Ce Ser est vraiment un incompétent pensa Inigo
Inigo parut ennuyé par ce qu'il venait d'apprendre, et la déception pouvait se lire sur son visage.
« Tous ces morts ? ma por qué ? »dit-il par dépit

« Ma bonne dame, vous savez pourqué l'air est mauvais au Sautadour, oun dirait qué lé village est maudit. Les Dieux se sont-ils fâchés contre eux ? » rajouta-t-il superstitieux.

« Pourquoi l'air est pourri, ça je sais pas.
Mais ça fait bien deux à trois s'maines que tout L'Sautadour a embarqué dans tout c'qu'y z'ont pu trouver ...
J'ai même vu des gamins avec des baluchons, à califourchon sur des rondins. »
Elle hausse les épaules en secouant la tête avec une moue de réprobation.

« Y en a kekz'uns qui s'en sont arrêtés là pour m'demander des herbes pour soigner la respiration.
c'est comme ça k'je sais. »

« Y z'ont descendus l'courant.
Mais j'sais pas jusqu'où. »

Inigo voyait que la pluie au dehors ne s'arrêtait pas, et ça faisait deux jours maintenant qu'il pleuvait. Cela ne servait à rien de rester plus longtemps.
« Je vais profiter de votre cabane le temps que mes vêtements sèchent un peu plus et je repartirais ma vieille dame »
Inigo profita de ce moment, pour se restaurer et écrire à Oreste
"Cher Oreste, il semble que l'air du Sautador soit mauvais et les villageois ont donc fui plus au nord est en suivant la rivière. Je pressent tout de même quelque chose de réellement mauvais, l'eau là-bas semble comme en colère, ça n'est pas normal. Le village suivant Crivillén a brûlé apparemment. Je vais y aller tout de même. Les brigands seraient une petite douzaine à cheval semble-t-il. Ou alors ils sont plus que ça mais agissent par groupe de 12. Inigo" vole mon petit pigeon, vole.

Après s'être restauré, séché et avoir fait s'envoler le pigeon, Inigo remercie grandement la noiraude.
« Bon, yé vé y aller, gracias para todos. Yé né sé comment vous rémercier ma bonne dame »

« Faites-moi porter un baril d'huile, vous s'rez bien bon.
Ça m'aidera à faire mes onguents. » demande-t-elle modestement

« j'essaierais dé vous faire parvénir ça lé plous tôt possiblé. Muchas gracias pour votre hospitalité ».
Inigo se prépara bon gré mal gré à affronter la pluie qui tombait sans retenue et se remit en route pour le village prochain qu'il savait déjà brûlé hélas.

Dimanche 04 septembre 1466
Il est un peu plus de 11h30 quand Inigo quitte la vieille herboriste


Il faut bien trois longues heures de progression laborieuse sur la berge argileuse et détrempée pour qu'Inigo arrive enfin en vue du village suivant.
La pluie diluvienne noie les odeurs de brûlé et fait couler des larmes de suie sur les murs de la bourgade.
Des toitures éventrées jaillissent les restes noircis des poutres calcinées.

Quelques cadavres éventrés (assez peu comparativement à la taille du bourg) répandent leurs entrailles dans les ruisseaux formés par les flots qui se déversent du ciel et s'écoulent vers la rivière.

La vielle avait donc bien raison, le village a bien brûlé. Non pas qu'il avait douté d'elle mais il avait préféré le voir de ses propres yeux. De plus son voyage devait l'amener jusqu'au guet de la garde encore plus au nord.
La priorité pour Inigo fut encore une fois de trouver un abri sûr, quelqu'il soit, un endroit où lui et ses animaux serait au sec et où il pourrait faire un feu pour se sécher et se reposer de ses longues et pénibles heures passées à cheval sous cette pluie discontinue.

Une fois ceci fait, muni d'une bâche pour se protéger de la pluie, il irait inspecter le village, les corps, les bâtiments, à la recherche du moindre indice. Bien qu'il pensait en son fort intérieur qu'il n'en trouverait aucun.

A la recherche d'un refuge, Inigo se dirige naturellement vers le Temple.
Le spectacle qui l'attend est effroyable.


En face du Temple, la Halle du marché a été assez épargnée pour abriter monture et volatiles de la pluie.

Marche de Porifors
Crivillén

Inigo fut horrifié de voir un tel carnage. Pire que des barbares selon lui. Ou alors au contraire, il n'y avait bien que des barbares pour faire un tel carnage.
Malgré la pluie incessante, il prit son courage à deux mains, tendant au dessus de sa tente un drap de toile pour s'en protéger.
Il marcha ensuite dans les différentes rues du village, en espérant peut-être trouvé encore quelqu'un de vivant... qui sait

« Ohé, ya quelqu'oun, ohé » cria-t-il à tue-tête

Inigo parcourt les rues ...
Il appelle ...
ne perçoit aucune réponse

Il ne semble y avoir personne en ville.

Mais Inigo se demande s'il n'aurait pas vu une espèce de lueur du côté de la ferme isolée au dehors du bourg.

Inigo s'y rends donc

La ferme est assez éloignée, à l'extérieur du bourg.

En s'approchant Inigo voit son intuition se confirmer.
Il y a bien une lueur vacillante à la fenêtre du grenier de la ferme.

Les torrents qui tombent du ciel ne faiblissent toujours pas.

En arrivant à la ferme, Inigo trouve toutes les portes closes, fermées et verrouillées.
Les volets également.
La grange aussi.

« Ola, il y a quelqu'oun ? » cria très fort Inigo en tambourinant à la porte d'entrée de la ferme
« Il plout fort dehors et yé souis trempé, ouvrez-moi s'il vous plait »

Non seulement personne ne répond, mais Inigo constate amèrement que la lumière a été éteinte ....
Qui que soit dans cette ferme ... se cache.

Inigo s'agenouilla, sans toucher terre, pour ne pas se tremper les genoux, puis entreprit alors de crocheter la serrure. Il lui fallait des réponses, et il était trempé, il n'avait pas le temps ni l'envie d'espérer négocier avec cette personne en restant ainsi dehors


Ce fut un jeu d'enfant pour Inigo, au premier clic ce fut le bon. Inigo rentra alors prestement dans la ferme, refermant derrière lui.
Il se secoua « breuuuh, foutu pluie »
Inigo ne chercha pas être plus discret que ça, il ne voulait de mal à personne, et ça n'est pas en ayant un comportement de voleur que ça l'aiderait à obtenir leur confiance.

Heureusement qu'il ne cherchait pas à être discret !
Derrière la porte, un amoncellement de chaises mal empilées formait une sorte de barricade qui s'écroule avec fracas sous la poussée de l'enquêteur.

En l'absence de lumière ambiante, Inigo se voit contraint d'allumer sa torche.

La ferme est mal tenue et la vaisselle sale s'empile dans l'évier de pierre.
La nappe de la table est tâchée et le balais n'a pas été passé depuis longtemps.
La cheminée est froide et n'y subsistent que quelques brandons éteints.
Les traces boueuses laissées par Inigo ne font qu'ajouter à la désolation ambiante.

Inigo ne cherche pas à fouiller la ferme, par contre il essaie de trouver l'accès au grenier.
Il est cependant maintenant sur ses gardes. Il sait que quelqu'un est là et il lui sera peut-être hostile.

La salle dispose d'un petit escalier raide qui mène au premier étage.

Là, Inigo trouve bien la trappe qui mène au grenier.
Elle est fermée.
Bien évidemment, l'échelle a été retirée, probablement depuis le grenier où quelqu'un se barricade.